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La vie d'avant – Chapitre 1

Les aventures érotiques d'Amandine et Laura. - Chapitre 6



Là-haut !

La taloche que je viens de prendre m’a marqué la joue d’une rougeur passagère. Mon père ne rigole pas avec ça. Je suis rentrée avec ma robe salie de m’être trop couchée dans l’herbe. À trop guigner les bestioles dans les champs avec Anicet…

-Qu’est-ce que tu as encore fichu ? Regarde-moi dans quel état tu rentres ! Toujours à traîner avec le fils des voisins. C’est un bon à rien, tout juste capable de faire des bêtises.

-Mais papa…

-Il n’y a pas a de mais qui tienne, Ariane. File aider ta mère à la cuisine !

-oooOOooo-

Ces souvenirs remontent en grappes, comme des images perdues, un flot de sensations étranges. Papa… Albert, de la vieille école, toujours à avoir peur de tout et de rien… surtout pour moi son unique fille. Je fouille dans les tiroirs de ces meubles que longtemps j’ai astiqué, avec comme du respect pour ces armoires hors d’âge, hors du temps. La maison sera vide bientôt et c’est étrange comme chaque recoin, le moindre endroit de celle-ci recèle comme un petit bonheur.

Là, le confiturier… avec ses pots alignés, vides depuis longtemps, mais il me semble que la gelée translucide de pommes sauvages ou de coins y est encore bien visible. Ma mère Maria est partie depuis bien longtemps, je ne veux plus faire le compte. Mon père l’a rejointe depuis quelques mois et je fais un tri nécessaire dans cet univers familier. Chaque objet, chaque chose, tout me ramène à une période heureuse de ma vie.

Je tiens dans les mains le chiffon à fleurs roses qui m’habillait ce soir-là et j’ai comme l’impression que ma joue me brûle. Une multitude de souvenirs affluent en rangs serrés, des odeurs aussi. Celle du foin, celle de cette herbe séchée que j’adorais. Que je n’ai jamais cessé d’aimer finalement. Puis il y avait… Anicet… le gamin espiègle, mon presque frère ! Celui avec qui… un brin de nostalgie qui me monte aux mes yeux, alors que la robe finit sa course dans un sac.

Démodée, comme tout ce qui m’entoure, oui vieillot, mais c’est un peu cela… nos souvenirs : Des images qui reviennent d’un passé proche ou lointain, parfois en ordre dispersé. Je décroche un cadre, celui qui contient ma photo. Celle de la remise de mon diplôme. Accrochée aux bras de mes parents, on y lit la fierté de ces deux-là. Dix ans déjà. Puis il y a autour de moi, ce grand silence. J’aurais presque envie de… c’est idiot comme pensée. Oui j’ai comme le sentiment que si j’allais me coucher dans le pré, face à la maison… une paille à la main, une verrine dans l’autre…

Titiller dans un trou du sol un cricri, me ramènerait en arrière ? Au temps de ce bonheur, qui s’enfuit morceau par morceau ? Tu dois rire papa, tu dois te marrer de là-haut, avec maman. Et puis tu sais sans doute aussi qu’Anicet, il n’en avait rien à faire de ta gamine. Lui il courait les filles, et à ses yeux… je n’étais rien d’autre que sa « frangine ». Celle à qui il venait parler de toutes ses petites misères, de ses conquêtes aussi. Je suis passée à côté de quelque chose d’important ?

Je ne saurai jamais si la vie aurait été différente. Mais voilà, dans quelques mois j’aurai trente-cinq ans et je suis plus seule que jamais. Bien peu d’hommes bien entendu ont traversé le ciel de mon lit, l’espace d’un moment, l’espace d’un instant. Aucun ne m’a donné l’envie de le garder plus de quelques heures, pas un seul ne m’a donné l’envie de lui donner ce que je t’aurais offert, aucun n’avait ton attrait Anicet. Qu’est-il devenu lui ? Je n’en sais rien, et la vie a fait son uvre. L’armée pour lui, les études pour moi, tout a contribué à nous engager sur des voies divergentes. Mes yeux me piquent alors que je tente encore d’entasser mon histoire dans des sacs…

Un à un les souvenirs quittent les tiroirs. Ceux des meubles anciens comme ceux de ma mémoire. Ils traînent avec eux des relents de nostalgie, des brides de tristesse. Je ne conserve que deux ou trois bricoles, des photographies et j’en trouve une d’Anicet. Pourquoi est-elle là, dans ce carnet de mon père ? Je n’en sais rien. Les lignes noires tracées de la main de papa… encore une gifle du destin, encore un point qui me frappe le cur plus que sa baffe d’antan. Je ne veux rien lire de ces notes… de ce cèpe trouvé ici ou là, de ces annotations diverses qu’il portait sur des choses anodines.

