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Maraudeuse – Chapitre 2

Maraudeuse - Chapitre 2



2 Le jardin de la vérité

  

 Une fillette échappa à la surveillance de sa mère, personne n’aurait su la retenir. Elle se précipita aussi vite que ses jambes frêles pouvaient la porter devant les silhouettes sur le tarmac. Sarah souleva le poids plume d’une seule main.

  Où vas-tu, petite friponne ? Les dames bien éduquées patientent derrière leur reine, c’est la règle.

  Je ne suis pas une dame, gronda la voix fluette.

 Les voyageuses rejoignirent une trentaine de femmes réunies en bout de piste. Kira se pinça les lèvres, toutes avaient les yeux d’un semblable gris ardoise clair en harmonie avec leur blondeur. Plus tôt dans la salle de contrôle du vaisseau, elle avait imaginé une mauvaise pixellisation de l’image en apercevant Sentence. Sarah, non sans avoir posé un baiser sonore sur le petit nez mutin de la fillette, rendit celle-ci à sa mère.

  Non, mais tu es déjà une Nymphette bien impertinente.

 Un sourire généreux peint sur sa bouche à la lèvre inférieure ourlée sur un menton volontaire, Callimaque enlaça chacune des jeunes femmes.

  Sois la bienvenue, mon enfant, glissa-t-elle à l’oreille de l’Auralienne déboussolée. Cesse de te torturer l’esprit, les Nymphes sont insensibles aux pouvoirs psychiques. On m’a dit que vous aviez faim, ajouta la souveraine à haute voix, c’est vrai ou seulement de la gourmandise ?

 Sarah lui prit le bras ; Aramis, le nom donné au soleil sur Terre, se montrait ardent dès le début de la journée. La reine entraîna le cortège par un large corridor au bout duquel apparut Opaline. Kira resta interdite face à l’architecture de la cité blanche, des tours lancées comme des flèches d’ivoire vers le ciel bleu azur. Elle reconnut sans mal le palais dont la pointe sculptée symbolisait la perfection.

  Un peu des deux, soupira la Terrienne, je me laisserais tenter par une part de tarte aux landrys. Tu crois que ta cuisinière me donnerait la recette ?

 Un éclat de rire général salua la remarque, ce fruit poussait seulement sur des arbres de Dyonisa ; le bon sens davantage qu’une loi interdisait la transplantation d’espèces végétales d’une planète sur une autre, ce dont se moquaient les contrebandiers.

  Je serais contrainte de punir cette malheureuse, pouffa Callimaque. Viens nous voir plus souvent, tout le monde y trouvera son compte.

  Pourquoi pas ! Tu as une idée de ce qui nous amène ? demanda Sarah plus discrète. Le climat est malsain sur Aural.

  Des patrouilles nous ont rapporté une certaine effervescence sur les cinq planètes habitées de ce système, le danger menace de nombreuses vies. Nos troupes devront intervenir.

  

 Les ailes couleur saphir plantées de chaque côté d’un minuscule corps bleu outremer, l’oiseau caressa la joue de Kira avec sa longue queue aigue-marine ; il s’envola comme il avait atterri sur son épaule, sans prévenir. La jeune femme, charmée par l’apparition, reprit espoir. Dans ce magnifique jardin près du palais, des préceptrices particulières lui apprenaient à maîtriser son esprit.

  Je suis là depuis cinq jours, maugréa-t-elle, vite remise de l’illusion. Mon peuple a besoin de moi sur Aural.

 Morgania ouvrit le poing tendu vers l’oiseau qui voletait insouciant de fleur en fleur, l’animal disparut dans une gerbe d’étoiles d’un bleu lumineux. L’enseignante charitable sourit à sa jeune élève.

  Quelle aide pourras-tu leur apporter si tu ne contrôles pas tes pouvoirs ? La guerre n’a pas commencé sur Aural, rassure-toi, notre reine s’en occupe avec Sarah. Concentre ton attention sur ton amie, que vois-tu ?

 Kira, tentée de fermer les yeux, se reprit ; une concentration d’énergie trop puissante préviendrait Maraudeuse de l’intrusion psychique.

