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I – Liaisons dangereuses – Chapitre 35

I - Liaisons dangereuses - Chapitre 35



Une fois dans lhabitacle de ma voiture, je ne peux mempêcher de hurler et de frapper sur tout ce que je peux, martyrisant mon volant, ma portière et le toit de la voiture, il me faut plusieurs minutes pour arriver à me calmer et garder mes doigts crispés autour de mes cuisses. Jai les yeux baignés de larmes et ce ne sont pas des larmes de tristesse dues au fait que mon couple a pris un sérieux coup dans laile qui pourrait lui être fatal, non, ce sont des larmes de colère, de rage que Jenny ait fait quelque chose comme ça. Jai limpression dêtre en train de rêver, comment ça a pu arriver ? À quel moment est-ce quelle a pu se dire « Ouais, je vais faire ça, je vais bousiller son couple » ?

Il faut que je me calme et que je reprenne le contrôle de moi-même car il y a encore une zone dombre non négligeable à mettre en lumière, celle du moment où Jenny a parlé à Marion car franchement, je narrive pas à comprendre quand est-ce quelle a pu lui dire. Nous avons mangé avec Marion ce midi et tout allait bien, on avait discuté dun week-end en amoureux que nous pourrions faire à la montagne dici quelque temps, à loccasion de son anniversaire qui arrivera bientôt, je comptais même en profiter pour lui offrir un beau collier. Cest strictement impossible quelle ait été au courant à ce moment-là, jaurais ressenti un malaise car Marion nest pas hyper douée pour dissimuler son mal-être et là, cest clair quil ny en avait pas, donc elle a appris ça cet après-midi, mais quand, et surtout comment ? La seule personne qui peut me renseigner sur ça est Denise et il faut que jaille la voir pour quelle men dise plus, dautant que jai promis de lui donner des nouvelles de Marion.

Après avoir repris un semblant de calme, je démarre et roule en direction du salon. Sur la route, je tourne et retourne cette histoire dans tous les sens. Tout avait lair de sêtre si bien passé, cette super baise avec Marion et Odessa, le fait que jai pu donner une petite leçon à Jenny… Jenny… Me serais-je trompé à ce point sur elle ? Je la connais depuis si longtemps… Je sais quelle est dure, quelle peut être violente dans ses propos, mais je ne lai jamais vu comme quelquun de méchant au point de faire ça. Cest vrai quil arrive parfois que lon soit étonné du comportement dun proche que lon connaît depuis plusieurs dizaines dannées même si je ne connais pas Jenny depuis si longtemps – mais ça fait quand même un choc quand ça arrive.

Je ne me gare pas juste devant le salon mais plutôt à quelques dizaines de mètres histoire de pouvoir prendre quelques minutes pour lisser un peu plus mes nerfs. Je me regarde dans le rétro intérieur, ma peau et mes yeux ont repris une couleur à peu près normale donc je pense que je peux aller voir Denise sans quelle ne se dise, en me voyant, quune catastrophe est arrivée.

Je rentre dans le salon.

— Ah, Florian !! Alors ? Me dit Denise avant de me faire la bise ;

— Marion va bien, elle est chez elle ;

— Aaaaah, tu me rassures ! Mais quest-ce quelle a alors ?

— Euuuh, excuse-moi Denise, mais tes sûre que personne ne la appelé cet après-midi ?

— Mais non Florian, personne ! Que ce soit son portable qui était ici ou le téléphone du salon, elle na répondu à aucun des deux ;

— Et personne nest venu la voir ?

— Non plus !

Je réfléchis, je réfléchis, et plus je réfléchis, moins les choses sont claires. Jarrive pas à comprendre comment Marion a pu apprendre ça. Denise continue à me parler alors que jai lesprit ailleurs.

— Marion était censée finir plus tôt aujourdhui et elle était sur le point de partir au moment où une cliente est arrivée, jai voulu men occuper mais elle a insisté pour que ce soit à Marion quelle ait à faire ;

— Pourquoi ? Dis-je, encore à moitié absent ;

— Apparemment, une de ses amies lui a vanté ses super massages et elle voulait absolument en profiter.

