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L'héritage de Franck ou Histoire de Famille. – Chapitre 21

Tapisserie - Chapitre 2



Chantal se demandait comment elle avait pu faire ce qu’elle avait fait le weekend dernier. Marc lui avait certes tendu un piège, mais elle savait aussi qu’il n’avait pas eu vraiment à la forcer à faire ce qu’elle avait fait. Depuis qu’elle était avec lui, elle ne se reconnaissait plus. Ce n’était plus la Chantal qu’avait épousée Franck et elle ne pouvait s’empêcher de se poser cette question : Laquelle aurait-il préféré ? La Chantal qu’il connaissait ou celle qu’elle était devenue ?

Elle était passée de jour vers nuit ou inversement. Marc lui avait fait prendre conscience de sa beauté et surtout à s’accepter en tant que séductrice. Quand Franck était là, elle n’avait jamais vraiment été abordée et draguée, maintenant, cela lui arrivait fréquemment. Cette nouveauté pouvait être désagréable quand l’individu se faisait insistant ou lourd, mais elle avait appris à en être flattée. Au début, elle s’offusquait, mais Marc lui a dit qu’au contraire, cela montrait qu’elle était encore jeune et belle, qu’elle pouvait séduire et qu’elle devait en être honorée. Son discours était simple, mais il avait su la convaincre. Le sourire d’un homme ne lui apparaissait plus comme une agression mais comme un compliment. Bien entendu, on n’oublie pas l’éducation reçue aussi facilement que cela et quand le jeune homme l’a abordée à la discothèque, en l’absence de Marc, elle a eu cette réaction négative car l’ancienne Chantal était toujours présente au fond d’elle-même et c’est celle-ci qui a pris le dessus, preuve qu’elle n’avait pas encore totalement abdiqué, elle progressait, mais elle avait encore beaucoup de chemin à faire.

En fait, elle ne savait pas encore ce qu’elle voulait voulait-elle rebrousser chemin et redevenir la Chantal que Franck avait aimé ou s’affranchir de son éducation et vivre ses émotions avec autant d’intensité que de passion ?

Que devenait-elle ? Femme hybride pas vraiment libérée, mais plus vraiment soumise aux conventions qu’on lui avait inculquées depuis sa naissance.

N’avait-elle pas franchi une nouvelle étape en acceptant de s’abandonner dans les bras d’un inconnu ? N’avait-elle pas franchi le point de non-retour ?

N’était-elle pas finalement en train de vivre sa crise d’adolescente, celle qui permet à l’enfant de devenir adulte ?

Elle était passée chez lui, comme ils l’avaient prévu, mais alors qu’elle se garait, il lui avait envoyé un texto pour lui dire qu’il aurait du retard. Après avoir hésité, elle avait décidé de tuer le temps dans la galerie marchande voisine.

Elle était donc dans cette galerie marchande à proximité de chez Marc et  y faisait de lèche-vitrine sans vraiment avoir la tête à cela car elle avançait sans vraiment voir ce qu’il y avait autour d’elle et s’arrêtait  de temps en temps pour regarder des mannequins anonymes sans même s’en rendre compte ; elle était en fait ailleurs, perdue dans ses pensées.

–    Mais c’est notre chère Chantal !

Elle se retourna et se trouva face à Alain.

Il s’avança vers elle et lui fit la bise.

–    Que fais-tu là ? Je ne t’ai jamais vu ici ?

–    Mon ami a un peu de retard, je tue le temps.

–    Et bien tuons-le ensemble.

Elle se força à lui sourire et à être aimable avec lui, mais refusa poliment. Alain n’était pas du style à battre en retraite aussi facilement et ignora sa réponse. Ils discutèrent ainsi pendant quelques minutes et la fit même rire à ses blagues. Jusque maintenant elle s’était toujours montrée plutôt froide avec lui et n’avait qu’une idée, l’éviter et le fuir autant que possible quand elle le voyait. Et là, elle l’écoutait parlait et s’amusait de ses plaisanteries.

Pourquoi ce brusque changement ? Qu’avait-elle ? Il n’était pas vraiment beau, pas franchement intelligent, beaucoup plus vieux qu’elle et avait un humour gras et lourd, pourtant, cette fois, elle se comportait avec lui bien plus aimablement  que d’habitude. Elle s’étonna même de s’entendre lui donner une réponse positive quand il lui proposa de prendre un café.

