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Addicte – Chapitre 6

Addicte - Chapitre 6



Les recherches de Talya Amaliev sur Internet avait porté leurs fruits : « photographe de mode et artistique née à Saint Petersbourg en 1974, célèbre pour sa représentation de la femme à travers des portraits frappants de réalisme. »

Quelques exemples démontraient un intérêt pour la condition féminine dans toutes les cultures, de la plastique parfaite aux affres du physique disgracieux, de la bourgeoise parisienne à l’ouvrière d’usine au Bangladesh, du tchador de la musulmane à la feuille d’arbre en guise de cache-sexe de l’indienne des forêts d’Amazonie.

D’autres photos accaparèrent mon attention, l’uvre de Talya pouvait être observée sous trois volets. Si la mode et l’exposition des femmes dans leur quotidien émouvant ou cocasse constituaient logiquement les deux premiers, une partie non négligeable en offrait une vision érotique. Rien de déplacé ni de vulgaire, le style empreint de douceur était marqué par la suggestion, la tendresse.

Sitôt levée le vendredi matin, je compris que la journée paraitrait interminable à épier la pendule suspendue au mur de la cuisine. Par chance, il existait un excellent moyen de s’occuper sans perdre patience.

 Salut ma belle, gloussa Juliette, tu as fait un tour hier soir ?

 Non, je me suis couchée tôt. J’avais du retard de sommeil à rattraper car la télé m’a regardée dormir. »

En fait, consciente de mon désir pour Talya, je n’avais rencontré personne depuis la nuit passée avec Sandrine samedi. Quelques balades au Rendez-vous des Gazelles en fin d’après-midi avait permis de faire connaissance en tout bien tout honneur avec Marie, la sympathique serveuse mariée de surcroît. Avec elle j’écoutai, j’analysai, j’appréhendai la somme des subtilités qui définissaient la complexité du processus, alors mon attitude me paraissait moins glauque, ma nature acceptable, un avenir pouvait s’envisager.

Elle m’apprit ainsi que certaines nanas en découvrant leur homosexualité entamaient parfois une course à la performance, elles se livraient à une frénésie sexuelle qui pouvait les entraîner loin. C’était une manière de se rassurer, la peur de décevoir disparaissait dans une exagération de relations intimes. Je ne devais pas m’en inquiéter, ça se régulait assez vite, surtout si j’avais la chance d’entamer une relation sérieuse.

 En forme alors ! Tu as raison, il faut savoir se préserver pour saisir la chance quand elle se présente.

 C’est bien mon intention. Tu penses qu’elle fera jouer ses relations dans le milieu du cinéma ?

Juliette se gratta la tête sous l’effet de la réflexion.

 Là, tu m’en demandes trop. Tu auras certainement la possibilité d’être remarquée si tu es prise comme modèle dans une de ses expositions, c’est déjà arrivé à d’autres. Mais pour ça, elle pourrait te demander de poser nue. Tu y es préparée ?

La question pertinente soulevait un dilemme au regard de mon ressenti lors de notre rencontre. Une part de moi subjuguée par le charisme de Talya le souhaitait vivement, l’autre s’en défendait un peu trop mollement.

 C’est un simple essai, ça n’arrivera pas. Tu as vu son travail, ne me dis pas que tu le trouves vulgaire. Je m’habille comment à ton avis ?

L’absence de réponse immédiate me plongea dans le doute. J’abreuvais la pauvre de questions au téléphone ou à sa pause depuis une semaine.

 Tu devrais rester naturelle, conseilla Juliette en extirpant un jean et une chemise de mon armoire, mets-toi en valeur sans tomber dans la provocation. C’est un rendez-vous business, pas un rencart.

Une fois encore ma complice se montrait d’une grande aide. Talya connaissait Agnès alors la déduction s’était imposée, mais je pouvais aussi me tromper malgré une petite musique obsédante trottait dans ma tête.

 Je ne devrais pas plutôt mettre une robe ?

 Ce serait bien si tu en avais une convenable dans ton armoire, désolée. Mieux vaut le bon vieux jean.

