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La Plantation – Chapitre 1

La Plantation - Chapitre 1



De longs hurlements de fureur et de peur déchiraient la quiétude de la nuit. Une jeune femme à la chevelure de feu se débattait en vain dans le froid mordant de lhiver. Un prêtre bedonnant, aux sourcils épais et au nez rouge et gras, scandait des litanies à la jeune femme. Il la traitait de catin du malin, de renarde marquée, de vide-burgniole satanique. La foule qui entourait le prêtre scandait avec lui : hommes et femmes hurlaient leur haine farouche pour cette jeune femme, dont le seul crime était davoir eu la mauvaise couleur de cheveux.

-Entend-moi bien, engeance de Satan !, criait le prêtre, et confesse-toi avant de rejoindre ton damné créateur !

-A mort ! Brûlez-la ! Faite roussir la renarde !, hurlait la foule en transe.

La jeune femme rassembla ce qui restait de son courage et cracha au visage de lhomme déglise. Il resta un moment silencieux, abasourdi par cet acte, mais se reprit et avec encore plus de hargne attrapa une torche des mains dun vilain et la planta dans la masse de paille qui constituait le bûcher. La neige nempêcha en rien le feu de prendre, et les hurlements de fureur et de peur, furent vite remplacés par des hurlements de douleur et de terreur.

-Aaaaaaaaaarh..!

-Madame, vous allez bien ?

Jeanne Beaubiers se réveilla en sursaut sur son transat. Elle se releva doucement et se massa le front. La chaleur de lété avait dû lui faire perdre la tête, pensa la jeune femme qui lavait réveillé. Jeanne la remercia, et lui demanda sil était possible quelle lui apporte une limonade bien fraîche.

-Bien sur madame, restez-là je reviens immédiatement.

Madeleine se précipita vers les marches de lescalier extérieur qui donnait sur le haut perron. Madame faisait fréquemment des cauchemars lété, du fait de sa faiblesse lors des chaleurs extrêmes. Pourtant madame insistait pour sortir dehors quand il faisait chaud. Madeleine ne comprenait pas pourquoi, mais cela ne la regardait pas au fond. Madeleine sarrêta un instant sur le perron, et regarda le champ qui sétendait sur des kilomètres à la ronde. Hugh Beaubiers, le mari de Madeleine Beaubiers, était le propriétaire dune des plus grandes exploitations de coton de tous les Etats-Unis. Madeleine aurait aimé pouvoir dire quelle était une des associées de madame, mais ceût été mentir.

Une porte souvrit à sa droite et monsieur Beaubiers sorti de chez lui. Il regarda Madeleine dun drôle dair puis regarda en bas. Il vit sa femme à nouveau allongée sur son transat somnolant et divagant. Hugh regarda à nouveau Madeleine et approcha une main de sa cuisse la plus proche. Un sourire se dessina sous sa moustache brune et sur ses lèvres grasses, tandis quil se collait désormais sans retenue contre Madeleine, qui nosait rien faire ni dire. Elle aurait pourtant voulu dire beaucoup de chose. Madeleine aurait aimé pouvoir lui dire daller se faire voire, ou même de pouvoir le jeter par-dessus la rambarde Mais cela lui était impossible. Elle nétait pas plus libre de ses paroles ou de ses actes quelle ne létait tout court. Madeleine était une esclave.

-Monsieur, non, finit par bafouiller Madeleine. Ce nest pas correcte, monsieur.

Hugh Beaubiers la lâcha en souriant. Il était un homme patient et il savait quun jour elle viendrait delle-même le voir.

-Alors que vient faire la négresse dans mon nid, si ce nest pour se faire voler dans les plumes, hum ?, demanda Mr Beaubiers en pouffant.

-M-madame menvoie chercher un verre de limonade frais. Madame a encore eu un cauchemar, monsieur.

Hugh tendit le bras et ouvrit la porte de la cuisine, avant de faire signe à Madeleine de se dépêcher. Il donna une claque sur les fesses de la jeune femme quand elle passa devant lui, puis continua son chemin en partant dans un fou rire gras et bruyant.

Madeleine apporta la limonade à Jeanne aussi vite que possible. Elle secoua très légèrement lépaule de la maîtresse de maison qui sétait allongée jusquau bord du sommeil et la tira de sa torpeur. Jeanne se releva à nouveau et remercia encore une fois la jeune femme. Elle but la limonade avec délectation.

-Cest vraiment lune des plus belles créations de ce siècle, nest-ce pas Madeleine ? La limonade. Quelle merveille.

-Jimagine bien que oui, madame. Je nen ai jamais goûtée madame. Avez-vous besoin de mes services madame ?

