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L'otage aux anneaux d'or – Chapitre 21

L'otage aux anneaux d'or - Chapitre 21



CHAPITRE 14 : LE PALAIS DES MILLE-ET-UNE ÉPREUVES

Dès laccostage, une grande effervescence sempara de léquipage.

Mes gardes du corps firent écran de leur personne et m’invitèrent, protégée comme un trésor, à poser les pieds sur le débarcadère à labri des regards indiscrets. Dans la minute qui suivit, une Mercedes aux vitres teintées nous emmena à vive allure vers le palais princier.

Après une bonne heure de route, un îlot de verdure surgit au lointain.

Étrange et irréelle dans cet environnement hostile, limposante bâtisse sarrasine mouvrait ses portes pour me faire vivre les jours les plus extravagants de mon existence.

Dès larrêt du véhicule, une armée de domestiques saffaira à décharger la limousine.

Laccueil des employés du palais fut très chaleureux. Une gouvernante, la cinquantaine bien sonnée, semblait avoir été affectée à mon usage particulier ; elle me conduisit vers mes appartements à travers un dédale de couloirs richement décorés.

Une lourde porte de chêne cloutée souvrait sur une pièce de grande taille donnant sur une gigantesque terrasse. La salle deau de marbre rose était constellée de robinetterie en or massif. Une annexe attenante abritait un dressing mirifique suffisant pour habiller un collège de jeunes filles.

Tout ceci tappartient, me confia Raffa, ma nouvelle gouvernante.

Deux douzaines de paires de chaussures à ma taille rivalisaient délégance avec une panoplie de maillots de bain sexy et de robes de haute couture à la griffe prestigieuse. Les sous-vêtements affriolants avaient été personnellement choisis par le prince dans les meilleures maisons parisiennes.

Jallais de surprise en surprise dans cette caverne dAli Baba destinée à mon seul usage.

Raffa me fit les honneurs de la chambre à coucher où trônait un lit à baldaquin digne du Roi Soleil.

Sur le couvre-lit de soie bleue, une lettre de Pascal :

« Ma Chloé damour,

Je minquiète beaucoup pour toi.

De tout ce temps perdu sur lîle de Socotra, je me sens terriblement coupable ; je te dois quelques explications.

Depuis plusieurs mois, jétais en contact régulier avec le chef des rebelles sans parvenir à le convaincre de nous recevoir ; la rédaction a même proposé des sommes mirobolantes pour tenter dappâter linflexible Hakim.

Ce reportage me tenait tellement à cur que jétais prêt à risquer ma vie pour le réaliser. Après mûre réflexion, il m’a semblé qu’il serait plus raisonnable de risquer la tienne : un beau matin, lidée mest venue de tutiliser comme monnaie déchange.

Jai commencé par lui envoyer tes photos les plus affriolantes en vantant tes qualités de jouisseuse infatigable. Comme disait Coluche : « Si j’ai bien lu Freud, le monde aurait deux problèmes : le cul et le fric. » Comme le fric ne marchait pas, essayons le cul ! Je me suis rappelé, avec une larme à l’il, toutes les situations délectables que je tavais infligées où la honte de ta soumission se muait en plaisir dès que je dévoilais tes courbes alléchantes.

Hakim a accepté avec enthousiasme de se laisser interviewer à la condition que je te livre sans condition à son messager dès notre atterrissage sur lîle ; si je navais refoulé cet émissaire pendant que tu étais aux toilettes de laéroport, nous nen serions pas là. Je lui ai dit que tu refusais obstinément dattendre le bon vouloir du chef pour tenvoyer en lair. Jai pêché par égoïsme, je sais. Non pas que jaie voulu te garder un peu plus longtemps à mes côtés, mais je me disais qu’en le faisant mijoter, son ressentiment à ton égard l’inciterait à te brutaliser sans indulgence,

Jimaginais le calvaire que te feraient subir ces mâles en rut quand ils viendraient tenlever de force

Durant toute lescalade, je me suis efforcé de les rendre fous en leur faisant contempler ta nudité sur les pentes de la montagne.