Là, elle commence à attiser ma curiosité.

— Mais qui cétait cette cliente ? Une habituée ?

— Non, je ne lavais jamais vu. Cétait une superbe rousse, vraiment très charmante !

— Une rousse tu dis ??

— Oui, très belle avec des petites taches de rousseur et de beaux cheveux. Dailleurs, vu la moue que Marion ma faite, elle devait, comme moi, la trouver à son goût !

Une superbe rousse avec une belle chevelure et des taches de rousseur… Mais non… Jenny ma dit quelle avait mangé avec sa belle-sur ce midi… Se pourrait-il que…

— Elle ta donné son nom ? Demandai-je à Denise ;

— Oui, attends. Cest un nom à consonance anglaise il me semble.

Denise vérifie son agenda.

— Voilà, cest Walsh, Bridie Walsh.

Elle a sans doute donné son nom de jeune fille et un deuxième prénom, ou un prénom inventé, car elle devait savoir que si elle donnait son nom de mariage, Denise ferait le rapprochement avec Jenny. Tout séclaire dun coup et je ne peux mempêcher de lancer un rire nerveux.

— Mais voyons Florian, quest-ce quil y a ? Je comprends pas !

— Rien Denise, rien, dis-je en soupirant, Jai juste fait une belle connerie ;

— Mais comment ça, avec Marion tu veux dire ?

— Oui ;

— Mais laquelle ? Je suis sûre que ça doit pas être si terrible que ça !

— Terrible non, mais il nempêche que cest une grosse connerie ;

— Tu veux pas men dire plus ?

— Euuh, écoute Denise, là jai juste besoin de rentrer chez moi pour me poser. Marion est chez elle, cest le principal ;

— Mais…

Je prends congé de Denise et sors du salon pour rejoindre ma voiture.

Voilà donc le fin mot de lhistoire. Durant son déjeuner avec elle, Jenny a dû lui expliquer toute lhistoire, et je ne sais pour quelle raison, Typhaine est allée tout raconter à Marion. Jexclus le fait que ce soit Jenny qui lui ai demandé daller tout répéter car je trouvais déjà énorme quelle ait pu tout dire à Marion, cest encore plus improbable quelle ait demandé ça à sa belle-sur. Cest Typhaine, de son propre chef, qui est allée tout balancer. Je la savais manipulatrice, jen ai été un témoin privilégié, mais là, elle a poussé le concept très loin…

Jarrive chez moi et file devant mon ordinateur histoire dessayer de confirmer ce que je pense. Je tape « Bridie Walsh » mais ne trouve rien qui correspond, si ce nest des dizaines et dizaines de profils. Apparemment, son nom de jeune fille est très répandu en Irlande. Puis, je cherche avec « Typhaine Walsh » et là, bingo, je trouve rapidement un profil Facebook dont le nom est « Typhaine Dutellier-Walsh » et dont la photo représente Typhaine et Fred portant leur fille dans leurs bras. À moins quil y ait une autre bombe rousse qui se nomme Typhaine Walsh dans le secteur, il est à présent certain que cest elle qui est à lorigine de toute cette merde.

Je devrais être en colère mais même pas, je me sens découragé et surtout con parce que, au final, maintenant que la pression est retombée, je me rends compte que tout ça est arrivé par ma faute. Rien ne mobligeait à accepter de faire le défi de Jenny, et si je lui avais dit merde, elle naurait rien eu à raconter à Typhaine. Et je ne peux pas lui reprocher de lui en avoir parlé vu que moi-même jen ai parlé à Shama. Comment pouvait-elle imaginer que sa belle-sur ferait une chose pareille ? Maintenant que tout est clair, je regrette affreusement tout ce que jai pu lâcher à Jenny tout à lheure. Je ne sais pas jusquà quel point mes mots lont touchée, mais il est clair quils ne lont pas laissée indifférente tant elle sest figée quand elle a entendu mon laïus. Je sais pourtant que cest très mauvais de réagir à chaud mais je me suis emballé. Si ça se trouve, aujourdhui, jai perdu deux des personnes les plus importantes pour moi, tout ça parce que je suis pas foutu de réfléchir avant de faire ou dire nimporte quoi ! Ce soir, je nai pas faim, je me contente daller me doucher avant de me fourrer sous mes draps. Cette nuit fut courte, agitée et en aucun cas reposante.

