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Natasha & Franck – Chapitre 20

Natasha & Franck - Chapitre 20



   ─ Salut Karen, c’est Sabine.

   ─ Salut ! Je t’ouvre

     Le portail s’ouvrit dans un bruit de mouette agonisante qu’on aurait multiplié à l’infini. Enfin, un infini pas trop long non plus. Les pneus crépitèrent sur le gravier de l’allée ; la voiture s’immobilisa à l’ombre du préau, unique vestige de l’école qui avait été la fonction première de la maison qu’habitait Karen.

   ─ J’ai amené de la glace à la framboise, je sais que c’est ton parfum préféré.

   ─ Encore plus depuis que je suis enceinte. Depuis que le médecin m’a ordonné de rester à la maison, je renfloue le porte-monnaie de l’épicière du village rien qu’avec les bacs de glace.

   ─ J’espère que tu n’es pas déjà en train de préparer ce futur bébé à finir dans le congélo

     Karen pouffa de rire ; Sabine la serra dans ses bras.

   ─ Comment vas-tu, ma belle ?

   ─ Je me porte comme un charme. C’est vraiment parce que le médecin l’a exigé que je ne travaille plus, sinon je serais encore au boulot.

   ─ Ne prends pas de risque, ma chérie. Ce n’est vraiment pas le moment de faire des bêtises, avec toutes ces fausses-couches. Tu as une chance inouïe : j’ai trois amies qui essaient d’avoir un enfant depuis des mois, mais rien n’y fait. La première vient de faire des examens et il s’avère qu’elle est stérile. La seconde, c’est son crétin de mari qui ne peut pas Du coup, la troisième n’ose pas retourner voir son docteur.

   ─ Oui je sais, j’ai du bol. D’ailleurs je ne me plains pas ; je profite.

     Les deux femmes traversèrent la maison pour s’installer sur la terrasse qui donnait sur ce qui avait été autrefois une cour de récréation. Les anciens propriétaires avaient racheté l’ancienne cure qui tombait en ruine et l’avaient fait raser, doublant ainsi la surface de terrain et évitant par là même le risque d’un vis-à-vis encombrant. Le jardin était ceint d’un mur aveugle en pierre qui montait assez haut, protégeant ainsi l’intimité des habitants. On devinait, à la différence de la taille et de la couleur des pierres, l’ancienne limite des deux propriétés maintenant réunies. Seul aménagement dans le mur d’en face, une porte centrale, que Karen n’avait jamais ouverte, donnait sur un parking à l’ombre de six platanes séparant la mairie de l’église.

   ─ Qu’est ce que l’herbe est haute j’espère pour toi que tu ne te laisses pas aller à tel point que le foin en déborde de la charrette !

   ─ Pour ce qui est de l’herbe, Romain est retourné chez ses parents depuis qu’il sait que je suis enceinte, et je pense que, ni le médecin, ni toi, ne verraient d’un bon il que je passe la tondeuse

   ─ Tu as raison.

   ─ Et pour ce qui est du foin je ne pense pas que Franck apprécierait que je laisse le terrain en friche.

   ─ Oui, mais comme il n’est pas là pour le moment, tu pourrais

   ─ Tu veux vérifier ?

   ─ Ne me tente pas !

   ─ Et pourquoi pas ? Justement, Franck n’est pas là et j’en ai un peu marre de m’astiquer la clochette toute seule.

     Sabine n’en revenait pas. Longtemps elle avait essayé de persuader Karen de partager ses fantasmes saphiques, mais elle avait toujours refusé, jusqu’à cette soirée d’avril où le barbecue avait dégénéré en orgie. Pour la première fois, Karen avait goûté au plaisir d’une chatte humide et y avait pris goût. Alors si elle devait à nouveau déguster une chatte, autant que ce soit celle de sa meilleure amie. Sabine se dit qu’elle ne remercierait jamais assez Franck et Natasha d’avoir déclenché l’ouragan Karen, car il y avait bel et bien un avant et un après. Les deux femmes commencèrent par s’embrasser tendrement. Sabine posa sa main droite sur la poitrine de la future mère.

   ─ Eh bien, tu as encore gagné en volume !

     Karen ôta son tee-shirt noir en coton qui lui moulait parfaitement les seins. Sabine aurait pu se contenter de les caresser par-dessus le tissu, mais la tentation était trop forte d’y apposer sa langue et de jouer avec les pointes qui déjà s’érigeaient sous le vêtement.

   ─ Ils sont devenus hypersensibles ; je crois que tu pourrais me faire jouir rien qu’en me les léchant.