Une vieille lettre à l’enveloppe jaunie, une médaille de sa guerre… des détails saugrenus, des fragments de vie que finalement je ne connais que partiellement. Cette maison renferme bien des secrets… et en ouvrir certains pourrait me faire encore plus mal. Je reste là devant un amas de sachets, dont je ne sais que faire. Les déposer à « l’Abri * » ou les jeter ? Je danse d’un pied sur l’autre, hésitante. Dilemme cruel !

oooOOooo

Je t’ai laissé perché sur ton arbre. Les cerises du père Vauthier, nous les maraudons. Je ne monte pas sur les branches. Je suis en robe et n’ai aucune envie de la déchirer. Tu ne parles plus depuis un bon moment. Sans doute que l’annonce de mon départ pour la ville, le pensionnat et ma vie scolaire oblige, tout cela te crispe les nerfs. Tu ne sais plus à qui tu vas pouvoir confier tes secrets. À Sophie la jeune rouquine « des Arpents » ? Non, celle-là tu aimerais juste la caresser, la humer. Tu te poses, et par extension tu me poses à moi mille questions sur les rousses.

Je suis bien incapable de te répondre. Comment veux-tu que je sache si ces filles aux chevelures de feu ont vraiment une odeur particulière ? Quand je te demande qui t’a fourré cette idée dans le crâne, tu te contentes de hausser les épaules. Tu es un mufle, un salaud. Tu me racontes comment avec la fille de Ginette… tu as fait… je ne veux rien savoir. Mais on dirait quelque part que ça te fait du bien de me faire mal. Pourquoi est-ce que j’ai ce point, ce creux en moi ?

Je souris, je rigole, mais le cur n’y est pas. Pourtant, de ta désinvolture ressortent des gestes tendres. Comme ces cerises qui deux à deux forment des pendants d’oreilles que tu poses sur les miennes avec toute la tendresse du monde ? Tu en écrases une bien noire, bien mure et le jus passe du fruit à mes lippes. Je rêve ou tes doigts tremblent un peu en me collant ce rouge à lèvres sucré ? Un gloss que je dois lécher pour rentrer à la maison.

Mes cours ont débuté et c’est là que je comprends combien tu me manques. Je t’écris de temps en temps, les jours sont longs ici et les soirées studieuses, strictement dédiées aux études, elles me rendent folle. Les autres filles ont pourtant l’air de s’adapter plus vite que moi. Nos arbres, nos pêches à la grenouille, nos cueillettes de champignons, c’est si loin et ils vont faire de moi une sauvageonne domestique. J’ai longtemps chaque matin, guetté le courrier. Mais rien de toi. Anicet pourquoi ne me réponds tu pas ?

Maman m’a envoyé aujourd’hui une photo du journal. Vous êtes cinq garçons de notre village à partir pour l’Algérie. Comme tu es beau dans ton uniforme. Moi je suis devenue copine avec quelques grandes de l’an dernier et pour les vacances d’été, je vais rentrer à la maison. Peut-être que tu seras là. Mes illusions se perdent dans d’innombrables heures de cours où tu n’as finalement pas, plus ta place. Une fille est devenue mon unique amie. Annette, des nattes et des taches de rousseur, Annette et sa gouaille incontrôlable, qu’elle est belle. Sûre qu’elle te plairait… avec ses cheveux auburn !

oooOOooo

Cette photo d’Anicet trouvée dans le carnet de papa m’interpelle. Puis il y a cette lettre… celle écrite de ta main, elle m’intrigue. Je jurerais que c’est ton écriture, alors qu’à moi tu ne m’as jamais envoyé un seul mot. Je la lirai à tête reposée. Puis mes sacs, je les ai placés dans mon coffre de voiture. Augustine, la copine de maman est venue me voir. Juste comme ça, pour parler du bon vieux temps. Elle voulait tout savoir, curieuse comme une chatte. Elle ne m’a donné aucune nouvelle de toi Anicet, mais je n’en ai pas demandé non plus. Du reste pourquoi est-il revenu sur le devant de la scène de mon esprit ? Il y a si longtemps que nous nous sommes perdus de vue.

Augustine… quatre-vingt-cinq ans et encore si alerte, elle ne s’est pas gênée pour me poser des tas de questions. J’ai dû répondre à certaines, louvoyer pour éviter les autres plus ennuyeuses. Celle de connaître mon mari ? Il n’y en a jamais eu donc pas de souci. Mais quand elle a touché la corde sensible des enfants, j’ai failli craquer. Je n’ai eu d’égards que pour ses cheveux blancs et son grand âge. Elle a fait des allusions directes sur la manière de vivre des jeunes d’aujourd’hui… et ma foi, elle n’était pas si loin de la vérité.

J’ai décidé que je coucherais là ce soir. Cette maison… elle recèle tous les trésors, toutes mes attentes, tous mes espoirs aussi. Mes larmes quelques fois, mais je préfère ne plus m’en rappeler. Il y a comme des fantômes, ceux de mes parents qui flottent dans l’air, des cris de joie, des rires lors des fêtes de famille. Un drôle de drame qui se joue dans ma caboche, un moment fort. Le lit sans draps, enroulée dans une couverture, j’écoute la nuit qui tombe. Mon ventre fait des bruits bizarres. La faim se fait plus présente.

