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La rencontre – Chapitre 4

La rencontre - Chapitre 4



Pour la première fois depuis longtemps, Christine a réussi à prendre une demi-journée de congé. Négligeant les dossiers urgents sur son bureau et la cinquantaine de messages accumulés dans sa boite aux lettres électronique, Christine sort bien avant midi, toute excitée par la perspective de retrouver Nathalie.

En dévalant les escaliers plus vite que jamais, Christine croise Jean Desghièrche, un des plus respectés ? seniors ? du cabinet. S’amusant de sa précipitation, il la met gentiment en boite.

— Où courrez-vous donc si vite, Christine ?

Triomphalement, car c’est un véritable exploit dans ce métier de fou que de sortir du travail si tôt, Christine répond, toute essoufflée :

— Je pars en week-end !

Sa réaction amicale la surprend.

— Vous avez bien raison, profitez-en au maximum. La vie ne passe qu’une fois !

Christine a soudain envie d’embrasser ce vieux monsieur si digne pour le remercier de sa gentillesse.

— Quand nous revenez-vous ?

— Dès lundi, Maître, dès lundi !

— Très bien. J’avais pensé vous demander de passer me voir dans mon bureau cet après-midi, mais je ne veux pas vous retenir plus longtemps. Venez donc me voir dès votre arrivée lundi matin.

— Un problème ?

— Non, du tout. Un projet important… mais je vous expliquerai tout ça en détail lundi. Allez vite retrouver celui qui vous attend !

Conclut-il avec un petit sourire taquin.

Là, il l’a un peu énervée ! Christine hésite un instant à le rembarrer, mais il est vraiment trop gentil pour ça. En lui rendant son sourire, Christine répond en bafouillant un peu :

— Oui, je suis attendue en effet… Mais, ce n’est pas ? celui ? qui m’attend que je vais retrouver, mais ? celle ? qui m’attend… En fait… Je vais rendre visite à ma meilleures amie… on a partagé un appartement pendant mes études.

Hélas, elle a un peu trop vite oublié que Jean est un homme d’une très grande finesse, doté d’une intuition hors du commun. À la façon dont il la regarde, Christine a la très nette impression qu’il est en train de la passer aux rayons X et de deviner beaucoup de choses…

— Bon, je ne vais pas vous taquiner plus longtemps, Allez vite… la retrouver, conclut-il en laissant quelques points de suspension ambigus flotter avant le pronom féminin, comme s’il voulait lui faire comprendre à quel point il trouve ce féminin… singulier.

— Je suis horriblement gênée. S’il a deviné de quel genre d’amitié il s’agit, je me suis mise dans de sales draps… Mais si c’est vraiment le cas, il ne semble pas en être particulièrement offusqué.

— Profitez-en bien, mais n’oubliez pas quand même notre rendez-vous de lundi ! lui lance-t-il encore d’un air amusé du haut des escaliers.

Après ce départ fracassant, Christine passe rapidement chez Christian, son coiffeur attitré, qui doit la faire belle pour son voyage. Elle lui demande de la faire irrésistible. Christine veut aller vers son amour dans ses plus beaux atouts.

Christine aime bien Christian, qui la coiffe depuis deux ans. Il lui a donné le petit coup de pouce dont elle avait besoin pour trouver son style de coiffure. Christine n’a plus depuis longtemps l’air d’une étudiante mais ne ressemble pas pour autant à l’idée que la plupart de ses clients semblent se faire d’une avocate spécialiste en droit fiscal. Enfin, à celle qu’ils s’en font avant de l’avoir rencontrée ! Christine voit souvent la surprise dans leurs yeux quand on la présente. Christine imagine qu’ils doivent s’attendre à une sorte de rat de bibliothèque tout racorni, aussi sexy qu’un formulaire fiscal.