Je me lève le lendemain matin tout aussi fatigué que la veille, pas envie daller au boulot aujourdhui, dautant plus quavec ce que jai dit à Jenny, je ne pense pas quelle va maccueillir à bras ouverts. Je traîne toute la matinée comme un fantôme, jingurgite du bout des dents un petit bol de céréales avant de maffaler dans le canapé, me refaisant toute lhistoire du début jusquà la triste fin, relevant toutes les occasions que jai eues de pouvoir tout arrêter avant de commettre lirréparable. Je nai fait que manipuler Marion pour arriver à ce que je voulais, tout comme Typhaine au final, je ne vaux apparemment pas mieux quelle.

Pour laprès-midi, je me force à bouger pour aller faire un tour de moto, histoire de prendre lair et de me changer les idées. Pas de destination, ni de but précis, je veux juste rouler, le seul écart intentionnel que je fais memmène à proximité du salon et je suis rassuré en voyant le scooter de Marion garé devant. Si elle est là, cest quelle va bien, ou en tout cas assez bien pour pouvoir travailler, je vois quelle est bien plus courageuse que moi…

Je roule pendant deux bonnes heures avant de rentrer chez moi. Je me douche et reprends ma vie de limace sur le canapé quand la sonnerie de la porte retentit. Je la regarde un long moment sans bouger, de nouvelles sonneries se font entendre avant quune voix ne prenne le relais.

« Florian, cest Shama, je sais que tes là, jentends la télé, ouvre !! »

Je finis par lever mon cul, de toutes les personnes qui auraient pu venir me voir, cest celle avec qui je serais sans doute le moins mal à laise. Jouvre la porte avant de repartir sur le canapé.

Shama la referme et vient me rejoindre.

— Alors, Jenny a tout balancé, cest ça ?

— Non, cest pas elle, cest sa belle-sur, dis-je en soupirant tant cette idée me rend malade ;

— Sa belle-sur ? Mais pourquoi ?

Je lui raconte tout ce qui a pu se passer avec Typhaine et la manière bien à elle quelle a darriver à ses fins.

— Putain, tes un aimant à garce toi ma parole !!

— Tu tinclus dans le lot ?

— Carrément, sauf que moi, je suis une gentille garce ! Mais je comprends toujours pas son intérêt de faire capoter ton couple ;

— Jen sais rien. Peut-être parce que la dernière fois, elle nous avait laissé entendre, à Jenny et moi, quelle comptait bien quon samuse tous les trois, sauf quétant en couple avec Marion, elle devait bien se douter quil se passerait rien ;

— Tu crois que cest juste pour ça ?

— Je vois pas grand-chose dautre ;

— Ouais mais bon, faire ça juste pour du cul, cest raide quand même !

— Je sais.

Jai les yeux fixés sur lécran de la télé, je reste complètement immobile.

— Bon, et toi alors ? Me demande Shama après quelques secondes de silence.

Je ne lui réponds pas, non pas que je nen aie pas envie, mais jai la tête complètement ailleurs. Shama attrape la télécommande de la télé pour léteindre et ainsi attirer mon attention.

— Eh Flo, tu vas faire quoi toi ??

Je tourne ma tête vers elle comme un zombie et je hausse les épaules.

— Tu comptes rester assis dans ton canapé ad vitam aeternam ?

— Et pourquoi pas ?

— Ben parce que tas un boulot déjà, et puis tes pas du genre à te morfondre pendant des plombes !