   ─ S’il n’y a que ça pour te faire plaisir

     Elles se déshabillèrent mutuellement et Sabine s’assit sur le fauteuil de jardin en osier. Karen vint s’installer sur ses cuisses. La bouche de son amie se trouvait ainsi à la hauteur de sa poitrine : elle pouvait donc confortablement lui sucer un sein et caresser l’autre. Karen gémissait déjà. Sabine passa son autre main entre les cuisses de son amie et constata que, malgré l’absence totale de pilosité, il y régnait une moiteur digne d’une jungle tropicale.

     Karen avait passé ses bras autour du cou de son amante du jour et jouait avec ses boucles blondes, enroulant les mèches autour de ses doigts. Sabine commençait à se méfier : si Karen venait à jouir subitement, elle risquait, dans une réaction incontrôlée, de lui tirer les cheveux de manière brutale. Elle délaissa donc l’entrejambe de son amie pour y revenir plus tard, lorsque les risques auraient disparu. Toutefois, sous le simple contact de la langue et des lèvres sur ses seins, Karen s’emballait déjà. Sabine s’imaginait déjà, après l’accouchement, pouvoir sucer ses seins qu’elle espérait encore plus lourds et d’où coulerait un lait abondant. Elle souhaitait pouvoir la téter sans pour autant affamer les futurs bébés, juste pour connaître la sensation. Et comme dit le proverbe, « Quand y’en a pour deux, y’en a pour trois. »

     Elle aperçut le transat qui semblait n’attendre que de recevoir le corps alangui d’une des deux belles, peut-être même les deux. Sabine y fit allonger Karen, les jambes écartées de chaque côté du siège. Elle lembrassait fougueusement comme si elle voulait lui dévorer les lèvres. Les langues, ne voulant pas être en reste, s’en mêlèrent, glissant le long des joues puis du cou. Les oreilles entendirent leur souffle encore presque paisible. Karen saisit la tête blonde des deux mains pour un baiser encore plus langoureux. Les deux lèvres se fermèrent sur la langue que tendait Sabine, joueuse, et entamèrent une étrange simulation de fellation.

     Une fois libérée, la langue s’échappa jusqu’aux sommets érigés qui pointaient sans relâche depuis le début des ébats. Décidément, cette poitrine gonflée par la maternité frôlait la perfection et attirait comme un aimant la bouche de Sabine. Elle parvint cependant à continuer son voyage, cheminant sur la courbe du ventre qui prenait déjà de l’ampleur sous l’expansion incessante des jumeaux. La main elle aussi épousait la courbe ; Sabine prêta même une oreille attentive à ce qui se passait éventuellement à l’intérieur, mais les assiégés se sentant peut-être observés ne daignèrent pas se manifester.

      Sabine poursuivit ses pérégrinations vers le point géo localisé depuis le départ, et sa bouche s’aligna enfin sur Vénus. Ses mains accrochèrent la Lune, la langue se posa d’abord sur le cratère qui en ornait le centre puis s’en alla orbiter autour de l’étoile de la petite mort. Karen s’était arrachée à l’attraction terrestre, mue par un moteur orgasmique d’une conception nouvelle. Elle semblait partie à des années-lumière, dans la poussière des astres aux notes sidérantes que sa gorge déployait, telles des éruptions solaires. Puis, lentement, elle rentra dans l’atmosphère, enflammant ses joues, reprenant son souffle. Un sourire radieux illuminait le visage de Karen. Ses yeux bleus immenses et semblables à deux globes terrestres vus de l’espace lui renvoyaient une sérénité vertigineuse.

   ─ Tu es belle !

   ─ Tu me l’as déjà dit quand tu m’as proposé pour la première fois de faire l’amour avec toi.

   ─ Ça n’a rien à voir ; c’est bien au-delà de ça. J’ai l’impression d’être devant un paysage grandiose, de ces paysages à couper le souffle, où tu restes en contemplation jusqu’à ce que la nuit soit tombée, où tu voudrais dormir sur place pour te réveiller au matin dans la magie de cet endroit.

   ─ A vrai dire, tandis que tu me caressais, j’ai eu la sensation d’entendre quelque chose d’inaudible mais que je comprenais tout de même.

   ─ Mais c’est effrayant ! intervint Sabine, bien qu’elle semblât chercher un autre adjectif. Qu’es-tu parvenue à comprendre ?

   ─ Cela donnait plutôt la sensation de quelque chose de bienveillant. Ce ne sont pas des mots que j’ai compris ; un sentiment de plénitude, que ma grossesse irait à terme sans encombre. D’ailleurs, regarde mon ventre : on dirait que ça remue là-dedans !

