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Liaisons Interdites – Chapitre 2

Liaisons Interdites - Chapitre 2



Le lendemain, Tristan part travailler. Pensif dès son réveil et même dans la voiture, il est assez silencieux durant la matinée. Eric, son collègue et meilleur ami, voit que quelque chose ne va pas :

On dirait que le réveil t’a achevé, ça va aller ?

Ouais, ça va.

Tu es sûr ? Viens, on prend une pause-café si tu veux.

Non, ça ira, merci.

Allez, ça te fera du bien, j’insiste.

Ouais OK, mais avant, il faut que je termine le planning de la semaine prochaine.

Eric se lève en direction de la pièce voisine. Au loin, on entend des pièces tomber dans la machine à café. Il demande au loin :

Tu veux combien de sucre  ?!

Un seul; mais attends ! Tu ne vas pas me faire un café, je peux le faire.

Tristan se lève, Eric intervient :

Détends-toi, il faut que tu apprennes à ne pas vouloir être partout à la fois.

Il regarde la machine se mettre en route dans un boucan assourdissant :

Rhaa ! De plus en plus lente, cette fichue machine. Un beau jour, elle va nous claquer entre les doigts et l’on sera bien emmerdé. Vu le temps qu’il faut à l’assistance technique pour venir, je te raconte pas combien de temps ça prendra pour en avoir une neuve. Heureusement qu’on a trouvé la technique pour faire couler deux cafés en même temps.

Il sort les deux gobelets bouillants en donnant un des deux à Tristan. En touillant son café :

Bon, maintenant tu vas me dire ce qui ne va pas. C’est à propos de ta fille ?

Tristan, surpris,

Comment tu le sais ?

Après plus de 30 ans d’amitié, il est facile de deviner ce qui ne va pas chez toi. Quand tu fais cette tête, c’est soit pour ta fille soit pour Elise.

Bonne pioche l’ami.

Ils vont devant la fenêtre fumer une cigarette et siroter leur café.

Alors, qu’est-ce qui se passe ? Vous vous êtes disputés ?

Eric est un brave type, franc et très attentif. Lui et son épouse ont d’ailleurs été très présents lorsque sa femme, Elise, est décédée. Depuis, leur amitié s’est encore plus soudée, mais Tristan n’a pas vraiment envie de lui confier le fond de sa pensée. Ce qu’il s’est passé avec Mélissa, hier soir, doit rester strictement personnel et, pour le moment, à moins qu’elle ne pète littéralement un plomb, il ne pense pas à en parler à qui que ce soit.

Tristan cherche alors un prétexte, une semi-vérité pour ne pas trop jouer avec l’inquiétude de son ami d’enfance :

Oui, on va dire ça…Hier soir elle portait un haut un peu trop décolleté. Du coup, je lui ai dit qu’elle n’avait rien à faire avec ça à son âge, surtout pour aller en cours. On s’est disputé, car elle ne voulait rien entendre, puis elle finit par dire qu’elle met ce genre de fringues parce qu’elle a « envie de plaire ».

Mais c’est normal à son âge ! Même si ta fille met ses attributs en avant, elle n’est pas du genre à se comporter comme une traînée. Rappelle-toi quand on avait son âge, on aimait bien qu’une fille soit sexy ou simplement qu’on puisse voir autre chose que ses yeux, si tu vois ce que je veux dire. Il lui tape dans le dos.

Oui, mais c’est différent, c’est ma fille.

Je comprends, mais laisse tomber ! Lâche un peu cette petite ! A trop t’en occuper, tu finiras par l’étouffer. Comme je te disais tout à lheure, tu veux toujours être partout et en particulier lorsqu’il s’agit de ta fille. Tu es un père exemplaire, personne ne dira le contraire, mais respire ! Pense à autre chose ! Pense à toi et laisse-la apprendre de ses erreurs.

Tristan tire une dernière bouffée de cigarette :

Oui, tu as raison.

Allez, je vais pisser et l’on se remet au boulot.

Conscient qu’il ne disait pas toute la vérité à son meilleur ami, Tristan repense à la soirée d’hier. Une soirée très particulière parsemée de honte, de surprise, d’excitation, d’érotisme et de dégoût à la fois. Tant d’éléments opposés où le plaisir restait vainqueur. Et Mélissa ? Qu’est-ce qu’elle en pense de tout cela ? Avant qu’il aille se coucher, elle lui parlait comme s’il ne s’était rien passé dans la salle de bain. Mais des fois, son regard était inhabituel, comme si elle essayait de le charmer.

Il retourne travailler, mais pensera à cela toute la journée.

Vers 17h, Tristan reçoit un SMS de sa fille :

Sabrina m’a fait la surprise de venir me chercher, je mange avec elle ce soir, bisous.