Le premier soir, souviens-toi, tu nous as laissés seuls pour te baigner dans la rivière. Lémissaire est revenu à la charge. Je lui ai expliqué comment Michel sétait servi de lhypnose pour te conditionner. Je lai convaincu que, pour moi, rien ne sopposait à ce quil temmène immédiatement dans son repaire. Le problème venait uniquement de toi qui commençais à prendre goût à la façon dont nous te traitions. Je lui ai bien expliqué que tu cherchais à ce quils tinfligent des tourments bien plus cruels pour que tu consentes à accepter de te livrer à leur bande dimpuissants. Le mot « impuissant » a fait mouche. Jai lu dans ces yeux que, cette fois, ton sort était scellé, et jai cru un peu trop vite que mon reportage était bouclé.

Pour le convaincre de ma bonne volonté, je lui ai proposé de te contraindre à poursuivre lescalade nue, le deuxième jour.

Ce stupide jeu de surenchères a failli nous coûter la vie.

Je nai jamais eu d’inquiétude pour toi. Connaissant ta force intérieure, javais la certitude que ta séduction incroyable permettrait de retourner la conjoncture en notre faveur. Et en ta faveur aussi, évidemment. Comment en effet ne pas tomber sous le charme de Chloé ?

Je ne métais pas trompé.

Hakim nous a confié que tu étais divine en répliquant à leurs brutalités par une frénésie jouissive sensationnelle. Si tu savais combien tes compétences de secrétaire nous ont manqué Il faudra que tu m’expliques un jour pourquoi tu tamusais comme une folle pendant que nous peaufinions notre interview.

Je ne te dis pas la bouffe que ces mécréants nous ont servie : le mouton trop cuit, les fruits trop mûrs… Mais je marrête ici car je ne voudrais pas trop te culpabiliser.

Nous avons été libérés un peu avant ton départ pour lArabie. Finalement, ton sacrifice héroïque naura servi à rien. La rédaction a payé pour que toute léquipe soit libérée.

Nous sommes actuellement les invités du prince Nabil dans sa résidence de Rābigh. Ne tinquiète pas pour nous : les filles qu’il nous a offertes sont aux petits soins pour nous et nous pour elles. Je baise tellement que je pisse du sang tous les matins. Tu es prévenue, trésor : il te faudra faire beaucoup defforts pour reconquérir mon cur.

Le prince nous a donné sa parole que nous serions tous réunis dans une semaine à bord de son jet privé en partance pour Bruxelles.

Je décompte les secondes qui me séparent de toi et dune bonne bière belge, mon irremplaçable adorée.

Ton guide passionné,

Pascal Lemaître »

Tant d’amour si crûment exprimé me causa un désarroi sans pareil qui me brouilla les yeux.

Raffa, comment sappelle la ville que nous avons traversée sur le littoral à moins dun kilomètre du palais ?

Je ne peux pas vous répondre, Mademoiselle, ce sont les ordres.

Pascal se trouvait donc en Arabie, si proche et pourtant si inaccessible !

Mademoiselle, vous devez maccompagner, le docteur vous attend dans la salle de soins. Il est très nerveux. Il ne faut pas traîner.

À grandes enjambées, Raffa mentraîna à sa suite à travers les larges corridors du manoir.

Les somptueux objets dart exposés sur les murs témoignaient du raffinement et de la richesse colossale de son propriétaire.

En discordance totale avec la religion musulmane, des sculptures coquines octroyaient à laustère demeure une ambiance libertine assez insolite chez un haut personnage du royaume.

Pourquoi donc ce docteur était-il si impatient de me recevoir à sa consultation ?

Raffa appuya sur le bouton d’un l’interphone situé à côté d’une porte blindée semblable à celle de Fort Knox. Je savais que j’étais une fille en or, mais ne surestimaient-ils pas un peu ma valeur ?

Pas de soucis, mon Prince ! Elle a parfaitement conscience d’être sous l’influence de l’hypnose. Elle connaît les vocables qui la contraignent à faire certaines choses contre sa volonté, mais elle ne peut pas se soustraire à l’enchantement.

En fait, Docteur, vous venez de me donner la définition de l’hypnose.

Exactement ! Je crois qu’elles arrivent, Sire. Mieux vaudrait que vous passiez derrière le miroir sans tain.

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