— Quest-ce que tu peux bien en savoir de quel genre je suis ?

— Je sais pas de quel genre tu es mais je sais que tes pas celui-là !

— Et puis pour mon boulot, avec ce que jai balancé dans la gueule à Jenny hier, ça métonnerait que je le garde très longtemps ;

— Là tas tout faux !! Figure-toi que Fred est venu aujourdhui, il a demandé où tu étais et Jenny ta couvert en lui disant que tu étais malade. Tu vois, elle aurait très bien pu dire que tu lavais insulté ou je sais pas quoi dautre, mais elle la pas fait, ça prouve bien quelle doit pas ten vouloir tant que ça !

— Trop aimable à elle ;

— Écoute Florian, tas une peine de cur, cest arrivé à tout le monde, moi la première, tu vas pas te laisser aller comme ça hein ?? Et puis dabord, tas parlé à Marion depuis hier ?

— Non, et vu comme elle ma envoyé chier, je pense pas quelle ait très envie de me revoir ;

— Elle ta envoyé chier comme toi tas envoyé chier Jenny, cétait sous le coup de lémotion, mais maintenant que tout sest tassé, peut-être quelle verra les choses autrement et que vous pourrez discuter tranquillement ;

— Mouais, jy crois pas trop ;

— En tout cas, tant que tu nes pas allé lui parler, ton couple nest pas officiellement foutu !

Shama na pas tort, tant que je naurais pas revu Marion, jaurai bien du mal à savoir où elle en est de son côté, et de toute façon, il faudra bien quon en parle tous les deux…

Après encore une bonne demi-heure à me pousser pour que je me bouge le cul dès demain, Shama sen va. Sa visite ma fait du bien mine de rien, davoir pu parler de tout ça avec elle ma enlevé un peu du poids que je me traîne depuis hier, et la nuit suivante, jai enfin pu dormir à peu près comme il faut.

Le lendemain matin, je me réveille bien plus tard que dhabitude 10h , faut croire que javais accumulé pas mal de fatigue, que ce soit physique ou mental. Je reste chez moi ce matin, en profitant pour me préparer à la visite que je compte faire à Marion dès cet après-midi. Jessaie de mimaginer quest-ce que je vais bien pouvoir lui dire pour justifier quelque chose dinjustifiable. Je ne compte pas me trouver dexcuse car je nen ai pas donc je vais déjà faire un bon gros mea culpa en espérant que, comme le dit Shama, elle sera moins en colère et donc plus à même de maccorder son pardon. Je ne vais pas pousser le cliché jusquà débarquer avec un bouquet de fleurs ou un bijou, je ne veux pas acheter son indulgence ni linfluencer quant à sa décision, hors de question quelle veuille rester avec moi uniquement parce que je lui fais de la peine ou parce que je lui ai offert quelque chose, même si je ne pense pas que ce soit son genre.

Cest vers 15h que je me décide à enfourcher ma moto pour me rendre au salon. Une fois sur place, au moment dentrer, japerçois Denise qui me toise de derrière son comptoir avec un visage sévère. Bon, il semble quelle soit au courant…

— Bon sang Florian, mais quest-ce qui ta pris ?? me dit-elle en venant se planter devant moi au milieu du salon, Une escorte ? Tes allé mettre Marion entre les mains dune pute ??

— Cétait pas une pute, juste une nana quon a rencontrée sur un site de rencontre ;

— Oh, la belle affaire, ben ça va alors, tout va pour le mieux ! Que ce soit une pute ou pas na pas dimportance, tu lui as menti Florian, et à ce point-là, cest grave !!

— Je sais Denise, je suis désolé ;

— Mais quest-ce qui a bien pu se tramer là-dedans pour que tu te dises que cest une bonne idée ? Dit-elle en me tapotant sur le haut du crâne, Après tout ce quelle a passé avec des mecs tous plus tordus les uns que les autres, il a fallu que tu ty mettes toi aussi ?!?

