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Rose & Sylvie – Chapitre 4

Rose & Sylvie - Chapitre 4



Cette nuit encore ma maison est restée vide. Nous avons dénoué la situation. La proximité de nos aspirations nous a paru évidente. Nous avons dépassé les limites de lamour physique, nous pouvons jeter les bases dune vie à deux.

A la fin du printemps nous avons gagné nos procès en divorce. Sylvie sest établie chez moi. Elle vendra sa maison. Nous embellirons la nôtre. Pendant ses loisirs elle va transformer la décoration de notre nid damour: elle a carte blanche. Notre projet a reçu la bénédiction de nos parents. Nos amis ont applaudi. Le notaire doit nous conseiller pour la conclusion dun contrat de mariage.

Sans tarder, nous organisons nos loisirs. Jai insisté pour quelle danse avec dautres; elle a accepté à condition de ne jamais accorder plus dune série de danse au même cavalier et de mappliquer la même règle. Heureusement, car léclat de ma compagne rejaillit sur moi de façon surprenante. Je comprends à quelles tentations Gilles sétait exposé. Au théâtre nous avons rencontré des couples de collègues de Sylvie, certains maris mont regardé avec envie.

Le jeudi soir, nous avons repris le tennis. Après une période dobservation en qualité dinvitée, Sylvie vient dadhérer au club. Sans esprit de compétition, nous voulons jouer pour le plaisir, nous dépenser sainement, sans excès, ensemble.

Nous sommes de chaque côté du filet pendant une pause.

-Zut, regarde qui arrive. On aurait pu se passer deux.

Un couple se dirige vers le vestiaire. Ce sont des membres du club. Je les ai aperçus souvent. Lui est un grand gaillard pataud que sa jeune femme protège dun embonpoint naissant en le promenant dun coin à lautre du court. On peut se demander où cette tanagra remarquable par sa grâce et sa finesse puise lénergie qui essouffle son partenaire.

-Si elle lui fait ça au lit, il ne fera pas de vieux os, remarquait un soir un ami qui les observait.

Cette femme est un petit dragon qui crache le feu quand son « gros lourd » ne renvoie pas la balle. Souvent lactivité sportive sarrête sur les autres courts, les joueurs amusés rient des scènes gratuites de ces deux acteurs.

-Tu les connais?

-Que trop, hélas. Henri a fait toute sa scolarité primaire dans ma classe. Entre mes seize et dix-neuf ans il ne quittait pas mon sillage. Comme par hasard, je le rencontrais à chaque coin de rue. Amoureux transi et collant, il réapparaissait après chaque rebuffade. Heureusement, croyant me le chiper, Véro lui a mis le grappin dessus et men a délivrée. Méfie-toi, la rumeur lui attribue de nombreux amants.

— Tu colportes la rumeur, cest nouveau. Que ta fait cette Véro?

-Trop souvent je lai vue tourner autour de Gilles. Et cet idiot na pas résisté à la tentation, avant notre mariage. Un soir de bal, je dansais avec Roger quand il a attiré mon attention sur la sortie de Gilles. Nous lavons suivi à lextérieur de la salle. Il séloignait à pas rapides vers un coin sombre en compagnie de Véro. Discrètement, en marchant à labri des voitures nous avons progressé dans leur direction. Véro la embrassé, a fait un rapide demi-tour, sest appuyée des deux mains contre un des platanes de la place, a reculé ses jambes écartées. Gilles a saisi le bas de sa robe, la retournée sur son dos. Le cul nu de la cochonne est apparu une seconde et mon fiancé la pénétrée par derrière. Il la secouée, elle lencourageait en simulant lorgasme, avec des petits cris et des paroles crues. Pendant ce temps, mon ami Roger a essayé de me peloter avec lespoir de voir mon dépit se transformer en envie de revanche. Jai senti sa main se glisser entre mes cuisses et venir enfermer mon sexe. Jai eu un sursaut de rage et jai crié tout fort:

-Gilles, arrête.

Les amants se sont détachés, Roger a retiré sa main fureteuse. Gilles et moi nous sommes fâchés, puis raccommodés. Jai été assez bête pour croire ses serments damour. Jai pardonné, je naurais pas dû. . Véro toute fière de son coup a joué à la copine dépassée par lardeur de mon fiancé. Tu vois, je la déteste. Tiens admire, elle se croit à Roland Garros.

Véro précède à petites foulées sautillantes son mari nonchalant. Elle aperçoit Sylvie, décrit un crochet et savance vers nous.

-Salut, Sylvie. Tu reviens jouer? Cest bien, on pourra se mesurer. Où est Gilles? Tu as un nouveau coach? Tu recrutes à la maternelle? Oh! Pardon, monsieur, entre bonnes copines on aime senvoyer des vannes. Je me présente, Véronique, et vous? Un ami de cette chère Sylvie, je suppose.