— Messieurs ! Convainquez-vous donc définitivement qu’il n’est pas obligatoire d’avoir l’air d’une vieille fille desséchée pour être une fiscaliste de talent ! J’assume fièrement ma jeunesse, ma féminité et ma coquetterie. Mes cheveux très sombres sont coupés en un dégradé asymétrique rigoureux, très ? graphique ?. Des mèches discrètes, d’un rouge profond, apportent la petite touche d’extravagance qui convient à mon tempérament dynamique d’ex-finaliste du championnat de France d’escrime.

Christian veut bien sûr à toute force savoir pour qui elle se met en frais avec un tel enthousiasme.

— Monsieur votre ami va craquer quand il va vous voir si jolie, remarque-t-il en la raccompagnant vers la caisse.

En s’approchant de lui pour glisser un pourboire dans sa poche, Christine ne résiste pas au plaisir de le provoquer en lui chuchotant d’un air complice :

— Non, non Christian ! Pas ? Monsieur ? mon ami, mais ? Madame ? mon amie !

Le pauvre chéri en reste tout désarçonné, se demandant visiblement si c’est du lard ou du cochon.

— Cher Christian, ce n’est ni du lard, ni du cochon, c’est plutôt… de la cochonne.

En bon professionnel habitué à supporter chaque jour les confidences extravagantes de sa clientèle ? branchée ?, son visage reprend bien vite son expression habituelle. Christine lui sourit poliment et il lui faut beaucoup d’attention pour parvenir à deviner dans son regard une sorte de douce indulgence, presque un encouragement. Christine peut compter sur la discrétion de ce jeune homme qui doit d’ailleurs avoir lui-même des petits secrets du même ordre…

Toute excitée par sa soudaine audace, Christine sors du salon de coiffure le sourire aux lèvres. Elle a envie de chanter, de danser. Ses yeux doivent le dire très fort car sur le trottoir, plusieurs inconnus la saluent en souriant.

Christine passe en coup de vent chez elle pour se changer. Tout est prêt sur le lit, tout ce qu’elle a mit la semaine à rassembler, car pour sa première visite d’amoureuse, Christine a décidé de faire le grand jeu et a cassé sa tirelire : lingerie, robe, manteau, chaussures, elle sera parfaite pour son amour. Elle a choisi une toilette élégante, sexy, avec un petit côté ? poule de luxe ? raffinée. Christine en a profité pour assouvir une fois de plus sa passion pour la lingerie, passion pourtant funeste pour son compte en banque… Elle a trouvé une parure assortie à ses yeux, en coton bleu marine qui contraste joliment avec sa peau claire de parisienne. L’ensemble est décoré de broderie anglaise : un soutien-gorge à balconnet pour mettre en valeur sa menue poitrine et une petite culotte brésilienne soulignant le rebondi de ses fesses de sportive. En général, Christine met des collants, mais une paire de bas blancs à couture l’a fait craquer. Leur voile est très fin et un mignon petit noeud de satin blanc décore l’attache de la couture sur la bande de dentelle élastique qui les maintient en place sur ses cuisses. Ils valent une fortune, mais le résultat vaut le coup.

Christine s’inspecte devant la glace pour s’en assurer, sans véritable inquiétude car depuis quelques années déjà ses complexes d’adolescente se sont définitivement évanouis. L’étudiante sportive et un peu anguleuse a pris des formes plus féminines, la fermeté de ses muscles modelés par le sport conservant un galbe élégant à son corps allongé. Christine se contemple avec satisfaction, se trouve très bien et très sexy, exactement ce qu’elle souhaitait. Par-dessus ces quelques dizaines de grammes de lingerie au prix exorbitant, Christine enfile une robe soyeuse et claire et un manteau léger de demi-saison, très ? près du corps ?, avec un col fantaisie en plumes d’autruche noires qui donne à l’ensemble un petit parfum ? années folles ?. Des chaussures à talons d’un rose très pâle complètent sa toilette. Christine est craquante… Encore heureux : Christine a laissé plus d’un mois de salaire dans les magasins de la rue du Faubourg Saint Honoré ! Ces vêtements luxueux sont comme une offrande que Christine fait à son amour. Christine se prépare pour elle comme une vestale pour un dieu exigeant, imprévisible et dangereux dont il faudrait domestiquer l’énergie, calmer l’appétit de sang.

