Histoires de baise Histoires érotiques Histoires tabous

La journaliste – Chapitre 15

La journaliste - Chapitre 15



15/ Opération Canari

Cela fait deux jours maintenant que nous roulons sur les petites routes de la province du nord Vietnam, je nai toujours pas eu de nouvelle de Clémenté et jai un peu de mal à me concentrer, mon esprit vagabonde sans cesse, sans que je puisse le contrôler, je fais illusion avec Damien qui ne se rend pas compte de mon état, subjugué par la beauté des paysages que nous traversons. On sarrête à Yadongping, une petite ville frontalière avec la Chine.

Il ny a quun seul hôtel ici, ne vous attendez pas au grand luxe Damien… Kim sourit en stoppant le moteur devant un petit immeuble délabré et jesquisse un sourire en voyant la mine déconfite de Damien.

Kim nous aide à monter les bagages dans la suite de luxe du dernier étage et je ne peux retenir un gloussement en voyant les peintures cloquées, le lit bancal et les toilettes… jamais je navais vu un endroit aussi sale mais je my sens bien finalement et me jette sur le lit en riant. Visiblement Damien ne voit pas la chose comme moi et il fait la tête.

Je vous propose une marche à pied cet après midi, on pourra apercevoir la Chine du sommet, on ne pourra pas aller plus loin, cest interdit, il y a des patrouilles fréquentes Kim nous laisse, me rendant mon sourire, amusé de la réaction de mon fiancé.

La matinée passe rapidement, je me prélasse, me balade un peu, flâne dans les ruelles, admire ces gens qui semblent heureux de vivre, je nai pas vu un seul mendiant, quelques pochtrons mais pas de mendiant dans les rues.

On déjeune rapidement dans une petite boutique et vers 13h nous retournons tous les trois à l’hôtel pour se changer en vue de la marche de laprès midi.

Je me douche avant Damien et il allume la télé en attendant. Je sors, souriante, drapée dune serviette courte. Jentends parler Français à la télé, il a mis une chaîne Française et je massois à ses côtés, ravie davoir un peu des nouvelles de la France.

Chéri, tu devrais aller te doucher, on ne va pas tarder à partir il membrasse, me laisse, je le suis du regard, écoutant vaguement Laurence Ferrari.

Quelle est belle mon regard sarrête sur Monica Belluci, en plein écran, elle rayonne, et je suis surprise du ton de sa voix, elle semble décidée et je ne comprends pas de suite, elle raconte sa tentative d’enlèvement, je nen reviens pas et me lève pour me changer, tournant le dos à la télé, continuant découter.

Je sursaute… …remercie la Gendarmerie de Haute Corse, lArmée de lAir pour le courage du Lieutenant Lepin le Président Sarkozy qui a su réparer linjustice concernant lex commandant Linus… pivote rapidement sur mes talons et je tombe en arrêt. Lui, assis, lair visiblement mal à laise, son regard. Je tremble, le ventre glacé, une peur panique… son regard vers cette rousse… ho non… la militaire… lhélico… je tombe sur le lit, tétanisée par limage de Jean qui embrasse cette salope…Je suis anéantie… nue sur le lit…jai du mal, mal partout je reste silencieuse, le vide en moi, nentends même pas Damien qui sort de la douche

Mais que fais tu? dépêche toi voyons! me regardant dans mon dos alors que je ne réagis pas, le regard fixe sur le petit écran. Laurence Ferrari remercie ses invités et passe à un autre sujet. Je tourne la tête, les yeux emplis de larmes.

Il ne comprend pas… regarde la télé, elle parle des élections qui se préparent… il me fixe…me prend par les aisselles pour me relever, je tremble… incapable de dire un mot… et enfouis ma tête sur son épaule en me laissant enfin aller à pleurer… Il me caresse tendrement, me rassure. Je suis là ma chérie, cest fini, oublie tout… tu veux quon rentre à Paris?.

Je sursaute, renifle… le regarde…ho non, restons là… finissons ce reportage… ça me fait du bien… ravalant mes larmes en me dégageant de lui. Excuse moi mon chéri, je ne sais pas ce qui ma pris… mhabillant, lui tournant le dos pour éviter quil me voie en train de pleurer à nouveau. Je file aux toilettes, essaye de me calmer, me maquille pour essayer de camoufler ce chagrin qui emplit mon cur. Je me ressaisis enfin et sors, me forçant à lui sourire. On y va chéri? lui prenant la main en jetant un dernier regard vers la télé éteinte maintenant.

Jai du mal à les suivre alors que le sentier devient abrupte, je revois sans arrêt le même film dans la tête. Il faut que je parle, que je me confie à Nicole, je ne peux garder ce que jai sur le cur…, Damien, Kim, je me repose, je suis épuisée… les interpellant de loin en masseyant sur un rocher qui domine la vallée.