— Écoute Denise, je te promets, je te jure que je regrette, tu peux même pas savoir à quel point je me sens mal, si je pouvais revenir en arrière, je le ferais tout de suite ;

— Ben encore heureux !! Que Jenny tait donné ça à faire, cest déjà pas bien malin de sa part, mais que tu aies accepté…

— Je sais, je suis le seul fautif, je ne me cherche aucune excuse.

Denise me toise, les bras croisés avec un air toujours aussi dur.

— Marion nest pas là ? Demandai-je après un silence de quelques secondes ;

— Si, elle est là, elle soccupe dune cliente ;

— Il faut que je la voie ;

— Et pour quoi faire ??

— Je veux mexcuser déjà, et jai besoin de lui parler.

Denise me regarde sans dire un mot.

— Denise, sil te plaît, il faut que je lui parle, je ten prie.

Elle soupire.

— Daccord, mais tas intérêt à être gentil et à ne pas en rajouter une couche sinon tauras affaire à moi !

— Promis Denise, merci.

Elle prend la direction des box non sans mavoir encore gratifié dun regard acerbe accompagné dun nouveau soupir.

Quelques instants plus tard, Marion arrive et de la voir me donne des frissons tant elle mavait manqué. Elle a la mine basse, comme si cétait elle qui avait quelque chose à se reprocher. Elle me regarde en sarrêtant à bonne distance de moi avant de me lancer un sourire discret, je crève denvie daller lenlacer mais je ne pense pas quelle soit très réceptive, inutile daggraver mon cas.

— Salut Marion, euh, on va faire un tour dehors ? Jaimerais te parler sil te plaît.

Elle hoche positivement la tête avant dattraper sa veste et de lenfiler. Nous sortons, le ciel est gris et un petit vent frais souffle, ce qui pousse Marion à recouvrir sa tête de la capuche de sa veste. Nous marchons jusquà lendroit où nous avions lhabitude de manger le midi avant de nous y asseoir.

— Écoute Marion, je ne veux chercher aucune excuse à ce que jai fait mais je dois quand même texpliquer toute lhistoire et…

— Je sais ce quil sest passé ;

— Mais, comment tu…

— Jenny est venue me voir ce midi, on a mangé ensemble et elle ma tout expliqué ;

— Ah, euh, daccord ;

— Tavais raison, quand on la connaît mieux, elle est sympa ;

— Écoute Marion, je me sens affreusement mal davoir fait ça, je suis vraiment désolé de tavoir entraîné là-dedans, jaurais dû refuser ;

— Je sais que tu regrettes et que tu pensais pas à mal ;

— Ça nempêche que jai été con. Après tout ce que tas passé avec les boulets que tu as connus, jaurais jamais dû mabaisser à leur niveau…

— Non, je tarrête tout de suite Florian, je ne te mets pas dans le même sac queux. Ce que tu as fait, cétait pas top, mais ça na rien à voir avec ce que jai pu vivre avec les autres ;

— Peut-être, mais bon…

— Je le pense vraiment Florian, je te le jure, je ne te dis pas ça pour te faire plaisir.

Je suis rassuré dentendre ces mots sortir de sa bouche tant je craignais vraiment quelle ne me pardonne jamais. Je me décide à orienter la discussion sur nous deux.

— Et pour nous, comment tu voudrais… Enfin, comment tu vois la suite de notre relation ?

Marion soupire avant de relever la tête pour fixer son regard au loin devant elle.

