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I – Liaisons dangereuses – Chapitre 55

I - Liaisons dangereuses - Chapitre 55



Le temps est comme figé, Fred alterne son regard entre Jenny et moi, la main toujours posée sur la poignée de la porte ; alors que le silence qui règne devient particulièrement lourd, Jenny finit par le briser.

— Fred ! Alors euuuuuh… Puisque t’es là, j’ai un truc à t’annoncer : voilà, Florian et moi, on est ensemble ! Lance-t-elle tout en se collant contre moi.

— Quoi ? Lançons-nous en cur, Fred et moi.

Jenny me regarde en m’implorant silencieusement de confirmer cette info à son frère qui a, lui aussi, ses yeux posés sur moi, attendant une réaction de ma part.

— Euuuuuh, ben oui, oui oui ; dis-je avant de prendre une grande inspiration. On est ensemble ; finis-je par lâcher dans un souffle en enroulant mon bras autour de Jenny.

Fred continue de nous observer et il semble alors se détendre un peu ; il retire sa main de la poignée de la porte et avance de quelques pas dans la pièce.

— Mais, depuis quand vous… depuis quand ça dure ?

— C’est très récent ; embraye immédiatement Jenny. Ça s’est fait pendant le voyage à Montréal.

— Ah OK, d’accord. Eh bien, je vois que ce voyage n’aura pas été profitable que pour la boîte ! s’exclame Fred en esquissant un petit sourire qui a le mérite de détendre une atmosphère plutôt pesante jusqu’à présent.

— Oui, on peut dire ça comme ça en effet ! Lance Jenny avant de lâcher un petit rire forcé.

— Ben écoutez… c’est cool, par contre bon, essayez juste de faire gaffe quand vous êtes ici car il faut prendre en compte l’aspect professionnel. Il serait peut-être préférable de l’annoncer officiellement à tout le monde plutôt que d’autres employés ne risquent de vous surprendre, histoire d’être clair dès le départ et d’éviter les ragots et autres conneries de ce genre qui pourraient nuire à l’ambiance de travail.

— Oulah, euh, on va peut-être pas commencer à faire des annonces officielles, Fred ; tempère Jenny. Tout ça est nouveau et je pense qu’il est mieux qu’on attende un peu avant d’en arriver là. On va faire gaffe, je te promets, c’est juste que là, la journée a été particulièrement chargée et on s’est un peu laissé aller car on pensait être seuls donc voilà mais je te rassure, on va pas passer nos journées à se rouler des pelles quand on est ici, t’inquiète pas !

— D’accord, c’est toi qui… enfin, c’est vous qui voyez, je vous fais confiance pour prendre les bonnes décisions. En tout cas, félicitations à vous !

— Ouais, merci Fred ; répond Jenny sur un ton qui me semble légèrement ironique sur les bords.

— Euh, je suis revenu parce que j’ai oublié mes clefs de voiture en fait.

En effet, les clefs de Fred trônent bien en vue sur la table ; il les récupère et va pour repartir quand il se retourne.

— C’est marrant parce qu’il n’y a pas si longtemps que ça, Typhaine me disait qu’un jour, vous finiriez ensemble tous les deux. Je voulais pas la croire, je lui disais que non, et puis au final, il s’avère qu’elle avait raison !

— Ta femme a toujours été très perspicace ; dit Jenny en faisant un sourire pincé.

— Oui, elle a toujours été très forte pour cerner les gens. Je pense qu’elle va être ravie de l’apprendre vu qu’elle vous apprécie beaucoup tous les deux !

Je souris poliment tout en imaginant la joie que ne va pas manquer de ressentir Typhaine car Jenny vient là de lui offrir une parfaite justification pour toutes les crasses qu’elle nous a faites.

— Bon, eh bien je vous laisse tranquille. À demain !

— À demain Fred ; répond sa sur, puis moi dans la foulée.

Une fois Fred parti et la porte refermée, Jenny s’écarte immédiatement de moi et s’assoit lourdement sur une chaise tout en poussant un grand soupir avant de se prendre la tête entre les mains ; je m’assois près d’elle, au bord de la table, et soupire moi aussi en la regardant qui se gratte la tête quelques instants avant de la relever. Ses yeux finissent par croiser les miens et je l’interroge alors du regard.

— Quoi ; me dit-elle.