Je vérifie lheure et appelle Nicole le regard fixe sur une rizière en devenir alors que soccupent plusieurs paysans, au loin, ramenant la terre avec des buffles. Nicole… ma chérie… dis moi.. tu as regardé les infos sur Tf1 hier?. Mon cur palpite, elle me parle posément pour une fois, évitant les hurlements de joie en sentant bien le ton de ma voix.

Elle me dit que oui et me fait même un petit commentaire sur le physique de Jean et se reprend, réalisant sa bévue en mentendant pleurer au téléphone. Ma puce chérie ma petite blondie… arrêtes de pleurer.. regarde devant toi, Damien est là… je linterromps… murmure… , mais je ne laime plus Nicole, je ne ressens plus rien…

Cest normal, ne tinquiète pas… quest ce que tu crois… tu crois quil me fait jouir à chaque fois? et que nous baisons toutes les semaines?… elle me parle de son couple, de la tendresse qui les unit, des enfants… jaime lentendre, sa voix me rassure, me soulage enfin…

Nous restons 1 heure au téléphone et je raccroche, ayant envie de la serrer dans mes bras, de la revoir. J’essuie mes larmes et tourne la tête. Damien est là, je ne sais pas depuis combien de temps et je men fous d’ailleurs, je me redresse et lembrasse… Ça va mieux.. ne t’inquiète pas… , lui prenant le bras en souriant sincèrement.

Jean a obtenu le numéro de téléphone professionnel du journal de Betty. Il téléphone et son appel est renvoyé vers lassistante de Damien. Il se fait passer pour une relation daffaire de Damien dUville qui veut faire une surprise au couple. Après avoir flatté lego dune Aurèlie peu habituée aux compliments, en glissant un Ah, vous êtes Aurélie, sa top assistante comme dit souvent Damien, sans vous il ne sen sortirait pas

Il arrive à obtenir ladresse et létage de lappartement du couple et tous les détails sur lorganisation pratique de lévénement. En prime il a obtenu ladresse dAurélie, moyennant la promesse de lui envoyer un carré de soie. Il sourit, pensant vraiment trop facile, la phase 1 de lopération Canari.

Quelques jours plus tard, Jean surveille lentrée de ce luxueux immeuble Haussmannien, récemment rénové, il repère les allées et venues. Il ne voit pas Betty, elle doit être encore en Asie. Un système de vidéo et de digicode protège laccès.

Voila, la jeune mère de famille comme dhabitude qui revient vers midi, un bébé dans la poussette, un cabas en main, son sac à main en bandoulière et tenant la main dune petite fille sage de 3 ou 4 ans.

Comme dhabitude, elle est en panique pour taper le digicode, ouvrir la porte cochère tout en gérant sa petite famille, qui pleurniche commençant à avoir faim. En plus quaujourdhui le cabas à lair assez lourd. Il sapproche de la jeune dame, surprise au début, laissez faire Madame, il prend le cabas, soulève la poussette en la transformant en avion. Les enfants étonnés se taisent, rient, la maman ravie de trouver un homme aussi galant, se laisse faire et tape le code sous les yeux de Jean qui na aucune difficulté pour le mémoriser. Il accompagne la jeune maman jusquà lascenseur. Bonne journée Madame, vous avez de charmants enfants

Canari Phase 2 réussie. Une affaire qui roule, je vais pouvoir accéder quand je veux à la cage du canari.

Dix jours sont passés depuis cette émission, jai encore du mal à laccepter mais je me résous, me convaincs que cest mieux pour lui, pour moi, la différence dâge, de milieu, tous les clichés qui me viennent à la tête et jobserve sans cesse Damien, il est si gentil, si prévenant, si poli, il ma à nouveau fait lamour tendrement, presque comme si nous étions sur un nuage, comme si tout pouvait basculer à ce moment là.

Nous quittons Kim à regret dans le grand hall de laéroport de Hanoï, de nouveau les douaniers, toujours aussi souriant, un peuple qui sourit sans cesse et je pense à leur souffrance, ils devaient se battre le sourire aux lèvres sans doute…

Je mets de lordre dans mes notes, bien installée en première classe et je ne me rends pas compte de lheure, plongée sur mon portable, classant les centaines de photos, les annotant des multiples anecdotes, des sourires de ces enfants croisés sur les chemins de traverse. Damien dort comme un bienheureux à mes côtés, visiblement content de rentrer à Paris.

Les jours passent à la vitesse grand V et nous sommes emportés par le tourbillon de la vie parisienne, mon reportage a plu à Laurent et il est publié rapidement. Clémenté est devenu un ami et il continue de me draguer sans arrêt, incapable de sen empêcher même devant Damien qui finalement laccepte sans broncher, trouvant amusant cet homme particulier.