— Jy ai beaucoup réfléchi et… Je pense pas que ce soit une bonne idée de continuer. Jai pris beaucoup de plaisir avec ce quon a fait avec Odessa, vraiment, mais comme je te lai dit, après coup, je me suis senti mal. De ton côté, jai bien vu que tu étais à laise et que ça tavait vraiment plu. Denise ma raconté toutes les fois où vous vous êtes amusés, les délires que tu avais lhabitude de faire, que ce soit avec elle, avec Jenny ou une certaine Shala, ou Shama, je sais plus, avec qui jai entendu dire que ça a été assez… punchy. Tu as une expérience que je nai pas sexuellement, et aussi une vision différente de la mienne qui est plus… standard on va dire, sûrement à cause de mon manque dexpérience, et je veux pas que tu te sentes obligé de te brider à cause de moi ;

— Lamour que je te porte va plus loin que le simple côté sexuel, cest toi qui es la plus importante Marion ;

— Je sais, mais sur le long terme, ça aura un impact parce quà un moment donné, tu auras envie de chose que je ne me sentirais peut-être pas capable de faire. Quand je tai dit que javais envie de faire un plan à trois avec un autre mec, je te mentais, ça ma jamais effleuré lesprit, et le fait que tu sois daccord prouve quon est, toi et moi, à un niveau différent sexuellement parlant, même si ça se passe bien entre nous de ce côté. Mais à un moment ou à un autre, nous serons frustrés, toi de ne pas oser faire des choses que tu as envie de faire et moi de savoir que tu te prives à cause de moi.

Je ne sais que dire, son raisonnement se tient et sans doute que dans labsolu, elle na pas tort.

— Peut-être que si javais eu une plus grande expérience quand on sest rencontré, je taurais suivi dans tes délires, mais là je ne men sens pas capable. Je tiens à toi mais il est préférable quon arrête maintenant plutôt que de sobstiner à continuer dans une voie qui pourrait savérer être une impasse. Cest déjà dur aujourdhui, pour toi comme pour moi, mais ce sera bien pire si on laisse le temps passer et nos sentiments se renforcer encore plus.

Je reste toujours silencieux, je sens lémotion commencer à me submerger et mes yeux se baigner de larmes, jai beaucoup de mal à les empêcher de couler et à rester stoïque.

— En tout cas, je voulais vraiment te remercier pour tout ce quon a vécu et tout ce que tu mas apporté. Grâce à toi, je sens que jai passé une étape, jai repris confiance en moi et en ma capacité à aborder une relation avec un mec, jen ai plus peur maintenant, et cest grâce à toi. Quant au côté sexuel, tu mas aussi beaucoup appris, et cest rien de le dire, tu mas fait mieux connaître mon corps, tu mas fait ressentir des sensations extraordinaires que je ne connaissais pas et je men souviendrais toute ma vie. Je ne sais pas quand est-ce que je rencontrerai dautres mecs, mais une chose est certaine, quand ça arrivera, ça sera à toi que je les comparerai.

Marion retire sa capuche et tourne son visage vers moi. Je tourne ma tête légèrement vers elle pour la regarder du coin de lil car si je plonge mon regard dans le sien, je ne pourrais pas retenir le torrent de larmes sur le point de déborder.

— Tes un mec super Florian, merci pour tout ce que tu mas apporté. Jespère quon gardera le contact car tu resteras toujours important pour moi. Il faut que jy aille.

Marion vient déposer un baiser sur ma joue avant de remettre sa capuche et de repartir en direction du salon. Je peux l’entendre se mettre à sangloter alors qu’elle est à quelques mètres de moi.

Je suis assis sur ce banc, ce même banc où notre histoire a en partie commencé, où lon sest embrassé et enlacé, où lon a rigolé, et voilà que cest ici aussi quelle se termine. Je ne bouge pas dun poil, même lorsque je sens, à mon tour, de nombreuses larmes tracer leur route sur mes joues. Cest dur et jai mal, très mal, mais tout ça, cest moi qui lai provoqué, je suis le seul fautif, à moi dassumer mes erreurs et leurs conséquences. Je reste là à pleurer en silence durant près dune heure, sans broncher, mais je repense alors aux mots de Shama, il ne faut pas que je me morfonde plus que de raison. Il faut que je me reprenne et que je sauve ce qui peut encore lêtre, comme mon amitié avec Jenny.

