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Cheat-Code – Chapitre 16

Cheat-Code - Chapitre 16



Pourquoi toi et l’autre blondasse tenez tant à cette merde ?

Amandine jouait avec la montre Barbie au bracelet cassé, la tournant en tout sens pour examiner chaque millimètre de sa glorieuse plastique rose. Appuyé contre la portière arrière, je mettais autant de distance possible entre moi et le flingue qu’elle agitait en direction de ma truffe.

Les mains dans le dos, je tentai d’actionner la portière. Certes, la bagnole roulait, et une telle manuvre d’évasion risquait de me péter deux trois organes, mais ça valait probablement mieux que cette sadique avait en réserve.

T’as cru qu’on était assez con pour oublier de verrouiller les portes ? demanda Amandine.

Quand je vous dis que j’ai -200 en discrétion ! Misère. Je me ratatinai toujours plus.

Il me semble t’avoir posé une putain de question, insista-t-elle.

Et si je refuse de répondre ? Qu’est-ce que tu comptes me faire de plus que tu n’as pas déjà l’intention de m’infliger ? Qu’est-ce que tu comptes me faire tout court d’ailleurs ?

Du coin de l’il, je fixai la nuque de Vladimir, visible à travers l’appui-tête, et appelai « Lecture de pensée. »

Si Am’ me laisse faire, je vais commencer par le castrer, histoire qu’il ne puisse plus faire à qui que ce soit le même genre de saloperie qu’il lui a fait subir, dit le grand costaud dans ma tête, une pointe de joie cruelle teintant les accents roulants de sa voix. « Je lui casserais bien son râtelier pour lui faire ravaler sa putain de sourire satisfait de tout à l’he… »

Le doigt glacé de l’angoisse me touilla les boyaux. J’aurai mieux fait de ne pas chercher à savoir. Je risquai finalement bien plus gros que perdre l’Interface si je ne me tirai pas de là. Parce que bon, laisser l’Interface entre les mains d’un eunuque, c’est comme filer des gants à un homme-tronc, ou un second pénis au dernier panda d’un zoo : inutilement cruel.

J’ai l’impression de passer mon temps à me répéter ! gueula la tatouée. C’est moi qui pose les questions ici. Et pour ton information, plus tu me donneras satisfaction, moins ta sale gueule sera cassée. Ça me semble un marché des plus honnêtes.

En équilibre sur une fesse, Amandine se tenait prête à me bondir dessus. Une fois de plus, j’étais acculé – ce n’est pas sale et je me demandai quand ma fuite en avant prendrait fin. Pas le choix, je devais jouer son jeu pour retarder la dérouillée.

OK, pigé, dis-je. Écoute, je suis désolé de ce qu’il s’est passé entre…

Ravale tes putains d’excuses et étouffe-toi avec. Pour la seconde et dernière fois, pourquoi la blondasse et toi vous vous foutiez sur la gueule pour une merde pareille. (Elle secoua la montre sous mon nez.) On dirait une daube en plastique dégotée dans une pêche aux canards.

Amandine confirmait sa terrible perspicacité. Mais je ne pouvais pas lui parler des Artefacts, sans ça, elle risquait de rassembler les pièces du puzzle et vouloir piquer le mien. Surtout si elle comprenait qu’elle en avait été la cible. Sa dangerosité ne nécessitait pas de coup de pouce supplémentaire.

C’est un jouet vintage, tentai-je, mon expérience récente en impro de mytho égalisant le son de ma voix pour la teinter d’une certaine assurance. Ça coûte une petite fortune aux enchères. Plein de collectionneurs s’y intéressent.

Amandine me décocha un coup de pied rageur sur le côté de la cuisse. Avec ses sales rangers à bout métallique, ça piquait sévère, mais je retins mes couinements.