   ─ Promets-moi ; tu n’as rien fumé avant que j’arrive ?

   ─ Promis. Je ne comprends pas trop moi-même ce qu’il se passe, mais depuis quelques mois je ne me pose plus trop de questions. Depuis la tentative de hold-up, en fait. Comme si cela m’avait fait comprendre que tout peut s’arrêter d’un coup et qu’il vaut donc mieux en profiter tant que c’est possible.

   ─ C’est peut-être juste le contrecoup de l’épreuve.

   ─ Non, ce ne peut pas être juste ça. Regarde, c’est la même chose pour Franck. Il a rencontré Natasha et il a tout laissé tomber du jour au lendemain pour la suivre. Il lui arrive de voir ce que d’autres voient comme s’il était à leur place. Idem pour Natasha. Au début de la grossesse, elle m’a vue vomir, comme si elle-même vomissait. Ils ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’une réaction à ma grossesse, que Natasha en était perturbée au point de se mettre à ma place, mais elle a eu d’autres visions qui n’avaient rien à voir avec moi. Sans compter toutes ces fausses-couches Non, je t’assure, Sabine, il y a autre chose que le contrecoup du hold-up. D’ailleurs, j’ai très vite évacué cette histoire. Ce qui n’a pas manqué d’étonner les médecins qui m’ont suivie les semaines suivantes.

   ─ Puisqu’il t’est arrivé plein de bonnes choses suite à cet événement, ton cerveau l’a peut-être oublié ou ne l’a même pas considéré comme un traumatisme.

   ─ En tout cas, en me faisant décoller de la sorte, tu m’as donné soif Tu veux un thé ? Ou un café ?

   ─ Thé ! Mais n’espère pas t’en tirer de la sorte, je compte bien

     Karen l’interrompit en unissant leurs lèvres. Elle lui colla une main contre la vulve entrouverte de désir et y glissa deux doigts qui passèrent comme une lettre à la poste. Elle les ressortit poisseux, les lécha puis embrassa à nouveau Sabine, laissant sur ses lèvres le parfum de ses envies.

     Les deux amies devisaient en sirotant leur thé dans le plus simple appareil. Sabine évoquait les changements constatés mais encore inexpliqués concernant Dimitri. Depuis qu’elle avait embauché Frédérique, c’était comme si elle avait embauché un autre stagiaire. Karen, elle, abordait la relation complexe qui la liait à Franck et Natasha. Elle mentionna le projet de vie en commun. Si l’idée lui semblait pleine de promesses, elle craignait qu’avec les années passant, les petites différences sans importance deviennent des sources de dissension. Le téléphone de Sabine sonna, les tirant de leur discussion.

   ─ Et merde !

   ─ Que se passe-t-il ? demanda Karen quand son amie eut raccroché.

   ─ Rien de grave : c’était Frédérique qui voulait que je passe chez elle pour prendre un verre, mais je viens de m’apercevoir que la glace est restée dans mon sac.

     Karen ouvrit le bac et constata que le produit n’avait plus de glace que le nom. Il n’était pas encore totalement liquide, mais il était hors de question de le recongeler. Un instant elle considéra ce qu’il conviendrait de faire, et Sabine vit passer une lueur dans son regard qui annonçait que la pause thé arrivait à son terme.

   ─ Allonge-toi sur le transat. Tu voulais que je te broute le minou ? Tu vas être servie. Je reviens tout de suite Sois sage ! fit Karen d’un ton presque autoritaire.

     Avant de s’installer, Sabine trempa un doigt dans le sorbet. Si ce n’était plus tout à fait de la glace, c’était devenu un coulis au bon goût de framboise. Karen remarqua la trace dans le bac et soupira :

   ─ Je croyais t’avoir dit d’être sage…

   ─ Je n’ai pas su résister, répondit Sabine en lui renvoyant un sourire ravageur et plein de malice.

     Karen s’approcha du transat, le bac de glace à la main. Elle en remplit une cuillère à soupe qu’elle vida aussitôt sur les seins de Sabine. Ses tétons se dressèrent au contact du froid, puis de la langue de Karen. Son buste se soulevait quand une deuxième cuillère fut déposée, toujours sur la pointe de ses seins. Elle ne put s’empêcher de gémir quand une quantité plus importante se trouva étalée sur tout le sein et que Karen ouvrit grand la bouche pour tenter de le gober entièrement et que ses lèvres se refermèrent sur le globe.