OK, mais ne rentre pas trop tard.

Oui, ne t’inquiète pas, à tout à l’heure.

Tristan rentre chez lui à l’heure habituelle. Pour se détendre, il met en route un album de Mötorhead, va prendre une douche en mode rock’n’roll. Ensuite, il s’ouvre une bière, commande une pizza, branche sa guitare, et met en sa playlist favorite. Une flopée de groupes y passe : Black Sabbath, Metallica, AC/DC, Led Zepplin. « Putain, que c’est bon ! On est en plein milieu de la semaine, mais c’nest pas grave. Les voisins n’auront qu’à partir dans leur couvent si ça les dérange !»

Il est 21h00, Mélissa est de retour :

Coucou ! Bah, dis donc, tu t’éclates à ce que je vois !

Ah, tu es là ! Oui, ça fait du bien ! dit-il en finissant sa deuxième bière.

Tu devrais baisser un peu le son, ça s’entend vachement dans le couloir.

Tristan s’exécute :

Pourtant, ça ferait pas de mal aux voisins d’écouter de la bonne musique.

Mélissa s’assoit sur une chaise de bar.

Alors ta soirée ? Comment va Sabrina ? demande Tristan.

Mélissa lui raconte sa soirée et lui donne des nouvelles de Sabrina. Lui aussi, lui raconte la sienne. Tous les deux discutent sans que Tristan repense à la veille. Du moins, pour le moment.

Après leur discussion, Mélissa se dirige vers la salle de bains en disant qu’elle va prendre une douche. Tristan range son matériel, se met en pyjama et va se brosser les dents. Plus il approche de la salle de bain, plus il ressent quelque chose d’étrange. Comme si cette pièce n’avait plus la même signification pour lui. Des images de cette étrange et excitante soirée lui reviennent en tête. Il s’efforce de chasser ces souvenirs, et toque à la porte :

Je peux entrer ?

Un « oui » assourdi par la porte lui permet d’entrer.

En entrant, il se force à aller droit au but, s’approche du lavabo pour commencer le brossage de dents. Impossible de ne pas penser au jeu de miroir. Par curiosité, il y jette un coup d’il.

Contre toute attente, il parvient à apercevoir une partie du corps de Mélissa à cause d’une pliure du rideau de douche offrant une ouverture vers le miroir. Sur le coup, il ne comprend pas de suite ce qu’il voit, car l’orientation du miroir n’est pas tout à fait la même qu’hier, mais en aiguisant son regard, ses yeux lui donnent la réponse :

Mélissa est adossée contre le mur. Le pommeau de douche entre ses mains projette l’eau sous pression sur son clitoris ! Sous le choc, Tristan met un terme au brossage. Plus il regarde, plus son sexe se met à former un chapiteau sous la toile du pyjama. Il se ressaisit, quitte ce surprenant spectacle des yeux et reprend son brossage.

Il a l’étrange sensation que sa fille l’observe par le même objectif. Avec la trique qu’il a, il est difficile de dissimuler quoi que ce soit. S’obligeant à ne pas regarder l’objectif, il se rince rapidement et sort. Il s’empresse d’enfiler un boxer sous son pyjama afin d’éviter toute érection accidentelle dans la soirée.

Il s’installe devant la TV, allonge ses jambes sur la méridienne et repense à ce qu’il vient de voir : « m’a-t-elle vue avec cette érection ? pensait-elle à moi en se masturbant ? »

Les yeux rivés sur l’écran, il demeure pensif. Le bruit d’ouverture de la salle de bain le sort de son nuage, sa fille arrive. Sa tenue vestimentaire a changé : elle porte le même jogging qu’hier, mais avec un haut blanc beaucoup plus adapté à sa taille…et à ses formes. C’est un débardeur classique, décolleté, mais rien d’autre ne semble se trouver en dessous.

Elle va dans la cuisine, Tristan la regarde passer. Lorsqu’elle se tourne dans sa direction, il devine sans difficulté que rien d’autre que ses seins ne s’y cache, les reliefs formés par ses mamelons ne peuvent pas être plus clairs. A ce moment précis, Mélissa l’interpelle :

Tu regardes quoi ?

Ah…euh…euh où ?

Bah à la télé, banane !

U…une émission. C’est sur l’espace, les planètes. Enfin, je crois, je viens de la mettre.

Attends, j’arrive, il n’y a pas autre chose ?

Je ne sais pas, regarde si tu veux.

Elle arrive entre lui et la TV, pose sa tasse de thé et demande :

Tu me fais une petite place ?

Comme ils font souvent, elle s’assoit devant lui, entre ses jambes; adossée à son torse, et les jambes allongées dans cette direction. Mais avant de s’asseoir, elle se penche dans sa direction, offrant une vue imprenable sur son décolleté. Tristan y a les yeux rivés. Elle croise son regard en relevant la tête.