  Elle apporte des modifications au moteur du vaisseau, pas assez réactif à son goût, ses mains sont sales, une tache de graisse noircit son front. Il y a quelqu’un d’autre, je n’arrive pas à voir ses traits.

  C’est normal, les Nymphes naissent immunisées contre les pouvoirs mentaux. Tu peux lui dire un mot.

 Dans le hangar à vaisseaux, occupée à remonter les conducteurs boostés du système de propulsion, Sarah entendit clairement la voix de Kira lui souffler « Tu me manques » à l’oreille.

  Elle a entendu, rougit la jeune Auralienne.

  Je sais, pouffa Morgania attentive à la coloration des joues de sa pupille. Dirige-toi sur Ashora, votre capitale. Ne te fais pas remarquer.

 L’esprit de la jeune disciple se mêla à la foule sur la place du marché ; des femmes se félicitaient de trouver enfin le tissu tant recherché, des enfants jouaient à cache-cache dans la cour du grand bazar, des hommes assis à la table d’une taverne s’inquiétaient de la disparition de la princesse. Le général commandant des armées salua Kiros puis se hâta de rejoindre le vaisseau sur la pelouse du palais ; son frère enrageait de ne pouvoir mettre ses plans à exécution avant une quinzaine de jours.

 À des années lumières sur Aural, le jeune prince ressentit une impression fugace qui s’envola aussitôt ; la longueur des préparatifs de l’invasion le rendait sans doute un peu nerveux, il avait besoin de se changer les idées.

  Tu as failli te faire prendre, souligna Morgania d’une voix égale.

  

 Callimaque retint le bras de Sarah d’un sourire complaisant.

  Merci, le vin ne me réussit pas. Comment fais-tu pour boire autant que tu manges sans être malade ?

 La Terrienne ingurgita d’une traite une énième rasade d’un vin blanc à l’amertume prononcée. Elle devrait penser à en charger une caisse à bord du Mirage.

  L’habitude. Comment va Kira ? demanda-t-elle à l’intention de Morgania invitée à se joindre au conseil.

  Bien en de telles circonstances, sa progression est excellente. Aujourd’hui, elle a su entrer dans l’esprit de son frère sans que celui-ci ne se doute de rien, ni moi d’ailleurs, je n’ai pas senti le coup venir. Son audace a permis de savoir que l’attaque ne pourra se faire avant deux semaines.

 Un soupir de soulagement gonfla la poitrine de Callimaque sous la tunique vaporeuse de soie ; les Nymphes à Opaline se plaisaient dans des tenues transparentes, la nudité en privé était de rigueur.

  Bien ! Cela nous laisse du temps. Sentence, ma fille, tu vas conduire une patrouille à Ashora, les Auraliens accordent facilement l’hospitalité aux marchands de passage sur leur planète.

  Je peux y aller aussi ? demanda Sarah excitée à l’idée de faire le voyage avec son amie. Je saurai me rendre utile.

  Sur Terre, on dirait une fan pressée de rencontrer son idole, s’esclaffa la reine. C’est d’accord, tu pourras écumer les tavernes, les hommes ivres sont bavards.

 Sentence dissimula sa joie ; la présence de sa complice pimentait l’aventure à venir. Quelques mois plus tôt sur l’astéroïde comptoir de Dalax, des aventuriers en maraude s’étaient mis en tête de les « baiser à la cariane » selon leur expression, ce qui signifiait les prendre par les trois orifices en même temps. Maraudeuse, au lieu de les débarrasser des individus indélicats, contraignit ces derniers à se faire des fellations entre eux, pour la plus grande satisfaction des clients du bar. Elle avait une poigne convaincante pour une Terrienne.

  Partez ce soir, conseilla Callimaque pragmatique, vous dormirez pendant le voyage et arriverez disposes sur Aural. Soyez de retour dans une semaine, à moins que Kiros ne change ses plans.

 Sarah se retint d’embrasser la reine sur les joues, les Nymphes n’exprimaient pas leur gratitude ainsi à Opaline.

