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Deux – Chapitre 14

Deux - Chapitre 14



A l’été 2012, mon mari et moi décidons d’avoir un quatrième enfant. J’ai 34 ans, c’est peut-être le dernier moment. Et comme pour les trois premiers, je tombe enceinte juste après avoir arrêté la pilule. Il nait au printemps 2013. Nous revenons à l’automne 2013, en famille. Nous sommes heureux de présenter le bébé à nos familles et nos amis.

Avec cette naissance, le contraste entre nos deux "vies" n’en devient que plus saisissant à notre retour au Canada. La satisfaction procurée par notre vie de famille est inversement proportionnelle à celle de notre vie de couple. La vie avec nos quatre enfants est vivifiante, enrichissante et exaltante. Nous avons une famille épanouie, équilibrée et radieuse et elle me comble de joie et de bonheur.

Concernant notre couple, mon mari et moi n’avons notre premier rapport après l’accouchement qu’en novembre 2013, soit six mois plus tard. Nous avons désormais des rapports que je qualifierais de "contractuels", car, de mon côté, j’ai l’impression de remplir une obligation à laquelle je suis tenue. Je ne prends pas toujours du plaisir et je sens que mon mari non plus. C’est extrêmement frustrant et la communication sur le sujet est compliquée. J’ai fait quelques efforts, il en a fait aussi. Nous faisons l’amour qu’une à deux fois par trimestre alors que, malgré notre intense vie de famille, il y a des opportunités possibles pour le faire. Mais nous ne les saisissons pas. Nous ne désirons plus les saisir. Mon mari n’a pas l’air d’avoir plus envie que moi de partager un moment câlin.

J’ai la désagréable impression que cela lui suffit. Je ne cherche pas à savoir s’il se masturbe. Je ne cherche pas non plus à savoir s’il a une maitresse, mais parfois, je me surprends à espérer qu’il en ait une. Sans y croire. S’il en avait une, je pense que la seule chose qui m’importerait serait de savoir s’il se protège pendant leur rapports.

Aussi, après un peu plus de deux ans "d’abstinence", j’ai replongé encore une fois et j’ai recommencé à me masturber au début de l’année 2014. Il m’est cependant apparu qu’il m’était très difficile de trouver un moment pour le faire. Les journées passaient très vite et le soir, mon mari était présent. J’ai repris parfois sous la douche et les rares soirs où mon mari sortait. Il m’a fallu "patienter" ainsi près d’un an.

Mais depuis début 2015, notre organisation familiale me libère trois demi-journées par semaine. Souvent très chargées, mais je suis seule. Alors, Je m’accorde désormais deux moments dans la semaine pour mes plaisirs solitaires : le premier, invariable, c’est le bain du dimanche soir lorsque les enfants sont couchés. C’est mon petit péché mignon, mon moment à moi. Dans le calme, le silence, je recharge mes batteries et prends soin de moi. Masque, gommage ou épilation sont des activités que je fais toujours à ce moment-là. Il n’est ainsi pas rare que je passe plus de deux heures dans la salle de bains à me pomponner. Mais cette parenthèse solitaire commence toujours de la même manière : peu après être entrée dans l’eau, je me caresse et me masturbe avec le pommeau de douche. Sous l’eau, discrètement. L’excitation monte assez vite en général et je jouis souvent assez rapidement. Parfois deux ou trois fois, jamais plus. Je peux ensuite faire le vide et profiter de ce furtif moment de tranquillité.

Mon second moment a lieu le jeudi matin, l’une des trois demi-journées où je suis seule. Je mets toute mon énergie pour faire un maximum de choses durant les deux autres demi-journées, les lundis et mardi après-midi, afin d’avoir un peu de temps pour moi le jeudi matin. Même si je n’ai qu’une dizaine de minutes, elles sont consacrées à mon plaisir. Comme tous les matins, je me lève et m’occupe des enfants, qui, ce jour-là, partent tous avec mon mari. Dès qu’ils ont passé la porte, je reviens dans la chambre, j’ouvre les stores, je me déshabille, repousse les draps, m’allonge sur le lit et je me masturbe. J’utilise alors mon gode, mon plug anal ou mon vibromasseur. Parfois deux, parfois les trois. Quand j’ai le temps, il n’est pas rare que cela dure plus d’une demi-heure.