Le village n’est pas loin et le bon compromis, c’est le restaurant repris par le fils d’Augustine. Après tout… c’est chez moi ici. Tout a changé dans cette vieille grange transformée en restaurant. Julien, c’est le prénom du fils aîné de la copine de maman. Il a pris pour nom de son établissement « le charri », et je trouve ça plutôt bien. Il est plus âgé que moi d’une bonne dizaine d’années, nous n’avons jamais été proches… mais c’est comme moi, un enfant d’ici. Mon arrivée au village a dû sûrement faire le tour du bourg.

oooOOooo

Toutes les vacances d’été de cette année, je les ai passées à écouter les évènements d’Alger. J’ai cru que mon cur allait céder quand ils parlaient aux informations, d’attentats. La forêt n’a pas la même teinte, les mêmes tons. Dans ces verts différents, il manque quelque chose. Sans doute tes éclats de rire. Puis au camping de village, il y a un couple d’Anglais et leurs deux enfants. Dorothy et Peter, sont de bons vivants, et puis début aout, Annette est montée me rejoindre. Elle aussi a sympathisé avec les deux jeunes. Ils ont nos âges et nous parlons avec eux dans leur langue. Un bon point pour nos études.

Si Annette semble attirée par Peter, lui ne regarde que moi et je ne sais pas quoi en penser. Lui profite de toutes les occasions pour me bouffer des yeux. Pourtant mon amie est tellement plus sexy que moi. Le soir nous traînons jusque tard dans la nuit et mes parents, s’ils ne posent pas de questions sont toujours à surveiller. Un soir à la lueur d’un feu de camp que nous avons allumé, j’ai cru surprendre un baiser entre Annette et… Dorothy ! J’ai dû me tromper, mais j’aurais bien juré qu’elles s’embrassaient. Ce bécot n’avait rien de fraternel, à mon sens. Son frère était contre moi et il m’a pris la main.

Mon « transistor » diffuse un slow et nous avons dansé tous les deux alors que les deux autres filles elles disparaissaient de mon champ de vision. Peter a posé sa main sur mon épaule et j’ai cru que c’était celle d’Anicet. La chaleur, la nuit étoilée, le feu, la musique et encore le frottement de nos deux corps, je ne sais pas ce qui m’arrivait. Et il a fait ce que j’aurais toujours voulu que tu fasses toi, toi si loin pour l’instant. Deux lèvres sont venues clore les miennes dans un premier baiser aux saveurs bizarres. Je n’ai pas aimé celui-ci ! Les suivants non plus, mais j’ai fermé les yeux et laissé faire.

Quand Annette revient, son corsage est mal reboutonné, ses cheveux en pétards. Elle a des yeux qui brillent ou est-ce le reflet des flammes crépitantes ? Elle veut danser et je lui cède volontiers la place que j’occupe depuis trois ou quatre minutes et quelques baisers. Dorothy est plus longue à reparaître et elle a également une attitude louche. Elle pique presque une crise en voyant mon amie danser avec son frangin. Alors nous décidons de rentrer. Une soirée qui me laisse pensive et un goût amer au fond de la gorge. Les garçons sont-ils tous comme les deux que je connais ?

La nationalité ne change rien à l’affaire. La langue de Molière ou celle de Shakespeare ne diffère en rien dans la manière d’embrasser, enfin je veux le croire. Puis je suppose que draguer deux filles dans la même soirée, toi Anicet, tu es capable de le faire aussi. Je te hais de n’être pas là, je hais Peter de m’avoir laissé croire un instant que tu étais pourtant présent. Et je déteste plus encore Annette de ne m’avoir rien révélé de ses penchants féminins. La vie est ainsi faite ou est-ce seulement moi qui ne suis pas à la hauteur ?

Les vacances touchent à leur fin. Annette passe le plus clair de son temps en compagnie de Dorothy et elle me parle chaque soir de cette histoire qui la fait frémir. Elle a voulu, mais n’ai-je pas aussi été un peu tentée, elle a voulu m’embrasser. Oh ! Ça s’est fait comme ça, un soir au coucher. Alors que j’étais allongée sur mon lit, elle est venue pour le traditionnel bisou de bonne nuit. Mais lorsqu’elle s’est penchée sur moi, sa bouche était si proche de la mienne que j’ai cru à une bévue. Mais non ! Elle m’a collé ses lèvres sur les miennes.

Pourquoi ai-je répondu à cette sollicitation inattendue ? Je mets cela sur le compte de la surprise. Si cette pelle était meilleure que celle de son frère, elle n’en est pas moins immorale pour moi et le premier mouvement de surprise passé, je l’ai repoussé. Là, j’avoue n’être pas totalement franche. J’ai apprécié sa langue qui enroulait la mienne, j’ai presque adoré nos salives qui se mêlaient. Le brasier qu’elle allumait en moi n’avait rien à voir avec le feu autour duquel j’avais dansé avec son frère. Mais je l’ai repoussé tout de même et elle a éclaté de rire.

oooOOooo

La belle fille d’Augustine, Louisa, est sympa. Elle est venue s’asseoir un moment près de moi et son mari l’a rejointe à ma table. Julien est musclé, les yeux bleus et il sourit facilement. Nous parlons du village et il me demande ce que je veux faire de la maison. La discussion s’engage et une question me brûle les lèvres. Anicet… savoir ce qu’il est devenu… s’il vit dans les parages ! Mais je ne la poserai pas, pas ce soir, pas comme ça. Louisa et son mari semblent filer le parfait amour.

