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Nouvelle – Chapitre 18

Nouvelle - Chapitre 18



Idées de Mr 523 & Antonin Mordore.

En cette matinée du début du mois daoût, La jeune nouvelle reçut un SMS de Roland. Il n’avait pas longtemps attendu pour l’inviter à son atelier de forgeron-sculpteur. Le rendez-vous était en soirée dans le 13e dans « les frigos de Paris ». Un lieu culte de la vie artistique de cet arrondissement. Cet ancien bâtiment frigorifique fut investi par des artistes de tout horizon dans les années 80. Elle prévint Marc qui l’accompagna ce soir-là. Il la déposa non loin du lieu prévu afin de rester discret et se gara, prêt à intervenir au moindre appel de sa jeune amie.

— Tu es sûre que ça va aller ?

— Oui, je pense et ça me rassure que tu sois là. Merci beaucoup.

Elle descendit et marcha vers l’immense bâtiment aux façades de béton décrépi. Tous les murs du rez-de-chaussée étaient enjolivés de tags et de graffs magnifiques. L’esthétique street-art à la mode des friches d’artistes réhaussait l’apparence austère de l’imposant édifice. La jeune femme s’avançait maintenant vers une petite porte blanche surmontée d’un panneau « gardien ». C’est là que le veilleur de nuit lui indiqua l’emplacement de l’atelier de ferronnerie d’art de Roland. Le seul encore en activité à cette heure tardive. Elle arpentait les couloirs au style « post-indu » et aux sols recouverts d’anciens dallages usés par le temps. Les murs étaient entièrement peints de fresques bigarrées qui donnaient à l’ensemble un air tantôt psychédélique, tantôt surréaliste. La jeune femme se sentait happée par la magie de ce lieu et elle retrouvait cet état d’émotion tendue mêlée de curiosité qu’elle aimait tant. L’aventure semblait redémarrer pour elle et l’excitation de ses sens, l’imprévisibilité des événements, la firent se sentir plus vivante ce soir. Elle repéra un atelier éclairé d’où sortaient des sons de percussions métalliques au bout du long couloir. L’entrée était enveloppée d’inquiétantes fresques rouges et jaunes flamboyantes. Un peu anxieuse, elle poussa la lourde porte et entra. Roland était affairé à sa forge et, tournant la tête vers elle, l’accueillit d’un large sourire:

— Ah ! Ma chère danseuse. Comment ça va ?

— Très bien. Merci pour ton invitation. C’est un lieu incroyable ici.

— Oui, bienvenue dans mon antre créatif ! Installe-toi et sers-toi à boire: je ne peux pas lâcher ce que j’ai commencé, mais je n’en ai pas pour longtemps.

Elle explora l’atelier du regard: la vaste pièce, éclairée par des néons blafards, était ornée dans un coin par une forge d’où sortait un feu crépitant. Plusieurs établis recouverts d’une foule d’objets hétéroclites meublaient l’endroit. Les murs de béton nus, fatigués, étaient cachés par de grands panneaux bleu foncé qui portaient quantité d’outils de toutes sortes: Marteaux, pinces, tournevis de tailles disparates donnaient à cet atelier, l’allure d’une salle de torture médiévale. De nombreux croquis et esquisses, dessinés au crayon noir, venaient garnir les murs. Sur le sol, taché par les dépôts suie, était déposé un magnifique dragon chinois de métal à la gueule ouverte.

Roland était affairé à la forge et manipulait, entre ses pinces, un scorpion d’acier brûlant. Concentré sur sa tâche, le forgeron-sculpteur portait, par-dessus sa grande chemise sombre, un épais tablier de cuir marron qui pendait jusqu’à ses genoux. La jeune femme l’admirait manier avec fougue son marteau: il frappait alternativement l’objet de métal et l’enclume. Le bruit était assourdissant mais le pilonnage puissant de Roland exacerbait sa force physique et sa virilité. Tandis que l’ombre du forgeron dansait sur les murs, la nouvelle regardait Héphaïstos: son front ruisselant, ses bras noueux et ses larges épaules. Cependant, de toute cette brutalité naissait peu à peu un magnifique et délicat objet d’art. Paradoxalement, l’instinct animal et presque sauvage révélait une troublante douceur à fleur de peau.

— Voilà j’ai fini ! Je mets à tremper pour laisser refroidir. Partante pour poser pour moi alors ?

— Je ne sais pas. C’est quoi ton projet ?

— La femme et le désir: le sien et celui qu’elle suscite chez l’homme. T’en penses quoi ?

— Plein de passion et de tourments comme en danse.

— Exact ! Je fais d’abord des croquis pour les volumes. Après je pense aller vers du métal. Quelque chose de brillant, type acier. Pour toi, j’ai pensé à une pose simple, facile à tenir vu que tu es débutante: assise sur une chaise, ça te va ?

— Oui, je préfère parce que j’ai du mal à rester immobile.

— Et la nudité te gêne ? Dit-il avec un sourire complice.