Tu me prends vraiment pour une truite. Quand on est à deux doigts de se faire plomber, le premier réflexe, c’est pas le vol, mais la fuite. Ce truc cache quelque chose. (Tenant d’une main la montre, elle contorsionna les doigts agrippés à son arme pour jouer avec le cadran, le faisant tourner plusieurs fois dans un bruit de cliquetis.) Je parie que c’est une sorte de boîte à microfilm ou je ne sais quoi.

Tu regardes trop de films, dis-je. Je suis grave dans la merde financièrement, j’ai pensé que dans la confusion, je pourrai…

Une chape de silence s’écrasa sur l’habitacle. Le monde extérieur s’immobilisa, comme le résultat d’une photo instantanée. Amandine écarquilla les yeux avec l’air d’avoir aperçu Jésus cul nu par la vitre arrière.

Et merde.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel, marmonna-t-elle, tétanisée.

La vache ! improvisai-je. Qu’est-ce qui se passe ?

Passé le choc, la tatouée m’adressa un regard noir, paupières plissées. J’eus la désagréable impression qu’elle sondait mon âme.

On va arrêter de tourner autour du pot toi et moi, dit-elle. Entre ce que tu m’as poussée à faire, contre mon putain de gré. (Elle avait haussé le ton sur ces derniers mots, et je lus dans le rictus à ses lèvres qu’elle me défiait de la contredire.) Le flic obèse qui a échangé sa place avec un mec en costard, et maintenant ça !

Elle pointa la vitre arrière d’un mouvement de flingue. Ce faisant, ses doigts lâchèrent le cadran, et la furie bruyante de la circulation redémarra. Amandine sursauta et je fus tenté de bondir pour me saisir de son arme.

Non, trop risqué. Il me faudrait plus qu’un petit effet de surprise pour la maîtriser, surtout dans cette minuscule boîte de conserve.

Je… je ne vois pas de quoi tu parles…

La tatouée se jeta sur moi comme une furie. Son avant-bras me percuta en pleine pomme d’Adam. La douleur déclencha un début de haut-le-cur que je contins à grande peine. Je me retrouvais plaqué contre la vitre, et la moindre petite pression m’étranglait. Je me débâtis faiblement pour tenter de libérer ma gorge. Sans succès. Épinglé plus sûrement qu’un insecte dans une collection entomologiste.

Tu sais parfaitement de quoi je parle, susurra-t-elle, son souffle chaud directement dans mes bronches. Cligne une fois des paupières pour oui.

Je ne réagis pas.

Ma pitoyable tentative de défiance me valut une pression supplémentaire contre ma trachée. La peur primale de manquer d’air me saisit, et je battis des paupières comme un épileptique devant un épisode de pokémon.

On progresse, commenta-t-elle, un rictus de satisfaction cruel dévoilant ses canines. Le type là, le flic, quand il a touché sa casquette, il s’est passé un truc. (Sans me quitter du regard, elle s’adressa au conducteur.) Hé Vlad’, tu as vu quoi à la fin, juste avant qu’on décampe ?

Je… j’ai du rêver, bafouilla notre conducteur, l’air paumé. C’était tellement le merdier.

Dis toujours.

Mon père. Mais ce putain de connard est en taule. C’est impossible.

Amandine souriait de plus en plus, ce qui avait l’effet inverse qu’aurait dû normalement avoir ce genre d’expression. Elle ne relâchait pas son étreinte. Mon champ de vision commençait à se réduire, mangé par un halo sombre.

Une montre qui arrête le temps, une casquette de métamorphose, et toi dans tout ça ?

De quoi tu parles ? s’enquit Vladimir. Qu’est-ce qui se passe Am’ ?

Elle l’ignora, et détailla mon visage comme un fruit pourri sur un étalage de marché. Mais seule mon absence de souffle m’obnubilait, à tel point que je ne réagis pas tout de suite lorsqu’elle m’arracha mes lunettes.

Non !

Mon expression paniquée sembla la satisfaire. Elle relâcha sa pression sur ma trachée, et j’avalai une goulée d’air qui aviva des piques douloureux dans mon sophage.