  

 L’astre Aramis disparu à l’Ouest, le jardin baignait dans une fraîcheur relative. Des jeunes filles s’amusaient à faire éclore des méliotas en jolies grappes mauves bordées de blanc immaculé.

  Ça suffit pour ce soir, mesdemoiselles, il est temps d’aller vous coucher.

 Les élèves s’égayèrent en direction du bâtiment au bout de l’allée centrale. Kira se leva du banc sur lequel elle rêvassait ; les méliotas reprirent la forme de bulbes terreux sans intérêt. Morgania lui ceignit le front d’un anneau doré serti d’un rubis, la pierre de tranquillité selon la préceptrice. Le diadème mettait l’esprit des novices au repos la nuit afin de leur offrir un sommeil réparateur. Le jeune femme se sentit aussitôt soulagée d’un énorme poids.

  Pourquoi je peux me projeter sur Aural mais pas au delà d’Opaline sur Dyonisa ? C’est frustrant.

  À cause de tes origines, le lien est très puissant. Ta planète d’origine t’apparaîtra toujours quelque soit l’endroit où tu te trouves. Si déjà ton esprit peut se promener à sa guise dans notre capitale, tu entrevois la lumière sacrée du Grand Savoir. Certaines de nos préceptrices sont incapables de se projeter aussi loin.

 Détendue, Kira s’avança d’un pas alerte ; la silhouette blanche du bâtiment jouxté au palais se dessinait à la lueur des torches.

  Tu as vu Sarah, comment va-t-elle ?

  Bien. Elle se rend à Ashora avec une patrouille. Il nous faut découvrir les plans du prince Kiros.

 Un sourire illumina le visage de la princesse ; Morgania devina sans mal l’intérêt de l’Auralienne porté à la Terrienne. Peu importait la planète d’origine, les êtres humains se montraient incapables de contrôler leurs sentiments.

  Tu ne pourras pas la voir ni lui parler, nous devrons la protéger des intrusions mentales pour ne pas alerter ton frère.

  Je comprends, mentit Kira désappointée. La patrouille sera partie longtemps ?

  Une semaine, tu seras prête à défendre ton peuple à son retour. Je t’enseignerai dès demain l’induction psychique, c’est un pouvoir de suggestion puissant que maîtrisent peu de télépathes. Si tu y parviens…

 La fin de la phrase s’évapora dans la nuit tombante. Kira avait usé de ce stratagème pour offrir du plaisir à Sarah. Peut-être devrait-elle en parler à Morgania. La nuit portait conseil selon un proverbe terrien.

  Je pourrai affronter Kiros ?

  Non, mais tu sauras convaincre son armée de déposer les armes.

  

 Il était impossible de recenser le nombre de planètes réparties en système, la plupart en gravitation autour d’un astre nommé étoile. Des ensembles de systèmes formaient les galaxies, ou univers. Ainsi, la Terre faisait partie du système solaire de la galaxie de la Voie lactée. Il était tout aussi utopique de vouloir dénombrer le nombre d’espèces dites intelligentes ou races ; certaines distinctives d’une planète ou d’un système, d’autres, comme les êtres humains, peuplaient plusieurs univers.

 D’apparence humanoïde de type femelle, la Nymphe avait une espérance de vie d’un millier d’années terrestres. Encore plus exceptionnel, dans des conditions psychiques propices, son métabolisme lui permettait de s’autoféconder en sécrétant la cellule mâle nécessaire ; la mère donnait invariablement naissance à une fille. Sensible aux émotions telles que l’amitié ou la compassion envers les autres espèces, une Nymphe ignorait la haine et ne pouvait aimer qu’une de ses congénères.

  Dites donc, sourit Sarah installée au poste de copilote, n’attendez pas que je sois une vieille femme ridée pour officialiser la chose entre vous. Je veux être la marraine de votre première Nymphette.

 Debout derrière le siège pilote, les mains sur les épaules de sa compagne, Sentence soupira d’aise, leur amie ne ratait jamais une occasion. Deux autres Nymphes assignées à la patrouille, assises sur des sièges escamotables, s’esclaffèrent.

  On te l’a dit, ce genre de célébration n’a pas lieu sur Dyonisa. Maintenant, libre à toi d’organiser une fête.