— Ici ? Maintenant ? La nudité ne me gêne pas mais c’est juste que je ne m’y attendais pas.

— Oui je comprends mais bon, on se connaît et je t’ai déjà vu nue. Et puis j’ai l’habitude avec les modèles qui viennent ici prendre la pose pour moi. Si tu es gênée, je ne le suis pas du tout. Mais si tu veux, tu peux rester en culotte ça ira quand même. Il faudra juste que j’invente ce que je ne vois pas.

— OK, je vais pas jouer les pudiques. Je veux bien poser nue pour toi. Je m’en voudrais de frustrer ton inspiration d’artiste.

— Merveilleux ! Merci à toi. Tu peux aller te changer derrière le paravent si tu veux. C’est là que vont mes modèles habituellement. Tu y trouveras un grand drap de bain pour te couvrir.

La jeune femme se déshabilla et s’enveloppa dans la grande serviette brun-rouge. Lorsqu’elle sortit de derrière le paravent, Roland était assis, un bloc à croquis spiralé en main, ses lunettes sur le nez. Il avait retiré son tablier de forgeron et l’attendait impassible, un petit sourire aux lèvres:

— Tu vas t’asseoir et je vais te placer pour la pose à laquelle je pense.

La jeune nouvelle retira sa serviette et la posa sur le paravent. Roland ne perdit pas de temps pour regarder. Ses yeux parcoururent impatiemment le corps de la jeune femme.

— Reste un instant debout, relève tes cheveux et pose tes mains derrière ta tête que je te regarde.

Il se leva et s’approcha face à elle, son regard perçant à travers le verre de ses lunettes. Il la dévisagea soigneusement puis descendit son regard sur son cou et s’attarda sur ses seins. La jeune femme pouvait presque sentir la caresse de son regard sur sa peau. Elle se sentait comme une statue vivante, exposée à la vue de son créateur, au milieu de la saleté de la grande pièce. La lumière blanche de l’atelier mêlée à celle dégagée par l’âtre de la forge faisait vibrer les ombres et varier les couleurs. Mais les yeux de Roland étaient déjà descendus vers son ventre puis s’arrêta sur sa discrète toison brune. Le regard finit par glisser le long des jambes de la nouvelle pour terminer sa course impudique sur ses chevilles. Il fit quelques pas pour se placer derrière la jeune femme statufiée afin de sattarder longuement sur la courbe de ses fesses et sur la chute de ses reins.

— Une vraie Vénus callipyge. C’est parfait tout ça ! Tu vas être un modèle très inspirant pour moi.

— Qu’est-ce que ça veut dire « callipyge »?

— Ça veut dire: « qui a de belles fesses ».

La jeune femme baissa un peu les yeux en souriant. Elle ne se sentait pas mal à l’aise et savait que les artistes ont besoin d’émotions pour leur inspiration. Roland installa une chaise au milieu de la forge et l’invita à s’asseoir. La nouvelle prit place et Roland s’agenouilla près d’elle et lui dit:

— Serre tes genoux, un pied posé au sol jambe tendue et l’autre pliée. Pose ce pied sur la pointe de tes orteils. Appuie-toi contre le dossier de la chaise et cambre-toi en mettant ta tête en arrière. Laisse tes bras pendre de chaque côté comme si tu étais offerte au soleil.

La jeune femme prit la pose et Roland dégagea ses cheveux pour les laisser tomber en arrière. Il posa ses mains sur ses genoux afin de rectifier la position et déplaça doucement les chevilles de la nouvelle pour leur donner la posture exacte qu’il avait en tête. Puis il alla s’asseoir et, le regard par-dessus ses lunettes, il commença à crayonner nerveusement. Son regard vagabondait sur la peau de la jeune femme et Roland laissa des images ressurgir de ses souvenirs: il se remémorait le corps nu de la nouvelle découvert pour la première fois lors de la soirée libertine chez M. La caresse de sa peau contre la sienne, le mouvement des fesses rebondies de la jeune femme contre son sexe, ses mains d’homme sur ses seins tendus. Il se rappelait du souffle et des gémissements de la jeune femme dans ses bras. De la sensation lorsqu’il entra en elle pour la première fois et du plaisir indicible qu’il avait eu à posséder son corps sur le parquet de cette scène. Sa respiration s’accéléra imperceptiblement et son regard se tissa de concupiscence.

— Ne bouge pas… Tu es confortable ? Demanda Roland.

— Ah désolé. Oui ça va pour l’instant.

Roland noircissait longuement le papier granuleux de son bloc et le temps commençait à ralentir dans l’atelier. La jeune femme, les yeux fixés sur le plafond décrépi de la forge, laissa ses pensées flâner et son esprit s’enjouer pour tromper son ennui immobile. Elle se plut à imaginer Roland la regardant avec envie et cette idée la ravissait. Elle se souvenait de ses mains avides sur son corps, de son souffle impatient, de sa verge puissante. Et le souvenir du plaisir intense qui l’avait transpercée ce soir-là, lui stimula l’esprit. Elle se sentit si mutine qu’elle eut envie de l’aguicher juste pour voir si le désir de Roland était toujours vivace. Sans doute pour se rassurer, et peut-être par jeu. Une sorte d’amusement innocent, comme pour reprendre un petit peu de contrôle sur une situation qu’elle ne maîtrisait pas. Comme un pied de nez rebelle à M finalement. Cette perspective fit durcir doucement le bout de ses seins et elle se cambra un peu plus en expirant.

