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L'inconnu à l'encre verte – Chapitre 3

L'inconnu à l'encre verte - Chapitre 3



Résumé du chapitre précédent : Elise a accepté le marché dun inconnu qui communique avec elle via de mystérieuses lettres écrites à lencre verte. Elle sest engagée à suivre ses instructions. Pour sa première « épreuve », elle doit trouver de la lingerie concordant à une description très précise et, vêtue de celle-ci, réussir à éprouver un orgasme dune force incomparable et ce, par la seule force de la pensée.

Elle se lança dans la première étape du défi avec confiance. Il ne devait pas être si difficile de trouver de la lingerie qui soit à la fois élégante, sauvage, voluptueuse, aérienne et accordée avec lécriture de lInconnu. Elle se rendit dans un magasin spécialisé. Elise avait jusque-là toujours opté pour des tenues confortables et pratiques. Elle sadressa donc à une vendeuse et se remit au professionnalisme de cette dernière. Lorsque Elise lui demanda une tenue élégante, la vendeuse lui proposa rapidement plusieurs modèles effectivement délicats et subtils mais bien trop sages. « Nauriez-vous pas un peu plus sauvage ? », demanda Elise avec malice et la vendeuse débusqua immédiatement un ensemble aux motifs panthère qui avait rendu certes très sauvage mais manquait singulièrement délégance. «Mmm, non, je ne crois pas que cela ira. Nauriez-vous pas quelque chose de, comment dire, à la fois voluptueux et aérien ? » continua Elise. La vendeuse était une jeune femme pleine dénergie et damour propre. Elle ne voulait pas lâcher laffaire sans avoir trouver la tenue que cherchait sa cliente ! Pourtant, au bout dune heure passée au magasin, et malgré la compagnie de cette vendeuse particulièrement zélée, Elise navait toujours pas trouvé la tenue qui répondait aux cinq critères simultanément. Elle repensa à ce quavait écrit lInconnu et ses promesses de punition si elle ne trouvait pas la tenue adéquate. Lidée dêtre punie venait pimenter sa chasse au trésor et elle se demandait si, finalement, elle ne désirait pas au fond delle-même être punie par cet homme, du moins un petit peu, gentiment en quelque sorte. Comment sy prendrait-il ? Des fessées, des contraintes, des punitions sexuelles ? Elle commençait à imaginer toutes sortes de choses puis elle se reprit en se disant quelle était folle de se laisser emporter par ce genre de pensées. De toutes façons, elle voulait remplir ce défi, non pas pour éviter les punitions promises, mais bien pour satisfaire ce cher Inconnu. Oui, elle voulait le satisfaire. Cétait vital. Sur ces pensées, elle quitta la boutique en lançant un « je vais réfléchir » plutôt blessant à la jeune vendeuse médusée qui faillit seffondrer en sanglot, des petites culottes plein les mains.

Déterminée, Elise sillonna son quartier. Elle changea plusieurs fois de boutique et, après plusieurs heures de recherche obstinée, elle finit par trouver un ensemble qui semblait correspondre parfaitement. Il était constitué dun shorty et dun soutien-gorge assortis, fabriqués dans un tissu satiné de qualité, avec des dentelles harmonieuses et discrètes qui rendaient lensemble particulièrement élégant. Un effet de superposition de couleurs chaudes donnait un véritable côté sauvage. Des transparences judicieusement placées rendaient lensemble particulièrement voluptueux et sexy. Le shorty mettrait en valeur ses fesses arrondies et le soutien-gorge releverait légèrement ses seins, sans les transformer en bouées de sauvetage. Sur elle, lensemble lui donnerait une silhouette des plus aériennes. Enfin, il y avait quelque chose dans les lignes mystérieuses et joliment ouvragées de cet ensemble qui lui rappelait lécriture de lInconnu. Voila, cest le bon ! se dit Elise et elle fila chez elle.

Elle avait un petit peu plus dune heure devant elle, avant larrivée de son mari, pour enfiler cet ensemble et se concentrer sur les mots de lInconnu. Elle devait jouir par la force de la pensée. Elle commença, comme lui avait demandé lInconnu, à se concentrer sur lextrémité basse de son corps. Elle imagina le visage de lInconnu et les frissons provoqués par le passage du souffle et des lèvres de lhomme sur ses pieds. Mais elle était trop impatiente et son sexe aspirait vers lui limage du visage de lhomme quelle engloutissait en gémissant. Très vite, elle ne put sempêcher de se caresser, de se mordiller les doigts, de les faire courir sur son corps et elle finit par se masturber intensément sous une pluie dimages confuses et puissamment érotiques de lInconnu lui faisant lamour. Elle y prit du plaisir mais elle savait quelle avait échoué.

