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L'histoire de Muriel – Chapitre 18

Ce n'était pas une femme - Chapitre 1



— Ainsi, vous êtes la nièce de Madame Christine ?

— Oui Monsieur.

— Vous avez de la chance ! C’est une femme d’affaires, moderne et généreuse. Vous lui transmettrez bien mes salutations et mes remerciements. Mais nous sommes déjà à Palaiseau. Excusez-moi de vous quitter mais je dois descendre.

Une fois le train reparti, Lima soupire

— Ouf, bon débarras ! Ce vieux débris allait commencer à te faire du gringue !

— Tu crois ? Il a l’air pourtant gentil.

— Oh pour être gentil, il est gentil, surtout avec les jeunes femmes. Pourquoi crois-tu qu’il ma pincé les fesses ? Je ne les connais que trop ces amateurs de petites filles.

— Comment cela ?

— C’est une histoire un peu triste et je ne voudrais pas t’embêter avec

— Tu ne m’embêtes pas, voyons.

Lima prit alors un air mystérieux et regarda autour d’elle avant de commencer à parler à vois basse.

— Je suis née dans la Cordillère des Andes, pas très loin de Cuzco.

— Désolée, cela ne me dit pas grand-chose

— Je te montrerai cela sur une carte. Ma famille est indigène. Nous sommes descendants..

— Des aztèques !

— Mais non ! Des Incas ! Les Aztèques étaient plus au nord, au Mexique. C’est madame qui t’as dit cela ? Elle se trompe toujours ! Enfin

— Excuse-moi.

— De rien. Être indigène au Pérou, ce n’est pas vraiment la joie. Le peu que l’on possède est souvent volé par les métis.

— Les métis ?

— Oui ceux qui ont un peu de sang espagnol. Et moi, j’ai été volée à mes parents par des métis.

— Volée ? Pourquoi donc ?

— Pour être revendue à la ville, comme esclave dans une famille riche ou comme prostituée dans un bordel.

— Tu as donc été prostituée ?

— Non , j’ai été vendue à une famille qui avait fait fortune avec le guano.

— Le guano ?

— Ce sont des excréments d’oiseaux qui sont récoltés pour être utilisé comme engrais. Le patriarche de la famille était un vieux monsieur, très gentil. Comme celui de tout à l’heure. Il aimait également beaucoup les jeunes filles et je suis ainsi devenue son esclave attitrée.

— Cela consistait en quoi ?

— Je m’occupais tout d’abord de la partie de la demeure qui lui était réservée : ménage, linge, repassage, cuisine. À huit ans, ce n’est pas très évident de s’occuper de tout cela. Je trimais du matin au soir et me faisait battre quand j’étais en retard. Et puis ensuite, il a fallu s’occuper de lui.

— C’est à dire ?

— Comme il commençait à être incontinent, je devais changer son linge, le nettoyer. Et çà, il adorait.

— Il adorait ?

— Imagine un vieux monsieur qui voit venir une jeune fille venir lui laver les fesses et le sexe. Je peux te dire que cela l’excitait et qu’il m’en a fait voir !

— Je ne comprends plus. Ma Tante m’avait dit qu’elle t’avait recueillie à l’orphelinat.

— C’est exact, quand le patriarche est mort, la famille s’est débarrassée de moi en me mettant à l’orphelinat.

— Ton enfance n’a été pas été drôle !

— C’est peu de le dire. Madame est apparue comme mon ange salvateur au moment où j’allais cette fois sombrer dans la prostitution. Lorphelinat où j’avais été placée était réputé pour être une usine à putes.

— Comment son choix, s’est-il posé sur toi ?

— Je pense que j’étais la plus jeune et la moins abîmée de toutes les filles de l’orphelinat. Je crois également, mais je n’en suis pas sûre, qu’elle connaissait la famille où j’avais été vendue.

— J’ai l’impression que ma Tante connaît beaucoup de monde.

— C’est vrai ! Tu verras lorsque nous partirons en vacances, nous rencontrerons beaucoup de ses amis. Je pense qu’elle te proposera de te joindre à nous. Dis, nous arrivons bientôt, non ?

— Attends ! Oui, nous sommes à Gentilly. Encore deux stations et nous serons arrivées.

Nous arrêtons de discuter, de peur de rater notre station.

Finalement, le train nous dépose à Denfert-Rochereau et nous prenons bagages et panier à provision pour retourner jusqu’à l’appartement.

Arrivées à l’appartement, Lima fait un rapide tour du propriétaire.

— C’est petit ! Dit-elle

— Eh oui, ma Mère n’était pas riche et mon Père est en exil. Heureusement que Tante Christine nous aidait.

— Où allons nous coucher ?

— J’ai un lit-cage dans la pièce principale. Tu peux prendre le lit de ma mère.

— Tu ne veux pas coucher avec moi ?

J’hésite un moment.

— Si après tout !

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