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Bergen – Chapitre 2

Bergen - Chapitre 2



    Au fil des jours je m’habituais à sa présence et, dans les rares moments où je le croisais je me surprenais à avoir envie de le connaître d’avantage. Il me semblait que c’était réciproque, mais il était fatigué et bien qu’il sembla curieux et intéressé par ma compagnie (du moins c’est ce que j’osais croire), il n’avait simplement pas l’énergie pour une conversation plus poussée.

Je faisais tout pour ne pas le déranger, et continuais à vivre au même rythme lent et paresseux, en me faisant le plus discret possible.

Je trainais comme avant au bord de la piscine ou sur une chaise longue dans le jardin dans mon shot de bain ordinaire ; j’allais plus souvent me baigner au lac, et profitais de ses grasses matinées pour utiliser la salle de bain.

Nous nous croisions un peu, échangions quelques mots, mais le plus souvent il lisait dans sa chambre ou somnolais dans le hamac. Je me souviens l’avoir regardé un jour, profondément endormi, en short et torse nu. Sa poitrine était belle, ses muscles souples semblaient chauds, j’aurais voulu embrasser ses seins, mais non, je faisais tout pour ne pas y penser.

A la fin de nôtre première semaine de vie commune, il semblait aller mieux. Il était plus bavard, sortait se promener à vélo, nageait et restait tard sur la terrasse à regarder le ciel.

Je commençais alors à en avoir assez de jouer au colocataire modèle, porter des maillots tue l’amour et soupirer le soir seul dans mon lit apportais peu à peu à mon séjour une touche (légère certes) d’amertume romantique, délicieuse c’est vrai mais bien trop persistante…

J’avais envie qu’il me remarque d’avantage, qu’il me regarde un peu plus que le ciel ou ses livres. Aprés tout c’était les vacances et tout cela commençait à manquer un peu de spontanéïté. 

Je me mis donc à m’habiller plus légèrement. Pour me baigner dans la piscine, je ressortis mon bikini rouge noué sur les hanches, ma foi plutôt sage bien que très échancré.  Comme il ne parut ni troublé ni choqué quand il me vit nager, je me sentis libre de m’habiller comme bon me semblait. Et j’oubliais peu à peu toutes mes bonnes résolution de jeune homme comme il faut.

Je devins nonchalant, oubliais de mettre un jogging pour sortir de ma chambre, déambulais en culotte brésilienne et débardeur moulant dans la cuisine, sortais de la salle de bain en nuisette, et mettais mon string préféré pour nager dans la piscine.

Il était difficile de savoir l’effet que cela lui faisait. Toujours caché derrière ses lunettes de soleil et ses livres, il ne rougissait pas, ne sursautait pas et ne tournais pas la tête sur mon passage. Mais quelque chose me disait que rien de tout cela ne lui était tout à fait indifférent, du moins je l’espérais. 

Tard le soir il m’arrivait parfois de me caresser en pensant à lui, par frivolité peut-être, je n’avais pas envie de savoir. Je revoyais les moments de plus en plus fréquents ou nous nous trouvions dans la même pièce. Il me semblait qu’il aimait ça. Il n’hésitait plus à profiter de la piscine en même temps que moi, à se préparer un café pendant que ne portant rien d’autre qu’un shorty en dentelle je faisais la vaiselle

Je revoyais son torse noueux, sa longue silhouette et ses bras qui semblaient durs et soyeux, et je glissais un doigt dans ma fente en imaginant son membre grossir dans son maillot quand il regardait mes fesses  

Il ne pouvait pas ne pas les voir. Je trouvais toujours un prétexte pour déambuler à demi nu dans la maison : un livre à aller chercher dans le salon, regarder le soleil de minuit sur la terrasse, arroser les plantes du balcon vétu d’une simple chemise trop grande et d’un micro slip transparent. J’avais toujours aimé la lingerie, j’avais toute une collection de hauts et de bas, sobres ou plus sexy, et même certaines pièces que j’avais achetées par gourmandise et très peu portés, par manque d’opportunités peut-être.

Sans tout à fait m’en rendre compte (encore que) j’avais poussé loin ce petit jeu de provocation sensuelle en arborant sans gêne ma panoplie habituelle de sous vêtements. Aprés tout je n’avais rien fait d’extraordinaire, simplement portés les mêmes choses que d’habitude, quoique de manière un peu ostentatoire peut-être. 

Mais jusqu’ici il n’avait émis aucune protestation, n’avait pas paru géné le moins du monde. 

Il me parlait de sa thèse (une histoire de biologie moléculaire à laquelle je ne comprenais pas grand-chose), des auteurs qu’il lisait (Ibsen Mankell, Douglas Kennedy) et de la Norvège, que je connaissais finalement très peu voire pas du tout.

Je lui parlais de la France, de Nantes, de mon travail de graphiste, de mon manque d’enthousiasme pour l’été, et du salut que m’offraient Anders et Tove. J’aurais voulu qu’il me parle de ses amours. Les garçons ? Les filles ? Les deux ? Avait il le temps ? Qu’est ce qui pouvait bien faire battre le coeur d’un garçon aussi studieux et aussi charmant.

J’allais peut être me prendre le vent mais je décidais d’en avoir le coeur net. Se languir au mois d’aout en rêvant d’un beau ténébreux silencieux, c’est très intéressant, et très agréable mais il était temps que ce soit l’été pour de bon.

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