Tristan détourne le regard, gêné d’être pris en flagrant délit. Cela fait rire Mélissa :

J’étais certaine que tu allais tomber dans le piège.

Tu l’as fait exprès !

Ce n’était pas prémédité, l’idée m’est venue en posant ma tasse, dit-elle en ponctuant avec un petit rire.

Tu manques pas de culot ! Allez ! Dépêche-toi de t’installer, et arrête ce petit jeu-là, cela ne fait rire que toi.

Vexé de s’être fait avoir, il la presse. Sa réaction la fait rire et ne réduit en rien son attitude victorieuse. Elle prend le plaid posé sur le dossier du canapé en prenant son temps. Tristan sent qu’elle est d’humeur taquine ce soir. Elle se positionne contre lui, place le plaid sur ses jambes, et pose sa tête contre son épaule. Tristan a une vue plongeante dans son décolleté. Ses bras ceinturent le ventre de sa fille et il se dit : « mon gars, t’as bien fait de mettre un boxer ! ».

Mélissa,

Bah alors, mon papounet, t’es vexé ? Tu n’aimes plus quand je te taquine ?

Non, ça va, dit-il d’un ton qui exprime le contraire. Mais je me sens un peu mal que tu m’as pris en train de regarder…

Si ça peut te rassurer, moi je trouve ça drôle.

Drôle ?

Oui, j’aime bien te provoquer de temps en temps.

Tu sais que je déteste quand tu me provoques. J’espère que tu ne fais pas ce genre de provocation à n’importe qui.

Mais non, tu me prends pour qui ? Je te le fais parce que j’aime bien t’embêter, c’est tout !

Ouais, et bien, il y a mieux comme plaisanterie.

Oh, mais c’est pour rire, détends-toi un peu !

Une tension s’installe :

Tu sais quoi, tu me saoules, je vais aller dans ma chambre.

Mélissa se lève en prenant sa tasse de thé en ajoutant :

Depuis quelque temps, je te trouve un peu tendu papa, je ne fais rien de plus que de plaisanter avec toi, et si tu me fais une crise à chaque fois qu’un brin de peau dépasse de mon décolleté, je n’ose pas imaginer ce que ça donnerait l’été prochain.

Tristan tente de la retenir en adoucissant le ton de sa voix, mais elle ne l’écoute pas et préfère s’enfermer dans sa chambre.

Il réfléchit en regardant passivement la télé. Il est vrai qu’il a peut-être été un peu dur avec elle. Il réagit avec elle comme si elle était adolescente, mais elle ne l’est plus. Après, il faut dire que sa façon de la narguer est étrange. D’autres filles feraient cela à leur père ? Voilà la question qu’il se pose. Tristan se remet en question en se disant qu’effectivement il est peut-être un peu vieux jeu.

La discussion avec Eric lui revient en tête. Même lui, lui a conseillé de se détendre, d’être moins à l’affût de tout et n’importe quoi, de laisser sa fille jouer de ses charmes, ce n’est peut-être que passager. « Je dois dédramatiser et suivre les conseils d’Eric », se dit Tristan.

En temps normal, il l’aurait laissée bouder dans sa chambre, mais cette fois, il décide d’intervenir. Il toque à sa porte. Un « quoi » froid et sec, de l’autre côté. Tristan :

Tu peux m’ouvrir s’il te plaît ? J’aimerais te parler.

Désolé papa, mais je n’ai pas envie de discuter pour le moment.

Tristan insiste :

Je voulais m’excuser…Te dire qu’effectivement mes réactions ne sont pas toujours les plus adaptées. J’en prends conscience et j’ai envie de changer ça.

Pas de réponse, il s’engage à partir, mais à ce moment, elle ouvre en restant sur le pas de la porte. Elle le regarde en attendant la suite :

…J’ai parfois du mal à me dire que tu deviens adulte. Du coup, je réagis avec toi comme si tu étais encore une ado…J’ai une question à te poser. Tu trouves que je suis un peu trop sur toi, que je t’étouffe ?

Mélissa réfléchit à sa réponse. Tristan l’encourage à être franche :

Non…Etouffée n’est pas le mot…J’ai pas l’impression que tu veuilles tout contrôler ou surveiller tous mes faits et gestes…Tu es parfois un peu rigide, ça peut être chiant, mais la plupart du temps, je finis par comprendre que j’ai beaucoup de chance que tu sois comme ça. Je me sens protégée, je sais que je peux compter sur toi, que tu es présent, réellement à l’écoute, et ça, je ne t’en voudrai jamais. Ce qui m’énerve c’est que depuis quelque temps, tu prends tout au sérieux, tu blagues moins et tu t’emportes pour pas grand-chose…Par exemple, ce soir ! Oui, c’est un peu osé ce que j’ai fait, mais n’importe qui aurait pris ça avec plus de légèreté.