  Désolée de vous interrompre, grimaça Héliothaïs, on a un problème.

 Le signal d’une intrusion dans l’espace radar résonna, les cinq regards se tournèrent sur le point rouge en bas de l’écran. Fermée à la notion de hasard, Sentence effectua une série de calculs.

  Sans doute des pirates, ils seront sur nous dans sept minutes.

 Sarah tiqua, son amie parlait toujours en temps terrestre en sa présence. Le saut entre les univers n’avait rien d’un obstacle pour le cargo marchand ; toutefois, la propulsion classique brillait par sa relative faiblesse.

  Et à distance de tir dans cinq, éructa-t-elle irritée. Le mieux est de les laisser nous arraisonner, on va devoir les embobiner ou se battre.

 Héliothaïs sauta de son siège.

  Prends les commandes, personne ne doit savoir qu’il y a des Nymphes à bord.

  Ça roule, vous avez quatre minutes pour vous changer, prévint Sarah attentive aux différents cadrans.

  

 Le pirate exhiba, accroché à son bras gauche, le digitaliseur capable de détecter une forme de vie dans un rayon de mille cinq cent mètres.

  Je veux vous voir tous les cinq ! ordonna-t-il péremptoire.

 Méconnaissables sous leurs cheveux teints, les Nymphes rejoignirent Sarah dans le poste de pilotage.

  Bel équipage ! Donnez-nous les marchandises, il ne vous sera fait aucun mal.

 Personne sur le cargo ne crut l’Urcanien sincère ; les petits yeux rouges saillants du visage fripé brillaient de méchanceté.

  On voyage à vide, l’ami, osa Sarah sans trop y croire, tu ne feras pas fortune avec nos maigres vives.

  Quand un cargo marchand n’a rien à vendre, il y a des crédits de la Fédération des Étoiles à bord pour en acheter. On s’en contentera.

 L’individu connaissait son affaire. Le canon du vaisseau pirate hors service pendant un accostage, le danger résidait dans les armes de point et, bien entendu, dans le nombre d’agresseurs. Sentence décida de jouer le jeu.

  On ouvre le sas. Ne tirez pas, aucune de nous n’est armée.

  D’accord, tenez-vous à l’entrée les mains en l’air.

 Sur ce point au moins, la Nymphe accepta de le croire. Leurs instincts assouvis, les canailles chercheraient à tirer un bon prix des captives. L’oxygène comprimé s’évada dans un chuintement à l’ouverture des portes. Le chef passa, suivi d’un autre, puis d’un autre encore. Attentive au moindre détail, Maraudeuse compta sept Urcaniens armés de pistolets à ions. La manette de sélection de tir sur le point vert, une décharge provoquait une vive douleur ou une perte de conscience temporaire, mais n’était pas létale.

  Mes gars ont faim, railla le chef en saisissant le bras de Héliothaïs entre les quatre doigts de sa main libre.

 Il pointa son arme sur le ventre de Sentence.

  Toi ! Tu vas faire la cuisine, tu as intérêt à t’appliquer.

 Sous la menace, les femmes obtempérèrent.

  

 Les pirates prenaient leurs aises autour de la table, des femelles humaines même pas armées ne présentaient aucun danger.

  Où est le coffre ? gronda le chef à la volée.

 Sarah sauta sur l’opportunité.

  Dans la salle de repos, scellé à la cloison.

 L’Urcanien se gratta la tête puis l’entrejambe. Il n’avait pas abusé d’une fente depuis longtemps, qu’elle soit humaine ou autre n’avait aucune importance. Il saisit la tignasse rousse sans ménagement.

  Allez, on y va ! Toi, viens, avec moi, éructa-t-il à un de ses comparses.

 Ignorant le langage universel, le pirate intergalactique émit une suite de borborygmes incompréhensibles ; le feu vif du regard parlait pour lui. Il emboîta le pas.

 Sarah, soumise, réfléchit à la vitesse supra-luminique, le regard centré sur la salle de repos visible au bout de la coursive à dix pas. Le coffre existait, scellé là où elle l’avait annoncé, plein de médicaments et de pansements. Elle avait quelques secondes pour trouver la solution.

