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Angel'seven. I. Angela. – Chapitre 3

Angel'seven. I. Angela. - Chapitre 3



Elle séveilla toute seule, en pleine forme, ragaillardie. Elle se rendit à la salle de bain, sans penser à rien.

Puis soudain, lui revint en mémoire limage des zébrures sur ses fesses quelle avait regardées dans le miroir du café. Elle fut prise deffroi à lidée que son mari aurait pu les voir et la questionner.

Elle souleva son peignoir de satin devant la grande glace : sa peau lui apparut blanche, laiteuse, tout avait disparu !

Ça nétait pas possible ! Elle se passa la main sur la fesse, elle ressentait encore la brûlure du cuir.

Tout ceci était vraiment irréel. Ces événements étranges sétant produits sur plusieurs jours, elle savait bien que ça nétait ni un rêve, ni le produit de son imagination malmenée.

Elle se calma finalement. Elle déjeuna de bon appétit. Son époux, comme tous les matins, lui apporta les journaux. Il arborait un sourire radieux. Elle savait ce que ça voulait dire. Il lui étala les journaux à côté delle, ouverts à la bonne page :

« – Les sondages donnent le parti en tête en cas délections, et un autre te donne la favorite dans le cur du public pour le poste de Présidente du Conseil ! »

Elle narrivait pas à y croire. Tout se mélangeait dans sa tête. Elle était comme dans un rêve éveillé. Aussi, se disait-elle, parce quelle avait obéi à lange enfin cet homme étrange tout de noir vêtu, et au pouvoir surnaturel, ses souhaits les plus chers se réalisaient. Elle ressentait un mélange de satisfaction, deuphorie et de crainte mêlées. Son for intérieur lui disait quil fallait quelle écoute ce mystérieux conseiller, quil laiderait à suivre sa voie. Elle devrait continuer à agir selon ses convictions, garder confiance en elle, persévérer avec toute sa force, son autorité, ses talents doratrice, son pouvoir de convaincre les autres.

Et si cétait son ange gardien ?

Laprès-midi même avait lieu une rencontre avec des grands pontes du parti. Elle se disait que ça ne serait pas facile, que ça nétait pas gagné, car bon nombre de ces vieux routards qui tenaient leurs fiefs depuis bon nombre dannées avaient aussi des ambitions et nétaient pas forcément prêts à lui laisser le champ libre à elle, petite jeune de cinquante ans (à cinquante ans, en politique, on est encore au berceau), sur la route du poste suprême, poste que certains devaient convoiter en secret, comme sils ne voulaient pas reconnaître que leur heure était passée.

Elle ne put sempêcher de ressentir une petite appréhension à lapproche du lieu de la réunion, songeant à lattitude désapprobatrice quelle avait subie quelques jours avant, de la part de ses collègues.

Elle fut vite rassurée en entrant dans la salle, tant elle fut accueillie avec chaleur, avec même des « Ahhh » de satisfaction de certains à son arrivée ; quelques uns même lapplaudirent.

Lenthousiasme semblait vraiment général, sans aucune ombre au tableau. Après les échanges à la tribune (son intervention fut particulièrement appréciée), nombreux furent ceux qui lapprochèrent, voulant converser avec elle, lui demandant son avis.

A un moment donné même, le vieux Georg – le doyen des élus du parti, qui, pourtant avait toujours semblé jusqualors le plus méfiant à son égard, le plus critique même vis-à-vis de ses positions – la prit à part, et lui posant la main sur le bras, lui dit discrètement :

« – Je tenais à te dire que tu as toute ma confiance. Je suis sûr, maintenant, que grâce à toi, nous remporterons les prochaines élections. Tu es la favorite pour le poste suprême et personne ne se mettra en travers de ton chemin. Les petites querelles dego, les ambitions personnelles, ne ten préoccupe pas : « nous » saurons les faire taire.

« – Merci » répondit-elle, un peu surprise, avec un sourire de ravissement. « Mais cest qui « nous » ? »

Il regarda alentour et lui dit sur le ton de la confidence :

« – Lextrême majorité des caciques du parti. Ils sont nous sommes – tous derrière toi. Tu vas nous amener à la victoire, et de ça nous te serons tous reconnaissants, et tu auras notre confiance et notre loyauté.

— Et pour ce qui est du tournant libéral que vous critiquiez tant ? »

Il prit un air gêné :

« – Nous avons réfléchi depuis. Nous pensons que cest toi qui as raison Sans aucun doute. »

Il eut vers elle un regard de soumission, puis séloigna.