Tu vas coucher là-haut ?

Ben oui… je ne vais pas aller à l’hôtel tout de même. Cette maison c’est ma jeunesse…

Sans doute, mais bon si tu te sens seule, Julien et moi pouvons te garder pour la nuit. Notre chambre d’amis est faite pour ça.

Je ne tiens pas à déranger…

Déranger ? Quel mot désagréable entre gens du village et puis tu sais, je n’ai pas souvent l’occasion de parler avec une femme de la ville.

Je suis née ici et de fille de la ville, je n’ai vraiment rien.

Alors pourquoi ne viendrais-tu pas t’installer là-bas ? Tu sais avec quelques aménagements… la maison de Maria et Albert ferait une jolie demeure.

Vous savez que j’y ai songé un moment, mais… mon travail, et puis il y a des choses que je veux oublier ici.

À toi de voir, mais si tu veux faire des aménagements, nous avons beaucoup d’amis chez les artisans du coin et ils te remettraient la maison en état en un clin d’il. Tu sais que Louisa et moi sommes et serons toujours là pour te recevoir.

Merci… vous êtes gentils, ça fait du bien. Vous savez où je peux déposer les trucs dont je veux me débarrasser sans les mettre à la déchetterie ?

Pour les vêtements, les livres et autres petits trucs il y a bien « l’Abri » et pour les meubles si tu t’en sépares tu peux voir avec les « Emmaüs ». Ils vident gratuitement les maisons. Je crois.

Merci alors… les meubles, je vais encore réfléchir un peu…

Alors ? Tu passes la nuit en notre compagnie ? Et si tu veux, on pourrait même aller faire un tour à la fête, au village voisin.

Mon Dieu, c’est vrai que c’est la fête foraine là-bas… ça fait si longtemps que je ne suis pas montée sur un manège…

Et bien c’est l’occasion ou jamais ! Allons, laisse-toi tenter.

Juste pour ce soir, pour une seule nuit alors… c’est d’accord, mais c’est moi qui paie les chouchous !

Cochon qui s’en dédit…

La fête bat son plein. Nous sommes sont montées dans la même auto tamponneuse et nous livrons une guerre sans merci à Julien. Puis après avoir dévoré les quelques douceurs promises à mes hôtes, nous regagnons leur appartement situé juste au-dessus de leur restaurant. La chambre mise à ma disposition et au bout d’un petit couloir et elle n’est séparée de celle des propriétaires que par une salle de bain. Celle-ci est commune aux deux pièces à dormir, mais chacune a une porte qui permet d’y accéder directement, sans passer par le corridor.

J’ai pris une douche et les évènements remontent en moi, doux par instants, douloureux à d’autres moments. J’ai entendu la douche couler, mais depuis quelques minutes seuls des gloussements se font entendre. Je suppose que mes hôtes se marrent de cette belle soirée. J’ai besoin de faire pipi et de me rafraîchir aussi, alors je pousse la porte qui me sépare de la salle de bains. Mais de celle d’en face, un rai de lumière me fait savoir qu’elle est restée entrebâillée. Pas besoin dans ce cas d’allumer et mes amis n’ont pas l’air de m’avoir entendue.

Elle te fait de l’effet hein ? Allons, avoue !

Quoi ? Mais c’est pour toi que je bande ma belle.

Menteur, je suis sûre que tu l’aurais bien sautée. Elle y a quelque chose en elle qui attire. Moi aussi, elle me plait.

Tu serais lesbienne sur tes vieux jours ? Pas pensable ça…

Ils rient les deux et moi, assise sur la cuvette des toilettes, je n’ose plus bouger. C’est de moi qu’ils parlent ? J’en suis toute remuée. Et les bruits qui me parviennent de cette chambre, de ce lit sur lequel une lampe de chevet donne une vision trouble… me perturbent au plus haut point. La conversation se poursuit à côté…

Lesbienne sûrement pas, mais bi peut-être, qui sait ! Pour sûr que j’aimerais bien avec elle essayer de faire des choses… entre femmes.

Ça t’arrive souvent ce genre de fantasme Louisa ?

Non, mais j’ai bien lu dans ton il cette étincelle d’envie et en y regardant de plus près, elle m’a aussi finalement donné faim.

Tu n’aurais pas envie de…

Elle va nous entendre non ?

Et alors ? C’est naturel de faire l’amour non, quand on est marié ? Elle sait ce que c’est sans doute, depuis bien longtemps.

Humm ! C’est vrai que ce serait bête de passer avec un jeu pareil… tu as de jolis atouts ce soir…

Alors, viens donc un peu par ici !