Cest un vrai moulin à paroles. Enfin Sylvie réussit à placer une réplique

-Je te présente Paul, mon fiancé. Celui-là, pas touche.

Henri débarque.

-Ah! Sylvie ma toute belle, te revoilà. Véro ma dit que tu avais divorcé. Qui a une touche? Tu nous as manqué.

-Surtout à toi, Henri. Tu étais si content davoir une partenaire à ton niveau.

Les gentillesses volent bas. Sylvie va exploser. Je la calme dun baiser à pleine bouche pour leur enlever le doute sur la nature de notre relation. Cest une de nos rares démonstrations damour publiques. Sylvie répond avec force, insiste.

-Nous vous laissons aller. Sylvie, cest à toi dengager. A plus tard, chers amis.

Elle joue bien ma Sylvie. Lautre petite peste a tenté de lhumilier pour se mettre en valeur. Moi aussi je déteste ce genre de pimbêches. Le cirque a commencé sur le court voisin. Véro est en grande forme et « gros lourd » commence à baisser les bras. Nous soufflons et rions. Ce couple vous dégoûterait du mariage. Nous sommes amoureux et ne fonctionnons pas comme eux. Véro revient.

Sylvie, me prêterais-tu ton partenaire, que je puisse faire quelques bonnes balles. Henri serait content de jouer plus calmement.

Je murmure à loreille de Sylvie

-Ne crains rien; pour une fois fais plaisir à ce malheureux. Prends pitié.

Et à haute voix

-Mais attention, mon amour, je te surveille.

-Vous navez rien à craindre, mon nounours est inoffensif. Je lai mis à plat ce matin, il a les jambes en coton et le drapeau en berne. Une bonne épouse se dévoue pour lui éviter les tentations. Sylvie devrait mimiter. Mon ami, vous devrez la dessaler. Alors on commence.

Je ne suis quun amateur. Je ne force pas mon talent et ne cherche pas à briller aux yeux de cette dévergondée. Ses boulets de canon transpercent ma raquette.

-Dis, mon petit Paul, tu jouais mieux avec Sylvie. Allez, secoue-toi. On fait un petit match. Je compte les pointsSi tu continues comme ça, je vais tenvoyer contre Henri et je donnerai une leçon à la revenante. Ah! Cest mieux.

Il faut éviter laffrontement à tout prix

Elle monte au filet, je contre, nous sommes tout proches:

-Ne voudrais-tu pas venir seul un soir, nous pourrions faire de beaux échanges. Je suis libre le lundi.

Elle ramasse sa balle et dévoile presque entièrement deux mignons petits seins. Elle madresse un clin dil complice. Cette bonne femme est vraiment une dragueuse née, sans honte.

Sylvie vient de chuter, cela mévite de répondre.

-Ce nest rien, ne tinquiète pas, Henri va soccuper de son bobo

Henri regagne le vestiaire, prévenant il soutient Sylvie. Elle avance à cloche-pied. Au passage elle me lance

-Ce nest pas grave, je me suis un peu tordu la cheville. Continuez, je vais me reposer. Termine ta partie.

Entre deux engagements, japerçois Henri, il se penche pour voir ce que nous faisons avant de disparaître dans le vestiaire. Je devrais me rendre près de Sylvie, cest peut-être plus grave quelle ne la dit.

-Véro, je vous remercie, mais Sylvie est peut-être mal en point, sinon elle serait revenue.

-Elle nest pas en sucre, ne sois pas esclave de ses caprices. Cest du solide ta fiancée, elle fait dix kilos de plus que moi. Cela arrive quand on cesse de sentretenir physiquement. Regarde-moi, cest du muscle, pas un gramme de graisse, touche.

Elle me tutoie comme un vieux copain. Je ne tâte pas. Alors elle trottine à mon côté. Dans le vestiaire il ny a personne. Jentends la voix de Sylvie, au fond dans la salle de massage.

-Je veux bien un massage, mais négare pas tes mains.

Elle ne gémit pas. Je prends une douche, me change. Véro ma attendu, nous allons vers la salle du fond.

-Non, mais regardez-moi ça. Elle part en boitant avec un bobo à la cheville et la voilà à poil sur le ventre en train de se faire tripoter le dos par mon mari. Croqueuse dhommes; le tien ne te suffit plus.

-Oh! Nexagère pas, je lui ai massé la cheville. Un petit massage du dos va la remettre en forme. En tout bien et tout honneur. Nous sommes de vieux copains.

-Ce nest pas une raison de tomber le soutien-gorge. Tu veux peut-être que je la retourne pour un massage des seins, histoire de les remettre en forme.

Effectivement, il y a de quoi sétonner. Sylvie, couchée sur le ventre, en petite culotte de dentelle, présente un dos nu. Je ne vois pas son visage, mais je devine son embarras. Le cave se rebiffe; la présence de Sylvie la transformé.

