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L'histoire de Muriel – Chapitre 42

L'histoire de Muriel - Chapitre 42



— Si, mais là n’est pas mon propos. Sylvie et moi avons remarqué que, Catherine et toi, vous vous faisiez du pied en classe.

J’essaye de ne pas rougir, attendant la suite du déballage.

— Tu ne dis rien, Muriel ?

— Je ne sais pas quoi te répondre, qu’est-ce que vous pensez, Sylvie et toi ?

— Je ne sais pas ce que Sylvie pense. Pour ma part, je n’ai rien contre le fait que vous vous fassiez du pied, mais essayez d’être plus discrètes. Vous risquez d’avoir des ennuis.

— Et ce que nous venons de faire à l’instant, toi et moi, c’est sans risque ? Oui, Catherine était là lorsque j’ai vérifié que je portais bien ma culotte, mais elle ne l’a pas vue. Je ne lui ai pas montré, comme je l’ai montrée à toi et Sylvie. Maintenant, je dois aller à mon rendez-vous si tu le permets.

— Bien sûr, mais dis moi franchement, tu préfères les filles aux garçons ?

— Je ne sais pas, pas encore en tout cas ! Maintenant je dois y aller. À tout à l’heure !

Je sors des toilettes, un peu énervée par cette discussion avec Nathalie. Je n’aime pas la façon dont les choses se compliquent ainsi. Il faudrait peut-être que je calme mes pulsions, mais je n’ai aucune idée de la manière de faire.

Arrivée devant le bureau de la Proviseure, je frappe à la porte avec une force qui ne m’est pas habituelle. Sans doute l’énervement qui me tient depuis quelques minutes

— Entrez ! Fait la voix sonore de la Proviseure.

Alors que je suis en train d’entrer dans le bureau, je remarque vaguement la présence de deux autres personnes mais l’accueil de la Proviseure capte très vite mon attentions

— Ah ! Mademoiselle Harasse ! Vous avez failli nous faire attendre !

— Je suis désolé Madame… J’ai dû passer par les toilettes !

— Passons, je n’ai pas besoin de vous présenter à votre tante…

Tante Christine est là !

— …Mais je suis heureuse de vous présenter mon frère Yves.

— Je suis enchantée, Monsieur ! Bonjour ma tante !

— Bonjour Mademoiselle, je suis également ravi de vous rencontrer.

— Bonjour Muriel. Tout se passe bien ?

— Oui, oui, pas de problème.

— Lima t’a prévenue pour les obsèques de ta pauvre mère, je suppose.

— Oui, elle m’a prévenue hier soir. Mais de quoi s’agit-il ?

— Je laisse Madame la Proviseure présenter cela.

— Je vous remercie Madame. Je serai brève, Mademoiselle ! Que comptez-vous faire après votre baccalauréat ?

— Heu, je crois qu’une amie de ma mère se proposait de me faire passer un entretien pour un emploi d’employée de banque.

— Employée de Banque ? Cela vous plairait ?

— Je ne sais pas ! Je veux travailler pour gagner ma vie.

— C’est tout à fait honorable, mais votre choix me semble…

— C’était juste une suggestion de la part de l’amie de ma sur, je suppose. Ce n’est pas un souhait personnel, n’est-ce pas Muriel ?

— Non, non ! Il faut juste commencer par quelque chose.

— Que diriez vous d’être mannequin ?

— Mannequin ? Que voulez-vous dire ?

Pour moi, les mannequins ne sont que des modèles en cire passant leur vie dans une vitrine. Pas très battirant comme carrière !

— Je suis couturier, Mademoiselle, commence le frère de la Proviseure. Et je suis actuellement dans la panade ! Ajoute-t-il en riant.

Au moins, cela n’a pas l’air de trop l’affecter. Il continue.

— Je prépare ma prochaine saison et jusqu’à la semaine dernière tout allait bien ! J’avais mon équipe de mannequin au complet, puis coup sur coup, j’en ai perdu deux. Une est passée chez un concurrent, l’autre est rentrée en Suède, son pays dorigine, pour des raisons familiales. Un départ, çà va ! Deux départs, bonjour les dégâts !

— Quand vous êtes venus m’avertir du décès de votre mère hier, reprend la Proviseure, j’étais au courant du problème de mon frère. Et j’ai imaginé que vous étiez la solution à son problème !

— Mais pourquoi moi ?

— D’une part, parce que vous êtes actuellement orpheline…

— Mais mon Père est vivant !

— Mais loin d’ici, ce qui revient au même ! Vous avez donc besoin, et en même temps envie, ce qui est un plus, de subvenir à vos propres besoins. Par ailleurs, vous êtes ce que l’on peut appeler un joli brin de fille. Votre visage est fin et racé et vous avez de la tenue.

Je ne peux m’empêcher de rougir devant le compliment de cette femme si sévère.

— Merci, mais je ne sais pas si je peux faire cela. Je n’ai aucune qualification.

— Pfou, les qualifications, on s’en fout ! C’est avant tout l’expérience du travail qui compte ! L’essentiel c’est que vous soyez bien fichue ! Déclare le couturier.

— Yves, voyons, tu pourrais surveiller ton langage. Tu parles à une jeune fille quand même !

— Ouais, excusez-moi, Mademoiselle, je me suis laissé emporté !

Ma Tante reprend la parole.

— Voyons Muriel, cela te plairait-il d’essayer ? Cela n’engage à rien ! Tu es encore jeune et tu as le temps de revenir vers un poste d’employée de Banque si cela ne marche pas.

— Vous avez la tutelle de Mademoiselle Harasse, Madame ?

— Non. J’ai demandé à mon Notaire de faire le nécessaire auprès du Tribunal d’Instance pour initier le dossier de mise sous tutelle. Nous verrons qui le Juge désignera en tant que tuteur de Muriel.

— Pourquoi, une mise sous tutelle, demandé-je ?

— Simplement, parce que tu as dix-huit ans et que tu n’est donc pas majeure. Tu le seras à vingt et un ans, je te le rappelle. Il faut donc quelqu’un qui soit responsable de toutes les décisions te regardant.

— Et la décision pourrait intervenir quand ? Demande le couturier. Il me faut commencer le plus tôt possible.

— Mais mes études ? Je dois passer mon Baccalauréat !

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