Sur mon trône, je n’en mène pas large. Les gémissements sont plus ciblés et les bruits ne laissent planer aucun doute sur les activités de ces deux amants. Je me suis relevée sans oser tirer la chasse d’eau. Le faire serait les alerter. Louisa murmure des mots que je n’entends pas. Il lui répond par des grognements tous aussi incompréhensibles. Le lit, je l’entraperçois par la fente de deux ou trois centimètres qui reste dans mon champ de vision. Elle est à genoux devant lui, étendue sur le pieu. Je ne vois d’elle que ses fesses nues et par extension cette raie qui meurt avec sa chatte. Elle semble lisse, totalement épilée.

Je ne peux m’empêcher de regarder ce spectacle enivrant. Les mouvements qu’elle fait, me laissent à penser qu’elle le suce. Cette idée me rend folle… de désir. Lui de ses deux mains caresse sa chevelure. Il a les yeux fermés et c’est tant mieux sinon, je pense qu’il pourrait me repérer dans la salle d’eau. Julien remue aussi et il la force à se positionner différemment. Maintenant elle s’est allongée contre lui, tout en gardant sa tête au niveau de son entrejambe. Mais cette fois, je la vois engloutir la trique enflée de son mari. Alors, c’est pire encore… mon ventre bout.

Julien s’est aussi arrangé pour accéder au minou de la dame et ils sont là, à se relècher alors que je suis tétanisée par la scène qui s’affiche sous mes regards. Mon Dieu ! J’en ai mal partout, mes muscles se crispent à la seule pensée que j’ai envie de faire moi aussi, l’amour. Pour un peu j’irais les rejoindre tant c’est violent, ce qui me broie les tripes. Ça le devient plus encore quand elle se retourne et monte sur lui. Elle a le visage tourné vers la porte derrière laquelle je joue la voyeuse. Et hallucinée, je la chouffe alors qu’elle s’assoit sur cette épée de chair et se met à se dandiner de haut en bas.

Le mari la tient par les hanches et sa voix se fait doucement entendre.

Doucement… s’il te plaît ! Laisse-moi un instant souffler. Tu es trop bonne mon amour. Attends ! Monte plus haut… oui… comme ça c’est bien…

Laisse-toi aller ! Je veux te sentir venir en moi… pense que c’est elle que tu baises ! Allez ! Donne ! Donne-moi tout ton foutre ! Donne, donnn… !

Elle crie pour de bon et je m’éclipse à reculons vers ma chambre. J’ai mal au ventre de cette envie contenue. Je tire doucement la porte et les draps me reçoivent, passagère d’une nuit solitaire, rongée par les scènes incroyables que je viens de vivre en direct. Ils sont beaux, ils s’aiment et j’en pleurerais de… jalousie ! C’est une réaction que je juge idiote et puérile, mais c’est la seule que je puisse exprimer. Et le sentiment de frustration qui m’envahit n’a d’égal que la pensée d’avoir raté ma vie. Pour qui ? Pour quoi ?

oooOOooo

Au milieu de la nuit, j’ai le sentiment qu’un souffle me court dans le cou. Ma main tâtonne le côté habituellement vide de mon grand lit. La forme qui s’y trouve réagit avec un soupir.

Annette ? Mais qu’est-ce que tu fiches là ?

Tu n’entends pas ? L’orage dehors ! Il claque depuis une heure au moins et j’ai peur des éclairs.

Mais tu ne risques rien et…

Oh ! Ne me repousse pas. Je te jure de ne pas bouger, tu ne t’apercevras même pas que je suis là. J’ai seulement besoin d’une présence.

Comme ce soir autour du feu ? Les filles ou les garçons, c’est du pareil au même pour toi ? Aucune différence ? Tu couches avec tout ce qui bouge ?

Ben… appelle-moi salope aussi du temps que tu y es. C’est vrai que je me suis sentie attirée par Dorothy et son frère, mais c’est sans doute parce que je te sens si distante, lointaine. Je suis certaine qu’ici tu as un secret et le dire te ferait du bien. Vas-y raconte-moi…

Tais- toi, il est l’heure de dormir. Tu as peur d’accord, mais dors bon sang, j’ai sommeil moi !

Facile de se réfugier dans le sommeil et la nuit pour tout garder, tout ressasser. Pourquoi, il n’y a jamais personne dans ta vie ? Jamais un garçon, jamais d’amour.

Tu en as pour deux comme ça, ça équilibre ! Allez bonne nuit, enfin ce qu’il en reste.

Elle dort paisiblement ou fait semblant ? J’entends cette respiration qui, paisible, soulève sa poitrine. Elle a passé une de ses mains autour de ma taille et cette promiscuité me donne de bizarres sensations. Ses questions aussi me remuent les tripes. Elle a touché juste. L’instinct animal de cette fille me sidère. Elle m’a remis en tête une série d’images, celles de ma souffrance. Anicet tu es là, tapi dans ma caboche et tu y danses trop souvent. Je sais qu’en Afrique du Nord, les choses ne sont pas terriblement bonnes. Il parait que des bombes sautent partout. Mais tu es dans un tiroir de ma mémoire.

