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La Muse – Chapitre 21

La Muse - Chapitre 21



Direction Paris.

Ce matin-là, une douce agitation régnait dans le studio. De peur d’être en retard, nous nous étions levées aux aurores. Après un frugal petit déjeuner, nous nous sommes douchées et maquillées. Un trench arrivant à mi-cuisses en guise de robe et des escarpins à talons courts comme tenue ; ainsi nous étions fin prêtes, mais au moment de boucler la valise :

Jen, ne penses-tu pas que nous devrions mettre des sous-vêtements ? Car prendre le train jusqu’à Paris sans rien dessous me fout un peu la trouille.

En réalité, j’étais assez contente de sa remarque car je n’étais pas très fière non plus avec rien dessous.

Tu as raison ; moi non plus je ne suis pas tout à fait à l’aise. Écoute, mettons-en pour aller, mais pas au retour.

Jen, si tu veux, faisons un compromis : string pour aller, sans soutif et rien au retour ; c’est mieux, non ?

OK, on fait comme ça.

Nous adoptâmes cette solution ; il nous suffisait de ces quelques centimètres carrés de tissu pour faire barrière et nous rassurer. Nous nous rendîmes à la gare.

Dans le hall, monsieur Georges nous attendait ; il nous accueillit chaleureusement :

Bonjour les filles, vous êtes splendides ; et pour les jumelles, bravo ! Écoutez, je voudrais que vous cessiez de m’appeler « Monsieur Georges » et que vous me tutoyiez.

Ce n’est pas possible, Monsieur Georges ; si l’on procède ainsi, nous ne serons plus crédibles. Avec cette histoire de muses et vis-à-vis de vos confrères, nous allons passer pour des bouffons ; et ça, il n’en est pas question ! Donc pour ne pas faire de bourdes, nous devons tenir nos rôles correctement.

Très logique, Jennifer, tu as parfaitement raison. Nous allons donc employer les termes appropriés, reprit-il.

Parfait. Pour résumer, moi c’est Jennifer, et Caro, Caroline ; nous sommes lesbiennes, et ça va faire jaser. Et vous, Monsieur Georges ou plutôt « Maître Georges » qu’en pensez-vous ?

Génial, Jen… Jennifer. Tu es géniale. Et vous, Maître Georges, c’est vous l’artiste ! Cela vous convient-il ? demanda Caro.

Parfait ; vous êtes parfaites. Et vous, des lesbiennes en plus ! Je crois rêver… Ceux qui croiront que vous couchez avec moi en seront pour leurs frais.

Ah, mais on va coucher quand même !

Devant la surprise de Georges, Caro ajouta :

Pour être tout à fait honnêtes, nous sommes bi.

Les haut-parleurs crachèrent « Le train 17520 en provenance de Marseille et en direction de Paris gare de Lyon, départ dans deux minutes, quai A. » Le temps de nous diriger vers le quai A, le train arrivait, et la voiture 10 s’arrêta pile en face de nous. Nous montâmes.

Maître Georges, quel talent, vous nous avez conduits juste au bon endroit.

Caroline, question d’habitude tout simplement.

Nous nous dirigeâmes vers le compartiment 5 ; c’était un train de grande ligne avec des compartiments de huit places. Il était vide ; nous nous installâmes. Mettre les bagages dans les filets tout en haut est un exercice très érotique pour les personnes assises ; Georges profita du spectacle du bas de nos fesses : notre manteau court remonta suffisamment haut pour que notre maître soit ravi du spectacle. Quant à moi, de terribles picotements d’excitation commencèrent à se faire sentir ; mon bas-ventre vibrait d’envie. Une secousse, et le train se mit en marche. Caro et moi étions surexcitées par ce voyage : nous allions à Paris voir des artistes !

Le prochain arrêt était Dijon, ce qui me laissait le temps d’interroger Georges.

Maître Georges, vous avez le programme du séjour ? Il faudrait que nous soyons un peu au courant afin de prévoir nos tenues.

Tu as raison, Jennifer. Je voulais vous en faire la surprise mais il vaut mieux que vous soyez un peu au courant ; alors voilà.

Il sortit une feuille sur laquelle des notes gribouillées au crayon étaient censées être le planning du week-end et me la donna.

Arrivée gare de Lyon 12 h 50 => buffet de la gare => hôtel.

Métro => visite du salon du livre érotique.

Soir : repas au restaurant du salon. Tenues sexy pour les filles ?

Samedi : dédicaces et interview pour la télé. Les filles… nues ?

Midi : grand repas. Il va y avoir du monde et de la concurrence : tenues à voir avec les filles.

Soirée : salon de l’art érotique.

Voilà le programme. Pour les tenues, je vous laisse libres ; il y a juste le repas de samedi midi : il faudrait que vous soyez éblouissantes, nous dit-il.