Elle se rencogna dans son coin de banquette pour examiner mon artefact. Je distinguais très vaguement sa silhouette au milieu du flou de ma myopie. Dire que je croyais être au fond du trou lorsque les chasseurs m’avaient piégé. En voulant leur échapper, je venais de causer ma perte.

Comment est-ce que ça fonctionne ? demanda-t-elle. Oh. Whôa. C’est carrément flou, mais on dirait de la réalité augmentée ton truc non ? Ça veut dire quoi la moitié de cur au-dessus de ta tête ?

Merde. J’avais eu le vague espoir que ma myopie rendrait l’utilisation de mes lunettes compliquée pour quelqu’un qui voyait correctement, mais la projection des icônes devait avoir lieu par « magie » dans la tête, et apparaître nette, quoi qu’il arrive.

À cet instant, je compris la réaction suicidaire de la chasseuse un peu plus tôt. Je me sentais prêt à me jeter sur Amandine, quitte à en crever. Impossible d’abandonner l’Interface. Retrouver ma vie de loser frustré ? Jamais !

Avant que je ne mette mon plan suicidaire à exécution, l’évocation de la jolie blonde me rappela un détail qui m’avait semblé anodin sur l’instant, mais qui pouvait…

Je sais comment chacun de ces objets fonctionne, dis-je. Je peux te montrer.

Délire, ça vient d’afficher « Mode séduction Activé ». (Sa voix s’assombrit d’un coup.) C’est comme ça que tu m’as eue espèce d’enfoiré ? Je savais qu’il y avait un truc pas net. Je l’ai senti.

La montre est bien plus puissante. Je peux t’expliquer comment t’en servir si tu me rends mes lunettes. Elles te seront pas très utiles, tu n’es pas aussi myope que moi.

D’accord, dit-elle. Ça serait très gentil de ta part. Ca fait plaisir de rencontrer quelqu’un de serviable, pas comme les mecs que je croise habituellement.

Quoi ? Ses propos me flattaient, mais accepter ma proposition sans effort ne lui correspondait pas.

Ah ah ah, ricana-t-elle. Le cur au-dessus de ta tête vient de se remplir ! Vraiment pas compliqué à utiliser, même pour un débile dans ton genre. Qu’est-ce que tu dirais si je te faisais tomber sous mon charme juste pour te briser le cur, connard ?

Bordel Am’, tu commences à me faire peur, lança Vladimir, toujours concentré sur la circulation.

Oh, ton icône est entièrement remplie Vlad. Tu ne m’aimes peut-être pas que pour mon physique. (Elle gloussa de plaisir.) Cette journée de merde est en train de prendre un tournant vraiment… intéressant. Enfin pour moi.

C’est rien à côté de la montre, retentai-je. Tu peux voyager dans le temps avec. Tu n’aurais pas envie de revenir en arrière pour, je sais pas, empêcher notre petite aventure ?

Amandine resta silencieuse. Je ne parvenais pas à distinguer l’expression de son visage.

Tu m’as l’air bien insistant, dit-elle finalement. Tu n’essaierais pas de me la faire à l’envers ?

Un peu oui.

Bordel non ! crachai-je. Tu crois vraiment que le résultat de cette journée me plaît ? Depuis que je t’ai croisée, ça a été merde sur merde. Que tu te l’avoues ou non, j’ai jamais voulu ce qu’il s’est passé entre nous. (Je m’arrêtai un instant, les fesses serrées dans l’attente d’un coup qui ne vint pas.) Alors non, je n’essaie pas de te la faire à l’envers, parce que tout ce que j’ai envie là maintenant, c’est revenir en arrière pour qu’on ne se soit jamais vu ! Et pour ça, tout ce que tu as à faire, c’est me laisser t’expliquer la putain de marche à suivre.