* * *

Quatorze mois après, son parti remportait une éclatante victoire aux élections. Moyennant une alliance avec le parti allié, et une coalition avec un parti arrivé en seconde position (mais loin derrière eux), elle fut appelée sans discussion à prendre le poste de chef du gouvernement.

Durant ces mois de batailles, émaillés de meetings, de réunions de campagnes, lange noir ne laborda plus. Néanmoins, à chaque fois quelle se mettait à penser à cette créature, avec au cur une impression de manque un peu mélancolique, elle levait la tête et lapercevait qui la regardait avec son sourire énigmatique, pour disparaître linstant daprès.

Une semaine avant les élections avait eu lieu un grand débat avec son rival quelle avait dû affronter sur un plateau de télévision, en une joute verbale. Elle avait brillé par son éloquence, sûre delle et de ses idées, de ses choix, avec de temps en temps, néanmoins, la peur de devoir répondre à un argument inattendu ou auquel elle était moins préparée.

Au cours du débat, ces moments étaient survenus plusieurs fois. Mais à chaque fois, quand elle avait relevé la tête pour inspirer un grand coup et trouver à la fois la force et les arguments-chocs pour répondre, elle avait vu au premier rang, parmi les spectateurs, un être mystérieux, mais bien connu delle, au regard profond, avec son sourire en coin, au charme étrange et un peu inquiétant.

Chaque fois, cette vision fugace lui avait redonné la force de répondre à son contradicteur avec une énergie nouvelle, et elle avait savouré immédiatement après la satisfaction de lui avoir cloué le bec par un argument percutant, une sentence bien sentie.

Elle nétait même plus étonnée à chaque fois dapercevoir cet être à une nouvelle place, alors que le public navait pas bougé.

* * *

Son accession au pouvoir fut une période intense mais très heureuse pour elle, symbole de sa consécration.

Après son discours devant le parlement, elle prit ses quartiers dans le bâtiment colossal de la capitale. Elle découvrit enfin lintérieur de cette immense résidence, ultramoderne et un peu sinistre. Les appartements étaient froids et spacieux ; on pouvait presque se perdre dans cette succession de pièces, bureaux, salles et salons.

Les premières nuits, malgré la fatigue accumulée des journées au planning hyperdense, elle avait du mal à trouver le sommeil. Trop de choses dans la tête, trop de pensées se bousculaient, et dans le silence de cette bâtisse quasi-déserte, elle entendait des bruits inquiétants, des craquements, des grincements brefs, des bruits secs, un ronronnement sourd et venu de loin, autant de sons quon découvre et qui nous sont étrangers quand on emménage dans une nouvelle demeure, et quon nentend plus après plusieurs mois parce que notre cerveau les a intégrés.

Une nuit quelle narrivait pas à trouver le sommeil – il était deux heures du matin passés – elle fut intriguée par un son régulier, assez net, assez distinct, bien quun peu lointain.

Poussée par linquiétude mais surtout par le besoin de savoir, elle finit par se lever et commença à déambuler dans les couloirs sombres, éclairés par les lueurs blafardes de lextérieur. Elle errait plus quelle ne cherchait.

Soudain, elle se rendit compte de façon certaine quelle se rapprochait du bruit régulier.

Jusquà ce quelle débouche dans un petit salon. Et là, dans un fauteuil, éclairé par une pâle lumière jaunâtre de source inconnue, elle le vit : il était assis et jouait avec une balle en plastique quil faisait rebondir sur le sol, et semblait lattendre.

« – Vous avez répondu à mon appel », fit-il, « enfin.

— Cest vous. Que voulez-vous ?

— Alors, vous vous plaisez ici ? » lui-dit en embrassant dun geste lespace tout autour, sans répondre à sa question.

Elle ne répondit pas.

« – Alors, vous avez réussi. Vous avez eu ce que vous vouliez. Vous êtes là où vous vouliez arriver depuis le début.

— Oui » finit-elle par dire fièrement. « Je le méritais. Vous savez que jai un grand dessein pour mon pays, et il le mérite ! »

Et rajouta-t-elle :

« Jai uvré pour ça, et jai travaillé dur.

— Oui, vous avez travaillé dur, je ne le conteste pas.