Sa valise est prête depuis la veille. Mais aujourd’hui, pas de métro, pas de sueur, pas de mauvaises odeurs. Christine veut du luxe, du calme et de la volupté : Christine a commandé un taxi et elle a pris un billet de première pour le TGV. Elle aurait préféré un carrosse et une escorte de mousquetaires, mais il faut bien vivre avec son époque.

Gare de Lyon, la voix préenregistrée de la SNCF égrène mécaniquement les chiffres du train qui va l’emmener vers son amie, vers son amour.

— Le TGV numéro 9269 à destination de Lausanne partira de la voie L à 13 heures 04. Ce train desservira les gares de…

Christine n’écoute plus, Christine marche dans sa petite bulle parmi les voyageurs faisant les cent pas dans la mal nommée ? salle des pas perdus ?. Aucun de ses pas à elle n’est perdu, chacun la rapproche de Nathalie, la rapproche de ses bras, de sa douceur, de sa chaleur, la rapproche de la folie qui l’a saisie depuis un mois et dont Christine a presque peur parfois. Jusqu’où ira-t-elle ? Quelle direction inattendue a donc pris sa vie ? Christine a envie de danser sur ses talons aiguilles, Christine vole plus qu’elle ne marche, elle se sent libre, forte, capable de franchir d’un bond toutes les montagnes. Passant devant un groupe de jeunes à casquettes de base-ball, Christine sent leurs regards la suivre avec insistance. Ils sont trop loin pour lui cracher leurs saloperies et leurs insultes habituelles. Pour une fois, l’hébétude pesante de leur désir haineux ne la blesse pas. Christine est au-delà de tout ressentiment, de toute colère, de toute humiliation possibles, Christine n’a même plus pitié d’eux.

Elle s’installe côté fenêtre dans le calme d’un wagon de première classe qui se remplit lentement.

Calée confortablement dans son siège, Christine se sent bien mais en même temps, elle éprouve un sentiment un peu bizarre. C’est bien la première fois que Christine s’offre un voyage de cette nature, poussée uniquement par son désir, poussée par son cul. Une formulation un peu brutale, mais elle doit reconnaître que c’est bien son cul qui la tenaille et la pousse irrésistiblement vers son amante. Elle en est à la fois fière et honteuse, mais elle n’a de toute façon pas le choix. Elle a un besoin absolu du corps de Nathalie, de sentir ses caresses sur son corps à elle qui n’en peut plus.

Bientôt le train s’ébranle et voilà Christine lancée à pleine vitesse dans la verte campagne d’Ile-de-France. Le temps est ensoleillé, une belle journée d’automne comme elle les aime.

Un jeune homme est assis sur le siège à côté d’elle, de l’autre côté de l’allée. Il a un casque sur les oreilles et Christine entend distinctement le rythme d’une batterie, il doit être complètement sourd.

Elle regarde distraitement le paysage qui défile et rêvasse en pensant aux gestes qu’elles feront lorsque, enfin, elles seront réunies. Nathalie lui a donné rendez-vous à son arrivée dans un hôtel près de la gare. C’est la première fois que Christine va dans un hôtel pour autre chose que dormir. Christine y va pour baiser. C’est bien comme ça qu’il faut dire. C’est pour baiser et surtout pour se faire baiser que Christine se rend dans cette ville, dans cet hôtel, dans cette chambre, dans ce lit. Son sexe est trempé maintenant, mais à vrai dire, il l’est la moitié du temps depuis un mois. C’est épuisant et Christine commence à craindre de devenir folle, qu’on s’aperçoive qu’elle est devenue une chienne, une petite chienne docile qu’on fait venir dans son lit pour la baiser. Dieu que c’est bon ! Baiser avec une femme ! Jamais Christine n’aurais cru que Nathalie viendrait un jour, qu’une telle passion soit possible et qu’un plaisir si aigu puisse en naître.