Je laissai tomber le peignoir humide de la douche pour apparaître nue. Juliette ne s’offusqua pas d’une situation banale entre copines, elle embrassa ma joue.

Je te laisse te préparer, moi je dois retourner au boulot. Tu me raconteras.

Je rejoignis la rue Royale en métro. Heureusement qu’un immense portrait de Talya à hauteur de la Galerie MR 13 signalait l’événement du jour, sinon j’aurais raté la salle dissimulée dans une cour intérieure. La présence de la célèbre photographe attirait du beau monde, pas uniquement des badauds.

Une colonne de chasseurs d’autographes extirpée d’un groupe de curieux retint mon attention. L’attroupement de loin ressemblait à un animal bizarre dont la queue ondulait entre les photos exposées. Je parvins à distinguer Talya installée à une table chargée de livres, mieux valait m’armer de patience.

Contre toute attente, insensible aux sollicitations diverses, la personnalité du jour se leva pour ajuster la veste au col Mao du tailleur pantalon beige de lin en harmonie avec son teint. Brisant sans complexe le cercle compact des curieux interloqués, elle se dirigea sur moi au grand désespoir de certains notables amers de se faire voler la priorité par une gamine inconnue.

Axelle chérie ! s’exclama Talya en forçant son bel accent slave. Enfin te voici. Il n’y en a plus pour longtemps, attends-moi.

La bise sonore sur la joue provoqua une légère rumeur vite estompée par le retour de la photographe à sa place. Je n’avais pas eu le temps de placer un mot.

Elle est heureuse de vous voir, nota une touriste intriguée.

C’était réciproque. Phénomène inexplicable, j’avais senti dès la première rencontre que Talya avait un rôle à jouer dans mon existence ; lequel restait à définir.

Conviée au buffet sitôt la fin de la séance de dédicace, me frayer un passage dans la horde de journalistes intransigeants releva du parcours d’obstacles.

J’ai eu peur que tu ne viennes pas, lança Talya faussement désinvolte avant de se tourner rassurée face aux objectifs des photographes avides de sensationnel. Reste près de moi, je n’ai pas envie d’affronter ça toute seule.

« Ça » c’était l’incontournable plongeon dans l’atmosphère du vedettariat. Semblable à une icône de la Russie des tsars, elle déambula avec désinvolture parmi les notables. Paris à ses pieds, la notoriété lui allait à merveille. Ma présence attira quelques regards sans soulever aucune objection.

Accrochée à mon bras comme à une bouée de sauvetage, Talya sourit à un parterre de membres distingués du monde de l’art, de la culture et de la presse. La majorité de ces gens m’intégra comme un élément d’ornement, une fantaisie de la star. La bourgeoisie plaisante dans le cercle privé se montrait dédaigneuse en public. Les reporters paraissaient au contraire attentifs à chacun de mes gestes, ils guettaient la moindre de mes paroles. Le silence s’imposa.

Cette demoiselle est votre nouvelle égérie ? s’emballa une journaliste pressée de nous photographier ensemble.

Ne soyez pas aussi impatients, laissa filer Talya énigmatique, vous le découvrirez à ma prochaine exposition.

Quel couturier retient votre attention pour les défilés à l’automne ? s’informa un autre après avoir bousculé plusieurs de ses collègues.

Celui qui oubliera son ego pour mettre la femme en valeur, bien entendu, soupira la vedette blasée, comme toujours.

Que pensez-vous de la polémique Karl Lagerfeld ?

Exiger un 32 de tour de taille à des mannequins qui mesurent plus d’1 m 80 est un crime, s’emporta Talya dont le sourire disparut derrière la colère. Ce type est dangereux, le talent n’excuse pas tout.

Les requins de la presse auraient fait bombance toute la soirée et davantage à la table des questions-réponses si on leur en avait laissé l’opportunité. Talya vida sa coupe d’une traite puis me délivra d’un verre de jus d’orange à moitié plein, la réception l’ennuyait, il était temps de quitter la galerie peu après 18 h 30.

Maintenant, veuillez nous excuser, lança-t-elle avec une amabilité un peu sèche, on est attendues.