  Je connais des choses qu’une Urcanienne n’oserait jamais faire, mais tu dois lâcher mes cheveux.

 Le pirate poussa sa prisonnière qui alla s’affaler au pied d’une banquette. Rassuré par la présence du coffre rivé à la cloison, il laissa son pistolet pendre à bout de bras.

  Montre-nous. Dépêche-toi, j’ai faim.

 Sarah n’avait pas l’intention de faire durer les préliminaires. Elle s’avança à genoux entre les deux individus, obéissante. Les Urcaniens avaient une bite entre les jambes, plus grosse que celle des Humains, mais le principe restait le même, avec une paire de couilles bien sensibles en dessous. La tentation était grande de réduire leurs virilités à l’état de poussière ; malheureusement, la douleur se traduirait par des hurlements qui alerteraient les complices. La jeune femme se releva lentement, le pirate posa le canon de son arme entre les yeux de la Terrienne.

  Qu’est-ce que tu veux ? grogna-t-il 

 Un large sourire désamorça la situation. Maraudeuse flatta une joue fripée comme la peau d’un Xherdan, ce chat sans poils dont raffolaient de vieilles aristocrates consolées d’avoir trouvé plus ridé qu’elles. La douceur du geste incita l’Urcanien a se détendre. Elle devina l’autre penché sur son épaule, attentif  aux mimiques du chef. Un bref coup d’il la rassura, le sbire gardait son flingue pointé vers le plancher.

 D’une rapidité stupéfiante, la main caressante se referma sur l’arme, Sarah démonta le système en une fraction de seconde. Le premier reçut la crosse au niveau de la tempe, le canon s’abaissa violemment sur le front du deuxième ; les deux tombèrent dans les vaps. Les retenant par le col de leur combinaison, elle déposa les pantins sans bruit à ses pieds puis se glissa le long de la paroi jusqu’à la cuisine.

 Sentence saisit le clin d’il de la Terrienne, elle fit semblant de trébucher, le bol de soupe ébouillanta l’Urcanien en bout de table. Sarah en profita pour étourdir les deux au fond de la pièce avec des arcs électriques lancés du bout des doigts, les Nymphes eurent vite fait d’assommer les autres.

  

  Plus rapide que Flash ! s’esclaffa Maraudeuse.

 Persuadée que le super-héros n’aurait pas fait mieux, la jeune femme fonça dans la salle de repos où le chef revenait à lui. Elle le renvoya au pays des songe d’un coup de pied au front puis alluma le digitaliseur à son bras gauche.

  Il en reste ? demanda Carabelle appuyée à la porte.

 Sarah se sentit déshabillée par le gris clair du regard dissimulé derrière un reflet bleu, elle chargea le corps sur son épaule comme un vulgaire sac, non sans l’avoir délesté du scanner portatif.

  Trois, je te laisse amener l’autre.

 Embarrassée, la Terrienne s’éloigna sous le regard fiévreux de la Nymphe concentré sur les jolies fesses moulées dans la combinaison. Sans attache sentimentale, rien ne lui interdisait un instant de détente avec une femelle d’une autre espèce. Elle traîna le pirate par un pied jusqu’à la cuisine, pressée d’en finir avec cette histoire.

 Héliothaïs empila les dépouilles inanimées sur un chariot puis le poussa jusqu’au sas d’arrimage ; incapable de haïr ces êtres, elle estimait de son devoir de les mettre hors d’état de nuire.

 Un il sur le digitaliseur dérobé à son propriétaire, Sarah pénétra sur le vaisseau, un vieux spider au système de propulsion certainement boosté grâce à l’énergie nucléaire, un cercueil ambulant . Elle stoppa l’Urcanien d’une décharge électrique sans le regarder, puis se dirigea vers le poste de pilotage où se trouvaient les deux derniers. L’ouïe développée capta des bribes de discussion en langage universel.

  Qu’est-ce qu’ils font !

  T’inquiète pas, on aura le temps de s’amuser avec la marchandise avant d’arriver sur Dalax. Elles sont plutôt mignonnes.