-Non, non ma fille, vous pouvez vaquer à vos occupations, répondit Jeanne, apaisée.

Madeleine se dirigea en trottinant vers les champs de coton. Elle croisa plusieurs personnes, tous esclaves, quelle connaissait de visage et demanda à lun deux où se trouvait Jésus, son frère. La mère de Madeleine avait toujours été une grande chrétienne. Elle avait enseignée la bible et ses principes les plus beaux à ses enfants : ne pas juger, être toujours bons, garder son hymen pour le mariage, aimer son prochain, ne pas convoiter Madeleine et son frère avaient fini par connaître des versets entiers par cur. Ils étaient tous deux de bonnes personnes, justes et honnêtes. Mais Madeleine se demandait si les esclaves avaient leur place au paradis des hommes libres. Et si oui, pourquoi nétaient-ils pas au même rang sur la vie terrestre.

Madeleine trouva son frère en plein ouvrage, cueillant le coton par grappe entière, quil mettait ensuite dans une grande hotte dans son dos. Son chapeau de paille sur la tête, Jésus travaillait dur, au vu des traînées de sueur dans son dos musclé. La mère de Madeleine avait donné naissance à deux beaux enfants, qui étaient devenu avec le temps deux beaux adultes. Cela avait été sa dernière pensée envers ses enfants peu avant sa mort. Selon elle, les belles personnes étaient forcément bonnes et de fait ses enfants seraient de bonnes personnes. Sur ce point elle navait pas eu tort. Jésus se tourna vers sa sur et lui fit un signe de la main pour la saluer. Elle sapprocha de lui pour lembrasser, mais il recula en souriant.

-Je suis couvert de sueur grande sur, je ne voudrais pas salir ta robe !

-Idiot, il ny a rien au monde que tu pourrais salir, même si tu le voulais, plaisanta Madeleine.

Jésus demanda des nouvelles de sa sur. Il dormait avec les autres esclaves, dans un bâtiment conçu pour recevoir des esclaves mâles. Sa sur elle, dormait dans une chambre individuelle, dans la résidence principale des Beaubiers. Jeanne lavait exigée de son mari : les deux femmes sentendaient bien et Madeleine avait le don de calmer Jeanne facilement lorsquelle avait des cauchemars. Si Jésus sinquiétait naturellement de la vie de sur, il lui demandait également très souvent des nouvelles du monde extérieur. Les Beaubiers étaient une famille importante et recevaient souvent des invités, qui amenaient avec eux des sujets de conversations intéressants.

-Figure toi que lempereur des Français a été détrôné même si cétait il y a plus dun an maintenant-. Cest un nouveau roi, Louis XVIII qui est monté sur le trône. Cest un homme, Monsieur Noirtier, qui la raconté.

-Comme quoi, même les rois ne sont jamais à labri de quoi que ce soit, siffla Jésus. Si un empereur peut être chassé, comment un salaud comme Beaubiers ne pourrait pas ?

Madeleine ne souleva pas la remarque de son frère. Elle ne lavait pas vu depuis près dune semaine, et elle ne voulait pas gâcher le peu de temps quelle pouvait passer avec lui à parler dHugh. Ils discutèrent encore pendant de longues minutes, après quoi une cloche sonna la fin de journée de travail des hommes, mais le début de celles des femmes de maison. Madeleine embrassa son frère et courut rejoindre les autres domestiques. Dans la rangée de coton juxtaposant celle où Jésus et Madeleine venait de parler, un esclave se levait. Il connaissait Jésus depuis cinq ans, et ne lavait jamais aimé, mais il avait convoité sa sur. Cet esclave sappelait Satal. Tandis que ses camarades esclaves amenaient leurs récoltes dans une grange, Satal se dirigea vers le porche où Mr Beaubiers passait ses après-midis et ses débuts de soirées. Le soleil amorçait sa descente vers les hautes collines au loin, et le ciel se teintait dun orange vif.

Satal approchait à grand pas du porche, et appela Hugh Beaubiers, qui se tourna vers lui, irrité dêtre dérangé par un de ses travailleurs.

-Quest-ce que tu me veux le nègre ?, demanda-t-il avec autorité.

-Msieur, je ne voulais pas vous déranger, msieur. Je pensais juste que vous seriez content dapprendre quelque chose sur une de vos domestiques msieur, dit Satal dune voix plaintive.

Satal se retourna après avoir fait une révérence à Mr Beaubiers, et séloigna de lui à petit pas, quand Hugh le rappela, piqué dans sa curiosité.

-Hep, attend un peu boy, reviens par là. De quelle domestique tu veux me parler ? Il y a une de ces négresses qui me vole de largent cest ça ? Parle nom de dieu, ou je te préviens que..!