La tranquillité revint sitôt le portique de la salle passé, on se précipita vers la sortie en riant. Le soleil nous surprit bras dessus bras dessous sur le trottoir, comme des complices de toujours. Les journalistes n’avaient pas osé suivre, l’anonymat parmi les badauds et les touristes se voulut rassurant.

Si on passait chez moi, je voudrais me changer.

D’accord. On fera ensuite un saut à mon hôtel, je n’aime pas me balader sans un appareil photo.

Je me promis de faire attention à ne rien précipiter, la frontière entre le charme et la provocation se voulait parfois bien floue.

Un taxi nous déposa en début de soirée devant la façade sombre enjolivée d’estampes d’un autre siècle du Jardin de la Villa, un hôtel 4 étoiles dans le 17ème arrondissement. Ce genre d’établissement faisait rêver la gamine que j’avais été, il m’impressionnait ce soir, surtout en compagnie de Talya.

Tu dors ici ?

Attendrie par mon émotion perceptible, elle me prit par la main pour m’entraîner dans le hall cosy, habile union de fuchsia et de marron sombre sur un fond opalin agrémenté de hautes plantes vertes.

Je suis invitée par la maison du couturier Lacroix qui s’associe à la promotion de mon bouquin, ils espèrent me récupérer pour assurer les photos des prochains défilés à Rome et à Paris.

Le pouvoir de l’argent me surprenait, on tenait encore à ses illusions à 18 ans. Je me laissai pourtant prendre par le luxe. La voix mielleuse de la réceptionniste m’arracha un frisson tandis qu’elle présenta une clé magnétique à sa cliente.

Vous n’avez pas de message, mademoiselle Amaliev.

Merci. Attends-moi ici, rit Talya amusée de me savoir mal à l’aise. J’en ai pour une petite minute.

Elle disparut en direction des ascenseurs. L’hôtesse me considéra avec amabilité, le fait d’avoir enfilé une petite robe d’été à la place du jean délavé me réconfortait à peine. J’avais hésité à mettre celle offerte par Agnès. Mon choix s’était finalement porté sur une autre plus courte mais moins effrontée au niveau de la poitrine.

Vous pouvez vous asseoir, mademoiselle. Vous souhaitez un rafraîchissement ?

Je refusai d’un sourire poli, un il attentif à l’ascenseur. Celui-ci entama sa descente après moins d’une minute d’arrêt.

Tu as faim j’espère, glissa Talya à mon oreille en reprenant ma main dans la sienne. Je n’ai rien avalé depuis ce matin.

La douce chaleur de sa paume me ravit.

Un taxi appelé par la réceptionniste nous déposa chez Georgette, un restaurant bon ton sans être chic situé entre Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse. On s’installa à la terrasse dans une courette ouverte sur la rue. L’espacement entre les tables donnait une impression d’intimité inhabituelle à Paris. J’avais l’impression de découvrir la capitale par les adresses du guide Michelin.

Quand tu as dit qu’on allait dîner, j’ai eu peur que ce soit à ton hôtel.

Pourquoi ? s’amusa Talya de ma gêne. Le service y est parfait. De toute façon, on ne peut y prendre que le petit déjeuner.

Le regard impertinent, elle posa une main douce sur la mienne à plat sur la table pour l’empêcher de trembler. Son attitude tint autant de la bonne amie que de l’ensorceleuse, au point que je n’arrivai plus à raisonner.

On pourrait s’embrasser au Jardin de la Villa sans créer la moindre polémique, c’est un endroit discret, s’empressa-t-elle d’ajouter. Et puis l’adresse de ce restaurant est en bonne place sur le guide friendly parisien cher au milieu homosexuel. Ça jasera dans les salles de rédaction si un journaliste nous remarque.

La déclaration à l’effet d’une bombe me cloua sur la chaise. Par chance, personne ne semblait à l’écoute aux tables voisines. Peut-être afin de me permettre de digérer l’info, Talya prit le temps de commander une double vodka, je me laissai tenter par un porto.