Je mis une telle énergie dans ce mensonge que je manquai de m’autoconvaincre. J’avais puisé dans toute la rage dont je disposai pour le vendre, et autant dire que j’avais de la réserve de ce côté-là, vu que ma colère s’alimentait de mes regrets.

Ne jamais avoir croisé ta sale face, et surtout tes sales pattes, j’avoue, ça compléterait magnifiquement cette belle fin de journée. (Elle se pencha vers moi et son visage menaçant, que mes lunettes ébréchées posées de guingois sur son nez ne parvenaient pas à rendre ridicule, surgit du flou myopique.) Comment je m’y prends ?

OK, OK, on se calme, pas le moment d’encacater la colle.

Promets-moi en échange que tu me rendras mes lunettes ?

Elle haussa les épaules avant de lâcher un laconique :

OK.

Je ne suis pas totalement décérébré, sa promesse ne valait pas un pet de furet, mais il fallait qu’elle pense avoir toutes les cartes en main. Je fis semblant d’hésiter, un bel air constipé sur le visage pour vendre le truc, puis, dans un soupir, dis :

Sur le côté du cadran, tu dois avoir deux boutons. Celui du haut c’est pour avancer le temps, l’autre pour le reculer. Si tu appuies dessus et que tu fais tourner le cadran, ça fera comme si tu rembobinais ta chronologie. Une fois arrivée au bon moment, tu relâches le bouton, et voilà.

J’espérai que mon explication sonnait vaguement plausible. Je ne sais pas si elle me crut sur parole, mais je vis dans son regard la curiosité s’y insinuer. Elle recula, disparaissant de mon champ de vision en une masse floue. Je distinguai à peine l’éclat de son arme pointée sur moi, et la forme rose entre ses mains.

Au moindre truc chelou, dit-elle. Je te promets, je n’hésiterais pas à te descendre, pigééééééééééééééééééééééééééééééééééé.

La fin de sa phrase s’étira, s’étira, s’étira, montant dans les graves.

Yes ! Elle l’avait fait. Elle avait activé le bouton à orgasme infini qui ralentissait le temps du porteur de la montre. Elle était piégée pour au moins quelques secondes. Même si elle pensait à relâcher le bouton tout de suite, il se passerait un peu de temps avant que son doigt n’y parvienne.

Je bondis sur Amandine avant que Vladimir ne puisse se rendre compte de quoi que ce soit.

Avant toute chose, je lui arrachais mes lunettes et les replaçait sur ma truffe. Le monde retrouva sa focale. La tatouée ne broncha pas, sa bouche toujours calée sur la fin de sa phrase. Ensuite, je chopais son arme. Je dus forcer sur ses doigts, crispés comme dans une gangue, mais je parvins à mes fins. Je me rejetai en arrière, le plus loin possible, et de mes mains tremblantes, ciblait la tatouée. Bordel, c’était lourd cette merde. Je n’avais jamais utilisé de flingue, mais ça n’avait pas l’air très compliqué. Comme une souris, il suffisait de pointer, et cliquer.

Arrête la bagnole ! beuglais-je à Vladimir. Ou je te jure que je la bute.

La tatouée bougeait, de manière tellement infime que cela ressemblait à des trompe-l’il.

OK, OK, lança mon conducteur après un coup d’il dans son rétro. Mais lui ne fait rien.

Grouille !

Vladimir mit le clignotant, et j’entendis à peine les klaxons paniqués des voitures à qui il coupait sèchement la priorité, tout focalisé que j’étais sur Amandine. Son immobilité s’achèverait d’une minute à l’autre.

Eééééé ! Bordel de merde, je le savais ! beugla-t-elle lorsque le temps reprit ses droits sur son corps.

Je la vis lorgner sur la montre entre ses mains. Elle jaugeait ses chances de pouvoir stopper le temps pour reprendre le dessus. Elle n’avait peut-être pas compris l’immunité fournie par les Artefacts.