— Nathalie, ma Nathalie chérie, ta petite chienne, ta petite salope amoureuse arrive, baise-moi vite ma chérie, j’en meurs d’impatience !

De tout le voyage, son voisin et elle n’échangeront pas un mot, pas un regard. Il reste immobile, abruti par la musique qui résonne dans son crâne, tandis que son esprit surchauffé, traversé de flashs érotiques et de frissons amoureux, continue à échafauder des folies.

Christine ne sort de cette transe obsessionnelle que pour s’agacer du passage de la douane. Christine avait oublié que la Suisse n’était pas membre de l’Union Européenne.

Seize heures cinquante-deux, arrivée en gare de Lausanne. La voici sur le trottoir devant la gare. Les autres voyageurs se précipitent du côté de la station de taxi. Un peu ahurie, Christine regarde autour d’elle. C’était donc si simple de venir jusqu’ici, dans la ville de son amour ?

Christine sort de son sac à main le petit plan récupéré hier sur l’internet, traverse la petite place et s’engage dans une petite rue piétonnière qui grimpe sur le coteau. Christine vérifie la plaque pour s’assurer que c’est bien la bonne rue. Sa petite valise à roulettes brinqueballe sur les pavés de la rue qui monte en pente raide. Sur la façade de l’hôtel, des drapeaux flottent au vent. Au fur et à mesure que Christine s’approche, elle sent que tous les scénarios érotiques délirants qu’elle dressait dans le train s’évanouissent et qu’elle n’est pas plus sûre d’elle-même que Christine ne l’étais à dix ans, quand elle a passé son audition pour la classe de danse du conservatoire.

Toute tremblante, Christine entre dans l’hôtel.

La réception est à droite. Deux jeunes femmes élégantes et aimables lui font un accueil souriant. D’une voix mal assurée, Christine demande si Mademoiselle Nathalie G. est arrivée. Christine a l’impression qu’on peut lire sur son visage la raison de sa visite, et que ces deux filles vont tout deviner.

— Désolée, Mademoiselle, mais nous n’avons personne de ce nom dans notre clientèle, lui répond la jeune femme qui vient de consulter son écran d’ordinateur.

Christine se sent très mal. Elle bredouille, au bord des larmes :

— Mais… elle m’avait pourtant donné rendez-vous…

Christine rosit légèrement en prononçant ces mots équivoques.

— Ah oui, rendez-vous ! Pour ça oui, tu as rendez-vous, et tu sais bien quel genre de rendez-vous, ma salope !

Soudain, Christine réalise qu’elle a donné son nom de jeune fille à la réceptionniste

— Je me suis trompée, elle s’appelle maintenant Nathalie W. Je vous ai donné son nom de jeune fille !

— Oui, elle est bien arrivée. Chambre 415. Je vais l’appeler pour vous annoncer. Votre nom, Madame ?

— Christine D. !

Elle pianote sur le téléphone.

— Madame W. ? Ici la réception. Madame D. est ici. Entendu. À votre service.

Elle se tourne vers Christine.

— Elle vous attend dans sa chambre. Les ascenseurs sont à droite. C’est au quatrième étage.

— Vous pourriez m’indiquer les toilettes ?

— Juste avant les ascenseurs, l’escalier qui descend à droite. Au revoir et bon séjour à Lausanne.

Christine passe rapidement aux toilettes, d’une part parce qu’elle a une envie de pisser terrible depuis qu’elle est descendue du train, mais aussi et surtout pour essayer de se calmer. Christine tremble de tous ses membres et son coeur bat à tout rompre. Elle a l’impression qu’elle va s’évanouir ! Il faut absolument qu’elle arrive à reprendre ses esprits.

Les toilettes sont immenses. Une grande glace court le long du mur. Christine sourit à son image pour se redonner courage. Entrant dans une cabine, Christine s’assied sur la cuvette pour essayer de se reposer un peu et de se calmer, mais sans beaucoup de succès. Les cloisons ne descendent pas jusqu’au sol et Christine ne se sent pas bien isolée. Elle a horreur de ces cabines à l’anglo-saxonne. Christine se soulage et essuie soigneusement sa chatte avec un peu de papier roulé entre ses doigts. Christine voudrait être parfaite pour Nathalie, pour son amante. Elle aimerait pouvoir se doucher pour être fraîche et parfumée avant de s’offrir à ses caresses, à son désir. Elle attend encore quelques secondes, respire un grand coup et y va.