— Tu as bougé. Fais une petite pause: quand on débute, on a du mal à rester longtemps immobile.

— Je crois que j’aurai toujours du mal à rester statique tu sais.

Roland sourit et déposa son bloc de dessin en se passant la main dans les cheveux. La jeune nouvelle se leva et se dirigea vers le paravent au fond de la forge. Le sculpteur en profita pour détailler l’ondulation de ses fesses. Tandis qu’elle s’entourait de la grande serviette, Roland lui dit:

— Tu veux voir le croquis là où il en est ?

— Ah oui, j’y tiens beaucoup. C’est la première fois que je vais me voir en statue. Dit-elle en réapparaissant.

L’esprit mutin, elle s’était contentée de nouer la grande serviette brun-rouge autour de sa taille et marchait vers Roland qui, bien que surpris par autant de liberté, ne baissa pas les yeux. Il fixa le sautillement régulier des seins produit par la marche. En lui tendant son bloc à dessin, il lui dit:

— Voilà, regarde… Je vois que tu es très à l’aise avec ton corps.

— C’est l’habitude de la danse. Tu dessines vraiment bien. Je n’aurais jamais imaginé que tu avais aussi ce talent.

Tandis que la jeune femme, faussement ingénue, regardait le croquis près de lui, Roland restait le regard figé sur ses seins. Il pouvait les voir de près et se délectait de leur galbe et des petites aréoles foncées. Il détailla les mamelons avec soin et s’imagina porter sa main avide vers ces fruits. Il se voyait déjà l’empoigner, la posséder vigoureusement sur le sol crasseux de la forge et entendre les cris d’extase de la jeune femme. C’est à ce moment qu’il croisa son regard alors, dans un sursaut, il dit:

— Allez hop ! Reprenons le travail. Ne laissons pas l’inspiration se tarir ma belle.

La nouvelle avait senti dans le regard de Roland quelque chose de brutal, une sorte de fulgurance animale: une flamme plus intense que celle du foyer, le désir à l’état sauvage. Alors, provocante, elle lui tourna le dos, retira sa grande serviette et la posa négligemment sur un établi. Une brusque poussée de chaleur enveloppa les tempes de Roland et, instinctivement, il dévora du regard la croupe incendiaire de la jeune femme tandis qu’elle retournait à la chaise reprendre sa pose. Tout en reprenant son crayon et son bloc, il lui dit:

— Tu es bronzée mais tu n’as pas de marque de maillot. Comment ça se fait ?

-… Bronzage intégral dans le jardin de mes parents. Les traces de bronzage ce n’est pas esthétique pour la danse. Je ne voudrais pas être recalée à une audition pour un truc aussi bête. Mais bon, j’ai la peau mate et je bronze très vite heureusement.

— Avec la serviette nouée sur ta taille, tu m’as vraiment fait penser à la Vénus d’Arles. Une statue antique qui est dans la galerie des Glaces à Versailles. En plus, je trouve que tu as de beaux seins. Ils sont ni trop gros, ni trop petits, très bien dessinés et parfait pour ta silhouette.

— Je ne connais pas cette statue, mais merci pour le compliment.

— Mais je t’en prie. Quand je regarde ta poitrine, je me dis que sculpter ce galbe dans le métal ne va pas être simple pour moi. Je peux reproduire parfaitement la forme mais c’est difficile de rendre le soyeux, la texture tendre de tes seins. Ça sera un beau challenge artistique pour moi.

La suite de la séance de pose fut silencieuse. Seul le bruit du feu qui crépite et celui des coups secs du crayon sur le papier virent troubler le silence tendu de l’atelier. La jeune femme s’offrait au regard de l’artiste et celui-ci caressait sa peau de son crayon et la couchait peu à peu sur le grain blanc du papier à dessin. Roland avait maintenant le sexe tendu et serré derrière le pan de sa large chemise. Cependant, il ne tenta rien. Il n’osa pas. Comme si ce corps qu’il avait possédé jadis lui semblait soudainement inaccessible. Sentant son croquis qui s’achevait, il regarda une dernière fois le ventre de la jeune femme et descendit ses yeux vers la naissance de sa toison brune.

— Voilà, j’ai terminé. Dit-il comme un soulagement.

La nouvelle se leva et marcha nonchalamment nue vers lui pour regarder ce croquis terminé. Il lui tendit la grande serviette en disant:

— Merci pour ton corps et pour ta disponibilité. Quand nous aurons terminé toutes les séances de pose, je pense que je vais créer une magnifique sculpture.

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