Un seul geste, et je te plombe, dis-je.

Ma voix tremblait, et pas d’indécision, ni de peur, mais de colère. J’en avais plus qu’assez de ce merdier. Je voulais en finir, vite.

Vladimir prit un virage qui nous amena dans une ruelle calme de la ville tandis qu’Amandine me promettait mille morts de son regard de braise.

Déverrouille la porte ! beuglai-je lorsque la voiture s’arrêta en vrac entre deux bagnoles mal garées.

Un claquement dans mon dos répondit. Je tâtonnais à la recherche de la poignée, repoussait le battant, et sans me retourner, m’extirpai du véhicule. Une fois certain que ni Vladimir, ni Amandine, ne tentaient quoi que ce soit, je piquai un méga sprint.

Après cent mètres, le temps s’arrêta. Je me retournai, et aperçus la silhouette de la tatouée qui se coulait hors de la bagnole, le flingue de son mec entre les mains.

Oh merde ! Oh merde ! Oh merde !

Avant que je puisse me jeter à l’abri d’une voiture, elle poussa un hurlement de douleur, et laissa tomber son flingue à terre.

Que ?

J’arrive pile à temps on dirait, lança une voix familière.

Mélissa zigzaguait entre les badauds immobiles, un casque de moto sous le bras.

Désolé pour le retard, mais il a fallu que l’on mette en sécurité les chasseurs. Beau boulot d’ailleurs.

Elle accompagna son chaleureux sourire d’un clin d’il. En d’autres circonstances, j’aurai apprécié le geste, mais mon cerveau patinait total après cette avalanche d’évènements.

Suis-moi, faut qu’on discute. Oh, et je te présente Raphael.

Elle désigna du doigt un grand échalas en parka noir qui me souriait de toutes ses dents, lui aussi un casque sous le bras. Il marchait d’un pas tranquille au milieu de la foule figée. Il n’avait bien entendu pas de cur au-dessus du ciboulot.

Le stress accumulé s’écroula sur mes épaules, et c’est à moitié hébété que j’emboîtai le pas de la jolie goth. Arrivés à la voiture, Amandine nous adressa son plus bel air mauvais. Elle maintenait sa poigne sur sa montre avec autant d’acharnement que la chasseuse blonde. Une marque rouge ornait le plat de sa main droite.

Vous êtes qui ? demanda-t-elle. Vous êtes avec cet enfoiré ? Vous me voulez quoi ?

Désolé pour la piqûre, dit le grand escogriffe qui accompagnait la goth, l’air presque joyeux. Mais tu allais tirer et…

On est à pour t’aider, l’interrompit Mélissa. Pour vous aider. Moi c’est Mélissa, et voici Raphael. (Elle se tourna vers moi, le regard noir.) Baisse ça, on est pas là pour un bain de sang.

D’instinct, j’avais pointé le flingue sur Amandine. Pas franchement rassuré, j’en abaissai le museau, prêt à le relever au premier pet de travers.

De quoi tu parles l’émo ? cracha Amandine comme en écho à mes propres interrogations.

Ce que tu as entre les mains est particulièrement puissant et source de convoitise, dit Mélissa. Mais nous pouvons t’aider à en maîtriser le pouvoir, et te protéger.

La tatouée jaugea la jolie goth dont l’attitude parfaitement détendue faisait tache après l’overdose de tension que je venais de vivre.

Et lui, dit Amandine en me désignant du menton. Il est avec vous ?

Oui, dit Mélissa.

Ah bon ? m’étonnai-je comme un gros candide.

Tu as mis hors d’état de nuire deux chasseurs et prouvé que tu savais utilisé ton Artefact comme personne. Tu es plus que bienvenu pour nous rejoindre.

Mais rejoindre qui à la fin ? demandai-je agacé.

Un groupe de possesseurs de truc magiques, j’imagine ? tenta Amandine.