J’ai la réputation d’apprécier les femmes, surtout quand elles sont jeunes et jolies. Tu ne le savais pas ?

Internet ne révélait pas tout. Sa franchise me déboussola, la main sur la mienne se fit caressante. Talya se découvrait insolente, fière de la voie qu’elle avait tracée. Je réussis à bredouiller quelques mots.

Non, je l’ignorais. Vu ton comportement à la galerie, tu ne donnes pas l’impression de détester les mecs.

Le charme est utile dans mon domaine. Quant aux hommes, on peut ne pas les détester sans coucher avec.

La discussion m’offrait une nouvelle perception de l’approche entre femmes. Chantal jouait d’un humour au premier degré avec une énergie méritoire, Agnès n’hésitait pas à mélanger ses intentions avec la philanthropie. Candice usait d’une voix à faire fondre la banquise. Quant à Talya, la photographe ne s’embarrassait d’aucun préjugé et assumait son désir de moi en public.

Détends-toi, ma chérie, pouffa-t-elle, nous allons prendre soin de ta réputation, je te le promets. À moins que tu désires te lâcher, je n’ai rien contre.

Là où je perdis pied, c’est qu’elle me demandait d’en faire autant. Je pensais pourtant avoir conservé mes pensées secrètes lors de notre première rencontre. Ce dîner au resto ressemblait aux préliminaires qui précédaient le passage à l’acte.

On va se régaler, badina mon amie sans rien dissimuler de ses émotions au serveur imperturbable devant la table.

La main de Talya remonta furtivement sur mon bras, enveloppa mon épaule nue de douceur, taquina mon cou un instant avant de dégager une mèche de cheveux rebelles derrière mon oreille. La situation devint ingérable.

Ravioles de homard à la crème de crustacés et agneau de sept heures pour deux, se décida-t-elle enfin à commander, confiante en son jugement. On verra pour les desserts ensuite. Vous avez la carte des vins ?

Avoir une nouvelle aventure en si peu de temps je n’incluais pas Juliette ne me posait aucun cas de conscience, la différence d’âge était due au hasard, au fait qu’elles aient pris la peine de me séduire. Cela faisait-il de moi une obsédée ? J’étais peut-être soucieuse de me rassurer comme le disait la serveuse du bar près de chez moi.

Installée à côté de Talya, elle avait changé de place après le café, je savourai les clichés sur la carte-mémoire de son appareil comme un seconde gourmandise, avec la singulière impression de parcourir un roman-photo. Quatre filles, dont les microscopiques tuniques inspirées de l’antiquité grecque dévoilaient les seins gauches et les cuisses, s’ébattaient dans un champ sous le soleil. Un déplacement découvrait parfois une paire de fesses ou la crêpe duveteuse d’une intimité. L’érotisme était plus que suggéré.

C’est magnifique.

Bien entendu, susurra Talya consciente de mon trouble, elles ont donné leur accord par écrit pour la publication de ces clichés. Mais je n’ai pas l’intention de les diffuser, je ne les ai encore montrées à personne.

Je continuai le visionnage, heureuse de la précision. Les filles se rapprochèrent et se dévêtirent mutuellement avant de reprendre leur chorégraphie d’un pas aérien. Le flou artistique en moins, on aurait cru assister au making-off du film « Premiers Désirs » de David Hamilton. Mais non, j’admirais les nymphes de Talya dans toute leur splendeur.

J’espère ne pas te choquer avec la suite, chère Axelle.

Le regard vert magnétique pétillait d’impatience, non d’angoisse, je retournai sans attendre à la projection privée. Les néréides sous mes yeux éberlués en vinrent aux jeux de mains et de bouches dans de tendres corps-à-corps. Rien de comparable avec les vidéos sur le Net sensées apprendre aux femmes à se donner du plaisir, leur abandon se voulait d’une douceur incomparable, sans fard ni tabou.