— Ben je sais pas, ça t’a pris d’un coup de balancer un truc pareil à ton frère ?

— Et qu’est-ce que tu voulais que je dise d’autre ?

— J’en sais rien moi !

— Il nous a chopés pendant qu’on se roulait une pelle, tu voulais que je sorte quoi comme excuse ? Qu’on fait juste que baiser de temps en temps ? Après le coup des photos avec Julien, j’avais besoin de tout sauf de lui donner une nouvelle raison de me prendre pour une pute !

— Vu comme ça…

— Et puis bon, ça va hein, on baise tous les deux jours, tu peux bien faire semblant qu’on soit ensemble pendant quelque temps, non ? C’est trop demandé ?

— Non non, pas du tout. C’est juste que…

— C’est juste que quoi ?

— Ben jusqu’où on pousse la comédie ? Faut qu’on s’installe ensemble ? Qu’on se fiance ?

— Oui, bien entendu, puis on achète une baraque, un monospace et on fait des gosses pour les mettre dedans tant qu’on y est !

— Euuuh, ouais non, on va peut-être pas aller jusqu’aux gosses non plus !

— On est bien d’accord.

— On fait quoi alors ?

— Rien, enfin comme d’habitude quoi, on passe rarement notre temps à faire des choses quand on est au bureau de toute manière. D’ailleurs, à ce propos, on va définitivement arrêter de faire quoi que ce soit ici, on vient d’avoir la preuve que c’était trop risqué !

— Ben tu viens de dire qu’on faisait rarement des choses ici.

— Rarement, ça veut pas dire jamais, et puis je pensais surtout à l’autre chaudière de Shama qui peut pas s’empêcher de baiser dans tous les coins.

— Maintenant qu’elle peut aller dans l’appart de sa copine, ça devrait plus arriver.

— Peut-être mais je vais quand même aller lui dire.

— Fais comme tu veux mais je pense pas que ce soit une bonne idée car si tu lui sors un truc comme ça du jour au lendemain, elle va se poser des questions et tu vas bien être obligée de lui donner une raison. T’es prête à lui raconter ce qu’il s’est passé aujourd’hui ?

— Ah non, risque pas ! Au passage, tout ça reste entre nous, pigé ?

— Moi je veux bien mais je crois pas que ton frère va garder ça pour lui très longtemps.

— Ça je sais. Non seulement il va le dire à sa grosse mais il va pas manquer non plus d’en informer les parents. Putain… ; lance Jenny en se prenant à nouveau la tête entre les mains. Dès que ma mère va l’apprendre, elle va pas me lâcher la grappe !

— Et… jusqu’à quand tu veux faire semblant ?

— Je sais pas, on va voir. Quelques semaines peut-être.

— D’accord. Bon ben…

Je me lève et vais de nouveau me placer derrière Jenny pour me remettre à la masser.

— Ah non non, c’est bon, stop maintenant, ça va aller les conneries ! s’exclame-t-elle en bondissant de la chaise.

— Mais quoi ?

— Je viens de te dire il y a trente secondes qu’il faut arrêter de faire ce genre de choses ici et toi tu persistes, t’es con ou quoi ?

— Non mais ça va, là on est pour de bon que tous les deux, y a plus personne.

— Peu importe, pas d’exception !

— OK, OK. On va chez moi ou chez toi alors ?

— Ni l’un, ni l’autre. Chacun va rentrer tranquillement chez soi.

— T’abuse Jenny, sérieux, c’est pas non plus dramatique ce qui est arrivé !

— Parle pour toi ! C’est pas toi qui vas avoir ma salope de belle-sur et mes parents sur le dos ! « Et c’est quand que vous venez manger à la maison ? », « Et c’est pour quand les fiançailles ? Et le bébé ? », « Et va falloir que vous recherchiez une belle maison pour vous installer ! » ; énumère Jenny en prenant une voix nasillarde et en faisant des grimaces.

— Oui bon ben ça va, ça sera un peu chiant au début et puis ça va leur passer.

— Ben voyons, ça se voit que tu connais pas ma mère.

— Je veux bien apprendre à mieux la connaître belle-maman ! Dis-je sur le ton de la plaisanterie.

— Il ne me fait pas du tout rire ton humour à deux balles Flo !

— Rooooh, ça va, allez, viens chez moi, on fera ce qu’il faut pour oublier tout ça, tu verras ; lui dis-je en passant ma main sur ses fesses.

