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Les fantômes d'un passé lointin – Chapitre 4

Les fantômes d'un passé lointin - Chapitre 4



Tendrement, je l’embrassais. Sur son sein, le sang disparaissait lentement. Je repris ma lecture où je l’avais laissée. Tout recommença, le marque, les cordes, les cris de douleurs, de plaisirs. Je jouissais autant qu’elle jouissait, ma Martine. Je la torturais dans mon imaginaire, plantant des aiguilles sur son corps. Enfonçant de gros gode munit de pointe dans son sexe ou son cul. Bien que tout soit fictif, si elle en souffrait, elle en jouissait aussi et c’était ça le plus important. Sur le corps de Martine, une marque de fouet disparaissait aussitôt que j’arrêtais de lire. Plus je lisais, plus le livre devint lourd sur mon bras. Près de moi, je découvrais un lutrin assez solide pour soutenir ce livre interminable et lourd. Sous ce toit, des torches s’allumèrent, des cordes étaient pendues à des anneaux, des chaines et leurs fers apparaissaient, tout droit sorti d’un autre temps. Et cette présence, la présence de cette femme amante d’un moine, se donnant à lui sans compter. Elle est là, près de nous. Comme si nous étions ses enfants ou ses héritiers. Martine jouissait sans fin. Quand je lui mettais les fers, ceux que je trouvais sur le sol, elle jouissait encore que je l’emprisonne. Je la poussais en bas, la suspendais la tête en bas, comme décrit dans ce journal si intime. Dans son sexe, je plaçais une bougie bien large. La cyprine qui coulait en abondance du sexe de Martine me servait de lubrifiant pour la seconde bougie que j’enfonçais lentement dans son anus. Je les allumais, regardais cette cire couler lentement sur son pubis, ses reins. Martine avait un regard braqué sur mes yeux, sa bouche exprimait le bonheur à chaque gémissement. De mon bras, je faisais mine de la fouetter et son corps répondait à ces coups imaginaires, entrainant douleur et plaisir à chaque brutalité sur son corps si désirable. À l’aube, couchée contre moi, sans le vouloir, nous ajoutions des pages à ce livre si intime lorsque nous nous racontons nos orgasmes.

— Tu sais ma grande, parfois, j’ai l’impression de voir le visage de cette femme sur le tien.

Tard dans cette matinée, un rayon de soleil nous pénétra, il nous réchauffait nos corps. Encore nu, je pris la main de ma compagne, l’entrainais dans le sous-sol. Pour elle, j’inventais le supplice de l’élongation sur ces tables infernales que les prêtres de l’inquisition ou leurs bourreaux affectionnaient. Son corps était tendu entre ces cordes de chanvre qui emprisonnait, allongeait ce corps en sustentation. Il n’y avait rien sous elle et pourtant elle flottait, son corps tendu à l’extrême limite. De ma main, sans rien, je faisais encore mine de la fustigé, je nommais l’objet de supplice, une cravache. Son corps se parait de rouge, la marque de cette cravache se gravait sur son corps. Si elle jouissait, ce n’était plus Martine qui le clamait, mais cette femme, ce fantôme. Après un moment de ce supplice j’écartais les cuisses de Martine.

— Je vais te violer, femme.

Pour toute réponse, un orgasme, un de plus et je peux affirmer que ce n’était pas Martine, mais cette femme. Martine, elle, semblait dormir paisiblement. Elle était là, devant moi, allongée comme si elle était couchée sur cette table de supplice imaginaire. Elle flottait toujours. Non, celle que je baisais, violais, c’était cette femme, plus Martine, même si c’est son corps que je pénétrais. Je terminais le supplice en soutenant le corps de Martine, jouant de ma main libre comme si je la libérais. Martine ouvrit se yeux merveilleux et me fixait.

— Elle te dit merci. pour elle, tu es son amant. Et pour moi, tu es mon amant, mon Maître, notre Maître à toutes les deux.