-Non pas msieur, pas de vol ou aucun que jconnais en tout cas. Jai cru comprendre par contre que msieur à un petit quelques chose pour une des négresses qui travaille dans la maison.

Hugh se leva et sapprocha de Satal à grands pas, lair aussi troublé que menaçant. Ses sourcils nen formaient plus quun, et sa moustache tremblait de colère.

-Je te préviens boy, si tu oses dire de telles inepties encore une fois, cest le fouet qui tattend !

-Non msieur, je vous promets que je le dirais à personne dautre msieur !, répondit Satal sur la défensive. Je voulais vous parler de Madeleine msieur. Je vous ai vu la regarder, et la toucher msieur, et entre nous je vous comprends bien.

-Madeleine ? Quen est-il delle ? Quest-ce que tu as à mapprendre de cette bougresse ?, demanda Hugh, soudain intéressé.

-Cest son frère qui travaille dans lexploitation avec moi msieur. Elle laime plus que tout comme cest sa seule famille maintenant que sa mère est morte lété dernier. Et elle ferait tout pour lui, sil était en danger. Msieur.

Madeleine apportait le dessert à la table des Beaubiers. Mr et Mme Noirtier étaient des invités des plus charmants quils avaient jamais reçus. Jeanne rigolait de bon cur aux plaisanteries mondaines de Mme Noirtier au bout de la table, tandis que Mr Noirtier faisait part de sa mélancolie face à la nouvelle tête couronnée de France.

-Voyez-vous, Mr Beaubiers, la France na pas plus besoin de roi quelle na besoin dune République. Napoléon était un grand homme, jai servis sous ses ordres et dieu seul sait quil était brave. Vous-êtes vous-même ancien français en quelques sortes non ? Surement avez-vous quelques idées sur le sujet.

-Si fait mon cher, répondit Hugh. Mon grand-père est dailleurs encore en Nouvelle-France. Mon père a quitté ce beau pays, bien quun peu trop froid si vous me demandez mon avis, pour cette terre fertile. Voyez-vous, mon cher Noirtier, je suis convaincu que les États-Unis sont une grande nation, mais il nous manque effectivement un chef détat fort. La République ne peut avoir court quand elle tolère des esclaves, nest-ce pas ? Or, lesclavage est de mise dans tous les pays civilisés à lheure actuelle. Je suis partisan de lidée suivante : il convient que chacun prenne ce qui lui plait, dès lors quil en a le pouvoir ou la possibilité.

Hugh Beaubiers finit sa phrase en regardant Madeleine regagner la cuisine, pendant que Mr Noirtier approuvait en hochant la tête. Le repas finit, Jeanne se senti indisposée et quitta la table, souhaitant une bonne soirée à tout le monde. Lhorloge sonna dix heures. Les domestiques de maison allaient soccuper ou bien de la vaisselle et du ménage, ou bien regagner leurs quartiers pour la nuit. Hugh savait que Madeleine faisait partie de la seconde catégorie et cest la raison pour laquelle il avait convenu avec Satal que cest à cette heure-là que leur plan devait se dérouler. Sitôt Jeanne partie, un tumulte se fit entendre par la fenêtre de la salle à manger. Hugh se précipita à lextérieur accompagné des Noirtiers, et tomba sur un combat desclave : Satal sen prenait au frère de Madeleine, tandis quesclaves attirés par la rixe, et gardes qui tentaient vainement de les séparer sattroupaient autour deux.

-Quel est donc ce foutoir ?, cria Mr Beaubiers aux deux esclaves, qui cessèrent immédiatement le combat. Comment osez-vous vous comporter ainsi devant mes invités ? Devant mes amis ? Navez-vous pas honte de membarrasser comme ça ? Misérables..!

-Monsieur, intervint les des gardes de la plantation (un ancien cow-boy reconverti : de gardien de vache il était devenu gardien desclave, mais la tâche pour lui était quasiment la même). Cest cet homme-là, il désigna Satal du doigt, qui a commencé la rixe.

Hugh se tourna vers Satal et le dévisagea. Sa moustache semblait sautiller dexcitation à lidée qui allait suivre. Les Noirtiers sétaient approchés à leur tour, curieux du dénouement quallait prendre cette affaire.

-Est-ce vrai, nègre, ce que ce garde a dit ? Tu as commencé le combat ?

-Cest vrai msieur, répondit Satal. Mais javais une bonne raison msieur ! Celui-là cest un satané voleur, pour sure msieur !

Hugh se tourna vers Jésus, qui déjà préparait son plaidoyer.

-Monsieur Beaubiers, cest faux, commença Jésus. Je travaille dans votre plantation depuis toujours monsieur, et jamais jai eu de problèmes. Je vous ljure monsieur, jsuis pas un voleur. Mais lui, lui, cest un menteur !