Très tôt le matin, Jean pénètre dans limmeuble, prend lascenseur et pousse jusquau palier, devant la porte de lappartement de Damien DUrville. Le silence règne. Il repère les lieux et avec un télémètre laser de poche, il prend quelques mesures. Il reste là, une minute, tendant loreille, pensant à Betty sûrement endormie de lautre côté de la porte. Avec son kit du parfait cambrioleur, il pourrait facilement ouvrir la porte et kidnapper le Canari. Il sen va, décidé à sen tenir à son plan. La phase 3 est réussie, cest presque trop simple, un signe du destin peut-être.

Le mariage approche rapidement et je suis de plus en plus fébrile, Damien a relancé sa liste dinvités qui nen finit pas de sallonger. Un soir, ayant fait un ultime pointage des réponses à ses nombreuses invitations, il mindique que le Commandant Linus vient de confirmer sa participation à la cérémonie uniquement. Jévacue immédiatement linformation, tremblante, respirant fort…

Jean pousse la porte dun fleuriste, il la sélectionné avec soin, un artisan doué pour la création et utilisant des fleurs de toute première fraîcheur. Il a un long échange avec une vendeuse expérimentée, qui est vite passionnée par le projet un peu fou de ce drôle de client. Il y a une contrainte forte, tout doit être impeccable et prêt pour être mis en place le jour J vers 12h00, le créneau sera court.. Elle va organiser cette opération de A à Z, un service complet. Son client lui a fourni tout un luxe de détails et paye davance sans marchander. Son objectif, surprendre, étonner une amie qui va se marier ce jour là.

Et jai un petit moment de déprime en lisant, un mail du directeur de cabinet de lElysée, me rappelant à mes devoirs. Nicole est toujours de bon conseil, je lappelle presque tous les jours et elle me promet de venir quelques jours avant le mariage, ses parents lui ayant proposé de garder ses deux petits monstres.

Je vais la chercher à la gare du Nord et nous tombons dans les bras lune de lautre, pleurant de joie de se revoir, comme deux gamines, sur le quai.

On va prendre un café pour papoter sans cesse et lui propose de maccompagner à la bijouterie Tiffany&Co, rue de la Paix, ayant un reçu un mail étrange de leur part. Nous prenons un taxi, son sac de voyage étant un peu encombrant et il nous dépose devant la boutique.

Un gardien nous ouvre la porte et nous oriente vers une charmante jeune fille qui nous accueille en souriant.

Bonjour Mademoiselle, je suis Betty Duval, jai reçu un mail de votre part me disant de passer à la boutique. Oui Madame, je vais voir

Il y a trois semaines environs, jétais en déplacement je nai pas pu le voir avant me tournant vers Nicole, souriante…C’était sur mon ancienne boite privée, je ne sais pas ce que cela veux dire.. hihi un admirateur peut être? lui prenant le bras en souriant, heureuse quelle maccompagne.

En patientant, nous admirons les pièces de joaillerie dans les présentoirs, je propose à Nicole de maccompagner ensuite laprès midi pour le dernier essayage de la robe de mariée.

Une femme dun certain âge revient de larrière boutique, grande classe, bourgeoise et me sourit en sapprochant.

Bonjour Melle Duval, Annie Montjoie, la responsable du magasin, en effet nous avons reçu une demande étrange, peu habituelle il y a trois semaines, pour une très belle pièce, nous désespérions de vous voir Melle, venez suivez moi

Me prenant le bras, elle nous fait asseoir à une table, passe des gants blancs en tissu. Nicole nous suit, curieuse.

Asseyez vous Mesdames.

Voila Melle, regardez.

Elle me tend sur un plateau de velours sombre une paire ravissante de boucles doreille en or et diamant, je suis surprise, elles sont magnifiques, je les prends délicatement dans les mains, les montre à Nicole… Cest un amoureux secret ma chérie elle sourit en admirant le travail d’orfèvre, les prenant en mains

Heu il y a un petit mot avec, Melle.

La vendeuse me tend une carte.. je la prends, intriguée :

Pour mon petit canari…

Je la laisse tomber, tremblante, un flot de rage dans la tête et je crie, hurle dans la boutique…

Nonnn salaud…

Devant la femme qui me regarde comme si jétais folle, je sors en larmes… tout me revient dun coup en tête, le sourire de Jean, la parka jaune, le maillot, le baiser avec cette salope rousse… linutilité de mon humiliation avec ce nain de jardin…

Nicole regarde la patronne, sourit, la rassure…

Ne vous inquiétez pas, elle va se calmer, je les prends, je lui donnerai plus tard, merci pour tout madame.

La vendeuse surprise, reste malgré tout très professionnelle.

si cela ne plaît pas à Melle Duval, un échange est possible, cest une pièce exceptionnelle.