Sur une croix en relief, taillée dans la pierre, je l’attachais symboliquement. En lâchant son corps, je vis Martine quitter le sol de quelques centimètres. Près de moi, il y avait un martinet, je ne sais comment il était arrivé là. Je le pris pour cingler le corps de Martine. Si je marquais son corps, ce n’était pas elle qui gémissait de douleur ou de plaisirs, mais cette femme. En moi, une présence se fit sentir, elle guidait ma main qui frappait. Elle me guidait, me dictait ses désirs en me faisant frapper là où cette main voulait que je frappe. Je frappais avec une précision diabolique. Par cette punition, il donnait un plaisir certain à celle que cette présence voulait voir jouir. Dans le sexe de Martine, j’enfonçais lentement le manche de ce martinet. Soudain deux voix exprimèrent leur orgasme de la manière la plus lyrique qui soit. Je soulevais Martine, je vis ses cordes se dénouer devant mes yeux émerveillés. Ainsi, je compris que je pouvais faire subir n’importe quel supplice, Martine et cette femme jouissaient ou souffraient ensemble, de concert.

Quand je possédais le corps de Martine pour, comme me forçait cette présence en moi, la violer, l’outrager, elle ne jouissait plus jamais seule. Le fantôme de cette femme jouissait aussi. Cependant, comme un certain Saint, Thomas, je crois, je voulus savoir, comprendre. Alors je pris une torche que je passais assez près du corps de Martine sans jamais la toucher ou la laisser ne serait-ce qu’une demi-seconde à la même place. Sur son pubis, en un éclair, tous ses poiles pubien s’enflammèrent brièvement et Martine hurla de plaisir et toujours cette voix autre que la sienne qui l’accompagnait dans son orgasme. Chaque lecture, si ce n’était pas moi qui officiais comme bourreau, c’est cette présence masculine, je le savais maintenant. Il reprenait mes mots en les transfèrent sur les corps. Chaque supplice que je lisais, deux femmes la subissaient, l’une dans l’autre. Chaque orgasme était partagé par ces deux femmes. Même les supplices les plus violents, les plus cruels, les deux femmes en retiraient un plaisir certain en plus des douleurs qu’elles occasionnaient sur leur corps. À chaque fois, toutes les traces, marques disparaissaient peu après que j’arrête de lire.

Et puis, comme si cette femme voulut que l’on sache ce qu’il advint, je tombais sur ces quelques pages. Martine m’écoutait, blottie tout contre moi.

— Un matin, il vint me voir. Il me retira cette chaine qui m’attachait à ces murs. Sur le sol, il prit possessions de mon corps en me pénétrant tendrement, amoureusement. Il me fit l’amour comme aucun homme n’y était parvenu. Cela dura jusqu’à la cloche qui l’appelait dans cette maudite chapelle. De sa tunique, il sortit une longue et fine dague. Je compris que ma fin était toute proche. Il m’expliqua ce qu’il allait advenir de nous, sa congrégation était au courant de notre amour. Il refusait que je ne sois plus torturée que pour avouer nos crimes. Il préférait mettre fin à nos jours. Il m’embrassa le plus tendrement qu’il lui était possible, ses yeux étaient emplit de larmes. Il planta lentement sa lame dans mon corps, remontant jusqu’à mon corps sans jamais quitter ma bouche. Alors que je voyais la lumière décliner dans mes yeux, je l’entendis hurler et tomber près de moi, mort. Je mourus peu après en tirant la langue au moine qui arrivait en trombe.

Cette lecture nous fit pleurer. L’un contre l’autre, nous trouvions cette mort plus horrible encore. Martine se mit à genou et se mit à prier avec la ferveur qu’elle avait en elle. Ses prières n’étaient pas pour en haut, mais pour cette femme et ce moine. Elle les suppliait de jamais partir d’ici en promettant que nous reviendront, chaque année à la même date.

Le constat était clair pour Martine comme pour moi. Je savais Martine adepte de ce genre de jeu parfois très douloureux et moi, j’étais tout aussi convaincu qu’elle que c’était là, l’essence même de notre amour désormais. Quand la petite porte s’est ouverte, nous avons hésité longuement à quitter ce lieu, nous étions à court de vivre. Nous sommes restés cloitré toute une semaine, une semaine de bonheur à l’état le plus pur pour nous.

Dehors, le soleil brillait dans tout son éclat. Une forme apparut devant nous, une femme à n’en pas douter, belle, la poitrine lourde, le corps encore durement marqué des nombreux supplices qu’elle reçut. À ses côtés, une robe de bure apparut un homme, le chef de cette congrégation, le père supérieur, l’amant de cette femme. En nous approchant d’eux, je pensais les voir disparaitre. Mais une main délicieusement chaude caressa ma joue, celle de Martine.

— Vous reviendrez comme je suis revenue. Prenez mon journal, vous écrirez votre suite désormais. Martine, tes prières nous ont réchauffés le cur de mon amant et moi.