Le lendemain, elle repartit donc en quête dune nouvelle tenue puis se concentra sur les instructions de lInconnu mais ne réussit pas à éprouver lorgasme puissant que la lettre lui demandait datteindre. Elle répéta lexercice jour après jour, sans relâche, à chaque fois avec une nouvelle tenue. Elle échouait systématiquement mais elle sentait quelle progressait. Elle arrivait de mieux à mieux à se concentrer sur chaque partie de son corps, à éprouver la douce violence des caresses que lui promettaient lInconnu. Elle pouvait maintenant réaliser cet exercice mental sans se toucher. Lors de ses séances de concentration érotique, elle était régulièrement traversée par des bouffées de plaisir très intenses et parfois même violentes. Chaque fois, elle jouissait, et le plus souvent à plusieurs reprises, mais navait encore jamais réussi à éprouver cet orgasme puissant et incomparable quil lui était demandé datteindre. Elle voulait réussir et elle sen donnait les moyens. Elle essayait tout. Pour la lingerie, elle écuma les boutiques de luxe, fit les rayons des supermarchés, visita des lovestores et commanda de la lingerie érotique sur internet. Pour son travail mental, elle explora également tout : seule chez elle, allongée dans lherbe dun parc ou serrée dans les transports en commun, en regardant un nuage, un visage, la lune, un arbre ou la Seine, en fermant les yeux, en tournant la tête, en serrant les bras contre son corps ou en se recroquevillant sur elle-même comme un hérisson. A chaque fois elle échouait mais elle sentait quelle progressait. Le plaisir était chaque fois retardé un peu plus, et il était chaque fois un peu plus intense. Chaque partie de son corps arrivait maintenant à exister, à vibrer, à frémir, à jouir par lui-même. Il manquait juste la résonance parfaite qui condenserait dans son bas-ventre tous les frissons que son corps pouvait désormais ressentir, en un cataclysme incandescent et jouissif qui emporterait son âme dans un orgasme insurpassable.

Et puis, un jour, en marchant, elle aperçut une tenue dans la vitrine dun magasin et elle sut immédiatement que cétait la bonne. Cétait un choc. Cétait tellement évident quelle ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer. Elle avait les mains pleines de courses, elle devait rentrer chez elle car son mari lattendait, ce nétait pas le bon moment, et pourtant, si, cétait le bon moment, il y avait là, sous ses yeux, derrière la paroi de verre, la tenue parfaite quelle cherchait. Elle ny pouvait rien, cétait plus fort quelle. Elle entra dans le magasin et sadressa à la vendeuse :

— Bonjour, je veux essayer cet ensemble, dit-elle posément.

— Bonjour, que puis-je pour vous ?, dit la vendeuse sans réfléchir.

— Cet ensemble, cest une question de vie ou de mort, précisa Elise.

La vendeuse regarda Elise avec anxiété mais ne se risqua pas à contredire sa cliente.

— Quelle est votre taille, madame ?

— Ce nest pas ça qui compte », répondit froidement Elise qui nétait plus tout à fait elle-même.