Je prends mon courage à deux mains et décide de me rendre au bureau. Cette fois, je ne prends même pas la peine dessayer darranger mon apparence, je suis trop malheureux et je narriverais pas à faire semblant. Une fois sur place, jarpente les couloirs de manière bien plus tranquille que la dernière fois, mes collègues me saluent timidement, ne sachant pas trop sur quel pied danser après mon éclatant départ de lautre fois. Je croise aussi Shama qui ne me salue pas, se contentant de me faire un petit sourire en me lançant un clin dil tout en effleurant ma main de ses doigts. Je lui rends son sourire sans pour autant marrêter.

Me voilà devant la porte de Jenny et je souffle un grand coup avant de toquer.

« Entrez »

Jentre lentement et Jenny arrête immédiatement ce quelle est en train de faire. Elle ôte ses lunettes et ferme son pc portable avant de sasseoir bien au fond de sa chaise. Elle na pas lair en colère, ni gênée elle semble plutôt attendre de voir dans quel état desprit je suis de mon côté.

— Salut Jenny, dis-je presque en chuchotant ;

— Salut Flo, me répond-elle sobrement.

Je massois tranquillement en face delle, mattendant à ce quelle me dise de rester debout, ce quelle ne fait pas.

— Écoute Jenny, euh… Pour la dernière fois, ce que je tai dit, euh…

— Cest pas important ça. Pour ce quil sest passé, il faut que tu saches que ce nest pas moi qui…

— Je sais, cest Typhaine, ou plutôt Bridie Walsh ;

— Oh… Comment tu le sais ?

— Cest le nom quelle a donné au salon et cest la dernière personne que Marion a vue avant de partir précipitamment, et vu la description physique que men a faite Denise, je navais plus beaucoup de doutes, et encore moins quand jai vu son profil Facebook avec ce nom ;

— Typhaine Bridie Susan Walsh, énumère Jenny, Je lai pourri au téléphone cette salope, mais cest rien à côté de ce qui lattend quand je laurais en face de moi !

— Non Jenny, laisse, cest bon ;

— Non cest pas bon, cette pétasse est allée tout balancer alors que je lui ai fait promettre de ne rien dire !

— Ça ne sert à rien Jenny, tu sais très bien quelle sen foutra complètement ;

— Mais elle va quand même pas sen tirer comme ça !!

— Pour linstant, si.

Jenny soupire vivement.

— Si tu ten prends à elle, potentiellement, ça pourrait éclabousser ton frère, ta nièce et même tes parents, et ils ny sont pour rien dans tout ça. Tu vas pas risquer de foutre le bordel dans toute ta famille pour ça ;

— Mais cest grave ce quelle a fait Florian !!

— Je dis pas le contraire, mais pour autant, cest inutile den rajouter. Maintenant, jai plutôt besoin de tourner la page plutôt que de mentêter ;

— Tu as parlé à Marion ?

— Oui, à linstant ;

— Et alors ?

Je la regarde en faisant un signe négatif de la tête. Jenny baisse les yeux et là, pour le coup, elle a lair bel et bien confuse.

— Je suis vraiment désolé, tout ça arrive par ma faute, jaurais jamais dû te donner ce gage à faire ;

— Non Jenny, rien nest de ta faute, ni même celle de Typhaine. Le seul fautif, cest moi, cest moi seul qui ai pris la décision daccepter ce gage, moi seul qui en ai parlé à Marion et qui ai cherché lescorte. La vérité cest que… Jai aimé ton gage, aussi débile soit-il, il ma excité et jai pris beaucoup de plaisir à lexécuter. Marion na pas tort quand elle dit que sexuellement, même si ça se passait bien entre nous, on a une vision différente des choses, trop différente pour elle…

Nous restons silencieux quelques secondes.

— Je suppose donc que tu as vu Denise, me demande-t-elle ;

— Oui ! Répondis-je en souriant et en soupirant ;

— Elle ma passé un sacré savon. Ça fait un moment que je la connais et je lai jamais vu aussi en colère ;

— Je te rassure, jai eu mon compte aussi. Cest gentil de ta part que dêtre allée parler à Marion ;

— Ouais… Désolé que ça nait servi à rien ;

— Je pense que cest une bonne chose quelle ait eu ta version, ça lui a dû lui servir à elle, cest le principal.