Au moins une qui comprend vite. (Mélissa m’adressa un clin d’il.) Alors, vous en dites quoi ?

Bon sang. Tout me tombait dessus tellement rapidement que je peinais à mettre de l’ordre dans mes idées. Je n’avais rien contre le fait de m’associer à un groupe de possesseurs d’Artefacts, surtout après l’attaque des chasseurs, mais je ne les connaissais ni d’Ève ni d’Adam. Pour autant que je le sache, c’était peut-être juste une bande de gros tocards.

Mon regard se posa sur Mélissa. Mouais, vu la trempe de celle-là, je doutai quand même qu’elle s’associe à des rigolos. Et puis, elle me dépannait bien sur ce coup-là.

J’en suis, dit Amandine avant que je puisse me décider. Mais à une condition.

Laquelle ? demanda Mélissa.

Je refuse d’aider ce tocard. (Un sourire carnassier se dessina sous son regard de feu.) Il doit me rendre mon téléphone, et j’ai le droit de le cogner une fois sans qu’il moufte.

Je faillis relever qu’elle comptait comme une savate vu que cela faisait trois conditions, pas une, mais je ne sais pas pourquoi, je sentais que ça passerait mal.

Ça peut s’arranger, dit Mélissa presque sans réfléchir.

J’ai peut-être mon mot à dire là-dessus, m’insurgeai-je.

Mélissa plaqua sa paume contre mon torse pour m’éloigner de la voiture. Elle se pencha à mon oreille, et la simple odeur de sa peau toute proche me fit frissonner.

Tu as vu ce qu’elle a fait pour t’atteindre ? dit-elle. Laisse-lui ce plaisir, laisse lui croire qu’elle a obtenu réparation, autrement, elle ne te lâchera pas. Surtout maintenant qu’elle a un Artefact. Tu ne veux vraiment pas te faire un ennemi d’une fille avec un tel pouvoir.

Je ravalai ma salive, la gorge encore douloureuse de la prise d’Amandine. Rien qu’imaginer la tatouée comme ma Némésis me glaçait. La jolie goth disait vrai, mieux valait ne pas l’avoir sur le dos.

OK, d’accord. J’accepte, dis-je suffisamment fort pour être entendu de tous. Mais pas sur le visage, il a assez morflé.

Ça me va ! dit Amandine, triomphale.

La tatouée s’approcha assez près pour me toiser. Je ne savais pas ce qu’elle avait prévu, aussi je me crispais de partout. Avec le temps toujours figé, je vivais pleinement l’impression d’être seul au milieu de la foule.

J’aurais probablement dû m’y attendre, mais son genou me percuta en plein dans les couilles, me pliant en deux. Sur une échelle de 1 à 10, 1 étant un câlin dans une grosse poitrine, et 10 marcher pied nu sur des Legos, la douleur atteignit 15 ! Au moins ! Je m’effondrai à genoux, mes paumes en coupe autour de mes bijoux de famille comme pour absorber la douleur d’un coup d’imposition des mains.

On est quitte ? couinai-je.

Amandine s’accroupit à mon niveau.

Mon téléphone ?

Je m’empressais d’extirper son smartphone de ma poche et lui tendis. Elle s’en empara sèchement.

J’espère pour toi que tu ne t’es pas amusé à faire des sauvegardes.

La sueur au front, je hochai la tête de droite à gauche. Amandine m’observa, un sourire aux lèvres. Elle se délectait de ma souffrance, la garce.

Dans ce cas, on est quitte, finit-elle par dire. Pour l’instant.

Après de longues secondes d’agonie, Mélissa me tendit la main et m’aida à me relever.

Maintenant que c’est réglé, promettez-moi que vous ne passerez pas votre temps à vous bouffer le nez.

Je ne promets rien, dit Amandine. Mais j’essaierais.

Pareil, couinai-je.

Dans ce cas, bienvenue chez les Avengers ! brailla Raphael dont j’avais oublié la présence discrète.