— J’ai dit non !

— T’avais pas l’air aussi catégorique avant que ton frère n’arrive.

— Oui, avant qu’il arrive, mais là il m’a coupé l’envie. Si t’es en manque, t’as qu’à aller voir Shama pour lui demander de te refaire visiter sa garçonnière.

— C’est pas de Shama dont j’ai envie.

— Ben tant pis pour toi. Allez zou, prends tes affaires et on décolle !

Pas moyen de convaincre Jenny de passer la soirée ensemble et c’est chacun de notre côté que nous partons.

Je ne peux m’empêcher de repenser à ce qu’il vient de se passer. Et si c’était un signe pour me pousser à parler à Jenny ? On est censé faire semblant d’être ensemble, je pourrais profiter de cette occasion pour lui annoncer que j’aurais bien envie de ne pas jouer la comédie. En même temps, vu son comportement de tout à l’heure, je ne pense pas que ce soit très judicieux que je fasse ça maintenant ; déjà qu’elle n’a pas voulu qu’on passe la soirée ensemble, j’imagine même pas sa réaction si je lui annonçais ça. Je vais temporiser encore et attendre que tout ça se tasse un peu.

Le lendemain matin, une fois arrivé au bureau, j’allume mon ordinateur et consulte mes mails, comme d’habitude. Parmi ceux-ci, il y en a un qui attire mon attention ; pas d’objet et une adresse que je ne connais pas mais dont il n’est pas difficile de deviner à qui elle appartient vu qu’elle commence par « Dutellier. Typhaine ». J’ouvre le mail qui s’avère très, très succinct :

« De rien ;) »

Et voilà, comme je le présageais hier, Typhaine est plus que satisfaite par la tournure des événements car pour elle, tout est en train de se dérouler selon ses plans et elle doit sans doute s’imaginer que d’ici quelque temps, nous finirons par accepter de nous amuser avec elle.

Sauf que non seulement, ce couple que je suis censé former avec Jenny est une imposture mais en plus de ça, il s’avère que cette dernière est particulièrement à cran ; je la trouve distante et elle évite autant que possible une trop grande proximité avec moi. Et comme pour rajouter une couche à la pression qu’elle semble ressentir, son frère finit par arriver alors que je suis dans le bureau de Jenny en train de travailler avec elle ; il nous salue, parle un peu de boulot, puis change radicalement de sujet de discussion.

— Et sinon, Typhaine m’a dit qu’elle aimerait bien que vous veniez manger à la maison un de ces jours ; nous dit Fred.

Jenny me lance un regard discret avec un air désespéré et je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire.

— Euh, oui, pourquoi pas, mais pas pour le moment, y a pas mal de boulot ; répond Jenny.

— Tu me diras quand tu… vous aurez décidé.

— Voilà, on fait comme ça.

Un petit silence s’installe pendant lequel nous vaquons chacun à nos occupations. J’observe Jenny du coin de l’il et vois qu’elle semble en train de réfléchir tout en soupirant silencieusement.

— À propos Fred ; dit-elle soudain. Par rapport à tout ça, ça serait bien que les parents ne le sachent pas de suite, tu connais maman, elle va pas me lâcher si elle l’apprend.

Fred fait une petite grimace.

— Le truc c’est que… maman a appelé hier à la maison et elle a parlé avec Typhaine un bon moment. Je sais pas trop ce qu’elles se sont raconté mais à mon avis, ta relation avec Florian a dû prendre une grande partie de la discussion.

Cette fois-ci, Jenny soupire bruyamment.

— Putain sérieux, elle est chiante Typhaine, sans déconner !

— Calme-toi Jennifer, que maman le sache maintenant ou dans une semaine, qu’est-ce que ça change ?

— Ça change que si je lui avais dit moi-même, j’aurais fait en sorte de calmer ses ardeurs pour qu’elle commence pas à partir dans tous les sens !

— T’auras qu’à lui dire quand elle t’appellera, ça ne devrait plus tarder normalement.

Jenny lâche un nouveau soupir ; on peut dire qu’en ce moment, elle ventile bien !

— Faut nous comprendre Jenny, on est tous heureux pour toi, enfin, pour vous deux ; corrige Fred en me regardant.

— On est ensemble depuis à peine quelques semaines et on dirait que j’ai annoncé qu’on allait se marier !