La vendeuse estima dun il expert les mensurations dElise et fila dans larrière-boutique. Elise trépignait dimpatience et faisait grincer entre ses doigts ses sacs de commission. La vendeuse revint avec la lingerie et invita Elise à utiliser une cabine au fond du magasin. Elise sengouffra dans la cabine puis elle fit voler ses habits. Il y eut soudain un grand silence autour delle, le monde était suspendu. Entre ses mains, il y avait cet objet tant convoité. Quelques petits bouts de dentelles, quelques grammes de satin qui représentaient tant pour elle. Elle mit soigneusement lensemble entre ses deux mains jointes comme sil sagissait dun liquide précieux et elle le porta sur son visage. Elle respira longuement le tissu neuf, oui, cétait le bon, cétait maintenant. Elle revêtit minutieusement lensemble et se contempla dans le miroir. Son corps était beau ainsi, son corps pouvait enfin être offert à lInconnu. Elle ferma les yeux et laissa les mots de la lettre pénétrer en elle. Elle ne faisait aucun effort, elle les connaissait par cur, elle connaissait leur rythme, leurs arêtes, leur souffle. Les mots coulaient en elle et elle se concentra puissamment sur son corps, en commençant par lextrémité basse. Lhomme apparut à son esprit, il était là, dans la cabine, avec elle. Sans bouger, et par la force de son esprit, ses orteils commencèrent à ressentir le passage des lèvres de lInconnu, la plante de ses pieds se cambra spontanément, ses jambes sélectrifièrent. Elle sentait, autour de ses chevilles, létreinte amoureuse des mains de lInconnu. Puis, les doigts de lInconnu qui senfoncèrent profondément et voluptueusement dans ses mollets. Elle contenait la vague de chaleur qui enflait inexorablement en elle. Cétait doux, infiniment bon. Puis, la chaleur gagna ses cuisses qui vibraient dans une vision parfaitement nette de caresses subtiles et langoureuses, tandis que les doigts virtuels de lInconnu dessinaient des lignes douces et électrisantes tout au long de ses jambes. Son sexe sembrasa ensuite spontanément, il sentait la bouche chaude et conquérante de lInconnu, ses lèvres humides et gourmandes. Son clitoris sélectrisa au contact de la langue douce et minutieuse de la bouche invitée. Puis ses fesses, ses hanches, son ventre, ses seins furent traversés, tour à tour, de spasmes intenses sous les étreintes palpables de lInconnu fantasmé. Dans cette vague incommensurable de chaleur qui montait, son cou recueillait en frissonnant la bouche de lInconnu, puis sa bouche elle-même se laissa aspirer et, jusquà la racine de ses cheveux, elle put se sentir saisie, possédée, aimée. Des ondes électrisantes commencèrent alors à naître à chaque partie de son corps, à se propager en elle, à courir à travers son corps puis elles sadditionnèrent les unes aux autres pour ne former quune énorme vague qui la soulevait toute entière. Elle mourrait denvie de se toucher, de pétrir ce corps qui senflammait mais il ne fallait pas, il fallait quelle tienne et quelle aille jusquau bout. Elle agrippa comme elle put ses mains au rideau de la cabine, son corps se tortillait dans tous les sens. Elle voulait crier son plaisir, le crier à la terre entière. Elle sen empêcha en mordant le rideau de toutes ses forces, mais cela ne suffisait pas pour contenir les gémissements qui lui échappaient maintenant comme des petits grains de sable insaisissables.

— Madame, madame

Son corps tout entier était maintenant secoué de spasmes, son âme enveloppait la terre entière, elle était incandescente.

— Euh, madame, madame

Elle était métallique, brillante, aérienne, elle ne respirait plus, elle se voyait jouir, elle se sentait jouir, elle atteignait des sommets, elle sarrêtait plus de sévanouir éveillée

— Madame

Et dans ce brasier, elle senvola tout naturellement comme un papier dans les flammes. Cétait parfait, indescriptible. Il y eut un long silence autour delle. Elle était suspendue. Elle était belle. Elle était bien.

Et puis, au loin, très loin, elle commença à percevoir quelque chose. Elle se laissa descendre doucement, ouvrit les yeux. Le rideau froissé de la cabine commençait à prendre forme dans son cerveau. Des mots sapprochaient.

— Madame, euh, madame ?

Dans le miroir, elle regardait son corps épanoui, dégoulinant mais reposé après la tempête. Il était beau, brillant, serein. Elle sourit. Elle était tellement satisfaite. Elle savait quelle avait réussi.

— Madame, est-ce que ça va ?

— Oui, répondit-elle calmement, je crois bien que je vais le prendre, celui-là.

Elle se rhabilla et sortit de la cabine sereine, malgré son cabas plein de courses, malgré le rideau froissé, malgré les regards réprobateurs de quelques dames bien habillées. A la caisse, la vendeuse lui dit doucement « La prochaine fois, vous essaierai chez vous, daccord ? ». Et puis, en sortant du magasin, une femme qui avait approximativement son âge linterpella :

— Excusez-moi, Madame. Jétais dans le magasin, à côté de la cabine. Je vous ai entendue gémir, jai vu la forme du rideau se plier sous vos mains. Je sais que je nai jamais ressenti ça. Dites-moi, sil vous plaît, comment faites-vous ? Je vous en prie, dites-le moi.

Elise serra la lettre dans sa poche et répondit simplement :

— Il y a quelquun qui maime.

La suite au prochain chapitre !

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