Talya patienta, la joue sur mon épaule, attentive à la moindre de mes réactions. Un sein ferme écrasé contre mon bras, je m’enivrai de son parfum. Elle savait capturer une émotion, prendre un geste sur le vif, saisir une perspective. Davantage que l’uvre d’une artiste, ces photos étaient sa manière de participer à leur étreinte amoureuse. La dernière prenait en plan rapproché un visage aux traits contractés, les narines dilatées, les lèvres pincées, les yeux démesurément ouverts sur le néant. Mon cur chercha à s’évader de ma poitrine.

Elle a vraiment ?

Joui ? Oh oui. Il arrive parfois que certaines pulsions exhibitionnistes se révèlent au cours d’une séance de pose.

Tu maîtrises ton art à la perfection, bafouillai-je. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau ni d’aussi sensuel. C’est de la magie. Commet tu fais ?

Merci, soupira Talya soulagée en effleurant la paume de ma main d’un baiser léger. Je pense que pour bien photographier un modèle, il faut l’aimer.

La soirée à la discothèque Le Rive Gauche au cur de Saint-Germain-des-Prés se finit relativement tôt. Talya, qui n’avait eu de cesse de me photographier au comptoir et sur le dancefloor, ne commit pas l’impolitesse de vouloir me raccompagner. Un simple bisou sur la joue suivi d’un « Merci pour cette excellente soirée, à demain » aurait brisé le charme entretenu avec soin depuis nos retrouvailles à la galerie.

Je retournai libérée de mes complexes à l’hôtel, la réceptionniste programma un petit déjeuner pour deux à 9 heures puis nous souhaita une bonne nuit avec courtoisie. Nous allions coucher ensemble, elle le savait et s’en moquait. La haute société ne s’encombrait d’aucun complexe loin du regard public, c’était la règle. Cette attitude jugée hypocrite jusqu’à présent me convenait ce soir.

La suite dans les tons de la réception me laissa perplexe. J’avais pensé à une chambre spacieuse, pas à pénétrer dans un véritable petit appartement de 24 m2. Talya se dirigea aussitôt sur un meuble laqué accolé à un petit réfrigérateur, le bar était plein.

Qu’est-ce que tu veux boire, champagne ou quelque chose de plus fort ?

Cela ne se remarquait pas dans son attitude ; pourtant, entre la réception, le restaurant et la boîte, l’alcool avait coulé à profusion. Je décidai de donner l’exemple, abuser ne m’apporterait rien.

Un Perrier plutôt.

On but dans le salon en silence. L’eau pétillante me réhydrata un peu, Talya se permit une vodka sans glace, aussi sans effet visible. Le comportement de cette femme, tour à tour réservé puis passionné, n’avait de cesse de m’intriguer. Était-ce un masque qu’elle se composait à volonté, une image déformée de la réalité ? Pas certain. Comme chez de nombreuses célébrités, la part d’ombre participait à sa mise en lumière. On penserait peut-être la même chose de moi dans quelques années.

Qu’est-ce qui te fait sourire, belle enfant ? s’amusa-t-elle complice en me poussant vers la chambre. Le Perrier te met à l’aise, on dirait.

L’eau oui, mais le décor se chargea de me remettre à ma place de gamine ignorante de l’existence. Déjà époustouflée par le mauve dominant subtilement marié au brun des boiseries laquées, je restai interloquée face au grand lit semblable à celui des princesses de mon imaginaire.

Tu n’es pas habituée à ce monde, n’est-ce pas ? murmura l’accent slave tandis que des mains aériennes me débarrassaient de ma robe.

Oh non. On a l’habitude au lycée d’imaginer les bourgeois en bigots, intransigeants et obscurantistes, prisonniers de l’austérité. Mais les adolescents devraient dépasser un peu ces préjugés.

Entièrement d’accord, susurra Talya attendrie par mon ingénuité, le luxe peut être froid, ampoulé, ou harmonieux comme ici. Et cela ne s’adresse pas qu’au mobilier.

L’ivresse dont je me sentais victime ne trouvait pas sa source dans l’alcool.

On peut en dire autant de certains comportements, continua-t-elle. L’homosexualité était un véritable luxe à l’époque des rois de France, seules les dames de la noblesse se permettaient de tels écarts dans l’intimité de leur boudoir ou dans les maisons closes, on les appelait des anandrynes. Leurs penchants tolérés à la cour étaient considérés comme méprisables par le peuple.