— Ben vu ton passif, juste ça, c’est déjà énorme !

— Je t’emmerde Fred !

— Ahahah ! Bon allez, je vais faire un peu le tour des effectifs.

— Voilà, t’as qu’à faire ça ; lui lance sa sur sur un ton insolent.

Fred rigole de nouveau avant de sortir.

— Tu vois ? Je t’avais pas dit que tout le monde allait me casser les couilles avec ça ? S’exclame-t-elle.

J’ai envie de rigoler mais je pense qu’il est préférable que je m’abstienne.

— C’est pas méchant Jenny, ils sont contents, c’est tout.

— Ouais ben qu’ils y aillent mollo avec la joie !

Après quelques minutes où Jenny semble décidée à rester silencieuse, je repars dans mon bureau car j’ai comme l’impression qu’elle a peut-être envie de rester seule.

Je travaille tranquillement et suis concentré sur mon boulot quand quelqu’un frappe à ma porte ; je dis à la personne d’entrer et je vois que c’est Fred qui s’avance et qui vient s’asseoir en face de moi. C’est pas si souvent qu’il vient dans mon bureau, encore moins en me souriant bêtement comme il le fait actuellement ; je trouve même ça un peu flippant tant j’ai pas l’habitude de le voir me sourire, surtout ici.

— Je peux t’aider Fred ? T’as besoin de quelque chose ? Lui demandai-je.

— Non non, rien de spécial.

Il me regarde silencieusement encore quelques secondes.

— En fait, je voulais juste te dire que je trouve ça cool que tu sois avec ma sur.

— Ah, euh, ben merci, c’est sympa.

— Depuis le temps qu’on bosse ensemble, je sais que t’es un mec bien et que tu as la tête sur les épaules, et c’est bien pour elle. Elle a toujours été un peu fofolle dans sa vie privée, t’as d’ailleurs pu le constater avec l’histoire des photos, et c’est bien qu’elle soit avec quelqu’un qui est plus posé, comme toi.

— Euh, ouais, j’imagine, enfin, je sais pas trop si…

— T’as bien vu comment elle a réagi tout à l’heure, elle est plutôt sauvage quand il s’agit de parler de tout ça.

— Ça je sais oui.

— Voilà, donc c’est pour ça que je voulais venir te dire ça en tête à tête. On est tous content que tu aies réussi à apprivoiser Jenny ; dit-il avant de rigoler.

— Euh oui, c’est gentil mais comme l’a dit Jenny tout à l’heure, c’est très récent notre histoire et puis comme toi tu viens de le dire, ta sur est assez compliquée à comprendre parfois, donc vaut mieux attendre un peu pour sabrer le champagne.

— Oui, tu as raison, mais bon, tu t’es déjà occupé avec brio de dossiers très complexes ici, c’est pas ma sur qui va te faire peur, hein ?

Je rigole en entendant sa réflexion et je ne peux m’empêcher de me dire que pour me balancer un truc comme ça, soit il sous-estime énormément la personnalité de sa sur, soit il n’a jamais eu à galérer pour une nana !

— Allez va, je te laisse travailler maintenant ! Ah, dernière chose, Typhaine a vraiment très envie que vous veniez manger à la maison donc si tu pouvais faire en sorte de décider Jenny à venir ; me dit-il tout en me faisant un clin d’il.

— Oui, je lui en reparlerais très vite, promis !

— Génial ! À plus Florian !

— Salut Fred.

Tout le monde a l’air d’être ravi de cette pseudo relation, tout le monde sauf celle dont l’avis compte le plus pour moi.

La semaine se passe et Jenny reste toujours aussi réservée avec moi, elle prend bien soin de laisser une distance de sécurité qui s’apparente plus à un fossé qu’autre chose. Le week-end qui a suivi, idem, pas de son et pas d’image durant les deux jours ; je décide donc de lui parler dès le lundi car c’est hors de question de laisser encore pourrir la situation. Une fois que nous nous retrouvons seuls en fin de journée, je vais dans son bureau et m’assois en face d’elle.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me demande-t-elle en continuant ce qu’elle est en train de faire.

— T’en as encore pour longtemps à m’ignorer ?

— Quoi ? Je t’ignore pas, quest-ce que tu racontes.

— Tu m’ignores pas ?

— Non.