Satal et Jésus savancèrent lun vers lautre pour reprendre leur mêlée, mais les gardes les en empêchèrent cette fois. Mr Beaubiers se tourna vers les Noirtiers et leva les épaules au ciel, comme pour leur demander conseil. Mr Noirtier sapprocha encore un peu des deux esclaves, et demanda à Satal ce que Jésus lui aurait volé.

-Ce quil ma volé msieur ? Il ma volé ce quil me restait de ma pauvre mère, pour le donner à sa sur, voilà ce quil ma volé ! Un collier en argent, qui devait servir à payer les soins dont va avoir besoin la mienne

Satal se lamenta alors, feignant de pleurer, la tête entre les mains. Sa prestation sembla émouvoir Mme Noirtier qui demanda à son tour à Jésus si cela était vrai. Il lui répondit sur sa vie que cétait un mensonge encore une fois. Hugh reprit la parole, en sadressant au ciel plus quau gens présent.

-Lun ment et lautre dit la vérité, mais lequel dit quoi ? La peste soit des nègres et la peste soit des esclaves ! Mon père vous aurez fait fusiller tous les deux pour un tel comportement Vous avez de la chance que je ne le sois pas. Je sais être clément. Ou se trouve la sur de ce supposé voleur ? Que lon voit où se cache la vérité par tous les saints ! Hep toi, apostropha Hugh à un jeune garde ambitieux. Va donc chercher la petite négresse en question, tu veux ?

Et, à labri des regards de tous, Mr Beaubiers glissa un pendentif en argent dans la main du garde, qui partit chercher Madeleine dans sa chambre. Les trois blancs des lieux simprovisèrent avocats, juges et jurés en deux temps trois mouvements, quand le garde revint avec Madeleine et la preuve à conviction.

-Voilà Mr Beaubiers !, scanda le garde. La négresse était partie dans la chambre dune voisine et jai eu tout le temps pour fouiller : il nétait même pas caché !

-Je vous le répète, ce nest pas à moi !, criait Madeleine, au bord des larmes.

Madeleine crut mourir quand elle croisa le regard de son frère. Mr Noirtier prit le pendentif des mains du garde, et lapprocha de Satal.

-Est-ce bien ce pendentif dont vous nous parliez, nègre ? Faite bien attention à ne pas me mentir, à moi, à ma femme ou à mon hôte !

-Cest bien celui-là oui msieur, répondit Satal catégorique. Celui de ma pauvre mère, msieur !

Jésus voulu parler mais Hugh lui coupa la parole. Il remercia Satal, lui rendit le pendentif et lui dit que justice serait faite. Il ordonna aux gardes demmener le voleur et de le ligoter à un arbre, en attendant quil ne rende la sentence plus tard. Mr Noirtier félicita la rapidité et la justesse à laquelle lhistoire avait été résolue, ainsi que la magnanimité de son hôte. Il rentra avec sa femme, suivit dHugh, tandis que Madeleine restait sur les marches à pleurer.

Madeleine finit par rentrer dans sa chambre, les joues brûlantes de sel. Elle ne savait pas quoi faire pour sortir son frère de cette situation. Elle se décida finalement à aller directement au nud du problème, et se dirigea vers la chambre de Mr Beaubiers, afin de le supplier dêtre clément comme il sétait venté de savoir lêtre. Elle avança sans bruit dans la grande maison, et monta à létage supérieur.

Madeleine toqua à la porte trois petits coups. Mr Beaubiers vint lui ouvrir, en robe de chambre élégante, et lui demanda ce quelle lui voulait.

-Monsieur, chuchotait-elle, mon frère est innocent, je vous lassure. Je navais jamais vu ce pendentif de ma vie, je vous promets que

-Ecoutez Madeleine, vous savez que je vous Apprécie bien. Mais toutes les preuves sont contres votre frère voyez-vous ? De quoi aurai-je lair si je ne fais pas ce quon attend que je fasse devant un vol si évident ?

Hugh dévorait la jeune femme des yeux malgré la pénombre. Madeleine se mit à genoux et le supplia alors dépargner son frère.

-Monsieur, je Je vous en prie. Ce nest pas juste quil soit puni pour un crime quil na pas fait. Je ferai Je ferai ce que vous voudrez, mais épargnez-le.

En son for intérieur, Hugh se congratula : « tout vient à point à qui sait attendre » avait dit La Fontaine, et jamais une maxime ne lui avait paru avoir plus de sens à cet instant. Il releva Madeleine, passa un bras autour de ses épaules et la fit rentrer dans sa chambre en fermant la porte derrière lui.

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