Je tressaute, la main de Nicole sur mon avant bras..

allez viens ma petite blonde adorée

Elle me conduit, sans un mot, me laissant me calmer seule. Je la regarde, mon air est décidé…

Jen veux pas, tu comprends, cest fini… je vais me marier

Elle membrasse sur la joue en souriant…

Mais oui, bien sur ma puce et si on allait un peu manger, cest 13 h et je meurs de faim et si on doit aller faire les essayages, tu ne peux pas y aller le ventre vide pas vrai?

Je lui souris, enfin calme…et on sinstalle à la terrasse dun petit restaurant Je dévore comme quatre, elle me fixe… amusée.

Comment tu fais ma puce? tas un secret? tes toujours mince et tu manges comme une goulue, je tenvie tu sais.. regarde moi, je me surveille sans cesse et je prends tous les jours

Je pose ma main sur la sienne, souriante, amusée et flattée de sa remarque.

Je la questionne sur Alice, sur Thomas, elle me détaille son quotidien, me donne mille anecdotes amusantes, je lécoute, ravie de son amitié de sa présence.

Nous prenons à nouveau un taxi et on arrive enfin rue Condorcet, chez Zimmer, le célèbre créateur de robes de mariée sur mesure. Le majordome de lentrée nous accueille avec un grand sourire.

Bonjour Melle Duval, vous allez bien? Monsieur Zimmer va vous recevoir, je le préviens, je crois que la robe est finie, elle est magnifique, vous verrez…

Je lui souris en passant devant, me tenant au bras de Nicole qui sémerveille devant les créations de lartiste.

Ça doit coûter une fortune tout ça elle pouffe en me pinçant le bras. Je ris, amusée de sa remarque. Monsieur Zimmer nous fait signe de le suivre en souriant, visiblement ravi de nous voir.

Bonjour Melle Duval, la robe est prête, il ne reste plus qua lessayer une dernière fois.. cest bientôt le grand jour non?.

Dans une semaine Monsieur Zimmer

Je le suis.. Nicole ne peut sempêcher de plaisanter en voyant la robe sur le mannequin de cire, jaune, magnifique, longue, des plissements incroyables sur la partie basse.

Vous aidez votre amie madame? il se retire, me faisant un charmant sourire et je me tourne vers Nicole…

Alors? elle te plaît?

Je la questionne du regard. Elle sabstient de faire un commentaire sur la couleur et me sourit, ravie de me voir heureuse. Je retire la petite robe, de bonne humeur, elle maide à la passer, occasionnant un fou rire alors que je m’emmêle les pinceaux et je me recule, enfin en grande tenue.. la fixe, souriante… pivote sur mes talons, elle me tend une paire descarpins et je les enfiles, la tête vide, me forçant à être heureuse, essayant doublier…me noyant de paroles inutiles, de commentaires futiles.

Nicole repart chez elle le lendemain et me promet dêtre là la veille, avec son mari et les enfants, je lui propose de dormir à la maison et on se quitte, le cur gros.

Laurent me donne quelques jours de congés que joccupe en réglant les derniers détails, devenant impossible à vivre, Damien encaisse tout avec sa gentillesse et il est dune patience dange avec moi.

La veille du mariage, je vais chercher Nicole et sa petite famille à la gare du Nord. Alice et Thomas me font la fête, son mari est plus réservé mais charmant, discret, un nordiste en fait. Je suis heureuse de les avoir avec moi et nous retournons à la maison, je leur explique le déroulement de la journée, Mairie à 14 heures le samedi puis église vers 16 heures et enfin, grande soirée au Palais Royal, le père de Damien a fait jouer ses relations et a pu obtenir la salle dhonneur, plus de trois cents invités sont attendus. Nicole me sourit, me disant que je suis folle, jéclate de rire la fait pivoter rapidement sur ses talons ce qui amuse ses deux bambinos. Nous passons la soirée entre nous, Damien est visiblement content de me voir heureuse avec mon amie.

Les deux hommes sympathisent et nous les laissons en fin de soirée, on sisole sur la terrasse, silencieuses, la nuit est fraîche, étoilée, présage dune belle journée dété pour le lendemain.

Nicole me prend la main, souriante.

Tu te sens comment ma puce?

Son côté maternel ressort toujours dans les moments intenses et je lui rends son sourire, la rassure et lembrasse.

Ma raison me dit que je fais le bon choix…

Je la fixe de mes grands yeux bleus, linterroge du regard, elle veut me parler.. mais reste silencieuse… je la regarde, étonnée, elle qui est si volubile habituellement, elle me caresse la main et me tournant le dos, regardant la Seine qui sécoule, noire, scintillante sous les rayons de lune, elle murmure…

Écoutes ton cur ma puce .