— Dieu merci, il n’y a personne qui attende l’ascenseur.

Christine croit qu’elle n’aurait pas supporté de croiser un regard. Au quatrième étage, le couloir est désert et silencieux. Ses pas sont étouffés par l’épais tapis et la moquette sur les murs. Silence et confort suisse…

Dans ce silence et ce confort, une femme va retrouver en secret son amante dans une chambre d’hôtel.

Cette femme, c’est elle !

Cette idée la trouble fortement. La porte 415 est légèrement entrouverte. Christine déglutit et respire profondément avant de la pousser doucement.

La chambre surchauffée est plongée dans la pénombre, comme Nathalie lui avait promis. Suivant scrupuleusement ses instructions, Christine referme doucement la porte et avance sans bruit dans la pièce. Christine n’ose pas regarder vers le lit où elle devine une forme allongée sous la couette. Christine abandonne sa valise, ôte son manteau, ses chaussures valsent et Christine commence à se déshabiller en tournant le dos au lit.

Christine sent sur elle le regard de son amante qui garde le silence. Sa présence n’en est que plus intense. Elle a l’impression d’être observée par une inconnue.

— Est-ce vraiment toi qui es là, ma chérie ?

Et si Christine s’étais trompée de chambre… Respirant lentement et profondément, Christine s’efforce de ralentir ses gestes. Déboutonnant sa robe d’une main tremblante, elle la laisse lentement glisser par terre. Son premier strip-tease… Instinctivement, Christine se cambre légèrement pour faire ressortir ses fesses. Caressant ses cuisses d’un geste langoureux, elle remonte ses mains sur ses hanches et tire l’élastique de son slip vers le haut pour faire rentrer le tissu dans la raie de ses fesses. Christine tortille ses fesses de la façon la plus suggestive qui lui semble possible sans basculer dans le ridicule. Avec des gestes lascifs, Christine enlève lentement ses bas… Elle entend la respiration de Nathalie qui n’en perd pas une miette… Ôtant son soutien-gorge, Christine caresse avec un vrai soulagement la peau douce et fine de sa poitrine enfin libérée, voluptueuse. Sa petite culotte va bien vite rejoindre sur le tapis le reste de sa toilette et la voici nue.

La chambre est toujours silencieuse, mais dans sa tête les battements de son coeur font un vacarme du diable. Toujours muette, Christine avance vers le lit. La couette s’ouvre soudain et c’est une bouffée de douceur charnelle qui l’accueille. Christine plonge dans un océan de parfum de femme, dans l’odeur de son corps amoureux, l’odeur pure et affolante de l’amour. Christine se serre vivement contre Nathalie en laissant échapper un cri de bonheur. Tout son être est avide du sien. Elles restent longuement serrées l’une contre l’autre, sans bouger, sans parler, sans respirer. Un étau se relâche dans sa poitrine, soulageant enfin l’infinie tension de son coeur.

Son amour est brûlante, les mains se joignent aux siennes et les étreignent, leurs fronts s’appuient l’un sur l’autre. Leurs cheveux soyeux les enveloppent d’une fine caresse odorante. Son bonheur s’épanouit comme une fleur au soleil. Sa joue contre la sienne, infiniment douce, ses lèvres enfin posées sur les siennes, légères et miraculeuses. Et soudain leur premier baiser, un vrai baiser d’amoureuses, un vrai baiser fou qui semble ne jamais devoir cesser, l’envie de se fondre en elle. Leurs langues s’enroulent, se dégustent, avides, insatiables. Elles se dévorent à pleine bouche. Enfin, Christine est à sa place exacte, celle précisément où elle ne pouvait pas ne pas se retrouver, là où son destin, où son désir devaient la mener. Christine est vivante. Christine est une femme qui aime une autre femme.