Je regarde la date du calendrier de l’ordinateur : nous sommes le lundi 23 mai 2016. Je vais avoir 38 ans le mois prochain. Je n’ai pas revu Damien depuis cet anniversaire en juillet 2011 et je n’ai aucun contact avec lui. Mais j’avoue qu’il m’arrive fréquemment de penser à lui lorsque je me masturbe. Voilà bientôt 14 ans que nous avons eu notre dernier rapport. Nous sommes tous les deux mariés, parents et nous vivons à plusieurs milliers de kilomètres l’un de l’autre, séparés par un océan. Pourtant, je sais qu’en moi brûle un petit feu ardent, qu’un simple souffle pourrait m’embraser.

En témoignent ces quelques jeudis matin qui ont vu le retour de l’autre Muriel. Ces jeudis matin où mon plaisir devient déraison, folie et excès. Le dernier a eu lieu en décembre. J’avais du temps, rien de prévu ce jeudi matin-là. Il faisait beau et le soleil inondait le lit. Je m’y suis allongée, nue et j’ai commencé à jouer avec mon vibro.

Le samedi précédent, j’étais sortie avec mon mari, invités par un collègue de son travail. Je portais une robe rouge orangée, joliment décolletée sur le haut et plissée sur le bas. En rentrant, j’avais envie, très envie. J’en avais même mouillé mon string et cela se voyait. Je suis certaine qu’il s’en est rendu compte. Mais rien. Il m’avait à peine regardée me déshabiller alors que j’avais fait exprès de le faire dans la chambre, à côté de lui, un peu provocatrice. Alors qu’il avait été se coucher, je m’étais masturbée en pensant à Damien. Même chose le lendemain, dans le bain. Quatre jours plus tard, mon désir n’était absolument pas retombé et Damien était toujours dans mon esprit.

Ainsi, pendant que le vibro envoyait ses douces ondes dans mon vagin, mon plug prenait le chemin de mes fesses. J’ai joui, une fois, deux fois, trois fois puis j’ai arrêté de compter mes orgasmes. J’ai remplacé le vibro par mon gode, plus large. J’ai encore joui. Mon corps, mon esprit étaient ailleurs. Loin. Avec lui. En sueur, surexcitée, j’ai retiré le plug pour y mettre mon gode, ce long et large dildo dont les dimensions sont quasi équivalentes à celles du sexe de Damien. Le vibro a repris le chemin de mon sexe. J’avais envie de l’appeler, d’entendre sa voix pendant que j’excitais mes deux orifices. Je voulais sa bite. Encore et encore. Sa grosse bite qui déforme ma bouche quand je le suce, sa grosse bite à l’étroit dans mon vagin, sa grosse bite qui m’emmène au nirvana quand elle est dans mon cul. Dans un état second, j’ai eu un orgasme gigantesque.

Ma tête tournait encore plusieurs minutes après l’orgasme. Un coup dil au réveil m’avait appris que je m’étais amusée durant plus d’une heure et quart. Je m’étais abandonnée, oubliée. La serviette que j’avais déposée sur le lit pour le protéger avait disparu. Les draps étaient trempés de sueur, de cyprine et d’urine. Et tachés d’excréments. J’avais uriné sans m’en rendre compte.

Ce qui m’apparait comme une évidence aujourd’hui, c’est que je ne suis pas "guérie" de Damien et je ne le serai sans doute jamais. Mais, à quelques exceptions près, j’arrive désormais à gérer mes plaisirs solitaires même si je pense à lui. Les moments de troubles concernent nos retours, pour les vacances par exemple. Les jours précédents le voyage, je stresse à l’idée de me retrouver dans la même ville que lui. Je sais que je ne vais pas pouvoir m’empêcher de le chercher. Je redoute autant que j’espère le moment où nous nous croiserons. Heureusement, nous ne restons jamais longtemps. Je ne suis jamais tombée sur lui ces dernières années. Je ne sais d’ailleurs pas vraiment comment je réagirais.

Je ne peux aujourd’hui pas dire si Damien est "l’homme de ma vie". Néanmoins, je peux affirmer sans aucune hésitation qu’il est mon partenaire sexuel parfait. Mon binôme de fantasme, mon double idéal. J’ai eu la chance de le rencontrer, car je n’ai pas l’impression que ça soit donné à tout le monde. Je vis aujourd’hui avec le souvenir de ces moments de bonheur, de joie et de plaisir que j’ai vécu à ses côtés.

En me relisant, peut-être imaginerez-vous que je suis triste. Je ne le suis pas. Pas du tout. J’ai quatre beaux enfants, une famille fantastique. Il est vrai que ce récit ne parle que de mes relations et fait largement abstraction de ma vie quotidienne.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.

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