Tu en sais, des choses.

Talya invisible dans mon dos dégrafa le soutien-gorge puis fit glisser le slip assorti le long de mes jambes. Mon cur s’emballa dans une poitrine brusquement trop petite. Je me laissai manipuler par les doigts fins en miaulant. Pourtant le souffle resta calme dans ma nuque, presque rafraîchissant.

Tous les hommes à la cour, du plus jeune garçon au vieillard, accompagnaient le tsar à la guerre en Russie, et la superficie du territoire prolongeait d’autant leur absence. Alors les femmes, la tsarine en tête, prenaient du bon temps entre elles. On assista à de véritables orgies lesbiennes qui auraient fait rougir un César de la Rome antique.

Je cherchai le regard de mon amie d’un coup de tête sur le côté, elle se déroba à la manière d’un chaton espiègle, décidée à jouer.

L’histoire de ces femmes me passionne, poursuivit-elle en me tenant gentiment par les épaules, presque pudique, comme pour me priver du plaisir de la voir, quelque soit l’époque ou la culture. Malheureusement, les historiens du passé étant tous des hommes, aucun ouvrage pertinent ne fait état de la volonté de ces dames. On explique toujours leurs murs par l’isolement, une consolation passagère due à l’absence des mâles. C’est un peu réducteur, tu ne crois pas ?

Surprenante Talya, elle aurait été extraordinaire en professeur d’histoire, la Sappho des temps modernes, une préceptrice déclamant son immense savoir à une assemblée de jeunes filles captivées dans l’amphithéâtre d’une université réservée aux lesbiennes. Je l’aurais écoutée pendant des heures.

Oh si. Ils s’imaginent indispensables à notre plaisir, en chair ou en plastique sous la forme de gadgets. Je me passe bien d’eux sous leur apparence humaine, je m’imagine mal utiliser un jouet. Mais le pire serait une femme harnachée d’un gode-ceinture. Une nana qui se prend pour un mec, quelle horreur !

Tous les goûts sont dans la nature humaine, ma chérie, s’esclaffa Talya en massant délicatement mes épaules, tu ne devrais pas faire preuve d’intolérance. Enfin rassure-toi, les seuls jouets dont je me sers sont des appareils photos. J’aime sentir mes doigts sur la peau d’une femme, glissa-t-elle à mon oreille, la savourer avec ma bouche. Je ne suis pas non plus amatrice de gadgets.

Au diable la bienséance, la mansuétude, je réservais ce soir mon ouverture d’esprit à un autre domaine que j’étais avide de découvrir. J’attendais un baiser, le premier après tant d’opportunités manquées, je l’espérais de tout mon corps en proie à une fièvre dont la nature m’échappait de moins en moins. Alors sa langue autour de la mienne serait la promesse d’une nuit de délice. Pourtant, je restai dans l’expectative, propulsée dans la salle de bains par une main ferme sur les fesses.

Allez ! On va se laver et se brosser les dents.

Contrainte à davantage de patience, je me laissai porter par l’enchantement, certaine de ne pas le regretter.

Surtout ne change pas, petite sauvageonne, préserve ta belle candeur des nombreux pièges de l’existence.

Talya m’installa dans la baignoire pleine d’une eau parfumée à peine mousseuse puis entreprit de me laver. Son reflet m’apparut dans la grande glace qui occupait un pan de mur, agenouillée derrière moi, attentive, déposant par instant des baisers légers dans ma tignasse. Mon excitation retomba au profit d’une douce torpeur.

Je me redressai un peu pour éviter un endormissement fatal. L’eau ne couvrit plus que mes jambes et ma fente, laissant la toison de mon pubis à l’air. Ma joue en manque d’affection se frotta contre la sienne.

Ta beauté inspire à la poésie, Axelle.

Enfin entreprenante, elle massa à nouveau mes épaules et ma nuque avec délicatesse, sa bouche effleura le lobe de mon oreille, son souffle me brûla. Le bel accent slave fit chavirer ma raison avec une complainte russe.