Elles restent ainsi soudées de longues minutes. Ses yeux qui se sont accoutumés à l’obscurité croisent le regard pétillant de Nathalie qui lui sourit. Christine se blottit tendrement contre elle en soupirant :

— J’attendais ça depuis si longtemps !

— Et moi donc ! Je devenais folle à t’attendre dans ce lit.

Elles rient doucement en se regardant.

— Que tu es belle ma chérie !

Elle rit plus fort

— Je n’en pouvais plus ! Que tu as mis longtemps à monter depuis la réception !

— Je suis passée aux toilettes, j’avais trop envie de faire pipi.

— Tu aurais pu faire ici.

Elle marque un léger temps d’arrêt, puis poursuit d’une voix changée :

— Devant moi !

Son émotion remonte d’un cran. Christine est de nouveau troublée comme une pucelle. Se serrant contre elle, Christine murmure en fermant les yeux :

— Je ferai tout ce que tu veux. Je veux tout faire, tout essayer avec toi. Je t’aime.

— Laisse-moi te regarder.

Elle repousse la couette. Le lit est ferme, doux, le tissu de la couette est d’une douceur d’ange. Le confort suisse n’est pas une légende.

Christine lui souffle timidement à l’oreille :

— Regarde tout ce que tu veux, fais tout ce que tu veux avec moi, mon petit ange adoré.

Penchée sur elle, Christine sent son visage explorer son corps. Son souffle chatouille délicieusement sa peau. Elle respire son parfum.

— J’aurais aimé prendre une douche après le voyage avant de te rejoindre.

— Je préfère sentir ton odeur. Tu sens bon. Tu sens très bon ma chérie.

Ses cheveux glissent sur ses seins. Leur caresse la fait frissonner. Ses mains s’arrondissent sur sa poitrine qu’elle masse lentement. Elle sait précisément comment faire naître et grandir son plaisir et Christine se laisse aller sans réticence, s’offre à elle, à ses caresses expertes, en toute confiance. Leurs jambes s’emmêlent et Christine sent le doux renflement de sa motte se presser sur sa cuisse. Son entrejambe est encore plus chaud que le reste de son corps. Christine sent le léger mouvement de bascule de son bassin qui vient appuyer sur elle pour se frotter. Instinctivement, ses hanches se mettent elles aussi à faire des petits mouvements de va et vient et Christine sent que Nathalie commence à mouiller sa cuisse. Elles sont entraînées dans le ballet que font leurs culs qui se pressent. Christine pense bêtement :

— C’est sûrement ce qu’on appelle un ballet rose.

Leurs respirations s’accélèrent et Christine a l’impression de fondre lorsqu’à son tour, elle se sent tremper la cuisse de Nathalie. Leurs bouches se rejoignent et échangent un deuxième baiser, moins vorace mais beaucoup plus voluptueux.

Nathalie s’allonge sur elle et Christine sent le poids léger de son corps ferme. Ses mains courent sur sa peau, sur ses fesses, descendent vers son cul, vers sa chatte. Elle écarte les cuisses pour lui faciliter l’accès, elle est trempée, plus trempée que possible. Christine sent ses mains se poser sur sa fente et commencer à la branler doucement. Son clito est dressé et Christine sent pointer son petit nez rose entre ses lèvres. Elle le branle avec une telle délicatesse que Christine se sent partir aussitôt, elle perd tout contrôle sur son corps. Christine n’est plus rien d’autre qu’une chatte branlée, plus rien d’autre que du plaisir qui monte toujours plus haut. Elle a tellement accumulé de tensions depuis des jours qu’elle se laisse surprendre par un orgasme aigu et violent. Christine crie en jouissant, Christine jouit en criant, cabrée sur le lit, et retombe anéantie.

Après quelques secondes d’abandon, Christine se met doucement à rigoler. Nathalie la regarde et se met à rire elle aussi et les voilà prises toutes les deux par un fou rire irrépressible.