Je ne comprends pas, elle parle doucement, à voix basse, comme si elle ne voulait pas déranger la quiétude de la nuit.

Que dis tu Nicole?

Elle se tourne, me sourit à nouveau et membrasse..

Rien ma chérie, rien dimportant..Viens, on rentre maintenant…

Jai du mal à mendormir, je me tourne et retourne dans le lit alors que Damien dort profondément, je me lève, en nage malgré la fraîcheur du petit matin et je file sur la terrasse, à pas de loup pour ne réveiller personne, je jette un regard sur la pendule de la cuisine… 5 heure… le jour commence à pointer à lhorizon, il va faire beau, pas un nuage, juste un peu de brume qui serpente le long des verrières du Musée dOrsay, de lautre côté de la Seine. Je me repais de cette vision irréelle et allume une cigarette, cest bien la première fois que je fume à jeun mais jen ai besoin, je me sens fébrile, inquiète de la journée qui sannonce…

Alice grogne dans son petit lit, Nicole se lève, la regarde, elle dort du sommeil du juste, blottie contre son frère et sourit, lui fait un bisous de loin et voulant se recoucher, m’aperçois passer dans le hall, en long tee-shirt blanc, elle sourit dans sa tête, me suit du regard et sapproche discrètement, mobserve en train de fumer, lui tournant le dos.

Elle veut sortir me rejoindre mais se ravise… et se retire dans la chambre damis, me laissant seule avec mes incertitudes, mon silence.

Je prépare le petite déjeuner pour tout le monde, Nicole arrive la première avec Thomas dans ses bras; il me tend les mains dun large sourire et je le prends, le serre, ravie de son élan daffection et Nicole lui prépare le biberon

Tu as bien dormi ma chérie? me souriant en testant la tiédeur du lait sur son avant bras

Je la fixe Oui merci, très bien, je viens de me réveiller masseyant, lui prenant le biberon des mains et le donnant à Thomas qui le tête goulûment en appuyant sa petite tête contre ma poitrine.

Tu ferais une excellente mère Beth sourit Nicole en sortant pour aller chercher Alice qui lappelle de sa petite voix. Armand nous rejoint, sa fille dans les bras et sourit en me voyant donner le biberon à son petit garçon

Je vois que tout le monde est là Damien entre à son tour, ravi de me voir faire et dépose un baiser sur mon front.

Deux heures plus tard, le Général dUrville, en grand uniforme dapparat, arrive, avec son épouse, charmante, coquette dans sa robe de gala.

Je me sens sur des charbons ardents et Nicole fait ce quelle peut pour me faire rire et finalement elle y arrive bien, me faisant un peu oublier la tension qui est palpable à lapproche de lheure fatidique. La maquilleuse arrive avec un quart dheure de retard et se fait passer un savon par la mère de Damien qui est aussi fébrile que moi.

Nous restons dans la chambre toutes les deux, elle soccupe de ma petite personne, je me laisse faire, frémissante, essayant de vider ma tête de toutes mes questions qui se bousculent.

Cest le moment de thabiller ma chérie. Nicole, entre, un bon timing avec la fille qui me regarde, lair satisfaite du résultat. Je la remercie dun large sourire en me voyant.. belle maquillée avec soin, la parfaite petite poupée de luxe que je mapprête à devenir et je me lève, retire le long tee-shirt blanc, dépose un baiser sur le front de Nicole

Je suis à toi ma chérie..

La laissant mhabiller, elle sourit, place bien la petite guêpière sur ma taille fine. Je ris sottement alors quelle soupèse mes seins avant de les placer correctement dans les balconnets…

Grr je suis jalouse!! tes trop belle ma puce!!

Je pouffe de rire… et laide, relevant le pied droit, puis le gauche et elle roule la petite culotte blanche, en voile fin, dun incroyable touché.

Elle ne peux sempêcher de rire en me tapotant les fesses et jenfile moi même les bas blanc, en soie sur mes longues jambes… lui souriant, en les agrafant aux jarretelles. Je recule après avoir enfilé les délicats escarpins de cuir jaune et moffre à son regard, souriante…

Hum charmante et coquine ma chérie… allez vient, un peu de sport maintenant ma puce en prenant la robe compliquée et maidant à la mettre… je ris alors que, cette fois, cest elle qui se mélange les pinceaux et nous partons toutes les deux dun grand éclat de rire qui sentend du salon.

Elle recule pour mieux madmirer, sourit en me voyant placer le petit diadème sur mon le front…

Attend ma puce, il manque quelque chose… je la regarde, intriguée alors quelle fouille dans son petit sac à main… et elle sapproche, mystérieuse, souriante et pose sa main sur mon oreille droite. Je tressaute, surprise et frissonne, réalisant ce quelle est en train de faire.