— Qui que vous soyez, madame. Je ne sais comment vous remercier.

— C’est à mon compagnon et bourreau qu’il faut le demander, pas à moi. Sachez seulement, nos corps sont encore ici, justes là, sous nos pieds. Ma douce Martine, ne craigniez rien de votre amant, s’il voue tue, c’est uniquement de plaisir. Nous savons que vous reviendrez nous conter vos aventures, les vivres avec nous deux. À travers vous, nous avons eu de merveilleux moment.

— Soyez sans crainte, dans un an, jour pour jour, nous serons ici. Nous fleurirons votre tombe et nous nous enfermerons encore avec vous deux.

— Je vous crois nos enfants. Oui, vous faites partie de ma descendance. Si deux familles se sont formées après notre mort, de celles-ci, bien d’autres se sont encore formée au fil des siècles. Tu cherchais mon prénom, Martine, tu portes le mien et toi, Paul, tu portes celui de mon amant, ton aïeul. Il ne peut vous parler. Avant de l’enterrer, comme il s’était donné la mort, on lui a coupé sa langue. Comme vous pouvez le voir, il est heureux que vous soyez venu à notre invitation. Maintenant, il est grand temps que vous poursuiviez votre route, la main dans la main.

— Oui, grand temps. Permettez à un éternel non croyant de vous embrasser tendrement.

— Vous le pouvez, vu que vous êtes de notre sang à tous les deux. Cependant, peux-tu me montrer cette image faite avec cet étrange appareil ?

— Oui, la voici

— Merci. puis-je la garder ?

— Vous pouvez madame. Nous les avons embrassés comme s’ils étaient là, bien vivants.

— Regarde son sein, Paul, et le tien aussi. Cela restera sur votre peau, juste sur le cur. Par cette marque, nous vous unissons à tout jamais. Adieu et à dans un an !

Plus rien, ils avaient disparu alors que nous regardions cette marque que nous portions chacun sur sa poitrine, là, juste à la hauteur de notre cur.

Dans le chemin qui nous ramenait à cette civilisation, nous avons soigneusement caché toutes traces de notre passage. Depuis ce jour, il ne se passe pas une année sans que nous retournions subir ces fantômes de notre passé. À chaque fois, mon ancêtre prend mon corps pour punir et faire jouir sa bienaimée. Nous jouissons à travers eux pour notre plus grand bonheur à tous. Aussi, dès notre retour dans cette civilisation, nous avons déménagé dans une petite maison en bas, dans cette petite vallée en cul de sac. Tout au fond, à une ou deux heures de marche, ils nous attendent. Parfois, quand plusieurs jours de congé se suivent, nous montons sur cette colline jouir avec eux à travers nous. Il arrive que parfois, ils s’invitent chez nous alors que nous copulons ensemble. S’ils n’ont pu toujours le faire avant, ils le font avec nous, en nous, pour le bonheur de nous tous. Et puis, un matin, devant un homme avec un ruban tricolore, on s’épousait, épousant nos ancêtres par la même occasion. Maintenant, nous savons nos origines. Chaque visite dans ce lieu de pénitence, après son départ, elle enfantait d’un enfant que le père supérieur, son amant, reconnaissait sous un autre nom que le sien, celui de Martine, sa merveilleuse maitresse.

Maintenant vieux, ce sont nos petits-enfants qui ont pris la relève, sautant une génération. Le jour de leur vingt ans, nous les avons guidé en ce lieux de débauches, de plaisirs autant que de douleurs délicieuses. Ils ont vite pris le pli et nos arrière-arrière-petits-enfants suivront eux aussi nos pas. Nous, dans notre petite maison, tout en bas dans la vallée, avons exigé qu’à notre mort, nous soyons mis en terre près d’eux et que le livre ne quitte plus jamais cette famille que nous avons fondée. Si jour arrivait que personne n’ouvre plus ce livre, il devra être posé sur la pierre où nous l’avons trouvé, Martine et moi. Il en est et sera ainsi pour les siècles à venir. Pour vous qui passez dans cette région, il faut monter sur la colline à l’aurore, ne pas se retourner, vivre l’instant présent si vous trouver ce lieu de pénitence. Au retour, prenez soin de cacher vos traces avec le plus grand soin pour que nul ne vienne détruire ce lieu magique.

Souffrez et jouissez en paix mes enfants, nous vivons et jouissons à travers vous désormais !

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