— Eh ben, c’est sacrément bien imité en tout cas !

— Écoute Florian, j’ai du boulot là, j’ai pas le temps de jouer aux devinettes.

— Moi non plus, ça tombe bien ! Depuis que ton frère nous a surpris, tu m’as complètement mis de côté.

— Mais non, tu te fais des idées.

— Arrête un peu, tu me fais la bise du bout des lèvres le matin, on parle que de boulot, on bouffe plus ensemble le midi et on se voit même plus en dehors. Et je parle même pas de sexe vu que la dernière fois qu’on a baisé, c’était à 10 000 mètres d’altitude !

— Désolé mais je suis pas ton vide-couille mon grand !

— Je dis pas ça pour ça Jenny, c’est juste qu’on avait l’habitude de s’amuser tous les deux et là, d’un coup, plus rien, j’ai le droit de me poser des questions, tu crois pas ?

— Je veux juste qu’on fasse profil bas, c’est tout.

— Mais profil bas de quoi Jenny ? Ça fait des mois et des mois qu’on couche ensemble et personne n’a jamais rien remarqué, à part Shama, mais on va dire quelle, c’est une exception. Toi-même tu m’as dit qu’il fallait qu’on change rien à nos habitudes or, là, nos habitudes ont considérablement changé, tu peux pas dire le contraire !

Jenny soupire en se frottant les yeux à l’aide de ses doigts.

— Je sais pas, on dirait que tu m’en veux. C’est pourtant pas spécialement de ma faute si ton frère nous a surpris.

Jenny a la tête basse et fixe son bureau sans rien dire.

— Non, tu as raison en effet, c’est pas de ta faute ; finit-elle par lâcher.

— Ni la tienne d’ailleurs.

— Je sais. Écoute, je suis désolé, c’est vrai que j’ai été un peu froide ces derniers temps mais c’était pas contre toi, c’est juste que toute cette situation me gonfle, faut que je fasse semblant avec mon frère et surtout avec mes parents qui me tannent pour qu’on aille tous les deux manger chez eux ; j’essaie de trouver des excuses mais c’est fatigant à force, crois-moi.

— Je comprends. Après, on peut aller manger chez eux si tu veux, histoire de les calmer et de leur faire plaisir.

— Non, c’est pas du tout une bonne idée ça. Là c’est pas des questions sur le boulot qu’il y aura, ça sera des questions sur nous deux, le futur, comment on le voit, etc. Pour l’instant, y a qu’un mensonge mais si on va manger chez eux, faudra en inventer plein d’autres et c’est vraiment pas un truc à faire.

— Tu as sans doute raison. Bon, alors si tu veux pas aller manger chez ton frère ou chez tes parents, on peut quand même manger ensemble, non ? L’avantage, c’est qu’on aura pas besoin de s’inventer une vie et des projets !

Jenny ricane, je sens que je tiens le bon bout !

— Et tu veux aller manger où ? Demande-t-elle avec un petit sourire.

— On pourrait aller se faire un resto.

— Ah non, pas ça, j’ai envie d’un truc simple, sans chichis !

— OK, OK, alors…

Je réfléchis quelques secondes.

— Voilà ce que je te propose : quand on part d’ici, je vais chez moi prendre la moto puis je passe te chercher et on va manger du côté de Bandol, y a une baraque où ils font des sandwichs super bons, tu verras. On mangera tranquille en bord de mer et après, on ira se faire un bowling, y en a un pas loin. Et pour finir, on ira chez moi, enfin, si tu m’en veux pas trop de t’avoir mis une raclée au bowling bien sûr !

— T’es con mon pauvre ! Dit-elle après avoir franchement rigolé.

Jenny réfléchit et me regarde tout en souriant.

— Allez, d’accord, ton programme me plaît bien !

— Super !

La fin d’après-midi et surtout la soirée se déroulent sur un registre bien plus cool et serein, j’ai enfin retrouvé la Jenny que je connais et que je préfère ! On passe un super moment tous les deux, se décontractant loin de la pression du travail et des petites tracasseries qui nous sont tombées dessus. Comme quoi, quand les choses sont tendues, il suffit juste de parler pour crever l’abcès, et le déroulé parfait de cette soirée avec elle me donne raison sur toute la ligne.

