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Le miroir de Claude – Chapitre 1

Le miroir de Claude - Chapitre 1



Le miroir de Claude

Ma grand-mère Eglantine venait de décéder, elle avait fêté ses 99 ans au printemps dernier. Étant son seul descendant vivant, j’héritais donc de tous ses biens dont bien sûr de sa maison familiale en bordure de la forêt de Brocéliande où j’avais passé de nombreux étés étant petit. J’étais en période de transition au niveau professionnel (bref j’avais été licencié économique), je trouvai l’idée intéressante et pratique à bien des points de vue d’aller m’installer dans son ancienne maison et me libérai ainsi de l’appartement en location que j’avais à Vannes. Je vivais seul depuis quelques années déjà, ayant été marié puis divorcé, sans enfant. J’avais alors 40 ans.

Je pris rapidement possession des lieux et décidai de faire le tri entre tous les meubles et les affaires de ma grand-mère. La maison, en vieilles pierres bretonnes, était relativement grande, de plain-pied avec trois chambres et un vaste séjour équipé d’une cheminée. Le terrain autour incluait des bois pouvant fournir une bonne partie du combustible pour la cheminée.

La maison avait aussi un grenier servant essentiellement de zone de stockage de diverses choses, dont nombre de vieilleries. Après avoir rangé le rez-de-chaussée, je m’attaquai à cette zone visiblement peu souvent visitée. Je n’ai d’ailleurs pas le souvenir d’y être allé étant petit quand je venais en vacances. Parmi les affaires très disparates, je trouvai un coffre contenant quelques robes anciennes (fin XIXème, première moitié du XXème siècle ?), des photos en noir et blanc et un peu abîmées par le temps, des carnets rédigés à la main et un miroir assez stylisé. Ces affaires dataient visiblement de la génération de mes arrières grands-parents, voire d’avant.

J’avais de cette branche familiale assez peu de traces et de souvenirs, ma grand-mère nous ayant transmis très peu d’éléments sur le passé de la famille. Animé par une grande curiosité, je décidai donc de regarder tout cela d’un peu plus près.

Les photos ne montraient souvent qu’une seule personne adulte, soit un homme, soit une femme. Les photos avec la femme incluaient aussi un enfant, une fille. Je remarquai que l’homme et la femme se ressemblaient beaucoup, peut-être s’agissait-il de jumeaux ? Mais pourquoi n’étaient-ils jamais sur la même photo ?

Je descendis le contenu du coffre au rez-de-chaussée. Le miroir me plaisait bien et il trouva une place naturelle dans le séjour. Nous étions en novembre et je mis à profit les journées pluvieuses et humides pour étudier les carnets au coin du feu.

La personne rédigeant le carnet se prénommait Claude, mais ne donnait que peu de détail sur qui elle était vraiment. Le carnet mentionnait des dates et je sus donc qu’il avait été écrit en 1905. En voici quelques extraits :

11 novembre 1905 :

Camille m’a expliqué l’histoire et le fonctionnement du miroir, cela me donne envie de l’utiliser. Il aurait été donné à nos lointains ancêtres par les fées ou les korrigans suite à la protection que ces derniers auraient offerte à ces êtres contre la violence des villageois à leur encontre. Le miroir permet selon elle des transformations de nature transgressive pour les humains. Il s’appelle treuzfurmadur melezour, littéralement le miroir de la transformation en breton.

12 novembre 1905 :

J’ai essayé le miroir : j’en suis très heureux. L’effet est immédiat et merveilleux. Tout semble parfait dans la transformation du corps. Je ne suis pas resté trop longtemps et ai inversé rapidement le processus, la curiosité étant contrebalancée par la peur et la puissance de l’objet.

13 novembre 1905 :

Je viens de réessayer, cela marche parfaitement et la réversibilité semble parfaite même après quelques heures. Cela me donne des idées d’exploration de nouvelle vie. Il faut que je trouve des vêtements adéquats.

Délaissant ma lecture pourtant passionnante pour attiser le feu dans la cheminée, je revins vers on fauteuil pour la reprendre. Je ne retrouvai pas la page où j’en étais, mais tombais sur la dernière page de ce carnet qui mentionnait :

Les formules de transformation se prononcent en breton et sont :

pour l’aller : treuzfurmadur melezour, lakaat am en maouez.

et pour le retour : treuzfurmadur melezour, lakaat am en gwaz.

Elles ne fonctionnent que pour notre lignée.

J’avais donc le mode opératoire ! Cela dit, je n’avais pas exactement saisi la nature de la transformation (mais vous, lecteurs et lectrices averti·es l’avez sans doute anticipé !). J’étais partagé dans un mélange de curiosité et d’appréhension d’essayer ces formules sur le miroir. De plus, étais-je bien de cette lignée ?

La curiosité l’emporta et je décidai de me jeter à l’eau. Je me mis debout devant le miroir et prononçai les mots de la formule pour l’aller. Je ne perdis pas connaissance, mais l’espace d’un instant, j’eus comme un malaise et ne voyais plus rien du tout. Tout revint cependant très vite et là, oh stupeur et mystère, le miroir me renvoya l’image d’une femme me ressemblant beaucoup. Je mis mes mains sur mon visage, le miroir suivait mes mouvements. J’avais maintenant bien des cheveux longs… des seins dont je sentais la présence sous mes vêtements d’hommes. Je descendis mes mains vers mon bas-ventre pour constater que sous mon pantalon, il y avait plus d’espace qu’avant et que je devais bien être devenu une femme.

Je comprenais mieux désormais les sous-entendus du journal de mon aïeul. Ou devrais-je dire mon aïeule, en fait mon aïeul·e en écriture inclusive ! Je n’avais pas prêté trop attention à cet apparent changement de genre de l’extrait suivant du journal :

17 novembre 1905 :

Je suis allé voir mon ami Yvon qui est veuf depuis l’année dernière. J’ai récupéré des vêtements chez lui. En rentrant à la maison, je me suis déshabillé et ai utilisé le miroir. Les vêtements me vont bien et je suis allée me promener en forêt ainsi vêtue, quel bonheur !

Le récit du journal commençait bien avec un narrateur masculin et avait des moments féminins. Je découvris au fil des pages que Claude passait désormais de plus en plus de temps en Claude femme, restant ainsi parfois plusieurs jours sans changer de sexe. La maison était très isolée et permettait d’avoir une vie autonome sans le regard des autres.

Je suis de la lignée de Camille et de Claude et je m’appelle Gwenaël·le.

Ce n’était que le début de mes découvertes, non seulement me restait-il d’autres carnets à explorer, mais c’est aussi une nouvelle existence qui m’attendait.

(à suivre)

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