Mon désir faisait des vagues, montant et descendant au gré des attentions de la belle. Princesse à la cour du tsar, j’attendais que ma préceptrice un peu particulière se décide à éveiller mes sens à la féminité suprême, responsabilité dont je la chargeai égoïstement.

Talya s’enhardit à peine, de façon imperceptible. Sa main gauche s’anima dans mon cou et sur mon menton, l’envie de me laisser aller à une bienheureuse léthargie s’invita à nouveau sous la douceur du geste.

Enfin sa main droite frôla ma poitrine. L’émotivité de mes tétons exprima un accord tacite, une invitation. Elle enveloppa mes seins de caresses plus ou moins suggérées, en redessina les aréoles, les couvrit de mousse puis les en dégagea selon sa fantaisie.

Étendue dans le bain, je ne pouvais m’empêcher de me pâmer. Un réflexe poussa mes cuisses à s’ouvrir, tremblantes au point que je dus me cramponner à mes genoux. L’autre main abandonna mon cou pour dessiner des arabesques de gouttes d’eau sur mon ventre tendu. Des mots susurrés remplacèrent la complainte :

 Ouvre ton corps, ma belle, donne-moi ta fleur. Je vais me régaler de ta peau jusqu’à faire jaillir la sève de ton volcan.

La promesse du plaisir me bouleversa, une douce chaleur se diffusa dans mes chairs. Je suffoquai, la tête en arrière. L’érotisme de la situation m’amenait à la jouissance la plus improbable qui puisse s’imaginer, par le seul son de sa voix.

Soudain, la main sur mon ventre abandonna la partie alors que je l’attendais plus bas. Le regard allumé d’une sauvage incandescence, certaine d’avoir mon attention, Talya lécha deux de ses doigts, le bruit de succion volontairement amplifié m’exaspéra. La main sur mes seins s’alourdit, la caresse devint franche, mes tétons pincés gonflèrent. Ma voix trembla d’une trop longue attente.

Touche-moi Parle-moi.

Les phalanges humides de salive trouvèrent ma fente, l’investirent avec une attention singulière. Je soupirai du bonheur à venir. Tout basculait, la raison chavirait, le corps se soumettait, sa bouche se colla de nouveau à mon oreille.

J’ai envie de toi, ma belle. Tes pétales s’ouvrent, elles appellent mes doigts, je veux caresser ta rose de l’intérieur.

Talya joignit le geste à la parole, je frissonnai. Ses phalanges s’animèrent doucement à l’orée de ma vulve.

Ta mouille est chaude, mon ange, c’est bon. Tu sens mes doigts ? Tu les veux plus profonds dans ta jolie chatte ?

Le passage de la poésie à l’indécence augmenta mon excitation.

Oui ! Prends-moi

Mon amante investit mon vagin lubrifié à souhait puis entama un lent va-et-vient qui se répercuta dans tout mon être. Elle enveloppa mes chairs avec une autorité naturelle, comme une reine aurait profité de son droit de cuissage.

Tes jolis seins ronds sont durs. Tu aimes quand je joue avec tes tétons. Je te baise en même temps. C’est bon, hein ?

Au comble du bonheur, je me laissai aller à la multitude de sensations picorant mon bas-ventre. Éveillée à l’attention particulière de cette visite impromptue, je sentais mon minou frémir autour de ses doigts.

Hummm

Une boule de feu naquit dans mes entrailles, mon cerveau déboussolé ignora de la voix ou des gestes ce qui le stimula le plus. J’étais égarée dans un univers de moiteur à la recherche d’un plaisir inconnu.

Donne-moi ton bouton, mon amour. Je vais le branler jusqu’à te faire jouir. Tu vas venir sur ma main.

Oh oui caresse-moi vite.

Son pouce trouva mon clitoris, la boule de feu grossit dans mon ventre. Je devenais folle de sentir ses doigts en moi, d’être prise et masturbée dans le même élan. La montée se fit sans à-coups, mon amante savoura sa victoire.