Nempêche » rajouta-t-il, dun air calme, presque blasé et désinvolte, « que cest grâce à moi et à mon petit coup de pouce »

Un silence se fit. Une certaine tension montait dans ce salon obscur, où se jouait cette scène assez irréelle. Angela contenait une sorte de colère sourde. Aussi finit-elle par dire sur un ton un peu tranchant :

« – Avec ou sans vous, jy serai arrivée, de toute façon !

— Ah bon Vraiment ? » dit-il dun ton très calme. Puis il ajouta :

« Sans moi, je ne sais pas. Mais contre moi ? Y avez-vous pensé ?

— Je suis forte. Jaurais triomphé de tout ! »

Alors sa voix senfla – devenue soudain tonnante et sépulcrale, il lattrapa à la gorge dune main immense et terriblement puissante, la soulevant littéralement à plus de deux mètres du sol, car son corps semblait être devenu géant en un instant ; de cette voix profondément grave et effroyable qui fit vibrer et résonner comme un écho les murs du salon, il rugit :

« – Petite salope, la leçon que tu as reçue il y a plusieurs mois ne ta pas suffi !? Que tu le veuilles ou non cest à moi que tu dois dêtre ici ! Et il est temps de payer ton dû ! »

A demi-paralysée de terreur, à moitié étouffée par la main noueuse qui lui broyait la gorge, ses pieds nus dans le vide, battant lair, elle arriva à articuler :

« – Quest-ce que vous voulez ?

— Lheure de laddition a sonné, tu vas comprendre quon na rien pour rien dans ce monde !

— Mais, mais Il nest pas question de Vous naurez pas mon âme Je veux bien mourir, mais je serai toujours fidèle à ma foi et à mon dieu

— HA HA HA ! » son rire tonitruant résonna dans tout lespace. « Je vais juste prendre ce que tu me dois. Et ton âme pour le moment ne mintéresse pas. Tu nas dailleurs pas encore terminé de me servir, jai encore besoin de toi »

« Mais maintenant, juste pour rigoler, est-ce que tu veux avoir une vision de lenfer ?! Et bien en voilà une, maintenant, en « direct live » comme on dit maintenant ici ! »

Un trou circulaire souvrit dans lespace, comme une fenêtre immense et arrondie, en trois dimensions, et Angela eut devant les yeux un spectacle atroce et combien réel ; elle en trembla de tout son corps et sa chair, secouée de frissons intenses ; elle se sentit glacée et livide :

ça nétait que des corps sanguinolents, des femmes embrochées du fondement à la bouche, qui rôtissaient à petit feu en tournant lentement sans que leur corps paraisse brûlé, et qui gémissaient, semblant toujours vivantes ; dautres suspendues dans le vide par des crocs de boucher plantés dans leurs seins et dont on fouettait violemment les fesses

Terrorisée, elle détourna les yeux, terrifiée à lidée de quil pourrait lui faire subir si elle continuait à le défier.

Il rit de plus belle en voyant sa tête épouvantée, son extrême pâleur, ses sueurs froides, ses yeux bleus écarquillés par la peur.

« Celles et ceux que tu viens de voir ont commis des fautes plus graves que les tiennes ; mais sache que je suis impitoyable quand on persiste à me défier.

Tu nes quune petite femelle, un être de chair et de sang surtout de chair dailleurs » (il eut à ce moment un regard descendant et ironique vers ses rondeurs, le corps dAngela ayant pris de lampleur durant les mois de campagne électorale, sous leffet de mauvaises habitudes alimentaires, de repas pris à la va-vite, de grignotages furtifs pour calmer son stress), « même si je nhésiterai pas à faire couler ton sang dans les cas où tu aurais loutrecuidance de tenter de te rebeller »

Il la reposa sur le sol mais sa main dure et crochue refermée maintenant sur sa nuque maintenait son emprise et lempêchait de bouger, elle était comme un pantin entre ses doigts. Il la traîna ainsi sur un trajet qui lui paraissait ne jamais finir. Arrivés devant une porte il sarrêtèrent : la porte souvrit toute seule, comme par magie.

Il tonna :

« – Pour moi tu nes quune femelle. Et je vais te montrer quelle est ta condition. »

Elle sentit un souffle puissant derrière elle qui souleva sa chemise de nuit, puis elle poussa un cri : lange noir lui avait enfilé un doigt dans sa chatte, dun seul coup, dun seul tenant : elle se sentait fouillée et ne pouvait se soustraire au doigt long et épais, qui appuyait tout au fond de son sexe.

(A suivre)

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