Vous vous appelez vraiment comme ça ? demandai-je.

Mélissa soupira.

J’aimerai bien, dit l’acolyte de la goth, une moue triste exagérément comique sur le visage. Mais elle nest pas d’accord.

La douleur à mon entrejambe refluant quelque peu, une question me traversa l’esprit.

Comment vous m’avez retrouvé ?

Regarde ton épaule gauche, dit Raphael.

Je me tournai, et ne remarquai rien, du moins initialement. Puis, un infime mouvement accrocha mon regard. En plissant les yeux, j’en distinguai l’origine : une fourmi noire faisait des ronds sur mon épaule.

Une de mes petites copines, dit simplement le grand escogriffe comme s’il s’agissait d’une évidence.

Vu que tu m’avais parlé d’une transmission, je me doutais que les chasseurs s’apprêtaient à te tomber dessus, intervint Mélissa. Alors je lui ai demandé d’aller à ton travail et de placer un de ses insectes sur toi. Cela nous a permis de suivre tous tes mouvements.

Mais alors, vous pouviez pas intervenir plus tôt ? m’insurgeai-je. J’ai failli mourir au moins dix fois.

Dommage que tu sois un loser même pour ça, marmonna Amandine.

C’était nécessaire, dit Mélissa. Nous espérions remonter leur piste jusqu’à leur planque. Mais tu les as « maîtrisés » avant qu’ils aient l’occasion de le faire alors. (Elle haussa les épaules.) Ils ne travaillent pas seuls et j’espérai remonter leurs échelons. Nous allons devoir les interroger pour en savoir plus.

Je frissonnai à l’idée de ce que ces interrogations impliquaient. Mais en même temps, j’en comprenais la nécessité. À ma connaissance, aucun des deux chasseurs qui m’avaient piégé ne possédait de pouvoir qui expliquait ma détection. Une troisième personne, au moins, avait dû leur fournir cette information basée sur la vidéo YouTube. Mais qui ? Et comment ?

Te fait pas trop de bile pour ça pour l’instant, dit Mélissa qui avait remarqué ma mine constipée. Tu n’es plus tout seul maintenant. (Elle se tourna vers le reste de notre petit attroupement.) Nous discuterons de tout cela demain. Je vous contacterais pour vous présenter le reste de l’équipe. En attendant, prenez du repos. (Mélissa plongea ses yeux noirs dans les miens.) Tu as un endroit où crécher ailleurs que ton appartement ?

Oui, dis-je. Je suis sûr que Jennifer acceptera de m’héberger. Au moins pour un temps.

Jennifer ?

Ma meilleure amie.

Et son mec Derreck, complétai-je intérieurement. Foutu Derreck. Parce que rien ne valait un cocktail de jalousie pour bien finir cette journée mouvementée.

***

Ainsi se termine le tout premier arc narratif des aventures de l’Interface dans le monde « merveilleux » des Artefacts.

Le second arc narratif démarrera avec le chapitre 17 que je publierais courant septembre.

Pourquoi ce petit délai ? Tout simplement pour que la sortie de l’arc 2 corresponde à la publication en version complète au format ebook/papier de l’arc 1 que je suis actuellement en train de relire et corriger intégralement. Pas d’inquiétude, le texte dans sa version originale restera bien entendu disponible gratuitement dans son intégralité sur le site, même une fois le tome complet publié. Cela dit, pour ceux qui voudront l’acheter pour me soutenir, il contiendra un gros chapitre bonus totalement inédit intitulé « Capitaine Casquette Origine » qui portera sur le précédent propriétaire de la casquette et l’utilisation (forcément) salace qu’il en a fait.

Mais je m’avance, n’hésitez pas à vous abonner à mon compte/histoire pour rester informés de la diffusion de la suite. N’hésitez pas également à commenter, je suis notamment très intéressé d’avoir des retours sur l’arc 1 dans son ensemble.

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