— Eh bien ! dit Nathalie quand elles se calment un peu, il était temps que tu arrives !

— Je n’en pouvais plus, je n’en pouvais plus ! Toutes ces semaines, ces messages que tu m’envoies, tout ça me rend dingue !

— Que je t’envoie ? Mais tu m’en envoies aussi ! Tu ne crois pas qu’ils me font de l’effet à moi aussi ?

Christine répond en faisant mine de bouder :

— Oui mais toi, tu as ton mari !

— C’est vrai ! D’ailleurs, il doit me trouver très ? chaude ? en ce moment !

Elles rient et s’embrassent de nouveau. Christine est un peu calmée mais tout son corps est d’une extrême sensibilité. Les caresses de sa chérie la transportent. Elles roulent enlacées sur le lit comme on roule sur la pente d’un pré en été, en haletant et en riant comme des enfants. Christine tient Nathalie sous elle, la pointe de ses seins vient doucement caresser sa poitrine. Christine descend vers son ventre. Tandis qu’elle presse convulsivement son pubis contre elle, Christine descend encore plus bas, vers sa petite colline décorée d’une fine et douce toison brune, son petit Mont de Vénus qui ne laisse rien caché de son intimité. L’odeur de sa chatte monte vers elle. Christine enfouit son nez dans ses poils et la respire avidement. Son pubis se tend vers elle, implorant silencieusement une caresse plus précise. Christine se recule un peu et s’installe confortablement entre ses cuisses, ses lèvres à quelques millimètres de celles de son sexe. Christine veut la faire souffrir, qu’elle soit folle d’impatience de se faire bouffer, Christine l’agace en effleurant à peine de ses lèvres sa petite fente gonflée et ruisselante. Nathalie gémit.

— Oui ! Oui ! Je t’en prie ! Viens maintenant ! Bouffe-moi ma chérie !

Christine ne résiste plus et se jette sur elle. Sa mouille dégouline dans sa bouche, coule sur son menton ; sa langue, son nez s’enfoncent en elle, avidement. Christine pince ses lèvres entre les siennes et Christine les suce, sa langue va chercher son clitoris. Elle dégouline de plus belle sur son menton. Ses doigts se joignent à sa langue, s’enfoncent dans son vagin moelleux. Prenant garde à ne pas la blesser avec ses ongles, Christine enfonce un doigt, puis deux, puis trois. Gardant ses doigts serrés, Christine les fait doucement aller et venir à l’orée de son vagin. Ils font un petit bruit mouillé et ressortent pesants de mouille. Christine réalise soudain qu’elle est en train de baver d’excitation devant ce spectacle, comme un enfant devant une pâtisserie. Sa salive se mélange à sa mouille et Christine se délecte à enfoncer ses doigts un peu plus profondément dans cette chair sensible. Elle respire très fort, son cul s’avance, cherchant ses doigts pour venir se les enfoncer encore plus profondément. Christine ajoute un quatrième doigt et c’est finalement toute sa main qui s’enfonce lentement dans son vagin. Nathalie pousse des petits cris et donne des coups de reins pour mieux se faire enfiler.

Elle implore que Christine la baise à fond.

Christine hésite à lui obéir par crainte de la blesser, mais elle est déjà partie vers son plaisir. Se soulevant sur ses coudes, elle regarde d’un air affolé sa main enfoncée dans sa chatte. Il n’y a plus que son poignet qui dépasse. Nathalie semble fascinée par ce spectacle, hypnotisée. Ses yeux restent mi-clos et son bassin vient peser sur sa main comme pour chercher à l’enfoncer encore. Son visage est sérieux, tendu, concentré sur son plaisir qui monte. Elle grince des dents. Puis ses cris vont crescendo jusqu’à ce qu’elle hurle son plaisir, son visage rejeté en arrière. D’un ultime coup de bassin, elle enfonce ses doigts à fond dans son ventre, se laisse retomber en arrière et éclate en sanglots, ou plutôt elle se met à rire, ou peut-être les deux à la fois.

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