Maintenant, ma chérie. Prends ton plaisir, jouis, abandonne-toi Oui ! Tu es belle, jouis encore Plus fort, donne-moi tout.

Sa voix m’accompagna, me retint, m’empêcha de redescendre, prolongea au-delà du possible un orgasme sans violence, semblable au final d’un feu d’artifice qui s’inscrirait parmi les étoiles en silence. J’étais prise de convulsions. Le plaisir s’éternisa jusqu’à ce que mes muscles épuisés se relâchent enfin.

Talya posa un baiser délicat sur ma joue avant de se régaler de ma cyprine qui maculait ses doigts. La merveilleuse Sappho en préceptrice accomplie avait fait de moi sa muse.

Un minuscule appareil photo surgi de nulle part figea mes traits que je devinais tirés après l’amour, prit mes seins en gros plan, mon ventre tendu, se focalisa un instant sur ma toison puis capta le galbe de mes cuisses. Je laissai faire, l’esprit encore tourné vers l’intensité du bonheur ressenti.

Viens, mon ange, s’émut soudainement Talya, sors de l’eau.

Je me levai sans même me rendre compte que je tremblai de froid. Elle m’enveloppa dans un grand peignoir de bain signé de l’hôtel avant de me soutenir pour abandonner la baignoire. Je soupirai de la chaleur retrouvée.

Mon amante vérifia que mes cheveux n’étaient pas mouillés puis retrouva aussitôt ses automatismes de photographe pour m’immortaliser en train de me sécher. Il y avait dans l’attitude de Talya plus qu’une invitation à l’abandon, son côté voyeuriste réveillait en moi une nature exhibitionniste inattendue.

L’appareil photo enfin posé, elle massa ma nuque avec douceur. Son sourire avait la saveur d’un bol de chocolat chaud un matin d’hiver. Je restai face à elle, incapable de réaction, simplement heureuse de sa présence, désireuse de rien sauf de son regard rivé au mien. Je me noyai dans le vert de ses yeux limpides sans aucune volonté d’échapper au délicieux tourment.

Alors, comme dans le scénario mille fois répété d’un film dont on ne se lasse pas, ses lèvres effleurèrent les miennes, ses mains se resserrèrent autour de mes épaules, son haleine m’enivra. Je m’ouvris à un premier baiser profond débordant de sensualité. Sa langue se faufila dans ma bouche offerte.

Je demeurai les bras ballants, savourant sa salive, heureuse d’être embrassée enfin. Son corps épousait mes formes, ses petits seins pointaient sous le chemisier. Ma langue fouilla sa bouche en réponse à son désir.

Talya reprit son souffle en léchant mes lèvres puis elle m’accorda un nouveau baiser plus passionné encore. Mes bras restèrent pendants mais ma bouche lui offrit sa chaleur, nos langues dansèrent sur un rythme endiablé.

Mon amante délaissa mes épaules et se déshabilla sans cesser de m’embrasser, nous obligeant à des contorsions afin de garder nos lèvres en contact. Le jeu réveilla en moi un nouveau désir. Quand enfin je la sus nue, j’ouvris les pans de mon peignoir pour les refermer sur ses hanches. On était peau contre peau.

Talya savoura l’instant. Je m’apprêtais à la caresser, à embrasser ses seins, à tomber à genoux afin de me repaître de son minou que j’imaginai déjà trempé. Elle se détacha, insensible au regret dans mon regard.

Va réchauffer le lit, mon ange. Je vais prendre une douche vite fait, et je dois me brosser les dents.

Moi, j’avais lavé les miennes tandis qu’elle faisait couler le bain.

Le peignoir gisait sur la moquette, j’avais tiré le drap du dessus, j’entendais l’eau couler dans la pièce attenante. Les souvenirs de la soirée défilaient en un kaléidoscope multicolore de sensations et d’émotions délicieuses. Après la crispation de la jouissance, la solitude dans ce silence feutré me détendait davantage que je ne le souhaitais. J’étais si bien

Oh non ! Mon cerveau s’enfonça sans prévenir dans la brume, impossible de lutter. Je m’endormis avant le retour de Talya.

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