 La présence d’un humain sur le siège pilote ne surprit pas Maraudeuse.

  Ça m’étonnerait, mes copines et moi, il n’y a que les filles qui nous intéressent. Au moins, on ne craint pas une panne d’érection.

 Les pirates se retournèrent. La jeune femme adossée à la cloison soufflait sur le bout de ses doigts, flegmatique.

  Vous levez les mains au-dessus de vos sales têtes ou j’emploie la manière forte ? À votre place…

 Deux traits lumineux traversèrent le poste de pilotage, les pirates s’affalèrent dans les fauteuils, incapables de répondre. Sentence, sceptique, considéra les pistolets ramassées à bord du cargo. La Nymphe les fracassa contre le tableau de bord.

  Trop rudimentaire. On a encore douze heures de vol, gronda-t-elle à l’intention de son amie rêveuse. Tu les envoies où ?

 Maraudeuse entra des coordonnées dans l’ordinateur.

  Pas sur Aural, les autorités se demanderaient comment de simples marchandes ont pu se défendre contre des pirates. Règle l’arrivée d’oxygène au minimum, qu’ils restent étourdis jusqu’à Karal, la planète jumelle d’Aural. Je les préviens par message radio de l’envoi d’un colis.

  

 Le spider bifurqua légèrement de la route du cargo, le point rouge sur l’écran radar prit de l’avance jusqu’à disparaître en haut à gauche de l’image. Carabelle caressa d’un doigt distrait la paume de la main de Sarah ; les jeunes femmes s’éclipsèrent, insensibles aux sourires moqueurs de leurs acolytes. La tension nerveuse libérée au cours d’une bagarre se transformait parfois en énergie sexuelle difficile à refouler.

 « Surtout avec une nana aussi canon ! » pensa la Terrienne sensible au parfum léger qu’elle suivait les yeux fermés. Elle les ouvrit à l’instant de pénétrer dans la cuisine dont la Nymphe referma la porte d’un geste brusque avant de tirer doucement sur le zip de sa combinaison. Le textilène enrichi révéla un triangle de peau hâlée des seins pointus jusqu’au nombril profond.

  J’ai soif de vin d’ourtre, gronda Carabelle.

 Sarah, tourmentée par le strip-tease improvisé, s’empressa de remplir deux gobelets d’une liqueur fruitée. La longue crinière teinte en châtain foncé, la touffe de poils du pubis restait d’un blond lumineux. Nue, la Nymphe posa le pied gauche sur un tabouret, réjouie de dévoiler son intimité à l’observatrice attentive qui s’approcha, incapable de contenir son désir.

 Carabelle avala une gorgée d’alcool avant d’investir la bouche de Maraudeuse d’une langue impérieuse. Sonnée par la violence du baiser, Sarah s’enivra des élans fruités de l’haleine brûlante. Des mains pressées la libérèrent de sa combinaison en lui prodiguant des caresses franches. Pas de place pour un éventuel jeu de séduction, des effleurements tatillons, le désir était trop fort.

 La nymphe souleva sans peine la Terrienne dont la poitrine se retrouva à la hauteur souhaitée. La bouche se fit vorace sur les seins fermes, Carabelle observa un instant une aréole sombre avant de refermer les lèvres sur le téton. Curieuse de connaître la suite, ravie du traitement singulier, la victime gémit de sentir un doigt taquiner ses muqueuses entre ses cuisses.

 La bouche collée aux seins que l’excitation rendait plus fermes encore, Carabelle se pencha pour déposer Sarah doucement sur la table ; la délicatesse du geste trancha avec la vigueur des premières caresses. La jeune femme se laissa admirer. Le léger voile bleu sur le gris donnait une intensité particulière au regard, elle s’attarda sur la touffe de poils blonds lisses comme ceux d’une Asiatique sur la Terre. La sensation de froid soudain la saisit là où la chaleur distillait ses ondes bienfaisantes une seconde auparavant.

 Les yeux chargés de gourmandise, Carabelle observa la liqueur imprégner le duvet le long de la fente. Satisfaite, elle plongea la langue dans la grotte. Le mélange subtil de la mouille âcre et du vin doux l’émoustilla.