–    Je viens justement de m’acheter une nouvelle cafetière, nous l’étrennerons ensemble.

 Elle n’avait pas  compris que sa proposition signifiait de prendre un café chez lui, mais elle n’osa pas revenir sur sa réponse et l’accompagna jusqu’à son immeuble.

En sortant de l’ascenseur, alors qu’ils se dirigeaient vers l’appartement d’Alain, elle reçut un texto de Marc.

–    Désolé, retenu plus longtemps que prévu, je rentrerai trop tard on remet ça à plus tard. Bisous.

Chantal ne fut pas trop étonné par l’information, ce n’était pas la première fois qu’il se décommandait à la dernière minute.

–    C’est votre ami ?

–    Oui, il ne pourra finalement pas se libérer.

–    Et bien en voilà une chance pour moi.

En entendant Alain se réjouir, elle regretta de lui avoir dit. En entrant chez lui, elle fut surprise, l’appartement était coquet et bien meublé, il y avait certes, un peu de désordre, quelques affaires qui trainaient par-ci par-là, mais loin de ce qu’elle avait imaginé. Il l’invita à s’asseoir dans le canapé, après avoir enlevé une chemise qui y trainée et s’installa dans le fauteuil qui lui faisait face.

Ils parlèrent plus d’une heure ensemble. Il aborda beaucoup de sujet, se livra, juste ce qu’il faut pour ne pas rendre mal à l’aise son interlocutrice et s’intéressa à sa vie privée sans aucun voyeurisme. Elle trouva finalement la conversation attrayante. Elle n’avait d’ailleurs pas vu le temps passé.

–    Oh, je n’avais pas vu l’heure, il va falloir que j’y aille.

–    Pas déjà ?

–    J’ai encore pas mal de choses à faire.

–    On t’attend ?

–    Non, mais je n’ai rien préparé et si je veux manger ce soir

–    Et bien j’ai trouvé la solution, mangeons ensemble.

Elle avait une nouvelle fois répondu naïvement, n’avait nullement prémédité sa réponse et n’avait rien vu venir, sinon, elle n’aurait rien dit. Elle refusa, il insista, elle abdiqua.

Elle se donna de bonnes excuses à sa faiblesse et se dit que finalement il avait été plutôt sympa cet après-midi-là. Quand il lui tendit un prospectus pour lui faire choisir une pizza, elle fut étonnée. Elle s’attendait, en effet, qu’il lui propose de sortir au restaurant.

Quand le repas fut livré, Ils s’installèrent dans le canapé pour manger leur pizza et boire le rosé qu’il avait ouvert. En fin de repas, il débarrassa, puis s’approcha de Chantal, une serviette en papier à la main et nettoya délicatement la commissure de ses lèvres.

–    Il te reste un peu de sauce tomate

Il s’était penché vers elle pour effectuer son geste, il la regarda dans les yeux, sans vraiment réfléchir, elle ne fuit pas son regard et ce qui devait arriver, arriva, les lèvres d’Alain s’approchèrent de celles de Chantal et ils s’embrassèrent. Son baiser était fougueux, il était pratiquement allongé sur elle, ses mains courraient sur tout son corps et leur langue valsait au rythme de leur pulsion. Elle ne saurait dire comment, mais elle avait déjà perdu sa culotte, les doigts d’Alain fouillaient sans ménagement son intimité et elle le laissait faire.

Avant Franck, elle n’avait jamais connu d’autres hommes. Mais depuis sa mort, elle avait cédé à Marc, elle connaissait sa réputation et pourtant elle s’était donné à lui et bien plus facilement qu’elle ne l’aurait cru. Elle pouvait, cependant, se persuader qu’elle était veuve et donc finalement libre. Mais voilà qu’en peu de jours, elle venait de s’offrir a deux inconnus, l’un qu’elle voyait pour la première fois, en compagnie de Marc et l’autre qu’elle avait certes déjà rencontré, mais qu’elle ne connaissait guère mieux.

Et pour ce second quidam, elle était seule et nullement encouragée par Marc.

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