Elle me susurre à loreille Elles te vont bien et tu dois les porter ma chérie. Je tremble, les larmes aux yeux et lembrasse… Merci Nicole…

Vous êtes prêtes les… Damien, stoppe net, reste sans voix en me voyant. je lui souris, lui fais une charmante révérence en baissant les yeux vers le sol. Il déglutit et vient me prendre la main. Tes… tes… il cherche ses mots, je ris et le fais taire en posant mes lèvres sur sa bouche.

Mon futur beau père, en est dun compliment, rare dans sa bouche et je len remercie du regard en lui prenant le bras alors que nous nous apprêtons à sortir, les chauffeurs des limousines loués nous ayant appelé au téléphone.

La petite équipe de lArtisan Fleuriste sintroduit dans limmeuble. Tout fonctionne comme prévu, un jeu denfants. Le concierge les attend comme convenu avec Jean, un copieux pourboire ayant levé toutes ses craintes.

Il ny a personne. La responsable avait prévenu sa petite équipe, le client devait être un ancien militaire, un peu spécial, pas regardant à la dépense, un maniaque du jaune en plus. Les deux jeunes gens en bas installent dans lentrée de limmeuble un bonne douzaine de bouquets, tous des fleurs jaunes, chaque bouquet dune variété différente.

Les deux autres prennent lascenseur et recouvrent lentrée de lappartement jusquà lascenseur de pétales de rose jaune pâle. Ils avaient passé une bonne partie de la matinée à effeuiller un monceau de fleurs. Ils se replient vers lascenseur, descendent, toute léquipe disparaît, contente de la réussite de lopération. Jean surveille de loin, dans la rue et voit la camionnette disparaître. Il était temps deux limousines arrivent. Il séclipse lentement.

Devant ce déploiement protocolaire, une boule se forme dans sa gorge. Lui qui était surnommé, le sniper, plus à laise dans la préparation et laction à longue distance, allait devoir aller au contact. Osera-t-il, saura-t-il le faire ?

Tranquillement, il se dirige à pied vers la Mairie du 1er Arrondissement. Sur le trajet, il récupère chez un fleuriste, sa commande, un bouquet parfaitement arrangé de deux douzaines de roses jaunes. Il avait déjà repéré un point dobservation parfait, un peu en hauteur, lui donnant une bonne vue sur lentrée de la Mairie, là où le véhicule de la mariée devrait s’arrêter, tout en restant à lécart.

Arrivant, sur la place du Louvre, il est surpris par la quantité de personnes, se pressant devant la Mairie. Leurs tenues ne laissent pas de doute, ils sont tous là pour un grand mariage mondain. Il sent une boule se former dans sa gorge. Il sourit au mime qui assure le spectacle et lui parle à loreille ils arrivent, jetant un regard amusé vers le funambule qui sactive sur son portique. Satisfait de lui il séloigne, le ventre noué, rejoindre son poste dobservation.

Damien ouvre la porte et sursaute en voyant le palier couvert de pétales jaunes et sourit dans sa tête, se tourne pour me laisser passer.

Je frissonne… reste sans voix à la vue de ce parterre, je me crispe au bras du militaire, tremblante, me sentant défaillir, jetant un regard affolé vers Nicole qui me sourit, les larmes aux yeux. Nous prenons l’ascenseur et la porte souvre sur une myriade de jaune. Je pousse un petit cri de surprise, lentrée cossue de limmeuble est ornée de bouquets, une arche, en fils de fer, recouverte de myosotis, de tulipes, de roses une variété infini de jaune me fait tourner la tête et je manque de mévanouir, me retenant de justesse à Nicole.

Mon cur palpite, semballe, je tremble, affolée, les larmes aux yeux.

Damien, Armand éclatent de rire. Ben dit donc Damien, ils ne font pas les choses à moitié au journal fait Armand en sessuyant les larmes de rire.

Je reste silencieuse, me tenant à Nicole qui a du mal aussi à rester calme.

Heu monsieur DUrville, il faut y aller, on risque dêtre en retard Le chauffeur me sauve la mise et on sengouffre dans les limousines… Je tremble, cherche des yeux Nicole qui sinstalle dans lautre voiture avec ses enfants…

Damien pose sa main sur la mienne, me rassure, me sourit. La mère de Damien me tend un bouquet diris et dimpatiens en me souriant

Tenez ma chérie, elles vous vont à merveille, le jaune vous va à ravir dailleurs, pas vrai chéri? se tournant vers son fils.

