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Les malheurs (?) de l'avocat – Chapitre 15

Les malheurs (?) de l'avocat - Chapitre 15



MISE AU POINT AVEC LES STAGIAIRES (SUITE)

Une journée chargée attend André au bureau ce lundi matin, trois gros dossiers à préparer pour des auditions dans laprès-midi. Mais auparavant, il doit mettre les choses aux points avec Joseph et Luc. Celui-ci se présente le premier au moment où lavocat ouvre la porte de son bureau.

— Jespère pour toi que tu ne vas pas te défiler encore une fois comme tu en as pris lhabitude !

— Pas du tout, je mapprêtais à te convoquer.

— Hein ? Jai pas bien entendu. Cest toi qui réclame ?

— Jai à te parler.

André entre, suivi par Luc qui ferme le verrou.

— Quest-ce que tu veux me dire ?

— Nous avons parlé de toi à la maison et

— Tu leur as dit le plaisir que nous partageons ?

— Et ma fem Fille a manifesté le désir de te revoir, poursuit André sans tenir compte de linterruption.

Pas question de dévoiler que la suggestion émane dOdile ! Venant de Martine semble plus naturel.

— Ah ? Cest gentil de sa part.

— Elle ma même demandé de tinviter un de ces soirs.

— Tient donc ! Tu es daccord ? Et ta femme ?

— Odile na pas refusé.

— Elle na donc pas gardé un mauvais souvenir de ma première visite Je men voudrais de faire de la peine à ces dames. Tu peux leur dire que jaccepte avec plaisir. Quand pourrais-je venir ?

— Serais-tu libre, disons, mardi soir ?

— Mardi ? Demain soir ? Pas de problème. Au fait la fille au pair Comment elle sappelle ? Euh

— Ingrid ?

— Oui, Ingrid. Elle sera là aussi ?

— Oui.

— Tant mieux ! Cela promet une soirée intéressante Bon, ce nest pas tout, mais maintenant que nous avons réglé les détails domestiques, si nous passions aux choses sérieuses ?

Luc sapproche dAndré tout en dégrafant sa ceinture.

— Je suis aux regrets de te décevoir, mais ce matin je nai pas le temps.

Luc fronce les sourcils, le regard mauvais.

— Tu Tu te défiles une nouvelle fois ?

— Tu te rattraperas chez moi.

— Devant ta femme et ta fille ?

— Ça tavait gêné quand tu as débarqué le jour du match de la coupe du monde ? Alors ?

La perspective dhumilier une nouvelle fois lavocat devant sa famille, plait au garçon.

— Si je comprends bien, demain matin aussi tu refuseras.

— Je men voudrais de te faire gaspiller des forces dont tu auras grand besoin dans la soirée.

— Vu comme ça, jadmets.

— Merci. Peux-tu demander à Joseph de passer ?

— Ah parce que lui tu lacceptes et pas moi !

— Ne te méprends pas. Jai à régler avec lui des détails domestiques comme tu dis.

— Tu linvites aussi ?

— Non, cela test réservé. Cest au sujet du travail, car nous bossons, nous.

Luc sort en maugréant. André sinstalle derrière son bureau.

— A lautre maintenant ! Comment lui faire comprendre que lenculer cest bien, mais que je désire aussi autre chose ?

Il ne lui vient pas à lidée de le demander tout simplement !

— Vous voulez me parler ?

Joseph passe la tête par louverture de la porte.

— Entre mon petit.

Le petit se place à coté de lavocat. André dun geste machinal porte la main aux fesses mais se rétracte. Sil veut que le garçon modifie son comportement, lui aussi ne doit pas agir comme dhabitude.

— Tu as fais pas mal de progrès depuis ton arrivée et je suis content de toi mais

Inquiet Joseph scrute le visage de son mentor.

— Tu devrais maintenant penser à changer de style.

— Euh

— Oui, varier la présentation.

— Euh Comment ça ? Je ne comprends pas.

Ce nest pas gagné ! se désole André. Une idée ! Associer Annie. La jeune fille plus vive desprit saura le guider. Il glisse un document vers le garçon.

— Tiens voilà du travail.

— Mais jai pas fini avec laffaire Gustave.

— Cela ne fait rien, tu passeras le dossier à Luc. Celui-ci, continue-t-il en tapant sur le document, tu létudies avec Annie.

— Avec Annie ?

— Oui, il arrive souvent que deux avocats sassocient pour déstabiliser la partie adverse.

— Euh

— Tu diras à ta copine que je compte sur vous pour me présenter quelque chose doriginal.

— Euh

— Peux-tu me laisser ? Jai du travail.

Le jeune stagiaire prend le nouveau dossier et sort sans ajouter un mot. Annie remarque tout de suite que lentrevue ne sest pas bien passée.

— Quest-ce quil y a ? André na pas été gentil avec toi ?

— Euh Il veut quon regarde ensemble ce dossier.

— Ensemble ? Pourquoi ?

— Il dit comme ça que des avocats peuvent sunir pour déstabiliser ladversaire.

— Ah ? Cest tout ce quil a dit ?

— Euh Il veut aussi quon présente quelque chose doriginal.

— Une présentation originale ? Ah bon !

Elle commence à voir où lavocat veut en venir. Il lui avait fait la même demande et avait été satisfait de sa réponse.

— Et il souhaite nous voir à deux sur le même travail ?

— Oui, je comprends pas pourquoi.

— Je peux te poser une question ?

— Euh

— Quand tu es seul avec André, quest-ce que vous faites ? Il tencule ?

— Oh ! Tas pas honte de demander ça ?

— Allez ! Ne monte pas sur tes grands chevaux ! Moi, il me baise ou je le suce, ça dépends.

— Oh !

— Et je nen fais pas mystère. Alors ? Il tencule ?

— Euh

— Bon, tu vois, ce nest pas difficile à avouer. Et toi ? Tu lencules ?

— Oh non !

— Tu le suces alors ?

— Comment tu peux imaginer

— Cest pourtant ce quil désire.

— Tu es sûre ? Jamais je pourrai

— Mais si, je taiderai Cest ce quil suggère en nous demandant de travailler ensemble.

— Tu Tu crois ?

— Sûr !

Annie soupire, il y a du travail sur la planche !

— Tu me montres ce dossier quon létudie

Mardi soir. André est satisfait. Il pète la forme ! Il a su préserver son énergie pour la soirée qui sannonce chaude. Comme promis la veille, Luc ne la pas importuné et il a su résister aux prières dAnnie et Joseph qui quémandaient des précisions sur la façon de présenter létude en commun. Il sapprêtait à partir avec son invité quand Jérôme le convoque.

— Précède-moi à la maison, commande-t-il au garçon. Jespère ne pas en avoir pour longtemps. Demande à Odile de servir lapéritif en attendant.

Il est un peu inquiet en rejoignant le bureau de son associé. Celui-ci ne va-t-il pas lui proposer un avant goût de la réunion du lendemain ? Ce ne serait pas le moment de gaspiller ses forces Fausse alerte, Jérôme ne désire que son avis sur un dossier délicat :

— Excuse-moi de te retarder, mais je ne pouvais attendre la réunion hebdomadaire car je dois plaider demain matin.

— Je ten prie.

— Ce sera vite fait.

Cela leur prend néanmoins de longues minutes et il arrive chez lui quand Odile se lève pour passer à table.

— Tant pis pour toi mon chéri, déclare-t-elle, nous avons déjà pris lapéritif avec ce charmant garçon et nous navons pas la patience dattendre plus longtemps pour manger.

A suivre

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