Nouveau silence où de mon côté, je suis perdu dans mes pensées alors que Jenny, elle, est encore gênée.

— Pas de démission à me donner ? Me dit-elle ;

— Hum… Non, désolé mais jai pas eu le temps de la faire, jai été assez pris durant ces deux derniers jours ;

— Tant mieux, ça mévitera de la déchirer.

Je lui souris et elle fait de même avant de rajouter :

— Écoute Florian, si tu veux prendre quelques jours histoire de digérer tout ça tranquillement, tu peux ;

— Cest gentil mais non, ça ira, la dernière chose dont jai besoin, cest de rester sans rien faire, dautant plus que je dois avoir pas mal de boulot en retard ;

— Et bien pas tant que ça, Shama a pris ton relais et a fait tout ce quelle pouvait faire en plus de son propre travail ;

— Ah… Eh bien jimagine que je vais devoir aller la remercier alors ;

— À toi de voir. Elle est super sympa en tout cas, je dois avouer que je savais pas trop quoi faire pour essayer darranger les choses et cest elle qui ma soufflé lidée daller parler à Marion ;

— Oui, elle est de bon conseil, elle est venue me voir chez moi aussi pour me remuer un peu ;

— Ça métonne pas delle.

Je souris à Jenny avant de me lever.

— Allez, je vais aller bosser un peu. Euh… Je suis désolé pour tout ce que je tai balancé lautre jour, jen pensais pas un traître mot ;

— Je sais, tinquiète pas Flo. On aura quà dire que ça rattrape tout ce que moi je tai dit quand on était chez mes parents ;

— Vu comme ça… Mais faudrait pas que ça devienne une habitude en tout cas ;

— Daccord avec toi ! On va faire en sorte, OK ?

— Promis. Merci en tout cas Jenny ;

— Cest moi qui te remercie, et… Désolé pour Marion et toi, vraiment.

Je lui lance un nouveau sourire avant de sortir de son bureau. Je vais ensuite dans celui de Shama.

— Salut Shama, il paraît que je ten dois une pour avoir fait mon boulot pendant mon absence ;

— Eh oui, jaime quand un homme mest redevable ! Dit-elle en se levant et en venant vers moi, Tu as parlé à Marion ?

Je hoche la tête et elle comprend très bien, en voyant mon visage, que les choses ne se sont pas passées comme je laurais voulu. Shama me prend alors dans ses bras, je suis un peu étonné sur le coup car je ne my attendais pas, et je lenlace à mon tour. Son étreinte me fait du bien et je sens de nouveau lémotion sur le point de me submerger, mais je mefforce de garder tout ça pour moi, jaurais bien le temps de chialer quand je serais seul.

— Je suis désolé Florian, me dit-elle en chuchotant ;

— Merci Shama, merci pour tout ce que tu as fait ;

— De rien mon beau. En tout cas, ça fait plaisir de te revoir ici, me dit-elle en sécartant de moi et en retournant vers sa chaise. Surtout que ce qui est cool, cest que maintenant tu men dois une comme tu dis !!

— Euh, ouais, sois sympa par contre, jen ai assez soupé des gages !!

— Ahahah, tinquiète pas va, si je dois te demander de sauter quelquun, ça sera pas une escorte, sois en sûr !! me dit-elle en menvoyant un clin dil.

Je lui rends son illade avant daller à mon bureau.

Voilà, je rentre maintenant dans une période de « deuil sentimental ». Ça fait très longtemps que je nen avais pas vécu et je le crains car je sais comment je suis dans ces moments-là, et je ne maime pas quand ça marrive. Je me raccroche au fait quentouré comme je le suis aujourdhui, jespère que ça se passera plus en douceur.

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