     Elle trempa ensuite dans la glace fondue deux doigts qu’elle porta à la bouche de son invitée. Elle remplit à nouveau la cuillère qu’elle plaqua cette fois sur le clitoris. Sabine en eut le souffle coupé et se cramponna au transat tandis que Karen la nettoyait de sa langue. Elle versa directement une plus grande quantité de glace fondue qui coula entre les lèvres, lécha le plus gros puis, du dos de la cuillère, tapota délicatement le clitoris et le frotta. Elle continua de verser le liquide froid sur la vulve et joua avec les lèvres qu’elle excitait avec le bord de l’ustensile. Puis ce fut au tour du manche d’être plongé dans le sorbet à la framboise. De la main gauche, Karen écarta les lèvres de son amie et introduisit le manche dans l’orifice. Sabine se mordait la lèvre et sa tête dodelinait de droite à gauche ; elle aussi commençait à se sentir décoller pour le septième ciel.

     Le bac était au deux tiers vide. Karen suréleva le bassin de Sabine dont les jambes reposaient sur ses épaules, colla sa bouche contre la chatte lisse et pressa sa langue de façon à faire éclore la corolle de plaisir. De ses doigts, elle écarta les lèvres et y versa directement la moitié de ce qu’il restait dans le bac. Karen se jeta sur la vulve fourrée comme un beignet et lui brouta le pistil. Sa langue s’immisça entre les lèvres pour laper la fondue de framboise. Sabine, qui avait agrippé le bord du transat, feulait comme une tigresse en chaleur.

     Karen vida ce qui restait dans le bac, toujours sur les lèvres écartées et brillantes d’un mélange de cyprine, de salive et de glace fondue. Sabine devait garder les cuisses serrées le temps que Karen puisse s’allonger sur la terrasse. Elle s’installa à califourchon au-dessus du visage de l’amatrice de crème glacée dont la langue reprit le nettoyage de ses profondeurs. Karen avalait goulûment tout ce qui ruisselait du vagin de Sabine qui se mit à trembler de tout son corps. Elle dut se pencher en avant et prendre appui sur ses bras. Elle frottait à qui mieux-mieux son clitoris contre sa lèvre supérieure, contre son nez. Elle ne se contrôlait plus vraiment et se coucha sur le côté pour ne pas s’effondrer sur la tête de son amie. Karen profita de l’occasion pour venir s’installer en ciseau, et les deux vulves se frottèrent l’une contre l’autre. Chacune sentait la chaleur de l’autre se fondre dans sa propre chaleur, les lèvres mêlaient leurs sécrétions. Elles se regardaient dans les yeux et y voyaient l’expression de leur jouissance. Elles redoublèrent d’efforts dans la pression qui les unissait.

   ─ J’ai envie de pisser.

   ─ Moi aussi, répondit Karen en riant.

     Karen se redressa pour qu’elles puissent se caresser mutuellement les seins tandis que les urines se mélangeaient, peinant à s’écouler sous la pression des deux corps.

   ─ C’est dommage que tu n’aies pas une bite comme Natasha ; j’aurais aimé finir par une pénétration.

   ─ Viens avec moi dans la cuisine : j’ai une idée pour finir en beauté… répondit Karen.

     Karen attrapa un concombre dans le frigidaire puis sortit l’économe du tiroir. Pendant qu’elle épluchait les deux extrémités du légume, Sabine s’était accroupie entre les jambes de son hôte et lui lapait les lèvres détrempées. Une fois le concombre préparé, elles s’installèrent face à face. Karen commença par s’introduire le membre végétal ; une fois celui-ci bien planté entre ses lèvres, elle présenta l’autre extrémité contre la vulve de Sabine et la pénétra. Karen découvrait cette impression nouvelle pour elle : elle pénétrait une fille. Bien sûr, elle ne saurait jamais quelle sensation peut éprouver un homme quand sa verge pénètre, mais c’était une révélation qui la troublait.

   ─ Je te baise, ma chérie, et j’adore ça !

   ─ On recommence dès que tu veux, répondit Sabine, espiègle.

     Les deux femmes reprirent la position de ciseau. Cette fois, en plus des sensations apportées par le frottement de leurs lèvres et de leur clitoris qui se frôlaient, elles avaient le sentiment d’être vraiment reliées l’une à l’autre. Chaque mouvement, chaque poussée se répercutait. Karen et Sabine haletaient en rythme, tremblaient en même temps. Le même orgasme les faucha.

     Étendues sur le sol, elles reprenaient leur souffle. Ce fut finalement la faim qui les fit émerger des nimbes. Au menu ce soir, il y aurait du concombre, avec un petit goût de revenez-y !

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