Ah, c’est là où il va y avoir de la concurrence ?

Oui, et là je ne sais vraiment pas ce que vous pourriez mettre.

Rien. Tout simplement rien, repris-je.

Tu es folle ?

Non : muse.

Je vous laisse décider de tout.

D’accord, acquiesça Caro.

Georges était absorbé ; comme souvent, il prenait des notes pour de futurs romans. De temps en temps il levait les yeux vers nous, souriait et replongeait dans son carnet. Caro et moi, planning en main, étions en pleine méditation à voix basse sur ce que nous allions nous mettre pour les différentes étapes de ce séjour.

Le train ralentit et s’arrêta : nous étions en gare de Dijon. Lorsque le train repartit, la porte du compartiment s’ouvrit et un homme, la quarantaine, entra, nous salua et s’installa en face de moi. Caro et moi replongeâmes dans nos réflexions. Un regard coquin entre nous ; je pris sa main posée sur sa cuisse et la fis glisser doucement vers l’extérieur de sa jambe, emportant ainsi le pan de son trench. Je sentais le regard de l’homme posé sur nous, celui du mateur parfait. Je chuchotai à Caro :

Le mec est en train de nous mater. On joue ?

D’accord. On fait quoi ? On montre un peu et on se caresse ? Regarde Georges, il a remarqué le mec ; amusons-le.

Georges me regardait du coin de l’il. Un regard malicieux, un bout de langue juste passé sur mes lèvres et une lèvre un peu mordillée, sorte de message coquin et allumeur. Georges avait compris. Je changeai de position. En croisant les jambes, mon trench s’ouvrit. Comme j’avais défait le dernier bouton, la totalité de ma jambe se retrouva dénudée jusqu’à la fesse ; je remis pudiquement le pan rebelle, mais il se rouvrit aussitôt.

Je jetai un coup d’il à notre homme qui, troublé, détourna le regard en tentant de masquer une fausse gêne, preuve qu’il nous matait bien. Je lâchai la main de Caro qui la posa immédiatement sur ma cuisse. Cette main curieuse se promenait tranquillement, repoussant jusqu’au pli de l’aine le tissu de mon vêtement. Ma main se glissa entre ses cuisses, les forçant à s’ouvrir. Dans le reflet de la vitre, je voyais notre homme, immobile, le regard ancré sur nous.

À mon tour je le fixai. Cette fois il ne détourna pas les yeux ; sa main et son regard m’appelaient ; un haussement d’épaule, un sourire de désolation et un regard vers Caro pour lui dire « Désolée, je suis lesbienne… » puis un sourire, des yeux qui roulèrent et une langue passée sur mes lèvres pour lui dire « Profite. Regarde, mec ! ». L’homme sembla comprendre et se cala dans son siège ; la boursoufflure de son pantalon reflétait son excitation ; j’entraînai Caro dans une galoche interminable.

Cette fois, ma main passa par l’échancrure de sa robe pour lui malaxer un sein ; ses tétons durs comme la pierre pointaient à travers sa robe. Elle défit encore deux boutons de mon trench, passa sa main dans mon string et fouilla mon intimité ; l’envie montait en moi, j’ouvris les jambes. Nous nous embrassâmes encore et encore. Nos langues jouaient ensemble, nos doigts fouillaient dans nos strings ; la ceinture du mien craqua ! C’est sûr, l’homme avait vue sur ma minette. Quelque chose que je qualifierais d’un mini-orgasme me fit vibrer : faire ce genre de chose était une première pour moi. Je fermai les yeux pour ne plus rien voir ; nous étions en train d’offrir à l’homme et à Georges le plus beau spectacle d’exhibition que nous n’ayons encore fait. Au moment où je glissais ma main dans le string de Caro, l’homme disparut.

Quand il revint, rouge et visiblement soulagé, nous nous étions déjà rajustées et nous bouquinions tranquillement. À l’entrée en gare, il nous descendit nos valises et nous souhaita une belle journée, sous le regard amusé de Georges.

Nous voici au buffet de la gare pour un rapide déjeuner.

Dites-moi, cela vous arrive souvent de faire ce genre de chose ? Parce que vous allez me faire mourir d’une crise cardiaque ! nous demanda Georges.

Ça arrive… Vous avez aimé au moins ? Et puis votre cur est solide, vous n’avez rien à craindre.

Si j’ai aimé ? C’était une pure merveille ! Vous dégagez une sensualité hors du commun.

Nous vous le referons en mieux, mais en privé. Alors, vous avez de quoi écrire maintenant ?

Oh, ça oui, et j’ai déjà commencé.

Un dessert, un café et un taxi plus tard, nous étions à la réception de l’« Hôtel des Artistes ».

[À suivre]

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