  Hum…, rugit Sarah, les mains noyées par réflexe dans la tignasse de la démone.

 La Nymphe lécha l’antre avec avidité, l’amertume de la cyprine noya bientôt le sucre dans sa bouche. Réjouie de l’humidité ambiante, elle enfonça un doigt indiscret dans les chairs dilatées, le vagin se contracta autour des phalanges.

 Sentant Maraudeuse réticente à s’abandonner trop vite, Carabelle la laissa rythmer la pénétration tandis qu’elle continuait à se repaître du fruit juteux, insatiable. Elle aurait pu la lécher ainsi jusqu’à l’infini.

 Sarah en décida autrement, elle dénicha son clitoris puis l’enroba de caresses sous le regard fiévreux de la Nymphe. La langue au chaud dans la grotte, celle-ci commença à la baiser copieusement en astiquant son propre bouton d’un doigt furieux. Elle voulait l’accompagner sur le chemin du plaisir.

 L’orgasme long de son amie déclencha le sien, fulgurant. Les jeunes femmes jouirent ensemble dans un silence entrecoupé de soupirs. Le retour à la réalité se fit lentement. Devinant que la Nymphe s’était masturbée en douce, Sarah la força à lui confier ses doigts brillants de mouille qu’elle s’empressa de sucer avec gourmandise.

  La prochaine fois, ma belle, tu ne t’en sortiras pas aussi facilement. Je mettrai ma langue dans ton joli petit minou blond.

  

 Malgré la suspicion perceptible dans les attitudes, certaines rumeurs émanaient du palais, les patrouilles assignées au contrôle des marchandises prenaient des précautions ; les Auraliens vivaient des revenus du commerce, Ashora servait de plaque tournante au négoce interstellaire de tissus rares. Les impôts collectés servaient entre autre à payer leurs salaires de fonctionnaires.

  C’est bon, signifia le capitaine de patrouille. Vous rester longtemps ?

  Cinq ou six jours, soupira Saramiaë d’un sourire généreux, nous venons de loin. Ou peut-on se restaurer ?

 Certains voyageurs passaient des semaines à bord des cargos entre les galaxies, leur premier souci était de profiter de bons petits plats après un régime composé de boîtes de conserves ou de nourriture réhydratée. L’officier désigna l’enseigne d’une taverne au bout de la rue puis tourna les talons. Sentence et Carabelle poussèrent le container plein de tissus sous les regards intéressés de quelques marchands derrières leurs étals.

  Vous venez d’où ? demanda l’un d’eux. Je cherche du cuir de ianok.

  Nous ne faisons pas commerce de peau animale, le tança Héliothaïs indignée.

 Aux yeux de Sarah, Ashora ressemblait au New-York du début du 20ème siècle avec ses grandes artères entrecoupées de ruelles, des îlots d’immeubles hétéroclites bâtis sans volonté d’harmonie. Une foule bigarrée se bousculait entre de rares véhicules montés sur coussins d’air et ceux plus nombreux tirés par des animaux, comme les Américains avaient découvert à l’époque les premières voitures automobiles contraintes de se frayer un passage parmi les attelages des calèches.

 Sur un écran géant fixé au dessus de la porte d’un grand établissement de commerce, le prince d’Ashor lisait un communiqué sous les regards attentifs d’une bonne centaine de badauds. La terrienne glissa le petit traducteur dans son oreille gauche, Kiros ne se donnait pas la peine d’utiliser le langage universel.

 « Les actions terroristes perpétrées sur certaines planètes proches d’Aural ne doivent pas vous effrayer, ces attaques sont le fait de groupuscules isolés, rien ne prouve que la disparition de la princesse Kira, ma chère sur, soit l’uvre de ses individus. Toutefois, par mesure de prudence, j’ai demandé à l’armée de se tenir prête à intervenir. Vous serez informés des décisions prises par le Palais. »

  Voilà comment on fait passer la pilule, grommela Sarah. Dans deux semaines, les Auraliens sevrés de mensonges réclameront l’invasion.

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