La circulation est fluide et les deux limousines se garent devant le parvis de la Mairie, déjà noir de monde, des touristes, des badauds et quelques deux ou trois gros groupes qui attendent, visiblement des invités de différents mariages qui doivent se dérouler dans la foulée du notre, un funambule, tout de jaune vêtu, fait son show et un mime vient mouvrir la portière… jaune également. Il me tend la main pour maider à mextraire de la limousine, et tel un magicien, fait sortir du col de ma robe une cocotte en papier jaune, il me la tend puis séclipse dans la foule. Je tremble, gardant cette cocotte comme un précieux cadeau, sortant, tenant la longue robe de ma main gauche, gantée de dentelle blanche… Je fouille la foule de mes yeux bleus, tremblante, le cherchant, jai limpression que tous voient mon coeur qui palpite, ma poitrine doit se soulever de façon obscène, jen rougis, mal à laise en prenant le bras de mon beau père, me laissant conduire comme une automate, jai le sentiment de ne plus rien contrôler…

Laurent sapproche, accompagné de Clémenté.. un large sourire aux lèvres.

Merci Laurent, il ne fallait pas pour les fleurs.. cest trop.. Damien le remercie et lembrasse virilement.

Heu mais cest normal…

Il ne comprend pas trop la réaction de son collègue.

Moi, si vous permettez, jembrasse la mariée, elle trop mimi en jaune, una canarino piccolo Clémenté me prend par la taille pour membrasser sur les joues.

Nicole prend ma main, me rassure

Tout va bien se passer ma chérie..

Me faisant un tendre bisous sur la joue… elle voit bien mon état, je fais un effort surhumain pour lui rendre son sourire et me laisse conduire par mon beau père, qui respectant à la lettre le protocole prévu, m’amène à pas lent vers les escaliers dhonneur de la mairie, suivie des autres invités qui sempressent derrière nous. Je parcours un à un les invités du regard, me laissant conduire, incapable de résonner, la tête vide, lourde, une boule au ventre.

Un premier mariage a pris du retard et nous attendons dans le grand hall, un brouhaha empli la grande pièce et jai du mal à voir les visages, tout est flou devant mes yeux, une espèce de brume les entoure, cest le petit matin, la nuit se retire discrètement, laisse la place à ce brouillard, jai le sentiment dêtre toujours à la maison, sur la terrasse, de ne pas être là, de ne pas être dans mon corps et je me vois au bras du militaire strict.

Damien discute avec sa mère, tous semblent distants.

Je veux parler à Nicole, lui dire ce que je ressens mais aucun son ne sort de mes lèvres, je reste immobile, un sourire figé aux lèvres. Le brouhaha samplifie, je ne distingue plus aucun son, tout se brouille dans ma tête.

Jean voyant les invités se diriger vers le hall de la mairie, savance lui aussi, masqué dans le flot.

Il répète dans sa tête Qui ose, gagne Qui ose, gagne .

Ça bouge enfin, je suis comme soulagée et nous montons au 1er étage… la grosse porte souvre dans un grincement infernal. Je me tiens au bras du père de Damien, il me supporte plus quil ne me guide, et recule, me laisse, jai du mal à rester debout, Damien me prend le bras, je lui souris faiblement, je ne comprends pas ce quil me dit à loreille, et je devine, à son tendre baiser sur ma joue, quil essaye de me rassurer.

Perdu dans ses pensées, Jean ne se rend pas compte que le hall sest quasiment vidé, au profit de la salle des mariages au premier étage. Il réajuste rapidement son uniforme, vérifie la position de son sabre, glisse sa casquette sous son bras et tient dune main assurée le bouquet. Un dernier coup dil dans la glace, cela bien longtemps quil navait pas ressemblé à un pingouin endimanché.

Il monte les escaliers dun pas ferme, un peu inquiet dans sa tête. Il imagine la réaction épidermique et bien justifiée du canari transformé en tigresse blonde, avec en tête limage du baiser sur la bouche, devant 6 millions de téléspectateurs. Les bons moments sur le bateau, le bain improvisé et dautres pénibles, les horreurs en Serbie, tout se bouscule dans sa tête, et il avance, gravit les marches une à une. Il a décidé daller jusquau bout. Et ces chaussures de la Marine, neuves qui claquent sur le marbre. Il voit au travers des portes grandes ouvertes de la salle des mariages, le maire finit de réciter le texte réglementaire et va recueillir le consentement des deux époux. La salle est pleine, tout le monde est attentif.

Le maire approche, je le distingue à peine dans le brouillard et il fait un discours que je nentends pas. Je décolle à nouveau de mon corps, je suis collée au plafond, ma robe flotte dans lair, je suis triste, prise de tremblement, parcourant de nouveau les invités, le cherchant, fouillant leurs âmes; certains prennent des photos de cette si jolie mariée en jaune que j’aperçois, se tenant au bras de son futur mari, bien droite, semblant écouter le maire qui débite un discours de circonstance.