Justement, moi, ça me surprend de te voir « jouer » avec moi de cette façon…

Et moi, ça me surprend que tu réagisses comme ça…En temps normal, t’es le premier à plaisanter sur tout.

Je reconnais que j’ai un peu perdu mon sens de l’humour. Je vais y travailler, mais j’ai l’impression que…désolé de te dire ça, mais…

Tristan se retient de lui dire le fond de sa pensée. Il craint de faire une bêtise en disant qu’il sent qu’il n’y a pas que de l’humour dans son comportement. Mélissa attend la fin de sa phrase. Tristan renonce et remanie la fin de sa phrase en lui avouant une autre partie de sa pensée :

…J’ai l’impression de te manquer de respect et de commettre quelque chose de grave en regardant ton décolleté…Du coup…

Elle le coupe, car semble comprendre :

Du coup, tu t’énerves plutôt contre toi-même en remettant la faute sur moi.

Oui…Entre autres…

Mais c’est pas grave papa…Tu m’as déjà vue dans des tenues beaucoup plus courtes, ou en maillot de bain. Et si je trouve ça « drôle », c’est que je ne vais pas t’accuser de quoi que ce soit. Ça serait pas cool de ma part. Par contre…comme je te disais hier…je ne sais pas pourquoi, mais depuis quelque temps j’aime bien sentir ton regard sur moi…Ça me réconforte.

Ça te réconforte ?

Oui…Je ne te l’ai jamais dit, mais… sur cette Terre, tu es l’homme que j’admire le plus.

Tristan est touché par cet aveu. Mélissa continue :

Alors, quand je prends conscience que parfois ton regard se perd sur certaines parties de mon corps ou quand tu me dis que tu me trouves belle, ça me booste, ça me donne confiance en moi et je me dis que j’ai de la chance d’être ta fille…J’en suis même très fière.

Etre admiré par sa fille. Tristan ne pensait pas entendre cela un jour. Il en est véritablement touché :

Ma chérie, ça…ça me touche beaucoup ce que tu dis.

Emotive, Mélissa lui sourit en retenant une larme au coin de ses yeux. Tristan fond en la prenant immédiatement dans ses bras, il la sert fort. Puis, il prend son visage entre ses mains en lui disant :

Ma chérie, même sans ma présence, ne doute pas de toi, tu as des milliers de qualités : tu es magnifique, drôle, respectueuse, intelligente, pleine de bonne volonté, et même si je ne te regarde pas, tu seras toujours le plus beau trésor que je n’ai jamais eu.

Mélissa le sert fort contre elle en l’embrassant sur la joue avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Après un long câlin, ils se détachent. Tristan propose de retourner sur le canapé et lui demande même qu’elle lui montre sa série. Elle accepte en le regardant avec ses grands yeux bleus pétillants. Mais avant, elle récupère sa tasse et dit :

Je peux changer de haut si tu veux.

Tristan la regarde :

Non, ça va aller. Mets ce que tu veux.

Avant qu’elle enclenche le pas en souriant, il ajoute :

Par contre…Tu ne m’en voudras pas, mais il y a des chances que tu te sentes souvent réconfortée…

Cette allusion fait rire Mélissa et renforce les paillettes sortant de ses yeux.

Tristan se réinstalle en attendant la miss. De la même façon que tout à l’heure, elle s’installe. Cette fois, elle ne fait pas exprès de lui exposer son décolleté plongeant en récupérant le plaid. Elle s’en rend compte, le regarde, ils en rient. Une fois dans ses bras, elle met en route la série en lui expliquant le synopsis.

Une fois que tout est installé, elle se contorsionne pour lui donner un petit baiser, puis elle se positionne confortablement, les mains posées sur celles de son père qui la ceinturent.

Bien évidemment, le regard de Tristan ne se porte pas que sur l’écran. C’est contre sa volonté. Cette fente aux bords fermes et lourds, sa peau laiteuse…Ses dires lui reviennent en tête « Quand ton regard se porte sur certaines parties de mon corps, je suis contente d’être comme je suis et fière d’être ta fille ». Si elle n’était pas sa fille, il aurait pris cela comme invitation à explorer son corps, mais non… Tristan s’enlève cela de la tête. Il s’agit sûrement d’une mauvaise interprétation de sa part. Jamais une fille ne dirait cela à son père. Il décide de se faire violence, de regarder cette série et de ne plus penser à tout cela.

Au cours du deuxième épisode, tous les deux tombent de fatigue, ils vont se coucher.

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