Après avoir fait quelques parties de bowling, nous allons finalement chez moi. On discute et on déconne, comme nous l’avons fait quasiment toute la soirée, l’ambiance est vraiment au top et je suis en train de me demander si ce n’est pas là le bon moment pour lui parler de nous, d’autant que son attitude commence à changer, elle se rapproche de moi, ses mains se font de plus en plus baladeuses et il ne manque pas grand-chose pour qu’on se saute au cou. La distance entre nos visages n’en finit plus de se raccourcir et au moment où on est sur le point de démarrer les hostilités, Jenny fait une drôle de tête, quelque chose semble la gêner.

— Tu vas bien ? Lui demandai-je en la voyant grimacer.

— Euh, ouais, enfin, je sais pas, c’est bizarre, je…

Elle s’écarte de moi puis après quelques secondes, elle bondit du canapé et part en courant dans mon couloir ; le temps que je percute et que je me lève pour la rejoindre, je la trouve aux toilettes en train de vomir.

— Ça va Jenny ? Qu’est-ce qui se passe ?

Au lieu de répondre, elle pousse la porte pour la fermer avant de continuer à se lâcher. Je reste derrière la porte en attendant qu’elle finisse, quand même un peu inquiet ; la chasse d’eau finit par se faire entendre puis je la vois sortir des toilettes, le teint assez pâle.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

— J’en sais rien, ça m’est venu d’un coup ; dit-elle en se dirigeant vers la salle de bains pour se rincer le visage et la bouche. À tous les coups c’est la baraque à sandwichs où on a mangé, ça devait pas être frais, c’est pas possible ! Rajoute-t-elle.

— Ça me paraîtrait bizarre, c’est un truc assez réputé quand même. J’y vais depuis des années et j’ai jamais eu de problèmes.

— Suffit d’une fois.

— Certes, mais tu crois pas que ça peut venir de toutes les bières que tu t’es enfilées au bowling ?

— J’ai jamais gerbé après avoir bu des bières.

— T’en as quand même descendu trois quoi, ça plus celle que tu as bu quand on a mangé, ça fait quatre, c’est pas mal déjà.

— Peut-être, mais pas assez pour que je gerbe. Je me connais et je sais à partir de quel moment je risque d’être malade.

— Si tu le dis. Alors je sais pas, t’as peut-être mal digéré.

— Ou bien c’est ce putain de sandwich que j’ai bouffé qui était merdique !

— Peut-être, mais encore une fois…

— Ouais je sais, ça te paraît gros, j’ai compris.

Elle se rince de nouveau et son visage commence à reprendre des couleurs plus normales.

— Désolé Flo mais je me sens pas trop bien, je pense que c’est mieux que je rentre chez moi.

— Ben oui oui, pas de soucis, je vais te ramener.

— En voiture par contre, je le sens pas trop en moto, pas envie de risquer de dégobiller dans le casque.

— Oui tu as raison, c’est mieux.

Jenny rassemble ses affaires et je la raccompagne chez elle.

— Ça va aller ? Lui demandai-je une fois en bas de chez elle.

— Oui, merci. Je vais prendre une bonne douche et ça ira mieux après je pense.

— D’accord. Hésite pas à m’appeler si y a un souci.

— C’est gentil mais ça devrait aller. En tout cas, merci pour la soirée Flo, c’était cool, et désolé qu’elle se soit pas finie comme tu l’espérais.

— Comme JE l’espérais ?

Jenny me sourit.

— Bon, d’accord, comme je l’espérais aussi ; finit-elle par lâcher.

— Ah, je préfère ! T’en fais pas, on se rattrapera vite ; dis-je en lui lançant un clin d’il.

— J’espère bien !

Elle descend de voiture.

— Et je tiens à ma revanche pour le bowling, OK ?

— Quand tu veux Jen’ !

— Allez, passe une bonne nuit, à demain au boulot.

— À demain, bonne nuit.

Elle me sourit puis referme la portière ; j’attends qu’elle disparaisse dans son immeuble puis je démarre.

Je suis content d’avoir raccroché les wagons assez rapidement avec elle et je pense que s’il n’y avait pas eu ce petit contretemps gastrique, il y a des chances que pour dès demain matin, nous aurions été un VRAI couple ; mais pour ça comme pour le sexe, ce n’est que partie remise.

Enfin, l’horizon semble se dégager avec Jenny et le futur que j’entrevois me paraît plutôt sympa !

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