Nicole me regarde fixement, elle veux me parler, elle est mon témoin de ce mariage que je désirais tant et que je suis en train de subir, ses lèvres bougent, je ne la comprends pas.. la fixe… affolée…

Je suis là… regarde au plafond… ne regarde pas la mariée, ce nest pas moi.. Nicole, je suis là…

Je lui parle dans ma tête… elle nécoute pas, continue de fixer cette poupée blonde qui sourit sottement au bras de son fiancé…

Je pleure, impuissante à me faire comprendre.

Damien dUrville, acceptez vous de prendre pour épouse Betty Duval ici présente, pour le meilleur ou pour le pire ? . Le maire nous regarde, souriant.

La réponse de Damien, une seconde qui dure un temps infini, je tremble, le supplie du plafond, ils se regardent, se sourient, il lui prend la main tendrement… La mère de Damien pleure en regardant cette scène touchante, ils sont beaux, jeunes…

Oui je le veux… des applaudissements… le maire se tourne vers cette bimbo. Je la hais, elle sourit sottement, mon dieu quelle est conne cette fille !

Betty Duval… acceptez vous de prendre pour époux Damien dUrville ici présent, pour le meilleur ou pour le pire… que dit il? sa voix est si lointaine… si faible, je ne comprends rien… Elle, je, regarde fixement Nicole, ma copine, sa copine… je hurle à laide, au secours… elle la fixe en silence… Plus de bruit, plus personne ne murmure dans son dos, je suis de nouveau elle… je sens sa présence, sa respiration, le coeur palpite, il veut exploser, Betty?. Je regarde le maire.. les yeux dans le vague….

Le silence, un silence assourdissant… je sens tous ces regards sur ma petite personne, je suis folle, je fixe Nicole, elle me parle, sans parler, ses lèvres bougent, me disent quelque chose…On entend plus la respiration de chaque invité, personne nose parler, tous retiennent leur souffle, restent immobile accrochés à mes lèvres, le silence est pesant.

Jean continue davancer rentre dans la salle, le claquement des talons résonne dans ce silence, le maire dabord lève la tête interloqué, puis tout le monde se retourne vers lentrée se questionnant sur qui est cet intrus en grand uniforme de la Marine Nationale, avec son grand bouquet de roses jaunes. Il arrive à donner une image de force tranquille, mais dans sa tête, il se dit que si il sest trompé sur les sentiments de Betty, si il a mal interprété sa réaction à ses surprises, alors la fureur dune blonde quand on lui sabote son mariage, il tremble à cette idée et il nose même pas imaginer sa honte devant tout ce beau monde, le maire lexpulsant manu militari avec laide des camarades du général dUrville. Il continue, remonte lentement, sans hésiter, le couloir au centre de la salle, jusquaux deux mariés.

Des pas, fermes, assurés, dans mon dos… je maccroche à Nicole, la vois qui regarde dans le fond, son sourire rayonne… tous fixent lentrée, je ne bouge pas.. tétanisée… immobile… non.. ce nest pas possible.. ne bouge pas Betty, ne te tourne pas… sa présence, il est là, dans mon dos, je le sens, je le sais… ne tourne pas la tête, dit oui, hurle oui… que tout finisse, que cela finisse… le maire simpatiente, ses yeux dans mon dos… replace son regard sur elle, sur moi…

Damien, comprend, il lit dans mon coeur, sa main se fait pressante sur mon bras, puis se retire, las, vaincu, il abandonne, il le sait, me fixe, son regard. Sa main se retire, je suis libre, légère.. je flotte à nouveau, heureuse, rayonnante…

Excuses moi… je ne peux pas… je ne peux plus… et je fixe Nicole… comprends enfin ce quelle me dit…écoutes ton coeur… oui.. merci oui Nicole, je lécoute… je le sais depuis le début… merci mon amie, mon amie de toujours… je taime… et je tourne la tête lentement, tremblante, en état d’apnée….

Je pivote sur mes talons, le ventre noué dune peur atroce, jai mal partout, le brouillard se lève devant mes yeux, un soleil rayonnant, je ne vois que lui qui approche, comme dans un rêve.. il est là… enfin.. je lattendais depuis si longtemps, je suis figée alors quil me prend la main et je murmure faiblement, tremblant comme une feuille..

On va où? le Verdon ou le Chili? le fixant, les yeux emplis de larme, tétanisée par lémotion

Le Verdon dabord, Betty, puis pour la suite, nous déciderons ensemble. et il pose un baiser enflammé sur mes lèvres entrouvertes, devant une assistance sous le choc et un Maire stupéfait. Il a un bref regard pour Damien, un brave gars, très sport, se promettant de lappeler à froid. Le cur enfin léger, il me soulève par la taille et memporte en dehors de la salle…

FIN

A propos de l'auteur

HistoiresDeSexe

Laissez un commentaire