Ce baiser que j’ai voulu de toi… comment tu me regardes après ! J’ai cru que tu allais te fâcher, comme si j’avais trahi ta confiance. J’ai aimé tes lèvres même si elles ne sont restées scotchées aux miennes que trop peu de temps. Je sens que quelque chose se déchire lorsque tu m’écartes de toi. Tu baisses les yeux et moi, je tremble.

Qu’est-ce que tu fais Ariane ? Tu n’as pas le droit… moi non plus.

Le droit ? Le droit de quoi Anicet ? Le droit de te dire que je t’ai…

La main qui ferme ma bouche arrête aussi les mots, le mot. Celui que tu ne veux pas écouter, celui qui te fait peur peut-être ? Tu préfères garder ta liberté, tes petites aventures avec les filles à la cuisse légère ? Mais moi, je peux aussi t’offrir toutes ces choses qu’elles ne sauront jamais te donner. Comment te le dire ? Je n’ose plus parler de peur de te froisser et tu es en colère. Ça se sent, ça se voit, ça se respire. Tu me rejettes au nom de cette sacro-sainte amitié ? Tu ne vois en moi qu’une sur ? Mais je ne serai jamais de ton sang !

Elle dort, mais moi je n’ai plus que ce long tourment. Annette vient de réveiller au milieu de la nuit mes vieux démons. Les douleurs qui les accompagnent sont également de retour. Après ce baiser raté, celui que j’ai donné à Anicet, plus aucun autre n’a jamais plus eu de saveur. Sauf celui de… ceux de Dorothy et de cette fille couchée là. Et maintenant, elle attaque mes souvenirs ? C’est un danger ! Je ne veux pas perdre ces pensées pour le seul garçon qui m’a fait de l’effet. Et pourtant, jamais il ne s’est passé autre chose que ce vol de baiser.

Les doigts d’Annette touchent un de mes seins, mais elle ne bronche pourtant pas. Dans son rêve elle a l’air bien. Mieux que moi je dois dire, qui suis agitée par cette présence inattendue. La fraise de mon téton s’affole, grandit et je sens la fièvre qui me gagne. C’est un peu fou cette histoire. Je me raccroche à nos cerises, aux pendants d’oreilles, à ces reins que je vénère. Je cherche à savoir dans ma tête, à imaginer comment c’est l’Algérie. Pourquoi ce pays, mais parce que le seul garçon auquel je tiens s’y promène.

Promener ? Comme les doigts maintenant qui me pincent le sein ? Mais c’est juste léger, comme un tressaillement. Elle dort ou pas ? Je ne bronche pas de peur qu’elle me tripote ou qu’elle ne cesse de le faire ? Cette situation est dingue. Je pense à Anicet et c’est Annette qui dans mon lit me caresse… enfin elle me tire le bout d’un nichon pour l’instant et je ne tente pas de la stopper dans son élan. Encore un éclair qui illumine le ciel de notre fin de nuit, la petite chose qui est dans mon lit se colle à moi.

Contre mes fesses je sens le ventre de l’effrontée. Dans mon dos, une poitrine féminine qui se soude à moi. C’est énervant, diaboliquement excitant sans que je veuille me l’avouer, elle m’éveille aux envies corporelles. Sa main s’est glissée entre mes cuisses sans que je fasse un seul geste pour l’en retirer. Puis il y a le souffle qui dans mon cou me donne la chair de poule. Je sens la moiteur de ma chatte qui, nue sous les doigts, s’ouvre aux plaisirs de la caresse. Elle dort toujours ou non ? Anicet… tes mains sont elles aussi d’une douceur égale ?

Annette ne se contente plus de lisser les poils de mon pubis. Non ! Elle entrouvre aussi les grandes lèvres et laisse folâtrer son index dans cet endroit encore vierge. Je ne suis plus qu’un pantin qui aspire à plus de découvertes. Mais mes pensées sont bien loin, sur un autre baiser, raté celui-là. Et je ressens comme une brulure, une déchirure à l’âme. Puisque ce n’est pas cet amour-là qui me touche, parce que je sais que tu ne seras pas, plus le premier. Elle s’est simplement relevée sur un coude et sa seconde patte me caresse aussi le visage, les cheveux, la nuque.

Lorsque ses lèvres d’où dépasse un bout de langue viennent à la rencontre des miennes, je la rassure en ouvrant la bouche. Mais c’est Anicet qui me roule cette pelle qu’elle me vole. Tu es là à m’embrasser par les lippes de cette gonzesse, et cette main qui me fouille, c’est bien la tienne. Je veux m’en persuader, le croire vraiment, mais je sais aussi que je me mens éhontément. Le mal est fait et elle me lèche avec ardeur, avec chaleur aussi. Je ne subis pas vraiment, je participe activement en la laissant faire, à cette fête des corps sans y mettre mon âme pourtant.