-Tu ne voudrais pas que je lui masse les bretelles du soutien-gorge. Calme-toi.

-Dans cinq minutes tu aurais dû la débarrasser de sa culotte pour lui masser le bas du dos. Elle naurait pas protesté la dévergondée! Et quoi encore?

Je me tais, Véro interprète ma pensée, avec fureur.

-Depuis quand es-tu masseur? Cest nouveau, tu perds la tête dès que tu vois cette allumeuse. Continue à la peloter. Essaie là, entre les jambes, elle roucoulera. Si cest comme ça, tu vas voir vieux satyre, il ny a pas de raison quon se gêne. Paul, ici.

Je me retourne. Véro toute nue grimpe sur la deuxième table de massage, sallonge sur le dos, moffre le spectacle dune toison noire taillée avec soin, fendue dun mince trait rose et mapostrophe pendant que jadmire avec émotion deux jolis petits seins à peine marqués sur lesquels se dressent deux fraises minuscules:

-Allez, cocu, Viens te venger. Verse de lhuile et masse-moi. Fais attention à mon piercing, là au-dessus du clito. Sois doux. Vas-y.

-Non, Paul, pas ça!

Sylvie est debout contre moi, retient mon bras dune main, agite son soutien-gorge de lautre et en menace sa rivale. Henri est collé au mur, victime de la ruade qui la envoyé contre la porte dentrée.

-Quest-ce que tu as dit vipère. Qui est le cocu ici, roulure. Henri, excuse-moi; tu me fais de la peine. Emmène-la ou je lui arrache les yeux.

Véro ramasse son linge blanc et déguerpit devant son nounours humilié et furieux. Sylvie me regarde, lair contrarié, au bord de linquiétude:

-Jai fait quelque chose de mal?

-Je ne sais pas

Cette fois linquiétude lemporte. Ce « je ne sais pas » est pire quun oui.

-Cest grave? Tu avais envie delle?

-Comme sil sagissait de ça! Regarde-toi dans ce miroir. Tu te crois dans ta salle de bain?

-Ah! Cest ça? Tu es fâché, je te demande pardon, je ne le ferai plus, je te le jure, mon amour.

Je hurle, fou de douleur:

-Tais-toi, Rose!

Je reviens à moi. Que fait Sylvie, seins nus, en culotte, le visage exsangue, atterrée, tremblante, en pleurs pour la première fois, que fait-elle près de cette porte? Pourquoi ce regard inquiet?

-Sylvie, ne pleure pas, je ten supplie. Je taime.

-Je ne savais pas que cétait si grave. Tu as douté de moi. Et je tai fait si mal.

-Ce nest rien, rien. Calme-toi, serre-moi fort. Sèche tes larmes. Ce nest rien, ce nest rien

Jessaie de men persuader. Chaque fois que je dis rien, ses bras métreignent plus fort. Elle renifle, sessuie les yeux dans mon tee shirt. On vient. Elle rajuste le soutien-gorge, tourne en rond dans la pièce, cherche, saffole, ne trouve pas: sa tenue a disparu. Vengeance de Véro ou prise de guerre dHenri? Nous ne saurons jamais. Jen ris.

-Ce nest pas drôle. Une tenue toute neuve. Aide-moi à marcher, javais oublié ma cheville, ça me fait mal.

-Veux-tu que je te masse la cheville?

-Depuis quand es-tu masseur? Cest nouveau. Tu perds la tête quand tu me vois. Il ny a pas de raison quon se gêne. Paul, ici. Verse de lhuile et masse-moi.

Le fou-rire sarrête tout net quand jordonne:

-Enlève soutien-gorge et culotte, je ne veux pas être gêné pour masser ta cheville.

Nous nous regardons puis nous rions. Le nuage est passé.

Je vérifie que nous sommes seuls, ferme la porte à clé. Couchée sur le ventre, nue, Sylvie rit nerveusement, ne peut plus sarrêter. Son cur va plus mal que sa cheville. Jattaque des mains et de la bouche, lui donne des frissons, népargne aucun point sensible. Une table de massage ne vaut pas un bon lit. Mais cest plus original. Et nous sommes sur les chemins de loubli, malgré létroitesse de cette couche improvisée mais possible. Voilà une excellente façon déliminer les petits grains de sable qui sétaient glissé dans les rouages.

-Sylvie, tu es là? Je te rapporte ta tenue, je lai emportée par erreur.

-Pardon, mon amour.

Je me détache en douceur, ouvre la porte dans létat que lon devine. Véro ouvre des yeux pleins denvie et murmure en me tendant le sac de Sylvie:

-Compliments. A bientôt.

La garce ne perd jamais le nord. La rumeur a parfois raison. Nous oublions lincident dans une folle étreinte. Les craquements de la table nous font craindre le pire Nous serons mieux à la maison.

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