C’est loin là-bas, au soleil d’un désert que je vagabonde en pensée et si je murmure un prénom, c’est bien le tien Anicet. Mais elle s’en fiche cette harpie de vingt ans qui entrouvre la seule fleur que je gardais pour toi. Elle me touche, s’occupe de moi, comme si j’étais sa maîtresse depuis toujours et j’adore cela. Mais je me borne à la laisser faire, je ne rends rien de ces câlins qu’elle espère sans doute. Non ! Les siens je veux bien les sentir, mais je ne suis pas prête à lui en distiller de tous pareils.

oooOOooo

La confiture et le pain grillé sont déjà sur la table avec le pot de café fumant à mon arrivée dans leur cuisine. Louisa a une mine resplendissante. Sait-elle que j’ai entendu une partie de leurs jeux ? Si oui, elle le masque bien. Julien lui semble aussi enjoué et plus loquace.

Alors ? Bien dormi ! Pas trop de bruit dans la maison ?

Non ! En tout cas merci de votre accueil… chaleureux.

De rien… tu sais nous avons beaucoup parlé de toi avec Julien.

Dieu du ciel, me voici donc devenue le sujet de conversation dans les chaumières du village ?

Non ! Il me disait que tu étais une amie d’Anicet.

Tiens donc… vous aussi pensez à lui de temps à autre ?

Nous le voyons quelques fois ! Il vient, enfin venait dîner chez nous de loin en loin.

Je pense qu’il doit avoir une vie de famille et des enfants depuis tout ce temps.

Julien ne sait pas. Il est toujours seul. C’était un des rares jeunes à continuer de voir ton père.

Ils s’écrivaient oui ! J’ai trouvé une lettre dans les tiroirs. Je n’ai pas encore trouvé le courage de la lire. Enfin, je le ferai à un moment ou à un autre… donc personne ne sait bien ce qu’il est devenu notre Anicet ?

Si ! Il a un de ses amis qui reste « Au pré du haut », tu te souviens la vieille ferme de la mère Mathurin.

Mais c’était tout à l’abandon cette ruine…

Ah, mais tu la verrais aujourd’hui… le Claude, c’est le neveu de la mère Mathilde Mathurin, il l’a retapé, c’est chouette. Anicet l’a beaucoup aidé depuis son retour d’Algérie, on aurait dit qu’on nous l’avait changé notre coureur de jupons. Il parait qu’il a aimé une femme avant de partir et que cette affaire l’a rendu un peu… dingue.

Eh bien ! Cette nana a eu plus de chance que moi.

Ni Louisa ni son mari ne relèvent cette simple réflexion. Je me suis un peu coupée là, mais comme ils n’ont pas eu l’air de saisir, j’en reste là. Puis le neveu de Mathilde, je ne sais pas qui il est. Ça ne me dit rien. Enfin dans mon esprit, je me dis que j’irai faire un tour par là.

La route jusqu’au pré du haut, elle est carrossable ? On peut y accéder en voiture ?

Mais tu nous crois encore à l’âge de pierre ou quoi ? On dirait que ça fait un siècle que tu es partie.

Pas loin, pas loin vous savez… le temps file si vite.

Et pas de mari ni de marmots ? Mais tu fais quoi de tes journées…

Julien vient d’annoncer la couleur, sans avoir l’air d’y toucher. Je me sens ridicule à exposer ma vie, ou ce qui me sert finalement de vie, à ces gens bien ancrés dans leurs habitudes du pays. Je présume que le fossé qui nous sépare ne pourra jamais se refermer. Ils sont gentils, mais curieux et je n’ai pas de réponse à leur fournir. Comment comprendraient-ils que j’étais et que je suis restée amoureuse de cette ombre qui me bouffe la mémoire et qu’un baiser volé a fait basculer ma petite existence étriquée ?

Je peux t’accompagner dans ta balade si tu veux… Julien, tu n’y vois pas d’inconvénient ? J’aime découvrir le pays qui est le mien désormais. Moi aussi, je viens de la ville…

Je suis d’accord si ton mari le permet. Ce soir ? Je passe te prendre ?

Oui. Mais pas trop tôt ! Aujourd’hui c’est jour de relâche et j’en profite pour mettre de l’ordre dans l’appartement.

Moi je vais terminer mon nettoyage et mon tri… alors c’est parfait pour la fin de soirée ! Mais toi Julien ? Tu ne veux pas venir avec nous ?

C’est mon jour de belote, et mes amis sont déjà attendus alors… vous serez aussi très bien entre femmes !

Bon nous ferons donc sans toi. Bon merci pour tout ! Je retourne dans mes souvenirs, chez mon père.

oooOOooo

Voilà, je suis à nouveau à fouiller partout. De la cave au grenier, j’inspecte tout, je remue de tonnes de poussière. Celle de ma jeunesse et celle plus présente du vide de cette maison qui a connu des jours meilleurs. De vieux journaux gardés pour d’obscures raisons par papa finissent leurs vies dans l’incinérateur que j’ai installé dans le jardin. La fumée me rebute un peu et elle s’intensifie à chaque brassée de paperasse qui disparaît dans les flammes. Au fil des heures, je pue autant la sueur que l’exhalaison du papier cramé.

Une douche rapide à l’eau froide et me voici prête pour aller chercher la femme de Julien. Au fil de la route, je me souviens. De la ferme où nous allons, de sentiers que gamine je prenais pour y monter. Il me revient les senteurs des fougères séchées, puis au détour d’un dernier lacet, elle est là ! Les murs aux pierres apparentes, les fenêtres et le toit totalement remis à neuf, elle n’est plus celle que j’ai connue. Je reste sur la route et m’arrête à quelque distance de l’entrée. Dans la grande cour, quelques volailles, un paon aussi qui fait la roue à notre passage.

Je revois, dans ma tête la vieille dame qui habitait ici, il y a des années. Il me semble qu’elle va déboucher sur le perron, comme jadis. Côté passager, Louisa n’a guère parlé durant notre court voyage. Elle aussi admire avec respect le travail accompli pour remettre en état la ruine.

Quel boulot ! C’est du bel ouvrage n’est-ce pas ? On ne reconnaît même que les murs. Ces deux-là sont des travailleurs et ils ont bien fait les choses.

Ces deux-là ?

Oui Anicet est resté de longs mois avec le neveu pour tout refaire. Je crois que sans lui, Claude aurait abdiqué rapidement.

Ç’aurait été bien dommage ma foi. C’est beau et d’un calme… oh ! Regarde Louisa… un chien.

Un tout petit chien venait de sortir de nulle part, suivi de près par un grand gaillard au teint mat. Coiffé d’un chapeau de paille aux couleurs indéfinies, il avançait tranquillement au-devant de la voiture garée pourtant à demi sur la route.

Vous cherchez quelque chose, Mesdames ? Ah mais je vous reconnais, vous êtes la femme de Julien.

Oui bonjour ! Je vous présente une amie, Ariane. Elle est revenue pour voir votre beau travail.

Le type me fixe sans dire un mot. Je ne cherche pas à détourner mon regard du sien. Il a l’air franc et sympa. Il me dévisage comme si je lui rappelais quelqu’un alors que je ne l’ai jamais vu.

Vous connaissiez donc cette maison ?

Votre tante surtout, oui. Mais ça fait si longtemps.

C’est bizarre, j’ai l’impression que votre tête, votre visage me disent quelque chose. On s’est déjà croisé n’est-ce pas ?

Non ! Jamais, j’en suis certaine. En tout cas Mathilde serait fière de vous, heureuse de voir ce que vous avez fait de SA ferme.

Vous voulez entrer une minute, prendre un verre avec moi ? Ce n’est pas si souvent que j’ai l’occasion de voir à ma porte deux belles femmes.

Ça te dit Louisa de prendre un pot en compagnie de Monsieur ?

Ce n’est pas monsieur c’est juste Claude, nous sommes entre amis ici !

Ben… pourquoi pas ? De toute manière Julien est à sa belote alors… servir à boire à ses copains, il saura tout aussi bien que moi le faire.

L’intérieur est aussi bien que l’extérieur et le chien se frotte contre moi. Il est rabroué par son maître et la queue entre les jambes, il file dans un coin qui lui est réservé.

Il est intenable quand il voit de belles jeunes femmes dans la maison.

Ne le grondez pas, il est sans doute heureux de voir du monde également. La vie n’est pas trop difficile loin de tout comme ça ?

Je préfère être seul que mal accompagné… et puis je suis mon propre maitre dans cette demeure.

Quelques cadres ornent les murs blancs, des portraits de la mère Mathurin et d’un gamin qui ressemble à ce Claude jeune. Puis une autre plus récente où deux hommes, dont le propriétaire des lieux et un autre garçon, légèrement plus vieux. J’ai senti mon sang se retirer de mon visage devant ce sourire qui m’en rappelle tant d’autres. L’homme qui me suit des yeux a sans nul doute relevé cet imperceptible changement dans mon attitude et il a comme un éclair qui illumine ses pupilles.

Je sais pourquoi j’ai l’impression, Ariane, de vous connaître. Vous êtes la fille dont Anicet me parlait sans arrêt.

Oh oui ! Il en a passé des heures à vous décrire comme un ange, et regrettait vivement de vous avoir laissé partir. Et en vous voyant, je le comprends beaucoup mieux. Vous l’aviez envoûté. Mais il avait raison, vous êtes plus que belle.

Je ne trouve aucun trou de souris pour m’y fourrer. Je suis pourtant flattée et tout autant intriguée. Pourquoi Anicet, toi qui m’as rejeté de cette incroyable façon, tu parlais pourtant de moi à tes amis ? La main de Louisa s’est glissée dans la mienne. Elle réalise que je suis bouleversée. L’émotion fait naître une larme que je voudrais ne pas montrer. La pression des doigts de ma nouvelle amie se fait plus insistante. Je ne sais quoi dire, je ne trouve pas mes mots. Difficile à gérer et je réalise que c’est loin d’être fini. C’est encore elle qui sauve la situation, elle sait sans doute que je ne vais pas oser…

Vous avez l’adresse de votre ami Anicet ?

Oui ! On s’écrit peu, on se téléphone de temps en temps et il « monte » de plus en plus rarement. Je vais vous donner ça… mais vous ne dites pas que vous la tenez de moi !

Mais non, mais non ! Nous… enfin je m’engage pour mon amie…

oooOOooo

À suivre…

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